A winner is you.
L’E4 2k19 : Hard’èche mode unlocked

Ciel, montagne, sous-bois et alcool par Hebus San
Sommeil. Nuit. Réveil, tête dans le cul. Evidemment, tête dans le cul, tu t’attendais à quoi? T’as 42 piges mecs, 3 lardons plein de vie et surtout d’activités pour lesquelles t’as passé ton dernier après-midi sur les routes, comme un chauffeur livreur polonais ivre de fatigue, mais pas que. Et comme, par dessus le marché, il est 5h30 du matin, bien sûr que tu as la tête dans le cul. Va falloir émerger, doucement, parce que la journée est drôlement chargée au taf. Mais c’est normal ça aussi, t’as mûri, on te file des responsabilités, des réunions chiantes, c’est le cycle naturel. Tu t’attendais à quoi, sérieusement?



“Alors mon chéri, tu sais, parfois, il faut savoir ne pas réfléchir, ne pas se poser de question, accepter d’être guidé. Du coup tu vas aller prendre ta douche, et ensuite je vais te conduire à la gare.”

Ce qui est sûr, c’est que je m’attendais PAS à ça. Mais alors vraiment pas. Conséquence, ma tête sort de mon cul à la vitesse d’un bouchon de champagne ravi de fêter le nouvel an, et c’est parfaitement réveillé que la machine à angoisser qui me tient lieu de cerveau se met à tourner à plein régime. Full steam ahead cap’tain!



“Quoi? Comment ça la gare? Putain mais bordel pourquoi t’as foutu le réveil aussi tôt?? Mais non, j’ai des rdv hyper importants au taf, et puis il faut gérer les enfants ce soir, tu travailles tard le jeudi, non mais c’est n’importe quoi en fait, mais non, mais tu vas me répondre merde?!”



“Tout est calé à l’hôpital, tout est calé pour les enfants, tu t’habilles, tu pars, et on se voit dimanche”.



Décrire la panique sourde qui m’habite pendant les deux heures qui suivent est compliqué, et le sera d’autant plus à comprendre pour quelqu’un qui n’a jamais subi de crise d’angoisse. Je perds pied, je me noie dans ma propre connerie, et mon cerveau, ce sacré déconneur, n’est pas en reste pour combler tout ce qu’il ne comprend pas avec tout ce qui lui passe par la tête :

-ta femme te quitte… mais putain non, pas à 5h30 du matin avec les enfants au milieu
-ta femme t’envoie à un salon du jeu de société ou de BD… mais non, Essen c’est dans quinze jour, y’a strictement rien juste d’avant
-tu vas être assassiné par les tiens… putain mais arrête, y’a quand même plus simple, et puis elle aurait pas attendu 20 piges pour le faire (note pour moi même, arrêter de trop regarder Faites entrer l’accusé)

“Prends ton passeport au fait”



Oh bordel, non, pas l’avion. PAS L’AVION. A ce moment là, si tu me fous une olive dans le cul je produit plus d’huile qu’un moulin provençal en un an.
“Fraise ou framboise?”

Je crois que j’ai répondu machinalement fraise, en me disant que tiens, finalement c’était juste une escapade gastronomique et qu’on allait me faire un dessert spécifique d’après mon choix. Mais je n’en suis plus à ces considérations. Mes enfants se foutent de ma gueule, aussi blanche qu’une fesse d’anglais en vacances à Argelès, et ma femme veut faire une photo, pour “rigoler”. Inutile de dire que ma réaction n’a pas été rigolote, et que nous avons frôlé l’incident diplomatico-conjugal. Non, je ne suis pas agréable quand je suis stressé, encore moins quand je suis le seul à tout ignorer de ce qui se passe.



Et me voilà à la gare, avec un sac lourd comme un enfant mort, et un billet de train pour Valence en poche. Valence… Valence? Valencia si ça se trouve, ce sont mes copains espagnols qui me font une surprise? Un jeudi?? Alors qu’ils bossent tous les deux en libéral??



