La NES avait à peu près tous les genres de jeux possibles et imaginables, de la course de chevaux, en passant par les "simulations" de drague (oui, j'utilise toujours le mot "simulation" sur la NES avec des pincettes. Surtout lorsqu'il s'agit de drague...) mais il lui manquait le genre intimiste de la simulation de sous-marin. Oui, intimiste en ce sens que là tout de suite, rêveriez-vous de passer 4 heures devant votre télévision, à regardez les poissons volants vous lécher le visage de leurs nageoires trempées et puant le sureau ? Non ? C'est plutôt rassurant. Vous êtes comme tout le monde, comme vous comme.... Vous. En tant que journaliste d'investigation, je me devais de plonger dans la grande bleue (qui, au risque de vous surprendre est grande, et bleue) pour vous, public. Ainsi on se retrouve avec une simulation de sous-marin. On n'avait pas déjà "A la recherche d'octobre rouge" ? Non, je parle ici de simulation, pas de jeu à la petite semaine. Et ça donne quoi une simulation sur NES ? Suivez le guide (qui, soit dit en passant n'est pas rémunéré, alors je vais passer parmi vous avec un tronc...)
Dès l'allumage de la console, un écran titre peu expansif. Une image, rien d'autre. Tiens, c'est RARE qui fait le jeu, c'est déjà un gage de sérieux, voire de qualité, mais n'en dévoilons pas trop d'un coup. Par définition une simulation se doit d'être proche de la réalité. Personnellement, je n'ai jamais mis les pieds dans un sous-marin, et je doute (mais en fait je n'en sais rien, bah !) que vous aussi. Donc je ne vous parlerais pas pendant longtemps des heures de la véracité de l'action. M'enfin. Après l'écran titre, vient le choix. Nombreux, très nombreux. Par quoi commencer ? On serait tenter par le tutorial, mais non, pas moi, ah ah. Mais en fait si. Le manuel fait mention d'une action que l'on dirige avec les deux manettes de la NES. Cela mérite une formation, ça ne s'improvise pas. Une leçon de tir, chouette.
Hop, 4 navires à couler. Sur papier c'est simple, on va devant, on vise, on tire. Simple. Là, c'est un peu plus compliqué. On va d'abord lancer le moteur, à vitesse intelligente. Oui, notre sous-marin n'est pas un hors bord, mais sait tracer quand il le faut. Et si on va trop vite pendant que l'on tire, c'est l'accouplement nautique assuré. Une fois lancé dans la bonne direction (oui, les bateaux ennemis bougent aussi. Oui, s'ils étaient immobiles, toutes les guerres du monde ne dureraient que 4 secondes. C'était la fin de la seconde politique de la critique) on passe au périscope. Oui, vous avez déjà essayé de tirer à l'aveugle ? Donc on sort son tube, et on regarde. On vise, on choisit si une bonne torpille (ou plusieurs, je suis le roi du lâcher de grappes maritimes) ou la mitraillette de pont feront l'affaire pour couler le vilain. Parfois il faut s'y reprendre à deux fois pour achever le bestiau. Et c'est là où la deuxième manette sera utile. Elle donne la visée de la mitraillette de pont. Ca passe, après quelques minutes, les 4 ennemis sont envoyés ad patres ("voir le père", pour mes ami(e)s non latinistes. "Ad" indique une direction, une chemin, et... Ok je continue). Simple. Tutorial de mes deux, je m'en vais devenir le baron rouge. Mince ce nom est déjà sur google. Le Baron Bleu devrait faire l'affaire, à moi la mer haw haw haw !
Oui, mais ce n'était qu'un tutorial. Simple et fait pour prendre le jeu en main. Là une mission. Accompagner un convoi, et tant qu'à faire, le protéger. Simple sur le briefing, mais une tout autre réalité dans la vie la vraie (Auchan). Oui, les options avant missions sont folles. On peut choisir si les ennemis vous voient, si la visibilité est forte, si on a des mines flottantes, du canon, si il y a des ennemis sous l'eau, etc... C'est peut-être là où le mot "simulation" est le plus flagrant. Là, pour faire le cake, j'ai décidé d'être aux instruments, contre une flotte entière, uniquement à jouer sur la carte. Enorme, la partie s'annonce d'être folle. Mais je ne peux pas dire, je suis laissé sur la carte 7 secondes. Le temps d'avaler 17 torpiles fusant de toutes part. Mince.
