Vous l’aurez compris à la petite phrase habituelle accolée au titre officiel, je ne parle pas un mot de japonais. Et comme je suis un vieux con, ça ne risque pas de s’améliorer dans les 50 années à venir (si Dieu me prête vie, merci par avance mon Dieu). Le hic quand on aime le football comme moi, c’est que la plupart des jeux relatifs au manga de Yoichi Takahashi (Captain Tsubasa pour les ignares, Olive et Tom pour les ignares xénophobes) sont uniquement disponibles en VO. En temps normal, ce n’est pas nécessairement important de piger ce qui est écrit à l’écran dans un jeu de foot, mais là si. Bougrement. Chronique d’un jeu à part.
La série des Captain Tsubasa (4 jeux au total sur SFC) est bien à part dans la catégorie des jeux de foot. Totalement atypique, elle ne laissera aucun joueur indifférent. Autant vous le dire tout de suite, je ne testerai pas les autres jeux. En tout cas pas de ma belle prose au style farouchement jalousé de mes confrères. Pas par fainéantise (encore que…), mais plus simplement par souci de ne point alourdir le site de tests redondants. Ces jeux sont quasiment tous identiques, seuls les graphismes et les vitesses d’animation les différenciant quelque peu. Le scénario est vraisemblablement aussi un peu différent, mais comme je ne parle pas le japonais…
Alors comment faire pour jouer à un jeu qu’on y pipe pas mot ? Soit vous pressez les boutons un peu au pif et vous voyez bien ce qui se passe, ce qui peut vous amuser un peu, vous donner une idée du soft, mais qui vous barbera rapidement. En aucun cas vous ne pourrez finir un jeu de cette façon là, parole ! Soit, vous vous en remettez à la magie du net, et vous priez pour qu’un groupe de malades se soit levé les doigts du fion pour traduire le jeu dans une rom qui va bien. Joie (mitigée, mais joie tout de même). Le 4 ème volet des aventures de Tsubi a été traduit dans un français très approximatif, mais qui permet de jouer avec un peu plus de finesse (je n’oserai pas utiliser le mot stratégie) que le « presse-bouton-au-pif » de base. Mais pour le scénar, macash. Seules les commandes ont été traduites. Vous aurez donc droit à des successions de lettres incongrues rappelant alternativement du russe ou de l’hébreux. Et pouf, au milieu vous aurez le nom d’un joueur. En Français donc. C’est charmant. Un peu onirique, mais charmant. Jetez un coup d’œil aux screenshots pour mieux saisir mon propos.
En ce qui concerne le jeu lui même, je ne vais pas me casser le cul à nouveau pour le décrire, vu que c’est EXACTEMENT le même gameplay que le fantastique
Tecmo Cup Football Game sur NES (qui sera normalement en lien dans cette parenthèse si cette feignasse de Taz fait son boulot). Hasard exquis, c’est justement dans ce test que je m’étonnais de l’étrange similitude entre le scénario de TCFG et celui du célèbre manga. Donc de deux choses l’une : soit les détenteurs des droits du manga ont adoré ce jeu et le clin d’œil qui était fait à leur bébé, et ont proposé à Tecmo d’aller au bout de leur délire ; soit Tecmo avait déjà les droits mais uniquement au Japon, et ils ont honteusement renommé la cartouche pour la vendre aux US et en Europe. Je penche plus pour la deuxième version, mais ce doit être mon cynisme qui fait encore des siennes.
Quoi qu’il en soit, vous aurez donc le même jeu en plus beau, plus riche, plus nerveux, plus tout quoi. Et ce n’est pas moi qui y trouverai à redire.
Alors pourquoi faire un nouveau test si tout est identique ? Parce que justement il y a quelques améliorations bien sympathiques.
