Retry, Ignore or Cancel ?
Soccer
Nintendo - 1985
Simulation (tout court) par Hebus San

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Avez-vous remarqué le troublant double sens de certains mots qui peuvent néanmoins parfois s’appliquer indifféremment l’un ou l’autre à l’entité qu’ils représentent ? Prenons un cas concret, la platitude de votre œil torve me spécifiant clairement que vous n’avez pas saisi grand-chose de ma phrase précédente. Vous avez de la chance, je suis dans un bon jour.

Simulation par exemple. D’un côté la simulation désigne la représentation par un modèle physique ou mathématique d’un système complexe (merci à Larousse), mais parallèlement elle désigne une honteuse tentative d’abus de la crédulité des pauvre spectateurs que nous sommes quand un sale enculé de l’équipe d’en face se roule par terre suite à sa collision avec un courant d’air (merci Robert, ami de longue date). Et bien grâce à la magie du jeu vidéo, ou plutôt grâce à ses insuffisances du début des années 80, vous allez constater sous vos yeux ébahis d’émerveillement (et rien dans les manches !) que ces deux aspects sont étrangement proches quand on cherche à faire la critique du jeu Soccer.

Soccer est un jeu de foot. Moi je trouve que les mots empreints d’un réalisme aussi pur et nu sont beaux. Si j’ai un chat je l’appellerais « chat », ça fait mieux.



J’irai plus loin, c’est le premier jeu de foot de la NES. 1985 ; et ça ne me rajeunit pas. Rhâââ, le rainbow warrior, et… hem, bon j’arrête. Mais vous sentez bien à mes allusions vaseuses qu’à une époque où porter les cheveux longs sur la nuque et bien courts devant étaient à la mode, et où les ray ban bien grosses étaient le comble du chic, on ne pouvait raisonnablement pas faire de bon jeux. Enfin très peu. Et manque de bol, Mario et Zelda ont déjà pris les places…

A nom plat, jeu plat. Les développeurs se sont pas foulés sur le nom, ils allaient pas non plus se fouler sur la technique hein. On a donc « droit » (mais vous pouvez refuser) à une simulation (notez l’ambiguïté) de soccer. Pour nos amis anglophobes le soccer désigne le football, étant donné que le football désigne le foot US dans la langue de Shakespeare. Oui, déjà en 1985 ils étaient un peu cons les ricains…

Allez, j’en dis trop et pourtant pas assez. Voyons donc le sujet du jour en détails.



Ecran titre et musique country. Enfin qui tente de l’être. C’est plat comme un terrain de Belgique, mais la musique n’est pas vraiment à gerber. Surtout parce qu’elle est brève en fait.

Bon deux options : 1 joueur et… 2 joueurs, bravo ! Un carambar de chocolat pour le petit garçon du fond qui viendra me voir seul après le cours…

Vu que ma femme est préoccupée par ses contractions, je vais pas lui demander de faire le deuxième joueur, râleuse comme elle est, elle est foutue de mal le prendre. Bon ben 1 joueur alors.



Hop, retour de la musique country avec le 4 ème mouvement de la fugue endiablée pour banjo à une corde. Merde, vite, valider n’importe quel choix ! Ah ben ça tombe bien, des choix y’en a pas 60. 3 suffiront pour contenter les joueurs, pas vrai les gars ? **rires gras de développeurs qui sentent sous les bras**

Donc on choisi l’équipe, le niveau de jeu et la durée des mi-temps. Un bon point : si les joueurs n’ont pas de nom ni de maillot officiel, en revanche ils ont à peu près la couleur de peau majoritaire de l’ethnie dominante de leur pays d’appartenance (oh bordel de gland plein de nouilles, j’ai enclenché le mode « politiquement correct » sans faire exprès). En clair les brésiliens sont bronzés, les niaques sont jaunes, les rosbifs bien blancs et les espingouins rougeaux. C’est toujours ça.



