David et Jonathan y viennent pour les vacances.
Metal Storm
IREM - 1990
Sans dessus dessous. par EcstazY

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Metal Storm. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais à titre exceptionnel votre ignorance peut se justifier. Oui, ce jeu NES n’est jamais sorti dans nos vertes contrées, encore un… On rate rarement quelque chose avec ces trucs d’outre atlantique obscurs. Soit, mais pas là. Dans le cas présent, il faut le voir pour le croire. Sans avoir l’air d’y toucher, comme une main sur la cuisse molle de votre petite cousine, on touche le gros lot à peu de frais.



Ce jeu n’a pas de scénario. On est là pour en baver, donc pas besoin de vaseline. Sauver le monde ? Oui vraisemblablement, mais à peine la cartouche enfichée, bim, l’action démarre. Vous êtes un robot chargé de tuer tout le monde. Ce but ne vous convient pas ? On s’en fout. Il apparaît comme vraisemblable qu’ils vous en veulent tous, et l’instinct de survie prévaut. On traverse des couloirs au level design curieux, et on tire sur tout ce qui bouge.



Déjà vu ? Oui, mais non. Dès les 24 premières secondes du jeu, le blocage idiot. Attiré par l’appât des quelques bonus que vous voyez, bim, vous sautez. Et vous êtes bloqué comme un idiot.


C’est vrai que j’ai l’air d’un con là.


Allez, ne nous leurrons pas, vous êtes un vieux de la vieille, ça fait combien de temps qu’on se connait, hmm ? Parlons sans honte : vous êtes vraiment bloqué. Quand soudain c’est l’illumination : une habile pression sur haut vous fait coller au plafond, la tête en bas ! Le niveau s’inverse alors, et vous pouvez sortir nom de nom !


Ah oui tiens. Par contre là je vais vomir


Et là la magie du jeu apparaît : votre héro peut marcher sur les plafonds ! Frayeur néanmoins chez les plus aguerris d’entre vous, amis lecteurs. Il y en a des jeux à tête en bas, et généralement c’est simplement pour éviter un obstacle trop haut à franchir, et par conséquent sans aucune once d’intérêt. Rassurez-vous, là c’est divinement exploité, et vous allez en chier un maximum. Et je pèse mes mots.



On doit donc parcourir 7 niveaux dans tous les sens. On débute très progressivement, avec un premier niveau mou que l’on peut faire en bas, « à l’ancienne ». Mais rapidement, la succession de haut-bas devient un enjeu de survie majeur, et il devient indispensable de maîtriser la transformation. Dès le deuxième niveau, c’est la misère, le labyrinthe : les portes ne s’ouvrent que lorsque vous êtes dans un sens. Mais pas dans l’autre. Et pas de bol, les limites haut et bas de l’écran sont en fait infinies. C’est-à-dire que si vous tombez en bas de l’écran vous réapparaissez en haut. Et ça tout le long du jeu.



Tous les habitués des tapins de Bangkok vous le diront : on a beau avoir tiré toutes les mamans du monde, sauter lorsque l’on est accroché au plafond est un exercice de sévèrement burné. Même au bout des 7 niveaux, c’est curieux, pas naturel, mais tellement bien exploité ! Le level design est exceptionnel de beauté artistique. On passera sur les épouvantables couleurs du jeu, toutes choisies parmi ce que les développeurs de la NES appelaient (non sans humour) « la chiasse du lendemain ». On passera de plus sur les fonds géométriques épouvantables du jeu, qui même aidés par un scrolling différentiel d’excellente facture rendent simplement moche et hallucinogène. On oubliera de plus les ennemis qui ne ressemblent à rien sauf à un truc qui vous tuent. On prendra bien note du fait qu’il y ait miraculeusement des mots de passe qui permettent de rendre l’impossible voyage possible, mais malheureusement avec des codes absolument illisibles sur l’écran baveux de notre NES chérie. Non, la vérité est ailleurs : les niveaux !



Les niveaux sont en effet incroyablement bien pensés. La courbe de progression de maîtrise de la position de la chauve-souris est parfaite. Et tellement bien maîtrisée ! Dès le niveau 2, c’est un véritable ballet de moments anthologiques. On passe d’en haut à en bas toutes les 3 secondes, avec des rythmes ressemblant plus à de la capoeira qu’à du jeu vidéo : absolument rien n’est laissé au hasard.



