"Société, société, je boirai pas ton Banania."
Mario

Entre tuyaux merdeux et poussière d’étoiles par Hebus San


Les héros de jeux vidéo ont bercé et bercent toujours nos songes. Ils sont éternels, remplis de gloire immaculée, définitivement sacrés. Mais depuis l’âge de raison (que mon entourage situe à "y’a pas longtemps"), une question me turlu[s]bite[/s]pine. Qu’est ce qui se cache sous les paillettes ? Que découvre-t-on quand on gratte un peu le verni de la renommée ?

J’ai enquêté pour vous. Pour toi, ami internaute versé dans la connaissance du jeu vidéo, avide d’informations originales, je me suis lancé dans la plus grande investigation de ma jeune carrière de chroniqueur. Une lente et douloureuse descente dans l’intimité de ceux qui ont fait le Jeu, avec un grand J, en sacrifiant leur vie pour la partager via les nouveaux médias. Une véritable quête initiatique en quelque sorte. Dont on ne ressort pas indemne.

Je mets donc en garde les âmes sensibles. A ceux qui veulent désespérément croire que les pokémons travaillent dans de bonnes conditions, que Zelda est encore vierge, ou qu’il ne s’est jamais rien passé entre Luigi et Toad, passez votre chemin, car je ne voudrais pas être tenu pour responsable du choc traumatique affectif probable que provoquerait chez vous la révélation de certaines vérités pas toujours agréables à entendre.

Automne 2003. J’ai eu la chance de rencontrer Mario Segali dans son loft de 150m² à Brooklyn. Une entrevue harassante de près de 5 heures, exploration des manipulations parfois écœurantes qui sous-tendent l’industrie vidéoludique. Récit de la vie d’un homme.



-Mario Segali, bonsoir.

-Bonsoir. Je préférerai que vous m’appeliez simplement Mario. D’une part ce n’est pas inexact, et d’autre part je me suis fait à l’utilisation de mon seul patronyme.

-Si vous préférez. Comme vous le savez, le but de ma venue n’est pas une énième interview fade et glacée telles que le sont la plupart de celles que vous avez déjà accordées. Je suis ici pour parler du vrai Mario, pour raconter votre vie, et ainsi apporter aux gens, avec votre accord, la version peut être moins édulcorée mais tellement plus poignante de la réalité qui est la vôtre. Qui êtes vous vraiment, Mario ?

-Je me le demande. Le sais-je moi-même finalement ? Mais l’heure n’est pas à la philosophie de comptoir. Et puis on en pas encore bourrés. Un doigt de chianti ?

-Pourquoi pas. Je vous remercie. Hophophop, pas plus haut que le trait hein !

-Une chose est certaine : je suis né en 1955 à Naples. Dans une ville pauvre, de parents pauvres. L’école, l’éducation et tout ça, je n’ai appris ce que c’était que bien plus tard, via mes conseillers en communication puisqu’il fallait bien que je fasse semblant d’appartenir au monde des enfants qui m’adulaient. Famille nombreuse, père chômeur et voleur, mais bizarrement pas alcoolique.

-Vous avez d’autres frères que Luigi ?

-Luigi n’est que mon demi-frère. Mais comme ça ne faisait pas « vendeur », on a préféré nous inventer une fratrie réelle. Magie du marketing qui réussit en quelques secondes à façonner des vies que d’autres ne peuvent que rêver. En tout cas nous nous sommes toujours bien entendus avec Luigi.

-Vous avez le même père ou la même mère.

-Père. Ma mère est morte quand j’étais très jeune. Tuberculose. C’est la mère de Luigi qui m’a élevé.

-Bien. Pardon pour l’aspect freudien de la prochaine question mais, vous pouvez me parler de votre enfance ?