Bref ce qui doit arriver arrive, je suis plus tendu qu’un string de salope, et bim, je me bloque le dos en transportant mon sac sur le quai. Je suis pathétique, paniqué, minable. J’inonde sophie de textos, je vais pas bien, et comment je vais faire pour porter mon sac d’un train à l’autre pendant le changement avec mon dos en vrac, plus je m’angoisse plus j’ai mal, mais la SNCF s’en branle quand même joyeusement, et le train part, glissant doucement puis de plus en plus vite, un peu comme mon transit promet de le faire tantôt si je ne reprends pas le contrôle de la situation. Je mate les gens de travers dans le RER. Et lui? Il sait? Et elle là? Ouais, bien sûr, tu bouffes des pépitos en écoutant de la musique sur ton smartphone… JE SUIS PAS DUPE CONNASSE, OK?!



La douleur s’accentue. Heureusement j’ai des copains sur What’s App. Je raconte les faits, et leur soutien indéfectible afflue.

“Tu pars pour Auschwitz Benjamin. Refuse la douche surtout”
“Ne mets pas tes lunettes sur le tas avec celles des autres”
“Méfie toi, c’est maintenant qu’Armel va rendre visite à ta femme”
“Je crois que Scalp a un chantier à Baho il a dit”

Tas de connards. J’espère que vous en chierez longtemps avant de crever.



Je suis au bord du malaise. Dans un ultime sursaut, je demande à Sophie si elle a quand même la possibilité de venir me chercher à Montpellier si jamais je suis pas en état de continuer…

Quand j’écris ces mots j’ai conscience d’être au comble du ridicule, mais j’en ai rien à branler, j’ai un cerveau, je ne peux pas le déconnecter comme ça. Aaaah, heureux les cons, leur vie est tellement plus simple (évangile selon Hebus). J’arrive en gare de Leucate, ce qui m’arrache un demi sourire, parce qu’il y a tellement, tellement de souvenirs ici. Et que des bons. Et là, mon portable vibre. C’est Tam. Tam qui ne m’a pas appelé depuis, quoi, 2016? Le petit rouage qui manquait se met en place, et tout le mécanisme se déclenche. Je comprends. Je sais. Je sais où je vais bordel. Limite j’ai même pas besoin de décrocher. Mais je vais le faire. Parce que je suis bien élevé, d’une part, et que surtout j’ai besoin de raconter à quel point je viens de me conduire en parfait minable, tant le potentiel comique de l’ensemble m’apparaît évident.



“Ben alors, on est tout flippé?”

Je rigole, de ce rire forcé et nerveux du mec qui vient d’échapper à la mort, qui est un peu groggy mais surtout terriblement soulagé, toutes les tensions s’évacuent brutalement, Rad va venir me chercher à la gare de Valence pour m’emmener en Ardèche où plein de gens m’attendent, vu que ça fait un an qu’ils préparent ça.



Je raccroche. Et je prends la claque à contre temps. Un an. Que tout le monde sait, mais pas moi. Que ma femme sait. Que ma chef de service sait. En Ardèche en plus, le département d’origine de ma famille. Ca fait beaucoup, quand même. En fait, ça fait juste trop, et je chiale comme une merde, seul dans mon wagon avec mon mal de dos, mais surtout avec cette joie intense qui serre la gorge et qui submerge quand on réalise que quelque part, plein de personnes ont pensé à vous, à vous faire plaisir, pour rien, comme ça, par gentillesse, sympathie et amour. Je sais pas si je le mérite, mais franchement, je me suis dit que oui, merde à la fausse modestie, et j’ai kiffé comme un gros enculé.



Ce que j’ai kiffé, c’est ça : L’E4 2k19 - HARD’ECHE MODE UNLOCKED

Un coin paumé de paradis, au milieu du sous bois, dans la colline ardéchoise, loin de tout, même de la route. Un gîte baignant dans son jus, tout juste propre, mais terriblement accueillant, totalement geek compatible, et d’un charme sans nom. Le tout avec un t-shirt qui déboîte sa mère.