Côté gameplay, il vous sera possible de visualiser le terrain en pseudo 3D (façon super soccer sur la même console) et surtout de faire une passe ailleurs que sur un joueur. Ça à l’air de rien là sur le papier, mais une fois dans le jeu vous ferez des passes en profondeur de plus de 80 mètres… sans perdre le ballon. C’est tellement humiliant pour l’équipe adverse (qui ne pratique jamais cette technique) que je me demande si ça ne tient pas plus du petit bug bien involontaire plutôt que d’une volonté claire des développeurs de vous doter d’armes redoutables. Enfin…
Graphiquement, vous aurez le plaisir de jouer avec des têtes connues. Il est fort agréable de retrouver Tsubasa Ozhora et Ryô Ishizaki dans l’équipe de Sao Paulo. Oui, vous commencerez le mode « campagne » par le championnat brésilien (si j’ai bien tout suivi…). Par contre pour la suite j’ai eu un peu de mal à piger, puisque une fois les 5 ou 6 premières équipe humiliées (petit pont, grand pont, sombrero, café-crème, roulette, plat du pied, vous leur posez des problèmes (un petit cadeau à celui qui trouve d’où cet enchaînement est tiré ;)) vous vous retrouvez alors sélectionné en équipe du Brésil avec les meilleurs joueurs de votre championnat. Outre le fait qu’il soit toujours aussi agréable de contrôler les rascals qui vous en ont fait baver pour les battre, ce petit point du scénario m’échappe complètement. Comment un joueur japonais peut-il être sélectionné pour le Brésil ?! Si un nippophone (c’est joli comme mot ça tient) pouvait m’éclairer…
Quoi qu’il en soit les faits sont là. Et tout au long de vos matches vous vous apercevrez des minuscules améliorations qui rendent l’ensemble un peu plus cohérent. Les gestes techniques ont été revus à la hausse. La plupart des mecs de votre équipe en ont, et si l’ont fait abstraction des « tir du singe » et autres « tir bomba », ils ont des noms sympathiques. D’ailleurs fini l’exclusivité des gestes pour attaquants, vos défenseurs aussi auront des coups spéciaux (du genre « je te mets un doigt dans l’anus en te déchirant le short de l’autre main… oooohhh, ben tu as perdu le ballon ! » mais en moins voyant). L’arbitre sifflera enfin des touches, corners et autres coups francs, ce qui renforce l’illusion de disputer un vrai match.
Mais nous ne sommes pas ici pour disputer un vrai match. En effet, vous vous retrouverez immergés dans un manga interactif (plus ou moins hein, on est sur SFC quand même) car certaines actions seront scriptées. Et oui, de temps en temps (au moins 3 fois en 8 matches pour l’instant) vous perdrez la main et vos joueurs vous montreront qu’ils n’ont pas besoin de vous pour faire un truc abracadabrant. Généralement ces actions sont prétextes à d’énormes dialogues (d’un intérêt très limité voire nul pour les non nippophones) et aboutissent à une frappe de magicien qui vous sera généreusement allouée par la suite, puisque votre petit joueur aura enfin brisé ses tabous psychologiques ou je ne sais quel autre connerie du genre (interprétation libre des dessins qui courent au dessus des dialogues). Attendez vous donc à voir des frappes du rond central qui emporteront sur leur passage les 5 défenseurs adverses ainsi que le gardien (qui était resté au milieu… ah ah, le con !) mais qui, assez bêtement il faut le reconnaître, viendront se fracasser sur le poteau, crevant le ballon par la même occasion.
Petite parenthèse à ce propos : dans le manga de Takahashi c’est incroyable le nombre de ballons que des joueurs cadets peuvent crever rien qu’en cognant dedans, alors qu’en 25 ans de bons et loyaux service de spectateur/supporter assidu, je n’ai jamais vu ça sur un terrain professionnel. Moi pour tout vous avouer le ballon il me ferait plutôt peur. Rien que sur les dégagements des gardiens, faut avoir une sacré paire de burnes (ou carrément peu de neurones) pour reprendre le ballon de la tête sans rebond, non ? Enfin bref. Eux ils le crèvent, ils envoient valdinguer des adversaires à 10 mètres de là rien qu’en dribblant, en clair c’est pas pour rien que le coréens sont demi finaliste de la dernière coupe du monde (avouez que ça vous fait toujours un choc, même 2 ans après) si le niveau du football asiatique ressemble à ça…
Remarquez que si on écoute le scénario d’une oreille, on s’aperçoit que le Canada aussi a une équipe à faire pleurer un Bernard Tapie de la grande époque. Enfin surtout un joueur. D’ailleurs c’est pas compliqué, dès qu’un canadien a la balle, c’est passe obligatoire à cet empaffé de LouiX (oui, vous aussi ce nom vous évoque un obscur acteur de boulards amateurs, j'en suis sûr) qui frappe dans la foulée sans se soucier de quoi que ce soit d’autre. Au pire il envoie toute votre équipe dans les gradins, gardien compris. Au mieux, il frappera le poteau, crèvera le ballon et vous contre attaquerez. Victoire douloureuse par 8 à 7 (ah c’est du Olive et Tom pur jus). S’en suivent des matches plus ou moins glorieux jusqu’à la rencontre avec l’Italie. L’Italie avec Marc Landers et Ed Warner. A croire que les gars de chez Tecmo croient réellement que les joueurs de club jouent pour le pays auquel appartient leur club (Si, si, parce que si vous avez suivi un peu la série, Tsubasa joue pour Sao Paulo, et Hyuga pour la Juventus)… vu la culture footballistique nippone, il n’y a qu’un pas que j’ai franchi en moins de 2/10eme de seconde (mais revoyons l’action au ralenti… He-Bus, le testeur, testeur de l’espace, He-Bus, son domaine, c’est la culture oldiiiiiiiieeeees). Ahem.
