BOM DIGUI DIGUI DIGUI BOM, DIGUI BOM.
Secret of Mana
Square - 1993
Square, ou Le chant du cygne par Hebus San

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Square. Y’a t’il un éditeur qui aura autant fait rêver les joueurs consoleux du monde entier, quelle que soit leur plateforme d’appartenance ? Y'a t-il un jeu sortant de leur chapeau qui soit une merde ? Oui ? Bon c’est une mauvaise image.



Toi pauvre Kevin qui lit ces pages (tu permets que je te tutoies hein ? Hein ? On répond oui Monsieur !), imagines-tu seulement le fantastique destin de cette boîte par le seul biais de ce jeu hors norme ? Tout ce que Square touche devient de l’or. Cette affirmation est vraie, et pas seulement pour les ebay-enculeurs sans scrupule qui affichent en grosses lettres grasses les six caractères rutilants et prometteurs d’un joli pécule final.



Certes les japonais ont appris à connaître Square bien avant nous, les final fantasy ayant remporté un vif succès chez nos amis nippons bien avant l’avènement de la SNES. Mais pour nous pauvres européens aux yeux ronds, point de salut avant la venue du messie qu’est Secret of Mana.



Que les choses soient claires. Autant les prix pratiqués actuellement sur ebay pour cette cartouche sont rédhibitoires (j’aime ce mot) et proprement scandaleux, autant ils reflètent la qualité de ce titre. SoM est un monstre sacré. Un jeu au-delà des superlatifs. Super Mario World est un monument incontournable, Zelda III un jeu tutoyant les Dieux, y avait-il alors encore de la place au panthéon de la SNES ? Oui, assurément oui, et SoM vient nous le prouver net et sans bavure.



Le jeu est sorti très tardivement sur la SNES. Fin 1994 en France. C’est à dire la fin de vie de la console puisque la déferlante playstationnesque n’allait pas tarder à tout emporter sur son passage (sauf les pokemons, et rien que pour ça on leur doit bien le respect…. Enfin un peu de considération…. Merde faites un effort parce que mine de rien ils ont sauvé big N armés de leur seule gameboy. Oui même en sachant tout ça moi aussi j’ai du mal. Bref.).



SoM est donc le chant du cygne de la SNES. Et donc tout en étant l’un des plus beaux moments de la bête, sinon le plus beau, il signe également son apogée et son déclin inéluctable après 3 ans de bons et loyaux services.



Vendu en pack avec un guide stratégique, le jeu a beaucoup fait rigoler à sa sortie. Enfin moi en tout cas. Un guide stratégique. Mais de qui se moque-t-on ? En tout cas pas des ebayeurs qui ont vite compris qu’ils pourraient changer leur voiture s’ils en possédaient un. Mais de nous peut être puisqu’il vous faudra vendre un rein pour vous en procurer un exemplaire. Mais à l’époque ça sentait le gros coup marketing foireux à deux balles pour relancer une console en manifeste perte de vitesse en lui infligeant (y’a pas d’autre mot) une pseudo image branchée de remise en question avec évolution obligée du packaging. Pathétique. Mais les critiques vont mourir là. Parce que malgré tout je l’ai acheté. Sans test et sans savoir ce que c’était. Uniquement à la tronche de la boîte et des screenshots au dos (fréquent à l’époque pour ma part). Et je remercie le ciel depuis ce jour de m’avoir donné l’impulsion nécessaire pour oser me le procurer. Récit d’une légende.



Accrochez-vous je vais disséquer les entrailles de la bête pour vous révéler toutes ses intimes subtilités. « Aaaahhhh…. » **BOM**. ??!, mais relève toi Tam, c’est une expression. De toute façon j’ai jeté le tournevis après l’affaire Shaq-Fu, il était contaminé.



Parlons art pictural voulez-vous ? Graphiquement c’est beau (voire beau à en chialer dans certains endroits, mais le jeu est inégal sur ce point) et esthétiquement c’est parfait. Comprenez par là que le jeu possède une ambiance graphique tout à fait cohérente avec son scénario et son gameplay. Mine de rien c’est LE truc qui fait que tout le monde aime SoM en le regardant. Malgré quelques passages graphiquement moyens, la cohésion de l’ensemble est si forte que la mayonnaise prend instantanément.