Et surtout rempli de gens hors norme. Faire un catalogue alphabétique serait trop plat, et puis ça a déjà été fait. Non, je vais plutôt relater le séjour comme je l’ai vécu et caser des bio de ci de là.



Donc c’est Radical qui m’emmène. Radical il s’appelle Yann, et il se trouve que ces dernières années, c’est la personne avec qui je parle le plus en dehors de mon propre foyer. Tous les jours en fait, merci le chat google. C’est également le gars avec qui je joue le plus. Toutes les semaines ou presque, au même jeu depuis 2012, à savoir Dota 2. Les psychiatres y trouveraient sûrement des tas de trucs à raconter, mais on s’en tape, on joue au même jeu depuis 7 ans et on aime ça putain. Tout ça pour dire que Yann c’est un mec en or, jamais un mot plus haut que l’autre, rarement un mot tout court en fait, mais toujours juste, posé, pince sans rire, un compagnon de jeu solide, un compagnon de vie de tous les jours finalement. Et un compagnon de route pour l’occasion. Parce qu’à mon avis vous ne connaissez pas Saint Jean le Centenier. Rassurez-vous, Google Map non plus! Ah ah! Enfin j’exagère un peu, mais disons que le lieu spécifique n’est pas répertorié. Du tout. Aussi quand le GPS est brutalement passé de “arrivée dans 5 minutes” à “arrivée dans 37 minutes”, il a fallu piler net en plein hameau, ambiance Délivrance garantie (si vous ne connaissez pas ce chef d’oeuvre cinématographique, symbole du glauque et du malsain, rattrapez vous hein), pour tenter de s’orienter à la seule force des coordonnées brutes fournies par Scalp, le régional de l’étape. Et nous voilà partie, tels deux combattants de Daech un peu bras cassés tentant de localiser la cache d’armes dissimulée dans le maquis. Comme le soulignait Rad, le chemin était une quête en lui même. Au bout du doute, de l’épreuve (une piste en caillasses avec des ornières dignes du Dakar? Srsly?), l’aboutissement et la libération : nous étions arrivés. Vivants, en plus.



Comment? Vous ne connaissez pas Scalp? Ben faudra relire les précédents épisodes de la bande à Leucate, déjà, parce que ça fait un bout de temps qu’il traîne avec nous (mais pas sur le forum il est vrai). Il a même gagné le concours une fois, d’ailleurs, alors que Dams toujours pas (krkrkr). Scalp c’est le Jésus ardéchois. Enfin l’ange Gabriel plutôt si on en croit les nombreuses néerlandaises jurant leurs grands dieux que cette grossesse inopinée est le fruit du seigneur, et pas du petit Pascal qui habite pourtant tout près du camping. Du coup pourquoi Jésus? Simplement parce qu’il fait des miracles, et pas seulement avec sa bite. Non, Scalp il prépare le barbecue, il fait le barbecue, il amène la tireuse, il installe la tireuse, et puis il retourne chercher ses gamins à l’école, il gère leurs activités, puis ils revient faire la bouffe parce qu’on avait faim, il rentre chez lui baiser sa femme, et il se lève tôt le lendemain pour nous apporter les croissants et le pain frais, et comme on avait plus de bière il est allé en chercher un autre fût. Et il a fait ça tous les jours. Ouais. Même pas peur de la route à ornières en plus.



Sur place Tam était déjà là, un sourire plus large que le grand canyon accroché au visage, tellement fier de ce qu’il avait réussi à accomplir. Et honnêtement, il y avait de quoi. Ressusciter l’E4 déjà, c’est pas rien. Surtout que comme me l’a soufflé Rad, si on avait dû parier sur qui jouerait les Dr Frankenstein, on aurait pas mis dix centimes sur Tam… Mais trouver en plus un lieu parfait pour le faire, et gérer l’orga tout en maintenant le secret, wow, on sent que le mec travaille plus en France depuis des années quoi. Le tout en intégrant quelques nouveaux pas piqué des vers et qui ont su trouver leur place à la cool, tels deux coucous dans un nid qu’on aurait juré construit pour eux.



