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NES RGB : le mod des couleurs qui ne bavent plus

Chronique d’un mod qui coûte un bras ET un rein et de ses écueils par Spoz
La NES. Cette bonne vieille NES. La console sur laquelle j’ai fait mes premières armes et mes premières grandes découvertes vidéoludiques. Celle que j’ai achetée en premier quand la nostalgie rétro s’est emparée de moi en 2007. Bref, une de mes consoles préférées.

Si sa supériorité sur la Master System n’est plus à démontrer (PAF ! Ca, c’est fait), il reste un terrain sur laquelle elle n’a pas pu triompher sur sa concurrente : la qualité d’image. Ce n’est pas un hasard si le topic qui lui est dédié sur le forum de [NES PAS?] s’appelle « le topic des couleurs qui bavent ». La version de la 8 bit de Sega vendue en France crache en effet un vrai signal RGB qui donne un affichage beaucoup plus net et des couleurs propres. Enfin disons qu’elles ne bavent pas. Savoir si elles sont jolies est un autre débat (RE-PAF !!).

Personnellement c’est en remarquant que ma Super Nintendo ne donnait pas la même qualité d’image en fonction du câble péritel utilisé que j’ai commencé à me pencher sur le cas de ma NES. L’histoire du composite d’origine converti en faux RGB puisque non natif et de son rendu dégueulasse était déjà bien répandue sur le net. Dommage, ce n’est pas qu’une histoire de câble…

Plus tard j’ai ouï-dire d’un mod qui permettait de passer le modèle FRA N64, lui aussi en composite d’origine, en vrai RGB. Et forcément j’ai zieuté plus avant pour voir si une manip permettait la même chose avec la NES. Ô joie ! Une méthode existe ! Ô désespoir ! Il faut sacrifier un bel objet de collection, le Playchoice 10, puisqu’il est nécessaire de retirer le PPU de cette borne d’arcade pour le mettre dans la NES. Et la bête n’a pas été enterrée en grande quantité dans un désert du Nouveau-Mexique, loin s’en faut. Il faut débourser plusieurs centaines de dollars pour s’en approprier un exemplaire, ce qui est, reconnaissons-le, très exagéré pour un « simple » mod. Selon les dires de l’ami High_Cobra, qui a fait ledit mod, il était possible de se procurer des cartes mères de Playchoice 10 pour quelques billets de 10 sur le bon coin, mais je n’ai pas eu la chance de tomber dessus les fois où j’ai cherché.

Je dois avouer que j’avais un peu lâché l’idée d’avoir une NES RGB jusqu’au jour où ce cher Bazart est venu annoncer sur le forum qu’un kit pour moder toutes les NES en RGB était en vente. La bonne nouvelle que voilà ! J’ai étudié attentivement les infos disponibles, posé quelques questions techniques ici et là, et une fois persuadé avoir compris le principe et le protocole fourni, je me suis lancé. Mais avant que vous en fassiez autant, il est utile de préciser plusieurs aspects qui peuvent avoir leur importance :

- D’abord le principe du mod. Son créateur s’appelle Tim Worthington, surnommé viletim ou eviltim selon les forums et les sources. Il est Australien et j’ai choisi de l’appeler Maître Tim pour services rendus à la nation. Ce bidouilleur propose plein de choses sympas pour d’autres consoles, comme des mods RGB pour toutes les N64 (donc pas que le modèle FRA) et Atari 2600, ou encore de pouvoir jouer à la Game Gear sur une télé (son webshop est ici). Pour le mod qui nous intéresse, il a créé un bout de circuit qui se sert du PPU original de la NES pour cracher un vrai signal RGB en contournant le circuit composite d’origine. Il explique le principe global ici et fournit un schéma technique qu’il n’est nullement nécessaire de comprendre pour faire le mod. Là où maître Tim a fait fort, c’est que sa méthode est en principe non destructive, c'est-à-dire qu’elle permet toujours de se servir du signal d’origine si le cœur nous en dit. Et comme il ne fait pas les choses à moitié, ce circuit peut aussi bien servir à moder une NES PAL qu’une NES NTSC américaine ou une Famicom japonaise. Et vous savez quoi ? Il a inclus la possibilité de choisir sa palette de couleurs entre Natural (palette d’origine), Improved (palette de l’émulateur FCEUX) et Garish (palette du Playchoice 10). Ce qu’on appelle avoir le beurre, l’argent du beurre et le cul de la crémière.

