Troisième opus de la série des Contra, c'est en 1992 que débarque sur Super Nintendo Contra 3 : The Alien Wars. Vous remarquerez ici une forme idiomatique anglaise. En effet, si on traduit cela donne « les guerres de l'extra-terrestre » au lieu de « la guerre des extra-terrestres ». Exactement comme Star Wars. Mais cela n'a aucune importance. D'autant plus qu'en Europe le jeu s'est appelé Super Probotector pour d'obscures raisons de censure. Comme dans le premier opus sur NES, on a juste remplacé les deux héros humains par des robots.
Mais laissons de coté les aléas de la localisation pour se concentrer sur le scénario. Euh… en fait non. On en dit deux mots quand même ? D'accord ! C'est très poussé et très recherché, voyez plutôt : en 2636, des méchants aliens viennent détruire la planète comme nous le montre la belle cinématique que pompera Independance Day 3 ans plus tard. Et comme d'habitude, on ne va envoyer que DEUX personnes pour aller sauver le monde et botter le derrière de tout ce qui n'a pas l'air très humain. Vous êtes évidement l'un de ces deux sauveurs, une brute sans merci, sans pitié et sans cervelle… bref un militaire inspiré par l'idée de vengeance et armé d'une mitrailleuse dont le calibre ferait rougir Rocco Siffredi.
Enfin quand je dis seul vous pouvez jouer à deux ce qui simplifiera beaucoup la tâche mais j'y reviendra plus tard. Autant vous gâcher la surprise, ce jeu est une vraie merveille, un monument incontournable comme Konami sait les faire. Ce jeu va rester la quintessence de l'action/plate forme jusqu'à la sortie de Metal Slug quatre ans plus tard et il a été novateur à plus d'un titre. Mais ne nous emballons pas et étudions les bases : son gameplay.
Je devrais plutôt dire les gameplays car deux niveaux sur six se jouent différemment du reste. En effet, dans les niveaux 1,3,4 et 6, le personnage est vu de coté alors qu'il est vu dessus grâce à une habile utilisation du Mode 7 dans les niveaux 2 et 5. Pour la partie vue de coté, le pad sert à orienter son arme tout en bougeant le personnage, Y sert à tirer (autofire oblige), X à changer d'arme, B à sauter et A pour l'aura bomb. En lançant appuyer sur L et R et en tirant, le perso tourne et saute sur lui-même en tirant partout. Le perso réagit au quart de tour, la maniabilité est parfaite. C'est très stylé et parfaitement inutile. Pour la partie vue de dessus, le pad sert à avancer/reculer et à straffer. On tourne avec L ou R. Les autres boutons sont les mêmes mis à part B qui sert à se baisser et non à sauter. Là encore, on peut faire son show en maintenant L & R. Cette partie du jeu demande un petit temps d'adaptation mais se révèle très agréable.
Première remarque : le changement d'arme. Au départ, les deux armes que vous pouvez porter sont des mitrailleuses mais très vite vous allez les remplacer par différentes armes en tirant sur des conteneurs volants comportant une lettre. Il y a : -le lance-flamme (F). A mon avis la meilleure arme du jeu malgré sa courte portée car elle est très puissante et permet de balayer toute une zone. De plus, les flammes passent à travers des murs. -le laser (L) : très efficace dans les niveaux en vue de dessus, sa faible cadence de tir dans les autres niveaux n'en fait pas une arme idéale. Néanmoins, il reste très puissant et idéal pour certains boss. -le fusil à dispersion (S) : tire des rafales de boules rouges qui font trop peu de dommage pour être efficaces. Il permet tout de même de couvrir de larges zones. -les missiles à tête chercheuse (H) : à proscrire. Les missiles vont rarement sur la cible que vous voulez privilégier et font trop peu de dommage. -les crash-bombs (C) : les petites salves de missiles qu'il tire font de ce flingue le plus puissant du jeu. On regrettera juste une cadence trop faible. L'originalité du jeu est que vous pouvez porter deux armes différentes en permanence sans avoir besoin de passer par un menu pour en changer. Tout le truc consiste à faire un choix judicieux selon les passages et à savoir swapper rapidement et au bon moment. A noter que la mitrailleuse de base est vraiment excellente et polyvalente. L'idéal est de combiner le lance-flamme avec le crash.
Deux bonus sont aussi récupérables : les aura bombs et l'invulnérabilité. Les aura bombs sont assez fréquentes dans le jeu et lancent une aura lumineuse à partir de vous dans un très bel effet de lumière qui détruit projectiles et infligent beaucoup de dommages aux ennemis. Evidemment, on pense les garder jalousement pour les boss mais on crève avant de les utiliser. L'invulnérabilité vous rend… invulnérable (comme dirait Desproges : étonnant non ?) pendant un laps de temps pendant lequel votre perso est entouré d'un halo qui fait toutes les couleurs de l'arc en ciel avant de disparaître.