-Hé hé. C’est peut être freudien, mais c’est pas banal. On ne m’a encore jamais proposé de la raconter. Elle est celle que vivent les enfants des quartiers pauvres du sud de l’Italie, vous savez. Très peu d’école, à peine le temps de savoir lire et écrire. Par contre j’étais fort en calcul. Du coup, c’est moi qui tenais les comptes des vols de notre bande organisée.

-Vous pouvez développer ?

-Bien sûr. Pour améliorer un peu notre quotidien notre père nous avait appris les rudiments du soulagement de porte-feuille. Les touristes se méfient rarement des enfants vous savez. Et puis nos doigts sont plus petits, plus agiles. Mais comme j’étais le moins doué et que je savais bien compter, ils m’ont collé aux comptes.

-C’était nécessaire de faire des comptes ?

-Absolument, oui. Il n’y avait pas que la famille dans la combine. Tout le quartier mettait du cœur à l’ouvrage, si vous me permettez l’expression. Il fallait donc tenir des comptes pour redistribuer équitablement les fruits du labeur de chacun.

-Dingue ça. Avant aujourd’hui vous en aviez parlé à quelqu’un ?

-Et à votre avis, le coup des pièces éparpillées partout dans les niveaux, ça leur est venu comment aux développeurs ? Les producteurs savent tout de ma vie. Ils s’en sont d’ailleurs assez souvent servis, ces salauds. ** grimace aigre** Et pour la limite de 100, c’est juste parce que je ne savais pas compter au-delà, à l'époque. J’ai appris depuis, surtout pour éviter les contrats à 100$ par jeu…salauds…

-Hem. Et comment assumez vous ce passé de voleur à la tire ?

-Comme je peux. Finalement j’extorque toujours de l’argent à des gens que je ne connais pas, la totalité n’est pas pour moi, mais cette fois c’est légal. Ironiquement c’est dans la droite ligne de ma jeunesse, non ?

-En effet, mais admettez qu’il y a de meilleurs exemples pour les enfants.

-Soit. C’est pour ça qu’au fil des jeux on m’a construit une histoire personnelle à l’eau de rose avec des princesses, des champignons et autres trucs pas trop difficiles à créer graphiquement.

-Puisque vous abordez le sujet, parlez nous de votre nouvelle vie.

-Bah, c'est celle que vous voyez dans les jeux. Il est vrai que les maquilleurs forcent un peu pour nous rendre tous plus présentables. Je me rappellerai longtemps le jour où Peach est arrivée complètement tordue à l’alcool de prunes et…

-La princesse Peach aura, elle aussi, la possibilité de raconter sa vie dans une prochaine interview.

-Ah ? Bon, comme vous voulez. En tout cas c’était bien marrant. On a refait la prise au moins 35 fois!

-Et vos relations avec Peach, comment évoluent-elles ?

-Cette traînée s’accroche. Sa popularité est en chute vertigineuse, et ne serait le contrat qui la lie à la série, on l’aurait virée à coups de pompe dans le fion depuis longtemps ! Bon, j’admets qu’au départ, c’était bien nous deux. Mais bon, en même temps pour un pauvre immigré italien fraîchement débarqué aux USA, vous admettrez qu’il y avait de quoi succomber. Le choc des cultures est assez énorme. Elle m’a quasiment violé dès le début du succès du premier jeu. En fait, elle avait entrevu bien avant moi l’énorme carrière qui se profilait devant mes pas. C’est à peu près son seul talent d’ailleurs, la lucidité. Sauf si on considère l’alcool de prunes. Ah si elle a un autre talent : elle peut vous jouer la flûte enchantée, même dans l’étui ! AH AH AH AH AH !!

-Hi hi hi, hem…

-Et puis ce cul bordel. Deux pêches veloutées dures comme des briques. D’ailleurs sont nom vient de là : Peach.

-C’est un pseudonyme ?

-Mais bien sûr. Vous imaginez si on avait collé son vrai nom ? Mario, vite vite, Bowser a enlevé Britney !! La cata. Donc : Peach. Le surnom vient de ses anciennes productions vidéo. J’ai toujours les bandes, si vous voulez vous distraire un peu…

-Euh non non… merci.