Poursuivons un peu avec le gameplay du jeu. Où ranger SoM ? C’est une question que de nombreux joueurs se sont posés, et à laquelle de nombreux journalistes ont cru bon d’essayer de trouver une réponse. Peine perdue mes enfants. SoM est à part. Ailleurs. Comment nommer une chose dans votre référentiel alors que cette chose est elle même un référentiel à part entière ? Bah oui, c’est impossible. A l’époque la presse unanime s’est exclamée « C’est un Zelda Like ! ». Et ta sœur c’est Corbier ? Le seul point commun entre les deux jeux c’est qu’ils sont sortis sur la même console. Et on peut encore voir aujourd’hui sur ebay une horde de vendeurs sans foi ni loi prêt à vous faire gober la même pilule pour faire grimper les prix. Paradoxalement d’un point de vue marketing c’est désormais Zelda qu’il faudrait appeler « SoM like » pour être vendeur. Tssssst, passons.



Le jeu est un hybride entre un jeu d’aventure, un JdR et un jeu d’action. Il vous faudra en effet vous battre en temps réel (comme dans Zelda), chercher des personnages, des lieux et des objets (comme dans Monkey Island) le tout en faisant progresser vos petits bonhommes en expérience, level et maniement des armes/magies. Mais sans choisir où vont les points d’XP. Point capital quand on sait que l’étiquette qui colle le plus à SoM est celle de JdR, alors qu’il est aussi éloigné du genre que ma braguette du string d’Astrid Veillon (j’adore Astrid Veillon). La preuve ? Je n'aime pas les RPG, alors que le premier qui touche à mon SoM ira vérifier quelques affirmations scientifiques non testées telles la possibilité de respirer à travers les racines d’un pissenlit ou l’opportunité de domestiquer un troupeau d’asticots à long terme. CQFD.



Vous le savez donc désormais, SoM est un jeu à part. Un lointain cousin de Final Fantasy en fait, du même Square (on s’agenouille à chaque fois que je dis Square au fait. C’est une tradition). Vous y incarnez un jeune garçon (que vous nommerez comme bon vous semble, sauf Kevin) en proie à la colère de son village depuis qu’il a sorti une épée pourrave d’une souche d’arbre. Ah ben aussi, on regarde trop Merlin étant petit, et voilà comment qu’on chamboule pas l’équilibre du monde en perturbant la mana. Oui ça a l’air crétin, mais en fait ça l’est encore plus que ça. D’ailleurs mention spéciale à la traduction française qui atteint des sommets de bêtise assez fréquemment. V. Chantel si tu lis ces mots je te pisse à la raie. Tu as chié sur un monument, j’espère que tu te sens bien dans tes pompes. En tout cas ça t’aidera à courir si on se croise. Tu travaillais pas pour AB production sur Ken le survivant il y a quelques années? Enfin je m’emporte, je m’énerve, mais si ça se trouve c’est pareil dans le jeu japonais. Si quelqu’un a la chance de parler nippon je lui serais extrêmement reconnaissant de me faire savoir si c’est le cas. Tout fraudeur sera puni sévèrement.



Donc vous voilà épée à la main sans rien d’autre pour battre la campagne. Un peu genre «ma bite et mon couteau » quoi. Mais rassurez-vous les premiers ennemis seront des lapins. Enfin des Liévros. Et après ça vous aurez droit à Agaric (des champignons sur pattes), Mordur (des plantes carnivores) et Zabeille (des… abeilles, bravo !). On nage en plein délire. Manque plus que des collégiennes culotte à la main. De toute façon on se fout de ce qu’on larde pourvu qu’on ait quelque chose à larder justement. Et ça tombe bien, la campagne autour de votre trou grouille de streums. Enfin c’est un peu votre faute remarquez, rapport à l’épée et tout ça. Donc va falloir trancher dans le vif du sujet pour vous procurer pêle-mêle des pièces d’or, des objets et de l’XP. Voire même de l’équipement si vous avez le cul bordé de nouilles.



Mais le gameplay génial de SoM serait bien fade avec ce seul adolescent pré pubère et son canif, fût-il magique. Entrons dans la 4ème dimension…



Au gré de votre aventure, mais assez rapidement tout de même, vous allez récupérer deux sdf de square (ça me fait rire, c’est plus fort que moi) qui vont vous coller aux basques comme un arapède à son rocher. A vie donc. Remarquez, même dans la mort ils ne vous lâcheront pas. Il faudra eux aussi les nommer. Vous récupèrerez donc un elfe facétieux (et ses jeux de mots à deux balles…. V. Chantel n’oublie pas que tu restes un enculé) et une pucelle qui croit encore au grand amour (mais pas avec vous, ouf, ça nous change un peu). Outre le fait qu’ils manient bien la machine à baffes, ils sont également bien calés en magie. Et ça tombe bien parce que vous, visiblement, vous avez fait l’impasse sur le sujet. Magie protectrice et boostante pour la donzelle, magie offensive et pénible pour le nabot (oui c'est un nabot, oubliez pour l'occasion votre conception Tolkiennesque des Elfes…).



