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Ikari Warriors
SNK - 1986
Souffrance et douleur sont dans un bateau. La mer est calme. par Hebus San

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Savez vous ce qu’est une rectoburite ? Que ceux qui ont répondu oui se calment et fassent attention à l’avenir puisque mentir de manière aussi éhontée ça finit par se voir un jour ou l’autre, vu que je viens d’inventer ce mot, et que généralement ça se finit mal, votre femme appréciant peu vos yeux largement écarquillés quand vous assurez à grand renfort de divinités plus ou moins reconnues par les autorités ne pas connaître cette Vanessa qui vous envoie des SMS à 2 heures du matin…




Bref, une rectoburite disais-je. Etymologiquement parlant il s’agit de l’inflammation légitime que provoquera l’écriture au burin d’une ou plusieurs lettres sur la paroi de votre rectum. Oui, quitte à inventer des mots autant le faire de manière cohérente, faute de passer pour une omelette pas fraîche, ce qui serait une faute de goût inadmissible sur le site qui prône l’amour des chemises italiennes, on ne le répètera jamais assez.



Pour les plus incultes d’entre vous, et je sais que vous êtes nombreux à nous lire, un burin est un instrument métallique oblong avec toutefois un côté biseauté permettant au gentil copiste situé à l’autre extrémité et préalablement muni d’un marteau de le faire pénétrer dans le support de gravure adéquat à grand renfort de coups sourds et répétés, habituellement une plaque en pierre, en cuivre ou en bois, et dans le cas présent votre muqueuse rectale. Enfin la muqueuse rectale de celui qui aura décidé de voir le bout du jeu dont je vous cause aujourd’hui, à savoir Ikari Warriors sur NES, jeu tenant donc le rôle du moine copiste sus cité.


Rose vif? Pour être camouflé dans la jungle?


J’en vois certains qui rinochent encore, mais ça ne va pas durer. Car la fonction première d’Ikari Warriors est d’enseigner l’humilité. Et pas la petite humilité du dimanche, de celle qui vous rappelle que Megaman ne s’offre pas au premier venu, qui vous explique écran de Game Over à l’appui qu’on ne se rit pas aussi aisément de Double Dragon II, pas du tout. La vraie humilité, celle des hommes nus, virils et beaux dans la poussière des mines de charbon, celle des boat peoples qui ont vu leurs enfants mourir sous le soleil de Manille et dont les cormorans affamés ont picoré les yeux, mais c’est normal, un œil d’enfant mort ressemble drôlement à une petite méduse, surtout quand on est un cormoran affamé.



Ce jeu est au supplice chinois ce que le Hummer H1 est au Nissan Quashqai : supérieur en tous points. Son but : vous humilier, vous faire perdre la raison, vous faire envier une mort lente et douloureuse au bout d’un cancer du poumon aux nombreuses métastases osseuses. Ses arguments : une difficulté d’aliéné, apte à vous faire chier des glaires sanguinolentes puis à vous les faire bouffer pour que vous puissiez les vomir et ainsi pleinement apprécier le goût subtil et âcre de l’hémoglobine marinée dans les fécès. On apprécie toujours plus les choses qui comportent un aller et un retour, demandez à votre mère ou bien à Simone Veil.



Et pourtant j’ai aimé ce jeu d’amour. De l’amour vache, mais de l’amour quand même. Tout d’abord parce que musicalement ça claque comme une dentelle un peu tendue qui s’échappe de vos doigts maladroits alors que vous tentez de trousser l’imprudente qui a accepté un dernier verre et qui gémit « C’est du Mozaaaart ! ». Non, c’est du Jason C. Brooke, connasse. Déjà que tu suces mal, si en plus tu connais pas tes classiques, je vais pas tarder à me finir à la main. Le rythme est enlevé, la mélodie parfaite, évoquant tour à tour l’enfer du devoir dans les jungles moites de Bornéo, votre dernier repas mexicain avec des potes qui vous ont fait une mauvaise farce, et l’agonie de votre copain Jack dans vos bras suite à son imprudence pendant le stage de déminage. Oui, à l’époque on savait faire des musiques avec des couilles grosses comme le Mont Ventoux, parce qu’il est beau, le Mont Ventoux.


Ah? L'hélico aussi?


Pourquoi je cause de votre copain Jack ? Parce qu’ici aussi il sera question d’amitié virile dans l’adversité d’une vilaine guerre que personne ne voulait mais qu’il faudra bien gagner, putain de merde. **Crache par terre**
Et comme dans les vraies guerres, enfin dans l’image que le pauvre planqué que je suis s’en fait, on s’en sort mieux à deux, ça allège la souffrance. Et autant dire que ça ne sera pas de trop tant les mecs de chez SNK ont foutu la barre haut. Les vagues successives d’ennemis feraient passer le tsunami de Fukushima pour le gentil clapotis qui caresse les cuisses lascives des vacancières délaissées du mois d’août sur la plage de Palavas les flots. Il en sort de partout, des bleus, des roses, des tanks, des hélicoptères, un véritable défilé du 14 juillet si nos militaires avaient aussi des tenues roses, des fois qu’on aurait à se battre dans un champ de tulipes en annexant la Hollande…



Heureusement que vous aussi vous pourrez en piloter un, de tank. D’ailleurs ce seront là les seuls passages un peu tranquilles du jeu, histoire de souffler entre deux crises hémorroïdaires aiguës qu’on vous aurait traité avec du gros sel, parce que bon, c’est la crise mon brave homme. A bord de votre tank vous ne craindrez finalement plus grand chose hormis les tanks adverses et quelques militaires obtus mais prévoyants qui auront emporté une ou deux grenades avec eux. Au final pas grand chose. Sauf qu’un tank ça tombe en panne de carburant, figurez vous, et qu’on ne trouve pas une station toutes les vingt bornes dans la jungle inhospitalière que vous êtes chargé d’infiltrer. La crise, vous dis-je.