-Ouais. Enfin on peut dire qu’elle a payé de sa personne pour gravir les échelons. Quand on n’a pas de talent… mais Lara lui a beaucoup fait de mal.

-Une autre de vos conquêtes.

-Je n’ai jamais dis ça, et n’espérez pas me soutirer une information qui n’a jamais été officielle.

-Mais les bruits courent que…

-Laissez les bruits courir, mon garçon. Quand ils seront loin, vous ne les entendrez plus.

-Bien. Revenons un peu à vos débuts. Comment tout a commencé ?

-En fait vers l’âge de 15-16 ans, mon père s’est fait serrer par les Carabinieri. Il a donc fallu que je subvienne aux besoins de la famille, tout en devenant honnête puisque la police nous tenait à l’œil. Je ne sais pas si vous avez déjà visité les équipements sanitaires de Naples, mais je vous assure qu’il y a là de quoi donner du boulot à la moitié des Italiens !

-A ce point là ?

-De la merde comme s’il en pleuvait. Des hectolitres de merde grasse, de pourriture, de miasmes putrides, de rats plus ou moins vivants, asphyxiés par l’odeur. Du Zola.

-Et vous travailliez là bas ?

-Et sinon où ? Sans aucune formation y’a pas beaucoup d’offre. Mais croyez moi, une fois là bas, formation ou pas, y’a que vos couilles qui vous soutiennent.

-D’habitude on dit les tripes.

-Vos tripes vous les avez dégobillées dès les 3 premières minutes de votre journée. On ne peut travailler que le ventre vide dans cet endroit-là. Non, vos couilles restent encore votre allié le plus sûr. Mais c’est dur. Je ne souhaite ça à personne. Pas même à Sonic.

-Nous en parlerons plus tard. Poursuivez.

-Bref j’ai passé presque 15 ans de ma vie dans ces putains de tuyaux gorgés de merde. Un musée de la merde. Du grand art, très contemporain. J’en ai vu tellement que c’est à se demander si les gens ne bouffent pas jour et nuit. Moi, en tout cas, que la nuit depuis lors.

-Mais vous êtes devenu plombier, non ?

-Ouais, j’ai passé mon CAP sur le tard, mais ça me permettait de sortir un peu de là. De faire des interventions extérieures.

-Et ensuite ?

-Et bien les autorités napolitaines ont voulu me garder comme administrateur en chef des tuyaux pleins de merde. D’une part personne ne se bousculait au portillon pour prendre la relève, et d’autre part j’étais devenu une star locale, tant le réseau ne s’était jamais aussi bien porté. J’ai donc accepté de superviser les équipes de maintenance. Et puis ma renommée a franchi les frontières de Naples pour s’étendre dans toute l’Italie. J’étais devenu le bon génie de la merde. Une sorte de bouteille de Destop ambulante pour ville engorgée. De nombreuses mairies ont fait appel à moi. Surtout que je n’étais pas cher…

-Ah ? Mais vous étiez une star pourtant ?

-Un journaliste écoute quand on lui parle mon garçon. Je vous ai dit que je ne savais pas compter au delà de 100. Donc 100 lires l’intervention…

-Mais c’est scandaleux !!

-Ouais, mais c’était comme ça. Trop bon, trop con me suis-je souvent répété. Mais les gens m’aimaient, ils appréciaient mon boulot, je n’en demandais pas plus en fait. C’était la première fois que quelqu’un appréciait quelque chose en moi.

-Et comment du rang d’éboueur en êtes vous…

-Ne m’appelez jamais plus comme ça ! D’une part je suis plombier, d’autre part je n’étais pas un simple "éboueur", comme vous dites. J’étais devenu l’empereur de la merde ! Pour un peu j’aurai pu la modeler rien que par la pensée.

-Excusez-moi.