Ensuite ? Ben en fait j’en sais trop rien puisque le jeu se poursuit avec un tout autre club, japonais cette fois ci, dans lequel vous retrouvez Soda et Nitta pour de nouvelles aventures (j’imagine le championnat nippon suivi d’un tournoi international dans lequel vous retrouverez le brésil en finale…. Putain bubus tu devrait écrire des scénars pour mangakas en mal d’inspiration). Puisque je suis un investigateur hors pair, j’ai poursuivi un peu. Effectivement direction le championnat nippon où vous retrouverez tous les [s]tocards[/s] joueurs qui n’ont pas eu [s]le talent suffisant[/s] la chance de pouvoir jouer hors du Japon. Pour les connaisseurs vous vous retrouverez nez à nez avec Sawada, Jito, Sano, les frères Tachibana, j’en passe et des meilleures. Niveau de difficulté moindre, et intérêt un poil plus limité puisque les joueurs sont un poil moins bon (deux poils dans la même phrase, on frise la touffe…). Néanmoins c’est ce petit plus qui m’a permis de remarquer deux trucs bien énervants. Comme précisé plus haut, vous aurez maintenant droit à des coups francs. Cela reste rare mais possible. Alors un truc qu’il faudra expliquer aux codeurs du jeu, c’est que quand un joueur part en contre attaque fulgurante, qu’il est seul dans le camp adverse et qu’il se fait satonner les chevilles par un tacle de mineur roumain, oui il y a coup franc, mais NON toute son équipe ne garde les positions de la contre attaque quand il frappe le coup franc ! Du coup j’ai été obligé de faire une passe à mon avant centre qui était resté dans ma propre surface de réparation pour défendre sur le corner qui m’a permis de contre attaquer. Vous suivez ? Si, si , relisez bien ça le fait. Bref c’est un peu la honte.
Autre petit truc pénible : deux équipes avec la même couleur de maillot c’est joli esthétiquement, mais c’est super lourd d’un point de vue pratique. Je suppose que quand on pige ce que le commentateur raconte ça va mieux, mais dans le cas présent c’est le mimi, c’est le rara, c’est la mémerde…
Pas de quoi saler un lépreux pour autant. On s’amuse bien, et les actions sont toujours aussi splendides. Je minimiserai un petit peu mes éloges car, non compréhension des dialogues oblige, l’action devient légèrement répétitive à la longue.
Un titre mitigé donc. Il est certain que si j’avais connu Captain Tsubasa avant TCFG, je n’aurai même pas regardé ce dernier (quoique rien que pour faire faire des têtes plongeantes à Kevin ça vaille le coup). Mais là ça sent un peu le réchauffé. Amélioré oui, mais réchauffé tout de même. Et puis le japonais mal traduit ça passe... mal.
Au final pour ceux qui n’auraient pas suivi mes conseils de se jeter sur TCFG, je recommanderai vivement d’essayer au moins l’un des épisodes de la série pour avoir touché à ce genre de jeu une fois dans leurs vies. Pour les autres, retournez donc essayer de battre le Brésil à TCFG.