C'est bien joli vous allez me dire mais qu'est-ce qu'on fait dans ce jeu ? Et bien on parcoure les niveaux en tirant sur tout ce qui bouge à la seule différence des autres jeux d'actions est qu'il y a très peu de piétaille et énormément de boss. Souvent vous parcourez une dizaine de mètres en descendant les vagues d'ennemis, ceux qui vous snipent, ceux qui balancent des grenades et vous vous retrouvez devant un petit boss intermédiaire. Puis vous repartez et ainsi de suite jusqu'au « gros boss final de la mort qui tue ». Dans les niveaux vus de dessus, vous devez détruire les différents bunkers pour accéder à ce fameux boss.
Là où Contra 3 innove et excelle, c'est en scénarisant à mort ses niveaux pour en mettre plein la vue au joueur et lui faire vivre un grand moment de cinéma d'action plein de surprises et de rebondissements qui rendent l'action très variée. Il y a même un petit passage en char. Je vais vous raconter le niveau 4 pour bien que vous comprenez de quoi je parle. Vous démarrez sur une moto-jet lancée à toute allure. Une première moto-jet ennemi passe au dessus de vous, une musique bien speed démarre et toute une série de moto-jets défile essayant de vous abattre à la grenade et à la mitraillette. Vous vous retrouvez face à un tank et une série de gars avec des réacteurs dorsaux. Puis vous passez sous une énorme forteresse volante dont les différents canons électriques essayent de vous massacrer. Des nuées en tombent pour essayer de vous faire tomber et vous bénissez le lance-flamme à cet instant. La forteresse repart et vous voila devant un mini boss étrange dont les deux pattes essayent de vous broyer. Puis un hélicoptère arrive et vous vous accrochez à un missile. Un genre de ninja arrive en réacteurs dorsaux façon Rocketeer et essaye de vous abattre. Une fois son compte réglé, le missile sur lequel vous vous trouvez part et se dirige vers la forteresse volante suivi par plein d'autres ! Ce sera à vous de sauter de missiles en missiles tout en esquivant les tirs de la forteresse et en dégommer son bouclier de défense.
Contra 3 est dur. Très dur. En easy c'est largement faisable. En normal c'est déjà très chaud. En hard (seul mode où on voit la vraie fin) c'est un cauchemar même avec les quatre continues et même avec 7 vies par continue. On gagne pas mal de vie avec les points et le jeu n'est pas avare en bonus mais sinon… Tout n'est que sadisme calculé pour vous tuer le plus de fois possible : en touchant un ennemi, un boss, en tombant dans le vide, en se bouffant un missile, un piège… On crève des dizaines et des dizaines de fois avant de comprendre que le jeu ne se joue pas comme un jeu d'action classique mais qu'il faut apprendre par coeur le déroulement des niveaux, les armes à utiliser à tel endroit et les techniques des boss.
Les boss constituent toujours de grands moments soit par leur entrée soit par leur coté imposant. Je pense notamment à l'immense cyborg qui ouvre une immense porte du décor pour vous faire un petit coucou, à la « tortue » du premier niveau ou encore aux six boss (vous avez bien lu) enchaînés du dernier niveau. A noter que le boss du niveau 5 donne envie de vomir car tout le niveau tourne sur lui-même… A eux seuls, les boss démontrent les talents de Konami en matière de design et de sadisme.
Le level design justement n'est pas exceptionnel mais les décors qu'il offre sont grandioses que ce soit la ville en ruine ou le dernier niveau complètement organique et assez dégueu. Les graphistes s'en sont donné à cœur joie et les programmeurs leur ont laissé beaucoup de liberté : le jeu est une vitrine technologique de la Super NES : sur-utilisation du Mode 7, sprites énormes et détailles, décors très chargements sans aucun ralentissements… Que dire de la musique sinon qu'elle sert à merveille l'action accentuant parfois le coté épique ou le coté stressant.
Enfin, si vous êtes déjà convaincu, il ne vous reste plus qu'à convier un ami pour le finir à deux. Le mode deux joueurs a autant d'avantages que d'inconvénients : certes vous avez une double puissance de feu mais vous vous partagez les vies d'un même continue donc si votre pote est un boulet, vous risquez de perdre rapidement. A noter que pour les niveaux en vue de dessus, vous pouvez aussi bien jouer en écran splitté (le mode A) que sur le même écran (le mode B). Je terminerai ce petit article en citant le dialogue de nos deux héros au départ dont la profondeur et l'intérêt égale celle d'un discours d'un candidat du PCF dans le limousin :