Sauf qu’avant de présenter les deux n00bax, il me faut quand même dire un petit mot de la baraque pour commencer. Nichée à plus de 10 km à vol d’oiseau (parce qu’en km de piste c’est tout de suite pas la même) du plus proche commissariat, le gîte qui nous a accueilli est un endroit rêvé pour faire une convention geek qui se respecte. Ou bien égorger des gens, c’est selon vos goûts (et comme nous avons assisté sur place aux rebondissement de l’affaire Dupont de ligonnès, la question méritait d’être soulevée). Bref pour faire du bruit jusqu’à plus soif (et croyez moi, à certains moment nous n’avions plus soif du tout) sans se soucier le moins du monde du voisinage. Voire pour pratiquer la combustion contrôlée de chanvre en grosse quantitée, mais nous y reviendrons quand nous parlerons de Cara. Une maison de rêve donc, avec piscine SANS FUITE intégrée, baby, ping pong, en clair tout un tas d’équipement que personne ne va utiliser parce que bon, merde, Tam a amené sa borne d’arcade faite de travail et d’amour pendant 5 longues années, et que du coup on va plutôt jouer à ça qu’aller se baigner. Petit bonus offert par la structure, une authentique pièce de musée tient lieu de gogues au rez de chaussée. Un vestige unique, véritable chaînon manquant entre le chiotte traditionnel et son cousin à la turque. Imaginez un trône standard, sauf que le trou d’évacuation, avec l’eau au fond, n’est pas situé sous votre rondelle, mais devant votre zboub, avec la partie qui se situe sous votre fessier quasiment au niveau de la cuvette, légèrement creusée de manière à conserver un peu d’eau entre chaque utilisation, telle une flaque oubliée par l’évaporation après une pluie de printemps. Alors en vrai c’est moins poétique quand vous avez chié dedans. Premièrement parce que le *plaouf* caractéristique et salvateur, qui vous indique que c’est bon, vous pouvez refermer les sphincters, le colis est livré, n’existe plus. Ensuite parce que vous allez invariablement vous demander “mais attend là, si je chie trop, est-ce que la merde va s’entasser suffisamment pour toucher mon cul?”, ce qui est hautement perturbant. Enfin et surtout parce que même si la gracile flaque qui subsiste est sans doute là à des fins de lubrification aidant la chasse, BEN CA PART PAS PUTAIN! Et là adieu la poésie mes amis. On est là devant un pâté maison de plusieurs centaines de grammes (on récolte ce qu’on mérite, Scalp a fait de la viande à tour de bras), en se demandant ce qu’on va bien pouvoir faire, sans même oser envisager la balayette vu qu’elle serait foutue à la première tentative… Non vraiment, à part l’intérêt vaguement médical de contempler sa propre merde pour savoir si tout va bien, je ne vois pas l’avantage de la chose.



Laissez moi maintenant vous présenter les deux nouveaux, en commençant par Cara. Compagnon de longue date de Dota 2 de Rad, Tam et moi, cet homme est le symbole même du renouveau qui s’annonce. Lunettes en bois, convictions fermement chevillées au corps quand au Nutella et à tout un tas d’autres trucs, il est pourtant de la race des révolutionnaires tranquilles. Ceux qui affichent leurs positions sans honte, mais sans prosélytisme chiant, sans moralisation pénible, non, juste avec la simplicité et l’authenticité des mecs entiers, à la cool, certainement bien aidé dans cette coolitude par la quantité astronomique de fines herbes qu’il s’envoie quotidiennement, sans jamais oublier d’en faire profiter qui en voudra. Cara a ce qu’on appelle la main verte (et probablement les poumons, aussi), mais Cara est un amour de gars gentil comme pas deux, d’un état d’esprit irréprochable, que Tam a jeté dans le grand bain de NesPas sans même vérifier qu’il savait nager, en témoigne son “Mais… à quel moment on en est venu à parler de Josef Fritzl??”. Nous n’avons pas grand chose en commun, nous le savons parfaitement tous les deux, et pourtant le courant passe, le bédo aussi, preuve que les gens biens s’entendront toujours. Fun fact, il y a quelques années le gars est quand même passé à mon boulot alors qu’il était en vacances dans le coin juste pour m’offrir une peluche du perso que je jouais le plus dans Dota, parce qu’il l’avait eu dans une blind box, comme ça, pour faire plaisir. Et ça en dit long.