-Ce n’est rien. Vous vouliez savoir comment j’en suis venu aux jeux vidéo. Et bien ce sont eux qui sont venus à moi. De par ma renommée, j’ai été amenée à travailler à Venise. Beaucoup moins de merde, mais beaucoup plus de flotte. C’est là que j’ai appris à nager tout habillé d’ailleurs. Encore une originalité qui n’a pas échappé aux producteurs. Quoi qu’il en soit je me suis installé sur place. Même l’empereur des cons n’en est pas un, et il n’aime pas non plus ses sujets. En tant qu’empereur de la merde publique, j'avoue franchement que prendre un peu de recul m’a fait du bien. Je suis passé de 12 douches par jour à 7 seulement. Et puis j’ai développé mes interventions privées.

-Chez les particuliers ?

-Non, plutôt dans les grands groupes hôteliers. Le Hilton notamment. C’est lors d’une intervention assez « sportive » que j’ai fait la connaissance de Shigeru.

[ib-Monsieur Miyamoto ?[/b]

-Ouais, Shigeru quoi. Quel bonhomme… Il était venu en vacances pour une quinzaine dans le but de se détendre un peu. Enfin, vous savez ce que c’est…

-Pas bien.

-Ben le genre de voyage sans femme, sans enfant. Casino, alcool et filles quoi. Il se trouve que ma petite sœur Serena travaillait plus ou moins dans ce milieu là.

-Elle était prostituée ?

-Et oui, ma sœur est une pute. Joli tableau hein ? Mais je tairais les « exigences particulières » de Shigeru.

-Clause de contrat ?

-Amitié et respect, tout simplement. Il y a aussi des gens bien dans ce milieu. Bref, elle m’a parlé de lui et de son caractère si particulier, tantôt excentrique surexcité, tantôt rêveur apathique, mais toujours ouvert aux nouvelles rencontres. Elle se doutait que lui présenter l’empereur de la merde italienne ne pourrait qu’amener de grandes choses pour nous deux.

-Et ?

-Elle s’est arrangée pour détruire la plomberie de sa suite. Du travail d’orfèvre. Cette garce s’est tellement appliquée que j’en ai eu pour quatre jours de boulot ! Du coup j’ai pu faire sa connaissance. Il a été fasciné par mon histoire.

-Vous lui avez tout raconté ?

-Qu’avais-je à perdre ? A l’époque c’était un simple employé original d’une entreprise familiale pas si imposante que ça. Et puis nous avons sympathisé.

-Comment a-t-il changé votre vie ?

-Il m’a parlé d’un nouveau genre de loisir dans lequel il croyait beaucoup. Sans rentrer dans les détails techniques, il m’a convaincu qu’il pouvait être très amusant pour les enfants de faire vivre des aventures à un personnage auquel ils pourraient facilement s’identifier. Et il m’a parlé de ses projets me concernant.

-Quelle a été votre réaction ?

-Je n’ai pas eu à proprement parler une enfance féerique, mais même sans cette expérience, je voyais mal des gosses vouloir s’identifier à quoique ce soit qui touche de près ou de loin à de la merde. Et puis il a partagé sa vision avec moi. Cet homme est un génie, croyez moi. Là où je ne voyais que des excréments, flottant sur, ou sous, ou entre, des cadavres de rats morts, il a su s’évertuer à remplacer la merde par des fleurs, et les rats par des tortues. Il a gommé la grisaille et la puanteur. Les tuyaux sont devenus verts tendres, et remplis de plantes, certes carnivores, mais tout de même, des plantes. Par contre il m’a inventé de toute pièce un amour pour les champignons hallucinogènes.

-Comment ça ?

-Ça l’étonnait beaucoup qu’étant donné ma situation je n’ai pas sombré dans la drogue. "Les champignons hallucinogènes seraient un bon moyen pour toi d’apprécier tes descentes là bas", me répétait-il souvent avec humour. Tout est parti de là.

-Hallucinant.

