Dans les films des années 90, « Maman j’ai raté l’avion » tient une place particulière dans mon cœur. Avant que Macaulay Culkin ne sombre dans la drogue et dans le lit de Mickael Jackson, il représentait l’enfant débrouillard qui a fait rêver toute une génération. Abandonné par ses parents chez lui, le pauvre bonhomme devait se battre seul contre deux horribles méchants venus cambrioler sa maison. Le film faisait un peu rêver à l’époque, surtout la scène brillante ou pour simuler le fait qu’il y ait du monde, le gamin bricolait tout un tas de machines merveilleuses projetant les ombres chinoises d’une grande fête. Merveilleux.
Alors quand un jeu NES s’offrit de nous faire revivre cette épopée incroyable, mon petit cœur d’enfant ne fit qu’un bon vers le bonheur !
Dès l’écran titre on est conquis. Merveille de la NES, la reproduction de la porte américaine moyenne en période de Noël est parfaite. Frissons partout, émotions juvéniles, on peut se sentir défaillir à l’idée insondable et riche de plonger dans cet univers merveilleux.
Puis sans une once de préambule, on est plongé dans le jeu. Pas un écran d’introduction, pas un texte, rien. Aucun problème, je connais le film par cœur, je vais habilement gérer la situation, je ne suis pas une raviole.
On incarne sur le premier écran Macaulay dans un décor absolument immonde. Avant quoi que ce soit concernant l’action, on va déjà passer quelques secondes à tenter de discerner dans le vomi de pixels et la palette sous drogue du jeu ce que cela représente. On est vraisemblablement… Dans une maison. Chaque… Meuble tente peut-être de se différencier des autres, mais rien n’est moins sûr. On aperçoit… Des carrés avec des trucs au milieu…. Et euh, notre héros ?
Oui notre héros. Après la douche froide et les quelques gouttes de collyre pour supporter cet affront rétinien, on va commencer à bouger Macaulay. Il faut reconnaître qu’il a dû rester un peu longtemps dans les années 90, et qu’il a un peu pris le pli du cintre : il est aussi souple qu’un anus avant un bon lavement, et ne saute pas. Rien de tel que d’incarner un gamin de 10 ans en pleine force de l’âge qui n’a malheureusement pas suivi le cours de mobilité au primaire. Misère.
Et rien ne nous indique ce que l’on doit faire dans ce cauchemar des yeux. Sur NES Pas, nous ne sommes pas faits du bois dont on fait les connards. Alors je vais vous le dire, amis lecteurs : il va falloir survivre pendant 20 minutes en temps réel aux assauts répétés des deux voleurs du film. Tout simplement.
On notera que sur un film d’1h30 - comme souvent - le jeu à licence de merde ne s’intéresse qu’à une scène qui dure deux minutes. Mais admettons, au point où en sont nos petits yeux on ne va pas s’arrêter à ce genre de détails.
Pour survivre dans la jungle de pixels de la maison, notre ami paraplégique va avancer comme il peut, et placer des pièges ramassés dans la maison pour les larguer derrière lui et piéger les méchants. Toute une panoplie de pièges à la noix vous accompagnera pour immobiliser plus ou moins longuement selon la nature du piège les voleurs.
Une fois immobilisés, les voleurs réapparaissent au petit bonheur la chance dans la maison, et vous sautent immédiatement à la gorge. Car en plus d’avancer en random dans l’immense et moche maison, ils vont aussi bien plus vite que vous. Et un contact avec notre petit héros, et c’est terminé pour la partie, fin de l’histoire, rideau.
On se retrouve donc à errer affolé dans une grande maison à la lutte contre deux méchants deux fois plus rapides que nous pendant 20 minutes. 20. Minutes. C’est très long quand le seul gameplay consiste à errer suivant un chemin précis et à lâcher des carrés par terre à intervalles réguliers.
A la fin des vingt minutes, les plus courageux verront un écran de fin de misère, à savoir Macaulay qui regarde par la fenêtre le départ des méchants, embarqués par la police. Voila voila vous en avez chié des ronds de chapeaux pendant 20 longues minutes pour un écran titre minable. Joie.
Et pendant 20 minutes vous aurez fait exactement le même trajet dans la maison, en boucle. Comme je me suis déjà sacrifié pour vous ami lecteur, je vous donne la trajectoire idéale, c’est-à-dire la soluce de Home Alone sur NES. Ne me remerciez pas c’est tout naturel.
Il va au départ falloir monter les quelques marches pour rentrer dans la maison, et récupérer les deux pièges. Puis grimper à l’étage numéro 2, puis à l’étage numéro 3. Là, se glisser à l’extérieur par la gouttière, descendre, traverse tout le jardin, grimper dans la cabane, traverser tout le 3ème étage, puis redescendre la gouttière, puis retraverser le jardin, puis regrimper dans la cabane, puis retraverser tout le 3ème étage puis…
20 minutes. La même chose. Sans aucune variation. Oui, bien sûr de temps en temps il va vous falloir lâcher un piège pour abattre temporairement un méchant très rapide. Mais à part ça, la même chose, encore, encore, encore et encore.
C’est long, c’est pénible, et c’est diablement inintéressant. Comme une conférence sur le mouvement perpétuel, expliqué en finlandais et sous-titrée en chinois. On trouve ça rigolo sur le prospectus, mais une fois assis sur son siège le sommeil est votre meilleur allié. Ne perdez alors pas votre temps sur ce jeu, mauvais s’il en est, qui donne malheureusement une fois encore raison à l’adage populaire : « Jeu à licence, rien ne vaut l’essence ». Dommage…
Bonus
Une joie ne venant jamais seule, et que NES Pas c’est d’abord le site de la culture et des culturistes, sachez que selon les versions, l’écran où Macaulay se fait prendre par les voleurs est différent :