Le second en revanche est un pauvre type. N’y voyez rien de personnel hein, mais un gars qui scie autant de bois pendant qu’il dort, moi j’appelle ça un bûcheron. Ou un gros bâtard, c’est selon l’humeur. Le ratio bruit/encombrement de Nico, aka Shindo, est tout bonnement prodigieux. Et le gars t’explique tranquille que eh oh, ça va hein, les autres aussi ils ronflent après tout, merde. Bien tenté mec, la prochaine fois assure toi juste qu’on ait pas tous déjà passé une nuit tranquille tous ensemble la veille de ton arrivée. Mis en à part ça Nico s’est comporté comme un poisson dans l’eau. Libéral de premier plan, il a apporté un des jeux de société les plus velus qui soit (Twilight Imperium) pour qu’on s’en fasse “une petite”. Personne n’est tombé dans le panneau, et au final ça me chagrine parce que l’expérience doit être fabuleuse. Une prochaine fois, promis. Et j’en profiterai aussi pour tâter Sekigahara que pourtant je voulais essayer… la vie est faite de choix difficiles. En tout cas il a eu beau râler que non, il ne ronflait pas tant que ça, il a tout de même eu l’élégance de spontanément aller dormir sur le canapé du salon la nuit suivante. Moi je dis môssieur. Et c’est un libéral qui te dit ça. Les yeux dans les yeux.
Tout ça plante un décor idéal, mais bon, c’est pas tout ça, c’est qu’il commence à faire faim! Heureusement arrive Enker, le gars qui n’a jamais un mouvement d’humeur, ne gueule ni quand il perd, ni quand il gagne, a toujours un mot gentil pour tout le monde, et se pointe avec un jeu de société à offrir, comme ça, parce qu’on fait pas le concours mais du coup le lot de consolation il est pour toi. Déjà c’est beau, mais alors quand le mec il commence à faire à bouffer… Et la barre était haute hein, entre les barbec’ de Scalp et le gratin dauphinois de la femme de Radical, bon, on est clairement plus à la cantine de la colo quoi… ben ni une ni deux, le mec il dégaine une tourte à la courgette (SA.MERE.), des lasagnes aux légumes (SA. MEEERE.), et un poulet saté (SA. PUTE. DE. MERE.). Tranquille. Tout ça entre deux sessions de Secret Hitler où, en dépit de sa profonde honnêteté, jamais personne ne l’a cru. La politique c’est pas gagné mon bon Guillaume, mais la cuisine en revanche… Surtout ni Mayo est dans le coin. Faisant honneur à sa génétique plus citron que crème fraîche, il fut un aide cuisinier remarquable, petite main de l’ombre, oeuvrant sans relâche à la propreté et au rangement de nos repas bordéliques. Finalement plus ninja que boat people, il en a profité pour rappeler à tout le monde que bon, sur Street II fallait pas trop lui casser les couilles, surtout qu’elles étaient en sueur suite au grog à l’absinthe au cannabis de Cosmic.



