Le site où hier ne meurt jamais.
Knightmare
Konami - 1986
Un beau cauchemard par Pixxell

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Il est quatre heures du matin, et je ne trouve pas le sommeil. J’erre dans ma chambre, l'air dépité, m'amusant avec l'interrupteur de la lumière... Lorsque l'ampoule simule l’explosion, je me traîne lentement vers mon armoire, histoire de trouver de quoi m'occuper durant cette longue agonie qu'est l'insomnie. Mon regard se tourne alors vers mon vieux MSX. Je le sors maladroitement, l'époussette et remets une touche récalcitrante en place. La poussière me fait éternuer si violemment que je pars vers l'avant. Signe du destin, ma tête atterrit devant une petite boite blanche et bleue entreposée par là.

Ah, Knightmare. Jeu de mot tellement facile, mais sacré bon jeu, à ne pas confondre avec le machin sorti sur d’autres ordinateurs personnels en 1987 et en 1991, adaptation d’une série télévisée éducative anglaise. Non, cherchez plutôt la cartouche MSX qui mérite beaucoup plus d’attention : c’est le jeu préféré de ma mère. Alors vous avez intérêt à aimer, et à nous le faire savoir.




Ce Knightmare est d'un genre tout nouveau. Digne des salles d'arcade – mais non sorti en arcade, c’est un comble –, il s’agit d’un shoot'em up vertical où le héros utilise ses petits petons. Tout comme dans, par exemple, Gun Smoke. Ah, je sens votre attention poindre enfin. Continuons.

L'histoire – parce qu'il en faut une – est simple – parce qu'il ne faut pas déconner non plus, ce n'est qu'un shoot. On incarne Popolon, le chevalier bleu et cornu qui défierait le monde entier afin de retrouver sa chère et tendre, la déesse Aphrodite. Celle-ci a été enlevée par le machiavélique Hudnos. C'est ainsi qu'il part à l'aventure, laissant son château en plein cœur des beaux quartiers de Paris derrière lui, arc au poing, pour foncer tête baissée à travers les univers gréco anciens du coin.


Hum, oui, un arc. Ca ne fait pas très sérieux pour un chevalier, vous en conviendrez. Mais n’oubliez pas que dans un shmup, on n’aime pas trop les combats au corps à corps. Ca fait tache, souillure, salissure. Il faut que ça tire de partout.

Popolon va donc devoir utiliser son arc comme il faut. Toutefois, et c’est une chance, il pourra récupérer de nouvelles armes tout au long des niveaux que propose le jeu en récupérant des cristaux. L'arc tirant une flèche disponible par défaut pourra en tirer trois si vous récupérez deux fois de suite le bonus « flèches supplémentaires ». Vous pourrez également substituer vos flèches par boomerang très puissant mais avec peu de portée, une flèche enflammée qui transperce plusieurs ennemis à la fois, trois boules de feu qui permettent de balayer l’écran en une fois, ou encore une épée.




Oui, oui, il balance des épées. Il s'agit même de l'arme la plus puissante, puisqu'il marchera et tirera plus vite qu’en portant un arc... Ce bel arsenal ne sera toutefois pas de trop pour décimer la vermine qui envahit les environs.

Le héros a juste un gros problème. Enfin, deux si on compte son prénom difficile à porter. Popolon a des problèmes de motricité et ne sait tirer que face à lui. Heureusement, il est très facilement maniable, et aucun ralentissement, même lors d’assauts en nombre, ne viendra entacher le tableau.

Les ennemis arrivent majoritairement par le haut de l'écran et peuvent, au choix, suivre un chemin sinusoïdal (chauve-souris), aller droit devant eux (boules), faire un huit (sorcières et fantômes), voire légèrement se décaler pour s'approcher de vous (chevaliers). Ca, ce n’est que le premier niveau. Ces opposants, ainsi que les divers projectiles qu'ils balancent dans votre direction, vous tueront par simple contact.

Notez bien que si vous ne voyez pas une masse d’adversaires si importante que ça sur les captures d’écran, c’est simplement parce que j’étais trop occupée à me tenir en vie afin de vous montrer la suite des événements. Vous avez donc un petit florilège de moments dits « calmes », avec tous les guillemets que cela requiert. On a aussi droit aux sempiternels gros boss, à la fin de chacun des huit niveaux, inspirés des légendes de l’antiquité grecque pour la plupart.

D’autres sont d’une forme plus classique, mais ils feront toujours plus de six fois votre modeste taille. Pour ceux qui ont toujours rêvé de faire perdre la face à la Méduse, finir le premier niveau suffira. La Mort, Satan ou le Maître d’armes vous demanderont un peu plus d'acharnement.




Je reviens sur le sujet des différents bonus. Ils sont récupérables via des ronds clignotants se baladant dans les niveaux. Il suffit de tirer dessus pour faire défiler les options disponibles. Autres que concernant l'armement et les points bonus en pagaille, on peut aussi par exemple, via des ronds décorés d'un « P » du plus bon goût, avoir à sa disposition des bonus de défense.