Alors je vous le dis derechef, votre meilleur ami va devenir l’explosion de votre héros.


Il a raison ce diable de cornichon. BOUM ihihihhi


Car la mort vous guette à tous les coins de rues. Un ennemi, une boulette oubliée, des piques mortelles… Rien ne vous sera épargné. Il y a bien un bouclier que vous pouvez trainer, moui… Mais son utilité est bien faible. Chaque minute votre habileté sera mise à rude épreuve pour trouver l’issue du presque puzzle qui s’offre à vous.


Certains choix artistiques sont disons… Douteux.


Rien que les boss tenez, rah dis donc ! On passera sur le premier, facile, avec une zone où tirer qui bouge. Bon, quelques coups au plafond, et bim. Dès le deuxième les choses se corsent. Une série de lasers vous tire dessus en ordre dispérsé. A vous d’éviter le tir, et de grimper entre les écrans qui loopent à l’infini pour les dégommer un par un. Classe.


Ne cherchez pas, ce code est plein de troubles pour votre télévision baveuse. Aucun enfant des années 90 n’a pu l’exploiter correctement…


Puis viennent les cauchemars des temps anciens, comme ce monstre qui va d’un point à un autre parmi quatre disponibles, entouré d’une barrière de trucs qui tuent, dans un espace quadrillé par des lasers. Tout dans l’écran est mortel, et vous avez 4 pixels toutes les 7 secondes pour vous déplacer sans exploser. Et ne pas oublier de le tuer bien entendu.



Puis le scrolling forcé hallucinogène qui rend fou avec des trucs qui font le tour de notre cage ou une merde rebondit tout le temps, à abattre, entre deux lasers. Vient la grosse chose polymorphe qui tire des dizaines de trucs aux patterns différentes dans l’ordre, avant de sombrer dans le chaos et de tout lâcher.



Sur papier ce n’est rien, je le vois bien à votre petit air guoguenard, ah ah. Mais la manette à la main, c’est un véritable enfer. On rebondit partout, et chaque position est foireuse. On doute de tout, du prochain tir, de la prochaine action, haut bas, tir, rebond, tir ? Un enfer particulièrement éprouvant pour les nerfs.



Mais le mieux vient ensuite : trois trucs qui tournent, entre deux plafonds qui tuent. Sous-entendu : pas de haut pas de bas, uniquement des transferts entre trucs. Ils s’épuisent les uns après les autres, et deviennent rouges. Faciles. Et meurent un par un. Oui, peut-être, mais vous, vous devez tuer le dernier, sans pour autant tomber sur le sol ou le plafond. Il vous faut donc paramétrer vos tirs pour tuer le dernier, et faire que la NES calcule la fin du niveau alors que vous êtes en l’air, suspendu entre deux lasers.



Ah bordel. En 22 ans de NES rarement j’en ai autant bavé. Puis vient le 7ème niveau, le graal. Je brise le charme et vous le dis tout de suite : c’est le dernier. On respire. Nos doigts sont chauds comme nos neurones, et une délicate odeur de transpiration et de peur envahit généralement la pièce au moment d’y entrer. Et paf : l’enchaînement de tous les 6 boss du jeu, sans respirer sans rien.



Si le joueur n’est pas encore devenu fou, il va connaître la fin du jeu. Molle, sans aucun intérêt. Mais il sait que ce qu’il a fait vaut une médaille. Il aura beau passer pour un fou en expliquant à sa future conquête qu’il a terminé Metal Storm, tout empreint d’une arrogance nouvelle, il l’a fait.



Ce jeu est en effet sec et râpeux comme le vagin d’une vieille femme de petite vie (merde à la censure) : on n’en sort jamais indemne, et ça marque à vie. Mais quel plaisir ! L’action est trépidante, la difficulté maximale, le tout dans un jeu techniquement moche et au top, rien ne peut être dit de plus : c’est une véritable bombe de la NES. En synthèse : c’est bon, c’est gras, on en r’prendra.

Et parce que les vrais joueurs se foutent de mes avis péremptoires, il ne suffit parfois que d’une image pour convaincre un cœur de pierre. Après quelques heures de souffrance, de rebonds multiples, de sauts aux pixels près, de tout, après un « the end » absolument médiocre, l’aveu :


Ah parce que… Parce que là j’étais en easy mode ?!

Gasp.
Le point de vue de César Ramos :
A prix moyen en considérant le fait qu’il bénéficie d’une certaine aura.