Admirable Cosmic, dit l’alambic vu qu’il n’a pas bu une goutte de flotte de tout le séjour, qui a illuminé le séjour de sa gouaille et de sa répartie incisive comme un sniper bosniaque en 1992. Tour à tour père Fouras, Julien Lepers, représentant de la ligue des sourds muets de France, teufeur drogué improbable qui t’explique que si, Roland Cristal c’est le FEU mec (UN... DOS… ATENCION! UN DOS TRES QUATRO LA PANTERA), le gars JuNien c’est un peu le faceless god de Game of throne. Tu sais jamais ce qu’il va décider d’être, mais t’es certain d’avoir mal aux abdos tellement t’auras rigolé une fois qu’il aura fini. Parole, à un moment donné j’ai cru que j’allais me pisser dessus. C’est surtout un fin connaisseur de la chose sportive, et un partenaire merveilleux de double à Final Match Tennis. On a perdu les deux rencontres, mais bon, c’était beau, et je suis fier d’avoir livré cette bataille à tes côtés lapin.



Surtout qu’en face y’avait juste Dams et Bazart. Voilà. Nuff said comme disent les internets. Les deux plus gros joueurs de Rhône Alpes, peut être même de France, associés pour venir me rouler sur la gueule, juste pour me rappeler le traumatisme de Speedball 2. Ben non, vous avez roulé sur que dalle. Vous en avez chié pour nous sortir. Mais vous nous avez sorti, c’est bon, je sais. Dams n’est plus à présenter je pense. Colosse interminable, il est dans le jeu comme dans la vie : costaud. A l’aise en toute circonstance, quel que soit le pad, il a néanmoins montré ses limites quand il s’est attaqué à l’explication des règles d’un jeu de société qu’il avait pourtant amené. Ce fut long et douloureux comme un prélèvement urétral, mais on lui pardonne parce que bon, quel joueur.
Bazart c’est le même que Dams mais en plus jeune. C’est le type qui est venu à l’E4 une seule fois, juste pour remettre les pendules à l’heure en pétant le concours d’une seule main, et sans même chambrer ouvertement. Ce qui est finalement pire. Thibault c’est un peu l’enfant spirituel de Dams et Tam, aussi doué dans le jeu que dans le bricolage, d’une culture ludique hors norme, et d’une bienveillance rare. T’es un mec bien, garçon. Change rien, t’es solide, tu feras un papa formidable j’en suis persuadé.



Vu que j’ai causé jeu de société, il faut quand même dire un mot de Secret Hitler. Jeu social par excellence, au thème aussi délicat que clivant, ce truc est d’une qualité hors norme. Véritable mise en abyme de la politique réelle, il suffit de le pratiquer une fois pour réaliser à quel point la prise de pouvoir d’un extrême est possible. Sauf que quand on y joue, on s’en branle sur le moment. On est juste là, à beugler comme un âne que je te jure, je suis pas fasciste, JE SUIS PAS FASCISTE MERDE, c’est juste cet enculé d’Enker qui ment sur toute la ligne, regarde, je n’ai fait voter QUE des lois libérales, putain je sais pas ce qu’il te faut, vraiment tu me déçois. Chancelier tu dis? Oh si ça peut aider la nation, je suis d’accord... BON, FINI DE RIGOLER LES PEDZOUILLES, TOUS AU STALAG! ACH ACH ACH!! Mention spéciale à Averell, le judaïque de la bande (il en faut un, et comme CBL a rendu sa carte d’identité française…), qui, pas rancunier pour un sou, a tour à tour excellé à la fois comme fasciste et comme Hitler en personne. Si vous n’avez jamais joué à ce truc, vous ne pouvez pas comprendre à quel point il est délicieux de voir de pauvres libéraux vous confier les rênes du pouvoir, trop épuisés de s’être crachés dessus entre eux pour encore avoir la lucidité de s'apercevoir que vous êtes déjà dans leurs culs de quinze bons centimètres. QUEL. PIED. Et quelle angoisse quand on prend 5 minutes de recul…