Suivent les 5 niveaux de difficulté. Enfin c’est vite dit « difficulté ». Sans avoir jamais joué j’ai pris 2-1 en mode le plus hard. Pas de quoi fouetter un autiste donc…

Troisième et dernier choix, la durée des mi-temps. Oui c’est en minutes. Non ce ne sont pas des minutes réelles. Non je n’ai aucune idée de la correspondance des temps. Le compteur défile vite. Genre 1,2,3,4,5,6,… voyez ? Mais vite.

Mais alors je n’ai pas de mode championnat ou coupe ? Ah non, ça va pas être possible là, on est en 1985 chez faignasse & co. Donc match sec et puis point barre.

Allez, je suis en vacances, je vais pas m’énerver pour si peu… je lance !



Ah, y’a que 6 joueurs ? Décidément les tournois de sixtes avaient la côte à l’époque. D’ailleurs je me demande bien si leur popularité d’alors ne vient pas un peu de la pléthore de jeux de l’époque qui, incapables de faire évoluer 22 joueurs handicapés sur une pelouse rectangle vert, ont proposé systématiquement des matches à 6 contre 6. Faudra poser la question à ce gros con de Simonet tient. Hein ? Mais si je l’aime bien…

Donc c’est parti. Et à la vitesse de départ on peut prédire sans trop de risque que l’arrivée c’est pas pour tout de suite. Mais le coup d’envoi est clairement donné vers l’avant comme le stipule le règlement. Ah, bien ça. Faignants, mais respectueux des règles les développeurs.

Je fais une pause parce que jusque là les impressions étaient mitigées mais pas nécessairement catastrophiques.



-Le match a commencé depuis environ 3 minutes mon cher Robert, et c’est une rencontre au sommet à laquelle nous assistons entre les « Wizards » du pavillon de rééducation des accidentés moteurs et les « Kings » de l’aile ouest de l’unité psychiatrique adulte. Une sorte de virade de l’espoir, mais sans espoir.

-Tout à fait Raymond ! Le style est épuré, pour ne pas dire vide, mais les pauvres, ils font ce qu’ils peuvent.

-C’est vrai que leurs seules possibilités se limitent à courir et à tirer.

-Et pourtant quelques tacles les auraient bien aidés…

-Et c’est déjà la mi-temps sifflée par le panneau d’affichage puisque l’arbitre n’a pas pu venir je crois ?

-Effectivement il a donné sa démission hier, et c’était le dernier de la fédé.

-Et voici venir les fantastiques « Gorgeous Sorceress » du service de gérontologie section très long séjour qui vont égayer cette pause de leurs danses endiablées.



Voilà. Ca se sent que j’ai pas trop aimé ? Le pire c’est que ces putains de pom pom girls sont inamovibles, inzappables. C’est pas long, mais à la 3 ème partie ça démange déjà d’éteindre violemment la console pour hurler devant son écran noir « AH AH ! ON FAIT MOINS LES MALINES HEIN MES PUTASSES !? C’EST QUI L’PATRON ??!! ». Donc oui c’est court, mais oui ça agace un peu.

Je voudrais néanmoins décerner mes félicitations toutes particulières à l’IA du gardien de but. Elle est totalement indéfendable. On pourrait encore se faire du fric en l’attaquant en justice. Cette entité stupéfiante associe la mobilité du paresseux cataleptique, l’agressivité du bulot sauvage et l’intelligence de la méduse molle en bas âge. C’est fascinant… Ne serait-ce que pour contempler ce qu’il était possible de vendre à une époque vous vous devez de faire au moins une partie. Enfin au plus.



En ce qui concerne les bruitages, celui de la foule en délire s’approche assez du son du mistral qui parasite une vidéo amateur sur les accouplements de cigales en liberté.

Et pourtant ce jeu n’est pas si ma… bon si. C’est une merde. Mais au moins on lui reconnaîtra le mérite d’être le précurseur. Mine de rien c’est un peu l’ancêtre des Winning Eleven chez Nintendo. Et rien que pour ça personne ne doit en rire. Ou alors pas trop fort :)

Le point de vue de César Ramos :
Plus que commun, pour rien, malgré son grand âge...