Une ville aux portes de la Bretagne, aux 21ième siècle. Il fait froid. Il vente. Il pleut. Nous sommes aux portes de la Bretagne. Derrick est mort. Il pleut. Je viens de finir la critique de Castlevania Bloodlines, et je n'ai plus de mousse de foie de canard. Dehors il pleut. Il me reste une après-midi à tenir avant le match de ce soir. Mes caleçons ne sèchent pas. La pluie crépite sur mes carreaux. Eli, eli, lema sabachtani !
Mais j'ai une arme secrète, moi. Je ne suis pas une raviole, pas un de ces petits merdeux qui craquent dès qu'Antenne 2 stoppe ses retransmissions. Je suis ce qu'on peut appeler vulgairement un type à qui "on-ne-la-fait-pas". Dans ma manche se cache un as de coeur, une nova bomb, la crême Mont Blanc du vidéoludisme. Oui, je parle d'un jeu.
Je ne vous ferais pas languir plus longtemps, coquinous affamés : c'est de la bonne came. Biker Mice from Mars. Une bonne vieille licence oldie de seconde zone. Mais si foutredieu, rappelez-vous, ces souris mutantes qui devaient détrôner les Tortues Ninja, ha ha les pauvres fous naifs. Si au moins ils avaient eu des prénoms de compositeurs romantiques Allemands... Mais non. C'était juste trois rongeurs motards complètement badass dont le chef avait des lunettes, si si. Trois riders sauvages qui protégaient le monde en faisant du wheeling sur les toits des immeubles. Le concept du siècle.
On les aurait presque oublié, et on aurait été Mad, ou très con (les deux même !). Je les aimais bien moi. Mais en dehors des States, point de salut, oui, on va souffrir ici du bon vieux syndrôme de la NES, à savoir "seuls les ricains n'ont pas de la merde dans les yeux et achèterons nos excellents produits". Connards impérialistes ! Rendez-nous Zanac, rendez-nous Vice - Project Doom, rendez-nous justice !
Biker Mice est un jeu de course en 3D isométrique. Mais non, restez, bon sang... Incultes, et RC Pro Am, et Rock 'n Roll Racing, hein ? Donc je reprends pour les auditeurs de bon goût : Biker Mice est un jeu de course de moto en 3D isométrique, dans l'univers du cartoon. En fait voilà, vous mélangez les deux jeux que j'ai sus-cité, vous rajoutez un poil de Super Mario Kart avec des options à chaque tour, et hop, on a du rêve en barre. Mode versus, campagne solo, le grand classique, on y est.
C'est beau, c'est puissant, ça pète sa race. Y'a pas à dire, c'est émouvant comme Cary Grant en bras de chemise. A deux joueurs c'est carrément Sean Connery en kilt par grand vent. La musique bien rock 80's vous décolle les cheveux, les graphismes sont magnifiques, ni trop chargés, ni trop vides, colorés, lisibles.
Mais elles me le disent toutes : l'important n'est pas la taille ni la couleur, mais la maniabilité. Et sur ce point permettez-moi d'être rassurant : tout va pour le mieux. Pour ce jeu aussi. Evidemment, il va falloir vous habituer à diriger votre véhicule en direction relatives, hein, donc parfois quand la moto a la tête en bas il faut pas se planter et bien appuyer sur "droite" pour la faire aller vers la gauche de l'écran (donc sur sa droite, vous serez gentil de me suivre.) Mais on n'est pas des mickeys hein ? Non, c'est juste un poil raide. (Pour ce jeu auss... oui bon, ok) Disons que ça manque de sprites pour montrer toutes les orientations de votre moto, peut-être. Mais franchement c'est du bonheur, ah bon sang ! Les petits gars de chez Konami ont encore fait du beau boulot bien propre.
Alors on se laisse faire. On balance la purée sur ses adversaires, on les pousse hors de la piste, on enchaîne les coups vicelards, coude à coude dans un vrombissement de moteurs, avec du rock synthétique à fond dans les oreilles, comme un jeune chien fou, et sans casque parce qu'on est des voyous, on a des mauvaises manières, on prend notre thé à trois heures. Chaque perso a ses capacités et coups spéciaux, ça add du replay-value, comme on dit. Et on peut faire du wheeling ! Yeah baby !
A mesure que l'on progresse dans le challenge, des petits obstacles viennent s'ajouter aux circuits, dont le tracé simple en apparence vous demandera tout de même de ne pas négliger votre technique. Ca n'atteint pas les sommets de subtilité d'un Mario Kart, mais ce n'est pas basique pour autant. Niveau options, on a des classiques : boost, invincibilité, cash, etc. A chaque course, on gagne des points et de la thune, thune qui permettra de customiser, pardon, de pimper sa bécane. Oh oui, encore ! Le Saint Graal de toute une génération ! Mon Dieu, qu'on ne nous dise plus que ce monde a détruit le rêve.
Je quitte le jeu, je regarde autour de moi, et, comme lorsqu'on a trop fixé le soleil, on voit sur toute chose ensuite un rond vermeil, sur tout, quand j'ai quitté les feux dont il m'inonde, mon regard ébloui pose des taches blondes. C'est donc ça, ce bonheur dont elles me parlent toutes après ces nuits folles... Quelle pitié que ce jeu soit réservé aux Américains ! Alors que Shaq-Fu, franchement, un basketteur US, qu'est-ce qu'on en avait à foutre ? Les richesses du monde devraient être mieux réparties. J'en parlerai à Jean-Christophe Victor.
PS : Il semblerait qu'il existe tout de même une version européenne pas si confidentielle que ça, blindée de pubs directes pour les Snickers (je vous promets, j'invente rien). En conséquence, je m'asseois copieusement dessus.