Manquent encore Yano et Pika à l’appel. Le premier c’est un peu le +1 de Bazart, mais rien de sexuel hein, enfin je crois pas, bon esprit et surtout GROSSE DESCENTE, du genre que t’as pas envie de remonter à pied. Limite le mec il a battu Cosmic. Un alcoolique solide donc, mais surtout un fasciste hors pair qui sait te persuader que si, si si, la censure c’est une bonne chose, ça permet d’assassiner un opposant, tranquille. Encore un n00b qui valide brillamment son entrée en matière.
Et puis Pika… mon collègue (avé l’assen du sud, té, peuchère) provençal, arrivé avec sa bonne humeur habituelle, des médicaments pour mon dos, et un sac plein de bouteilles parce que bon, il est devenu allergique au vin, alors si ça peut profiter à quelqu’un…



Remarquez on rigole, mais le père Bast il peut plus boire de vin blanc. Bast. Plus de vin. C’est comme si on disait que Clara Morgane était interdite de sexe. Ca l’a changé de plus vivre à Lyon n’empêche, Bast. Depuis qu’il s’est retiré à la verge aux moines, il est plus tout à fait comme nous. Déjà il fait pousser des légumes (mais pas de raisin, donc). Et puis il bâtit des maisons, aide les gens de son hameau à comprendre les internets… un peu comme Charles Ingalls mais avec une beubar de prédicateur de l’état islamique, voyez. Il s’est même levé de table à 23h30, s’excusant pour aller faire un petit pipi selon ses termes, pour finalement aller se coucher sans crier gare. Ah bordel les enfants, on vieillit. Cela dit, peut être pas Nashou. Il a pas vraiment grossi, il a pas vraiment changé, il est toujours tué le premier dans les jeux où on peut tuer quelqu’un… lui aussi a bien évidemment cédé à l’attrait de la barbe mi hipster mi nerd de bon parisien qu’il restera pour l’éternité, mais c’est à peu près tout. Bref, à part Nashou, on a vieilli. Paraît même qu’Averell a vomi son grog au petit matin. Un bon grog miel absinthe au cannabis, si c’est pas malheureux. Enfin heureusement que Cara était là pour récupérer le tout et le faire sécher au soleil, parce qu’il commençait à être un peu court sur le stock… Aaaaah ouais, on a vieilli.




Mais c’est aussi ça, l’E4. Où qu’il se déroule, c’est un instantané, une pierre sur le chemin du temps qui passe. Et il a bel et bien passé, on ne peut que le constater sur les photos prises : les tempes sont grises, les cheveux se font rares (putain Mayo quoi! On dirait Zidane!), les dos se voûtent et les bides s’arrondissent. Certains ont du mal à se lever, d’autres à s’asseoir (surtout Enker après Secret Hitler, krkrkr), certains ne peuvent plus boire de bière, d’autres de vin, plus personne ne parle de finir un jeu alors qu’il est déjà minuit, et il faut même prévoir une prise électrique à côté du lit pour l’appareil qui permet à certains de pas mourir dans la nuit…Comme me l’a raconté Tam, le proprio a demandé si on avait besoin des services d’une stripeaseuse (aaaaah l’ardèche, terre d’accueil), il a failli répondre “non mais une infirmière peut être”. Ah mes amis, c’est comme ça, c’est la vie, et vous savez quoi? J’en ai rien à foutre, parce qu’avec de tels souvenirs, l’éternité noire et glacée promise à tous m’effraie un peu moins, vu que j’aurai tout ça pour me tenir chaud.



Grâce vous soit donc rendue à tous, et plus particulièrement à Tam pour avoir vaincu un nombre de barrages impressionnants pour faire revivre le mythe. Que le Dieu de votre choix vous enveloppe de sa bienveillance et guide vos pas vers le meilleur. Ni le retard de la SNCF (40 minutes bande de bâtards), ni les lumbagos, ni les vies professionnelles ou de famille ne semblent pouvoir stopper l’E4 manifestement, et ce que je le veuille ou non. Je suis heureux d’avoir eu cette putain de bonne idée en 2005, et je suis encore plus heureux qu’elle m’échappe de la sorte aujourd’hui. Je vous kiffe. Merci.



Hebus