Mais la grosse cerise sur le gâteau reste la possibilité de jouer à 3. Voui. Chacun son perso. C’est tellement bon qu’on peut carrément parler de pastèque sur le petit beurre. Et si vous aimez les plaisirs solitaires, la touche select vous fera passer d’un perso à l’autre sans souci. Quand vous ne contrôlez pas un perso, l’IA s’en charge. Ah on est loin des marines d’Half-Life, ça c’est clair. Et d’ailleurs c’est parfois gonflant, mais rien de rédhibitoire (décidemment).



Rajoutons à tout ceci la possibilité d’équiper chaque perso avec trois pièces d’armures différentes, le fait que vous aurez le choix entre une dizaine d’armes différentes, toutes upgradables et ayant 8 niveaux de maîtrise en fonction du nombre de fois où vous l’utiliserez (au niveau 8 prévoyez 25 secondes de chargement d’énergie, mais envisagez sans prétention la possibilité de faire un deuxième trou du cul au boss du donjon tellement ça roxxe), la même notion de niveau pour les magies (comme dans Dungeon Siege sur PC en fait, fou ça, Chris Taylor n’a rien inventé… COPIEUR !), une bonne diversité dans les objets disponibles, et une interface de rêve pour gérer tout ça.



Ah et puis cerise supplémentaire, vous pourrez voyager en canon pour aller plus vite. Oh je vais carrément planter un cerisier dans le gâteau en fait parce que quand vous en aurez marre du canon, vous pourrez vous procurer un dragon privé. Ouais, ça pète.



Ce jeu est une montagne de trouvailles pour titiller le joueur dans le sens du poil, là où ça lui fait « des choses ». Un musée des morceaux de gameplay les plus réussis dans les diverses catégories existantes. Un espèce de thésaurus du jeu vidéo quoi. Et le plus beau reste à venir…



Amis sourds vous ne vous imaginez même pas à quel point je vous plains de toute mon âme. Les musiques de SoM sont peut être les meilleures musiques jamais écrites pour un jeu vidéo. Celles de Zelda, Megaman et Mario sont inoubliables, celles de Castlevania parfaitement adaptées, mais Dieu tout puissant que celle des SoM sont belles. Et d’une richesse délirantes pour la SNES. Jusqu’à la fin du jeu vous entendrez des morceaux chaque fois différents, chaque fois envoûtants. De la pure masturbation tympanique, capable de rivaliser, oserai-je la comparaison, avec le sacro-saint amiga 500 et ses bandes sons légendaires (j’ai osé). Joie, champagne et femmes à poil. SoM est grand, SoM est une ode à la magnificence musicale. Agenouillez-vous misérables adorateur du hérisson miteux, vous ne pouvez pas nier l’évidence sur ce coup là, ce serait blasphématoire.



Démerdez-vous pour chopper les musiques et collez-les sur un cd d’ambiance. Vos amis n’en reviendront pas (et ne reviendront peut être plus non plus…).



L’énorme tour de force de SoM c’est d’offrir un univers gigantesque (pour l’époque) mais extrêmement cohérent, véritablement travaillé, et servi par un gameplay ravageur. Square à emballé le tout dans un écrin graphique féerique, et nous le sert avec une musique qui appartient désormais à l’histoire.



Comment conclure? D'ailleurs peut-on conclure ? Je ne le pense pas. Tout au plus je vous supplierai d’y jouer au moins une fois dans votre vie. Emulateur, jeu original, voisin compréhensif, petit cousin malléable, faites ce que vous voulez mais touchez le saint graal au moins une fois. Vous en ressortirez meilleur. Vous ne me ferez pas dire que SoM est le meilleur jeu de la SNES, tout est affaire de goût, mais il est très certainement, et sans aucune contestation possible, le maître incontesté de sa catégorie. Vous y rejouerez même en l’ayant fini, ce serait-ce que pour prendre encore du level ou pour trouver toutes les armures possibles (bon courage). Vous en parlerez autour de vous et les femmes se traîneront à vos pieds (si vous êtes une femme, achetez une cartouche et la moitié des ebayeurs se traîneront aux vôtres), votre banquier passera l’éponge et votre patron vous augmentera sans condition. SoM a le pouvoir de rendre ce monde meilleur, d’arrêter les guerres et de supprimer la famine et la maladie.



Bon en fait pas vraiment, mais c’est assurément tout ce que vous vous direz inconsciemment dans le petit groupe de neurones rescapés de votre enfance. Et donc vous y croirez certainement un petit peu…
Le point de vue de César Ramos :
Commun, mais terriblement côté...