Ami internaute, es-tu né dans les eighties ? Non ? Moi si, et j’ai connu les affres des flippers. Ces machines diaboliques cachées dans les coins les plus miteux des bars les plus glauques, puant la sueur et le tabac froid. Ces machines gloutonnes de mes pièces de monnaie de pains au chocolat ont su procurer chez moi comme chez des milliers de personnes des après-midi à se trémousser mollement, la langue à demi sortie, à glisser subrepticement pour que personne ne l’entende un petit « hop la » à chaque « cave » évitée avec justesse… Et bien ce plaisir là, Nintendo nous l’offre sur un plateau, avec une version sur Virtual Boy, la machine qui rend aveugle.
Au niveau vidéo ludique, on a rarement vu des flippers vraiment convaincants. La cause principale est que le flipper ce n’est pas que faire gigoter une boule avec deux flips. C’est tout une ambiance autour. Les mégots froids, les ballons de rouge à neuf heures du matin, le gros Marius qui pendant vous jouez pète la gueule à Paulo qui lui a tapé cent balles et qui a en plus (diantre) rayé sa meule garée pile devant le bar, bar « La murge » à Saint-Ouen... Oui, là tout seul chez vous c’est différent. Perso j’avais quand même beaucoup apprécié
Macadam Bumper sur Amstrad, qui en plus de proposer un modèle vraiment amusant offrait la joie de l’éditeur de niveaux. Donc défi de taille.
Comme d’habitude, vous avez empoigné le collyre, les mouchoirs, branché la bête. C’est parti. Comme d’habitude, vous savez que vous allez souffrir. Cette fois ce ne sont pas les gitanes de Lulu la nantaise (vieille star du bar) qui vous piqueront les yeux et vous le savez. Vous êtes aguerris. Immédiatement, l’écran titre vous frappe. C’est laid, fixe, le classique effet de constellation vous barbe. Oui, à croire que la profondeur sur le Virtual Boy c’est uniquement un champ étoilé. Passons.
On sélectionne ensuite sa table parmi un très joli choix de 4. C’est pas mal, admettons que cela me suffise. Allez, je suis méthodique et calculateur, je choisis la première. Alien. Tout est dit, je suis sûrement censé trembler devant le nom, mais non. La musique me dérange. C’est bien une guigne ça mince ! On a un monstre auditif, qui sort des merveilles avec des processeurs grandioses, et non, faut que les développeurs soient assez fainéants pour nous sortir des sons de merde. Quel gâchis.
On lance sa balle. Enfin sa balle… Son palet. Oui, pas de boule de flipper qui roule. Tous les beaux châteaux d’Equateur s’écroulent… Ici c’est un palet, fort laid au demeurant, donnant une impression d’immobilité à l’ensemble. Ensemble déjà fort statique. Alien. Moui. Rien de transcendant. Des grilles de conduite de la boule comme seule fantaisie. Et puis 3 flips. Je joue. Sans plaisir. Et ça ce n’est pas le genre de la maison. C’est ce que disait d’ailleurs Gérard le proprio quand on lui disait que son pastis était un peu light. Rapidement la cause du mal se fait sentir : la dynamique du palet est à chier !
C’est bien un drame. Bah oui, un jeu de flipper à part un table et une physique de la boule, c’est quoi ? Le gros Marius qui sirote son pastis trop faible, Paulo qui git dans son sang, qui par chance a numéroté ses abattis ? Non, ce n’est rien d’autre. Donc avoir le sentiment désagréable que le palet est géré n’importe comment c’est trouvé une échappatoire rapide vers la mort. Oui, j’y vais fort, mais quand on teste un jeu il faut savoir tout donner. Le palet vole mollement, sans grande force, et les flips ont parfois un comportement proche du paranormal. Ce qui est fortement préjudiciable à l’ensemble. Mince.
Et les autres tables ? Un peu de renouveau ? Oui, quelques animations, quelques bonus « amusants », et point barre. Mais où sont est donc passé le fun ? A vouloir travailler les graphismes bitmap des tables ils ont oublié le principal ! Tout le reste.
On se retrouve avec un ersatz de flipper. Des tables, ok. Pas très belle, c’est indéniable. Une musique inaudible et faible, comme Paulo. Et une physique au rabais. Alors oui, pour quelqu’un qui aurait échappé à cette époque, ce jeu passera, surement, pour un bon passe temps inutile, surement… Mais il faut voir plus loin. Car s’il est facile de regarder à ses pieds, l’œil du faucon voit derrière les montagnes. Et que même si quelqu’un a compris l’image que j’ai tente vainement de faire passer à la phrase d’avant, et bah c’est top parce que moi je ne sais pas ce que j’ai voulu dire. Et c’est bien dommage.