Je recommence (oui, j'aime ce jeu, il me plait) avec les options de base. Là c'est jouable. Les bateaux du convoi avancent tranquillement, malgré leurs horizons chargés de vaisseaux ennemis. Et c'est à moi de purger cet horizon, d'un coup de pinceau de feu. Les vaisseaux ennemis rétorquent à mes coups, pas comme dans le tutorial. Il y a des sous marins, difficiles à tirer car il faut trouver leur profondeur, il y a les mines flottantes à éviter, les bateaux amis à diriger... On ne s'ennuie pas. Et si c'est le cas car l'action se traine salement, il existe la possibilité d'accélérer le temps. Magique.
L'interface déroutera le non possesseur du livret, mais comme je l'ai, et comme je suis vraiment sympathique (et surtout beau, riche, et malgré tout terriblement modeste) je vais vous aider. On se retrouve au départ sur la carte du monde. Plusieurs niveaux de zoom, pour bien cibler l'action, l'environnement proche. Et une croix avec un carré au milieu. C'est le gouvernail de notre monstre d'acier. Gauche droite, puis monter descendre. Le carré au millieu est pour fixer le cap actuel. Une fois la direction prise, une petite pression sur SELECT, et on se retrouve dans la cabine. Avec notre curseur, on peut choisir le télescope (s'il est sorti), ou bien l'inspection du navire, ou bien le livre de bord... Une fois en mode périscope, en visant avec la tourelle, diverses informations de distance, de portée de tir, etc. On clique sur la torpille ou le tir de pont. C'est tout, simple non ? Avouez que vous avez paniqué en voyant l'interface au départ hein ? Petit fripon va ! Allez dédé, amène une bière pour le monsieur (ou la dame, je suis pour un oldisme mixte).
Graphiquement, Silent Service fait ce qu'on lui demande. Oui, en fait que demandait-on à un jeu de sous-marin ? Représenter les vagues ? Irréel. Voir les hommes s'agiter sur le pont comme des fourmis ? Ridicule. Le niveau de détails des bateaux est déjà énorme. En s'en approchant, et en les coulant, on peut les voir couler, proprement, doucement, centimètres après centimètres. La cabine de commandement répond à l'exigence, maniable et mignonne. La carte est très propre. Le seul reproche est peut-être le côté statique de l'ensemble. Mais comment pouvait-il en être autrement ?
Musicalement, là aussi c'est la simulation "à la NES". On est tranquillement accompagné par le "Dzzzzzzz" plus ou moins fort des moteurs, le "Pshhhhhhh" des torpiles qui partent, le "tac tac tac tac" des mitrailettes de pont, les "BOUM" de l'impact. Pas le hurlement des marins qui meurent, des vagues léchant la carlingue, des "Passez moi le pastis caporal". Mais le minimum vital est là. Généralement je ne tiens pas une mission complète à écouter mon moteur. Une indication serait d'avoir toujours une chaîne audio allumée à proximité. On pourrait donc reprocher le côté statique de l'ensemble. Mais comment pouvait-il encore une fois en être autrement ?
Au final, des centaines de missions possibles vu toutes les options de base, et les très nombreux réglages possibles. On ne peut pas s'ennuyer en se tapant toujours l'inlassable mission. Une mission peu prendre de 5 minutes à plusieurs nombreuses heures. Pour une vraie bataille complète où l'on a même pas le temps de mettre le temps en accéleré, l'abnégation est de rigueur. On ne part pas 5 heures devant son écran à écouter des Dzzzz des BOUM des Tac tac tac sans un minimum de préparation. Mais l'immersion est alors total. Quoiqu'un peu statique. Mais pouvait-il encore une fois en être autrement ?
Pour conclure, Silent Service est à mes yeux un excellent jeu, mais à ne pas mettre entre toutes les mains. Pour les patients seulement. Ce n'est pas le jeu que l'on lance entre deux coups de fil, pour passer 5 minutes. Là il faut être disponible pour recevoir le bonhomme. Mais il saura vous le rendre avec amour, aisance, et surtout passion.