Hebus San
Celui qui m'a dit "pleure".
Age inconnu
Hebus. Quel pseudonyme, quel avatar bien choisi. La puissance, la gentillesse, les poils. Un troll. Ressemblant à Julien Courbet peut-être, mais un troll. A cette créature légendaire, seules l'intelligence et l'accent occitan manquent pour être tout à fait fidèle à l'homme derrière la bête.
Hebus est une légende de Nes Pas et du oldisme à lui tout seul, et tenter de le résumer semble bien vain. Derrière sa prose enlevée, derrière ses sorties pétaradantes sans faux-semblants, derrière ses avis tranchés comme du jambon de Bayonne, que trouvons-nous ? Une homme. Un père. Un mari. Un désespérant concentré de culture, de gentillesse et de générosité dans un gant de crin, tant il est vrai qu'il adorera vous chatouiller le poil et les boutons alentours pour faire éclater le pus la vérité, comme un nettoie une peau d'acnéique trop longtemps négligée. Le troll est un homme qui s'assume, un de ces trop rares individus qui n'hésitent pas à faire mal quand c'est pour le bien. Du genre à vous dire "tu es un gros connard" pour vous faire comprendre que, justement, vous êtes un gros connard. Pas con le mec.
Bien sûr il a ses défauts : grande gueule invétérée, supporter de l'OM, donneur de leçons agaçant, pitoyable joueur à Speedball 2 (208 à 12, muahahaha !!), il faut bien qu'il soit un peu humain. Mauvais perdant et, pire, mauvais gagnant, il a le culot de porter en bandoulière son talent, au mépris de 2000 ans de morale judéo-chrétienne. Si les sudistes sont de mauvaises foi, Hebus, lui vit en Antarctique. Pour tout dire même un Marseillais trouverait qu'il éxagère.
Sans lui, il n'y aurait pas de site, pas de forum. Non pas qu'il en ait été à le genèse, mais il en est incontestablement le pilier. Imaginez votre appartement sans le placard à saucisson : ce serait [Nes Pas ?] sans lui, et mes images valent ce qu'elles valent, je vous merde. Il est celui qui a tout compris et tout résumé dans ses articles, articles dont on parle encore avec des trémolos dans la voix de Oulan-Bator à Montluçon. Si le Manifeste du Oldies de l'ami Ghost ne vous suffit pas, lisez la critique du jeu Super Mario World par Hebus : je me la refarcis régulièrement, tant il a su y mettre tout ce qui chatouille la fibre nostalgique du bon rétrogamer qui se respecte. Ce texte est à inscrire au panthéon du vidéoludisme français.
Ses bases ? Solides. Amiga, Nes, Super Nintendo : ça vaut tous les pedigrees du monde. On lui pardonnera même, avec tant de bonnes références, d'avoir particulièrement mauvais goût en matière de musique voire de cinéma (en BD c'est plus tendu. Il aime Trondheim mais déteste Corto Maltese. Dossier compliqué.), mais bon, que voulez-vous, tout le monde ne peut pas aimer Télérama. Ah, on me fait signe dans l'oreillette que pour cela il faut être bobo, ou de gauche. Je comprends mieux.
Prenez garde à lui. Si vous gagnez son amitié, ou tout au moins son respect, c'est banco, vous ne regretterez pas le voyage. Mais ce respect, l'amitié, ça se donne, ça ne se prend pas. Le vil flatteur de passage, le jeune requin aux dents longues, la petite merdeuse : le troll vous juge, vite fait, bien fait, sans chichi. Bouffi de sensibilité, il sait être froid comme un sniper à Sarajevo lorsqu'il s'agit d'éliminer les mauvaises herbes qui pointent le bout de leur nez dans sa vie, ou sur le site. On ne la lui fait pas, à lui. Et s'il se trompe, s'il y va trop fort, sa carrure de volleyeur du dimanche lui permet d'assumer sans vergogne et sans tourments nocturnes. Chose amusante, il en va des jeux comme des merdeux sus-nommés : les mauvaises pioches finiront au rebut ( = ebay) en 3h chrono.
Prenez garde à lui. Le fréquenter, c'est risquer de recevoir des jeux DS en cadeau, comme ça, pouf, un jour par la Poste. Voui. C'est risquer de vous faire inviter pendant une semaine dans une somptueuse baraque en bord de Méditerranée, consoles et jeux de plateau à tous les étages. Voui. C'est boire du rhôôsé douteux, c'est perdre son âme et ses pouces devant un Street "putaing cong" Fighter quelconque, c'est appeler sa ponçeuse Brigitte, c'est fantasmer sur les joueuses oldies à guêpière (quoique même sans Hebus ça se fait, ça), c'est vous prendre une bordée d'injures et d'excuses foireuses en cas de victoire sur lui ( "putaing mais c'est pas vrai de touteuh façong il est nul ce jeu il y a de l'aléatoireuh" ) ou de défaite ( "non mais appreng à jouer, Pete, c'est pas pôssible d'être autang une mêrhde, la grrrôÔsse branlée que je lui ai foutu ah c'est jouissif, c'est comme avec ta mère" ).
Prenez garde à lui. Sa vie est un peu la nôtre. Son métier, sa famille, ses déboires avec les livraisons des 150 jeux et BDs qu'il achète compulsivement par mois - et qu'il revendra aussi sec, l'homme est devenu référence en la matière -, ses joies et ses tristesses, tout ce petit monde fait un peu partie de notre monde, et c'est cette forte personnalité qui le rend si attachant, si indispensable.
Et tout ça avé l'accent. Enooorme.