-Ouaip, comme les champignons. Ensuite tout est allé très vite. Le casting, le tournage, la venue de mon frère, et ainsi de suite.

-Pas trop dur le tournage ?

-Les premiers temps non. Si je compare aux épisodes plus récents où je dois prendre toujours plus de risque sans être doublé, le premier opus ce sont des vacances ! Bon je me suis bien fêlé 3 côtes en loupant une plateforme, mais rien de méchant.

-Votre premier jeu n’est pas Mario bros, mais bien Donkey Kong, non ?

-En fait Donkey kong est un pilote pour évaluer mes capacités et l’engouement du public à mon égard. Comme l’essai a été concluant, nous avons poursuivi l’aventure.

-Et de quand datent vos ennuis avec la justice ?

-Ah vous êtes au courant pour ça ? Ils datent de Super Mario world. Les psychiatres estiment que c’est le trop de temps passé au contact des déchets toxiques qui a déréglé ma libido. Sans ça je ne me serais certainement jamais senti attiré par Yoshi…

-Mais comment un chien déguisé peut-il porter plainte ?

-On m’a vu dans ma loge. J’avais prétexté une migraine, mais sa maîtresse est arrivée. Et beaucoup de choses auraient pu très mal finir ce jour là…

-Cela n’a pourtant pas écorné votre carrière internationale.

-Quand on pèse plusieurs milliards de dollars, les juges se montrent d’une part très discrets, et d’autre part très conciliants. Nintendo ne se serait pas relevé d’un scandale pareil. Enfin ils ont quand même fouillé mon passé et sont remontés jusqu’à flocon de neige.

-Flocon de neige ?

-C’est le singe qui joue Donkey kong. Mais si vous saviez comme je regrette tout ça. J’ai depuis longtemps tourné la page. Big N a d’ailleurs mis les moyens pour m’y aider. Séances intensives de psychothérapie musclée. Ils n’allaient pas laisser filer leur poule aux œufs d’or…

-Et pour flocon de neige ?

-Allez donc savoir ce qui se passe dans la tête d’un singe pendant que vous l’enculez !! Je ne sais pas moi. Ce qui est sûr c’est qui lui aura fallu de nombreuses années avant de pouvoir revenir sur un jeu.

-En tout cas c’est courageux de votre part de nous raconter tout ça.

-Les gens doivent savoir. Marre de jeter de la poudre aux yeux des gosses.

-Et si nous parlions de Sonic ?

-AHA ! Nous y voilà donc ! Je peux me défouler un peu alors ?

-Allez-y. J’avoue préférer vous voir dans cet état de jubilation.

-Ben voyons Gaston ! C’est autrement meilleur d’évoquer la branlée infligée à son pire ennemi plutôt que ses démêlés judiciaires pour zoophilie ! Sonic…. Remarquez c’est peut être un peu facile de tirer sur l’ambulance, non ?

-Bof. Il n’est pas si mourant que ça après tout. Et puis c’est un collègue de boîte désormais.

-Jamais. Vous aimez tous vos collègues vous ?

-Ben non mais…

-Y’a pas de mais. Ici c’est pareil. Sonic est un petit arriviste de merde dont la seule ambition aurait pu faire de l’ombre au soleil ! Cet espèce de parvenu minable, tout simplement parce qu’il a hérité d’un vieil oncle malade, une certain A. Kid je crois, s’est cru obligé de reprendre les affaires du tonton. Il s’est donc tout naturellement lancé dans le jeu vidéo. Et comme son ego est un tantinet démesuré, il a bien entendu tout fait pour être sous les projecteurs le plus vite possible.

-Avec une certaine réussite, vous devez l’admettre.

-Que dalle. Ma production 16 bits a pris un peu de retard, c’est bien la seule chose qui a fait illusion quelques années, et qui lui a permis de se faire un nom. Il en a d’ailleurs bien profité ce sale drogué !