A ce propos, l’écriture de cette critique m’a permis d’apprendre que le titre est directement tiré du scénario qui raconte que vous êtes en mission pour infiltrer le village critique d’Ikari. Infiltration lourde donc, pas question de jouer la tarlouze à la Sam Fisher hein ! Ce sera les couilles sur la crosse et la sueur au front que vous gagnerez âprement du terrain jusqu’à la victoire finale, jonglant sans cesse entre le niveau dangereusement bas de vos munitions et la pénurie de grenades qui feront de vous de délicats pigeons d’argiles dans une compétition internationale de ball-trap face aux hélicos adverses.


La roquette Kodak, le voleur de couleur.


Scénario alibi, difficulté abjecte, absence de continue (ah bah évidemment), chiptune de folie, pas de doute, nous sommes en plein dans les années 80, celles qui ont marqué l’avènement du Minitel, de la danse des canards et du porte clé choubidou fluo, parce que non, on ne faisait pas que des choses biens dans les années 80.

Et puisqu’on parle de choses désagréables, il faut bien aborder les graphismes. Comment dire ça simplement… vos yeux subiront la même souffrance que le reste de votre être, comme ça pas de jaloux. Sérieusement c’est immonde, je vois pas d’autre mot tant le choix des couleurs eut été plus approprié s’il avait été fait par un non voyant Immonde et terriblement répétitif tant les niveaux vous sembleront interminables, ce qui renforce d’autant plus la difficulté du jeu. C’est bien simple, à la fin du premier niveau j’ai cru être arrivé au bout du jeu. Ah ah ah, pauvre fou… Non, un écran de merde avec 4 pauvres chiffres inutiles (srsly guys, un score à 4 chiffres ?), tu pisses un coup et tu y retournes ! Douleur mes amis, douleur, rappelez vous le titre, ce mot n’était pas là par hasard.



Mais la maniabilité tient la route. Certains esprit chagrins ont bien prétendu que le petit Rambo de pixel était en fait un golem de brique déguisé mais non, il répond plutôt pas mal. Les collisions sont potables si on oublie les quelques passages où vous serez bloqués pour l’éternité (jusqu’au reset, en langage informatique), bêtement englué dans un mur facétieux. Au bout de 50 minutes de jeu. Ah ah ah. Ha ? Ah…



Luxe suprême, le tank a un canon rotatif. Pas super évident à faire fonctionner, je vous laisse le bonheur de découvrir la manip par vous même, mais qui a le mérite d’exister et de vous faciliter la vie pour dégommer cet enculé de sniper à grenades logé sur un épaulement hors d’atteinte de votre tir rectiligne, lâchement situé derrière un gros rocher à fleur de rivière. Hop rotation, hop roquette dans l’oignon.



Jeu emblématique de toute une génération de joueurs qui s’éveillaient à peine aux plaisirs vidéoludiques, Ikari Warriors est un monument du run ‘n gun, sa multiple conversion sur à peu près toutes les machines capables de cracher du pixel à l’époque ne laissant guère de place au doute. Conversions qui sont toutefois loin de se valoir en terme de qualité, le CPC enterrant d’ailleurs littéralement la NES sur ce coup là, une fois n’étant pas coutume. N’appliquez donc pas aveuglément mes considérations qualitatives à tous les softs estampillés Ikari Warriors que vous croiserez. Premièrement parce que mon avis est hautement subjectif, à un point tel que j’arrive parfois à ne pas être d’accord avec moi même, et deuxièmement parce que vous risqueriez d’être un brin déçu question difficulté sur d’autres plateformes, la NES remportant le concours haut la paluche.



Si vous aimez la difficulté, la vraie, celle des hommes qui touillent les braises du barbecue avec la queue, alors Ikari Warriors sera un compagnon de choix, un moment de détente même entre l’installation de votre piscine que vous creusez à la main et la réduction de cette vilaine fracture du fémur suite à votre chute du pylône à haute tension de la commune parce que bon, on allait pas attendre ces branleurs de l’EDF hein, réduction que vous ferez vous même, votre oncle vous ayant montré comment opérer avec deux planches et une grosse pierre quand vous étiez môme.

Pour les autres, réfléchissez tout de même avant de commencer, parce que ça brûle. Et pas que la rétine.
Le point de vue de César Ramos :
Plus commun qu'une sangsue collée sur le zob au sortir d'un bourbier vietnamien. Mais plus cher.