La transparence permet de passer sans encombre au travers des adversaires, l'invincibilité de tout faire péter juste en frôlant les méchants, ou encore l’indispensable bouclier qui protège le héros de toute attaque frontale. Ce dernier résiste à une dizaine de coups, vous rend plus facile à toucher, mais est illimité dans le temps. Car oui, les deux autres bonus cités ne durent qu'un instant, et sont symbolisés par un compte à rebours s'affichant dans le coin supérieur gauche de l'écran. De quoi mettre la pression.




Autre rémunérateur de facilités, les petites cases « ? » parsemant le chemin vers Aphrodite. A force de tirer dessus apparaîtra une petite image remplaçant le point d'interrogation. Et là, à vous la joie des points supplémentaires, des ennemis qui disparaissent tous de l'écran en pleine bataille, ou encore du figeur de temps qui vous permet de faire le ménage durant quelques secondes.

A noter que certaines de ces cases magiques sont invisibles et ne se montreront que lorsque, suite à un tir malencontreux, vous aurez touché de votre arme leur emplacement. Tirez tant que vous le pouvez, c'est gratuit... et payant. Peut-être tomberez-vous sur une vie de plus ou sur un passage menant à un autre niveau. De même, si vous voyez face à vous un bras d’eau sans aucun moyen de la traverser : canardez la zone tout en évitant les assauts ennemis, et espérez tomber sur le bloc caché qui créera un pont.

En ce qui concerne les graphismes, et même si la palette de couleurs est plutôt basique et flashy – MSX première génération oblige – c’est très efficace et toujours détaillé. On ne s’y perd pas entre les très nombreux projectiles, les sprites sont fins mais distincts, et les environnements sont assez variés et les ennemis assez pressants pour ne pas créer d’ennui. Cela même si l’architecture générale reste identique : un long couloir, des ennemis à foison et, parfois, des rivières aux ponts détruits. L’avant-dernier niveau - si vous y parvenez - vous fera d’ailleurs regretter l’existence de l’eau...




Il n’y a pas de ralentissements à signaler, l'animation des différents protagonistes restant très fluide, même avec une vingtaine d'objets mouvants à l'écran. Sens du détail toujours, certains ont la chance de posséder des petites ombres au sol. Dites-vous bien que tout ceci est une performance remarquable quand on se rappelle que le jeu tient sur une simple cartouche de 32ko. Il n'y a finalement que le scrolling du décor qui peut sembler plutôt... Disons, « brusque et lent ». Car il fonctionne, comme bien trop souvent sur ce standard, par descente de blocs de décors. Heureusement, le rythme de l’aventure cache ce petit défaut.

Ensuite, l’ambiance sonore est magnifique et démontre encore une fois le savoir faire de Konami dans le domaine. Un mini thème d'intro mémorable, puis une musique originale pour la moitié des niveaux, une mélodie soutenant votre combat contre un boss, ou le décès de Popolon. On trouve même pour la première fois le fameux jingle de cinq notes de Konami lorsque l'on met le jeu en pause, accompagnant le sommeil réparateur du petit Popol.




Et, à tout ça, s'il faut aussi ajouter une durée de vie plutôt conséquente. Huit niveaux, cela peut paraître peu vu d’ici, mais... Personnellement, je me rappelle, lors d’une vraie partie durant ma fougueuse jeunesse, n’avoir vu la sale trogne du boss du quatrième niveau que deux fois, avant de mourir bêtement sous le feu nourri des méchants du début du cinquième niveau. Et je m’étais surpassée. Bien que n’étant pas un modèle de maîtrise vidéoludique, je suis tout de même capable de dire qu’objectivement, il y a de quoi être refroidi face à une telle difficulté.




Oui, la seule fois où j’ai vu ce gros niveau qui se passe quasi exclusivement sur un ponton de bois, et même ce qui fait office de boss de fin – une espèce de gâteau sur pattes avec cinq yeux –, c’était grâce à la volonté et aux réflexes d’enfer de ma mère. Vraiment. Je ne fus donc que simple spectatrice du triomphe de l’amour. Et pourtant... Si Popolon savait ce qu’il venait de provoquer avec cette aventure...

- TO BE CONTINUED -


Tiens, au moment où j'écris ces lignes, je n'ai réussi qu'à arriver à la fin du premier niveau avant de décéder d’un éclair enfoncé dans le cœur. C'est peut-être signe qu'il est temps pour moi de dormir... Et, je l’espérerai presque, de cauchemarder.

~ A noter que Knightmare est disponible en freeware dans une version MSDOS à cette adresse. Vous n'avez presque plus d'excuse pour ne pas l'essayer ! ~
Le point de vue de César Ramos :
Très courant (pour un jeu MSX), mais pas donné.