-Quoi vous voulez dire que…

-Et sinon quoi d’autre !? Bon sang mais vous avez vu à quelle vitesse il court ? Bordel cet emmanché battrai Ben Johnson version 1988 avec 20 mètres de retard au démarrage, et en courant sur les genoux en prime ! Croyez moi, chez Sonic les gogues sont en titane, parce que sans ça la faïence éclaterait sous sa pisse ! Mais il vieillit mal. La came ça attaque. Regardez-le, il a coulé la boîte à qui il devait tout, et maintenant qu’est ce qu’il fait ? La putasse !!

-Tout de même !

-Quoi « tout de même » ? La putasse je vous dis. Ce loquedu serait prêt à faire des pipes au bois s’il était sûr d’en retirer un peu de notoriété. Donc il est venu mendier chez big N pour gratter une petite part du gâteau. Chez les gens qu’il avait juré de détruire. Ah sac à foutre, j’aurais rudement aimé être là pour voir sa gueule quand il est venu présenter sa demande. Mais il a fait ça de nuit un week-ends ce fils de salope !

-Je pense que nos lecteurs auront compris que vous ne l'aimez pas beaucoup. Et de son côté ?

-Allez toujours lui poser la question, pour voir. Enfin, il est mourant désormais. Vous avez vu ses derniers jeux ?

-Oui, c’est vrai qu’il a un peu perdu de sa superbe.

-Ah ça, c’est un minimum syndical comme jugement. Non, le seul comparatif possible c’est Christophe Lambert au cinéma. Quand il ferme sa gueule et qu’il fait le singe, tout le monde crie au génie. Et puis après on a vu Fortress, Vercingétorix, et… Aïe !

-Vous êtes souffrant ?

-Oh trois fois rien, une mauvaise infection mal soignée avec un contact un peu trop intime avec une des plantes carnivores dans Super Mario world.

-Et ça n’a pas guéri ?

-Jamais totalement, non.

-Pour terminer si vous nous parliez un peu de votre avenir ?

-Mais mon avenir est derrière moi jeune homme. Regardez moi ! Je suis vieux, seules les générations passées m’adulent. Et puis ça va commencer à être juste pour les cascades maintenant..

-Vous pourriez vous faire doubler.

-Et selon vous le public ne s’en apercevrait pas ? Foutaises ! Au plus on rajoute d’effets spéciaux, au plus le fond est minable, c’est une règle. Donc on me double, on en rajoute des tonnes pour que l’attention se focalise ailleurs, mais le charme n’opère plus au final. Non croyez moi, le meilleur est dans les souvenirs.

-Pourtant Mario Sunshine est un excellent titre.

-Oui mais regardez les conditions de tournage. Il a fallu partir au soleil pour éviter les rhumes et les coups de froids chez des acteurs devenus trop fragiles. Et que faudra-t-il inventer la prochaine fois ?

-Mais au kart vous vous débrouillez toujours bien !

-Ça j’admets que je n’ai pas perdu la main. D’ailleurs je vais faire le prochain Paris Dakar aux côtés de Vatanen. Et puis j’y rencontrerai Johnny, nous sommes fans réciproques.

-Ça c’est un joli scoop pour terminer. Votre mot de la fin pour les gens qui nous lisent ?

-Faire des jeux aura été le plaisir de ma vie. Vraiment. Quand on sort d’où je viens, on ne peut que s’émerveiller, jour après jour, de la tournure que peuvent prendre les choses. Alors, vous, joueurs qui avaient l’opportunité, je n’oserais dire la chance, d’écouter les conseils d’un vieux plombier merdeux devenu star internationale au même rang que Mickey Mouse, retenez ceci : croyez-y. De toutes vos forces. A tout ce qui vous donne du courage, à tout ce qui vous manque, à tout ce que vous estimerez juste. Car vous savez maintenant que c’est possible. Une empereur de la merde devenu roi du monde est là pour vous le prouver. Et il n’en est pas peu fier !

-Merci Mario.

-Merci à vous.