Mais remballez vos demi-molles, tout n’est pas aussi rose que les cheveux de Gigi. D’abord il faut des sous. Beaucoup. Environ une centaine d’euros FDPIN. Ensuite il faut une NES fonctionnelle. J’entends bien que nos chers lecteurs sont très probablement déjà équipés, mais les risques encourus par la NES sont tels que je recommande de s’attaquer au mod avec un autre exemplaire que celui de notre douce enfance qui a survécu toutes ces années sans sourciller. Bref, une console en loose pas trop dégueu fera l’affaire. Bonne nouvelle au milieu de ces choses un peu moins drôles : il est possible de tenter l’étape la plus difficile du mod (retirer le PPU de la carte mère de la NES sans l’endommager) avant d’acheter quoi que ce soit. Ceux qui n’arriveront pas à passer cette première étape, comme ce fut mon cas au départ, pourront toujours refaire les soudures en espérant que rien ne soit cramé au niveau des pistes et du PPU. Les autres pourront acheter le kit RGB de Maître Tim ainsi qu’un kit pour fabriquer un câble RGB voire un câble déjà tout fait. Si les internets m’ont au début indiqué qu’il était possible de passer par le câble RGB d’origine de nos chères NES françaises, cette solution est à déconseiller. Renseignement pris, des parasites surviendraient au bout de 20 minutes de jeu. Il vaut donc mieux utiliser le matériel de Maître Tim de A à Z.

- Autre choix stratégique : le switch. Le kit RGB est maintenant livré avec un switch 3 positions prévu pour passer d’une palette de couleurs à l’autre. Difficile de savoir s’il servira en pratique tant qu’on n’a pas vu les différences par soi-même, et il est a priori possible de faire le mod sans monter de switch si on ne veut que les couleurs d’origine. Quelques vidéos sur le net permettent de se faire une idée du rendu des différentes palettes. Personnellement je ne me sers que de la palette originale. Pour les puristes, Maître Tim vend un switch 4 positions qui permet de retourner en mode composite en plus de proposer les 3 palettes. A l’origine, ce switch 4 positions était inclus dans le kit RGB à la place du switch 3 positions, mais il s’est avéré peu pratique à monter sur la coque. A chacun de choisir l’option qui lui convient, mais il ne faut pas oublier de commander ce switch 4 positions le cas échéant.

Bref, je ne peux que chaudement recommander de lire l’intégralité de ce qui suit avant de se lancer. Ce mod n’est pas facile et il coûte au moins 20 kebabs, donc autant être sûr de ses billes avant de se plonger dans le grand bain. Maître Tim étant un peu avare en explications dans son tuto, je vais détailler les différentes étapes en indiquant les problèmes auxquels j’ai dû faire face. Parce que son tuto style « faîtes comme sur le diagramme », c’est un peu Demerden Sie Sich dans l’esprit. Ca peut suffire, mais c’est un peu light.

Matériel :

Comme indiqué précédemment, point besoin d’acheter le kit RGB et le câble péritel avant de tenter l’étape la plus difficile du mod. Donc commencez bien par essayer de dessouder le PPU de la NES avant de faire des frais. Il faudrait être mad, ou très con, voire même les deux, pour se retrouver avec un kit RGB sans pouvoir l’utiliser. Lisez donc bien tout ce qui suit pour juger du niveau technique nécessaire, comprendre l’ordre des différentes étapes et voir ce qu’il est nécessaire d’acheter pour commencer ou ce qui peut être commandé en cours de route. Et bien sûr, je décline toute responsabilité en cas de GAME OVER pour votre NES.
Bref, il faut… le matos !

- Un fer à souder avec les pannes adéquates (voir plus loin) et de l’étain
- De la tresse à dessouder de QUALITER
- Des fils, de préférence de différentes couleurs pour ne pas s’y perdre
- De la colle epoxy
- Des pinces (dont une coupante) relativement petites et un cutter
- Forets de 12, 10, 6 et 4,5mm ou un truc comme ça
- Un tournevis cruciforme pour démonter la NES
- Un kit RGB
- Un kit pour fabriquer son propre câble RGB (ou un câble déjà tout prêt, souvent en rupture de stock).
- Eventuellement un switch 4 positions pour ceux qui voudraient pouvoir revenir au composite et montrer la différence une fois le mod terminé.
- Un Dremel ou un truc dans le genre (très optionnel et uniquement pour ceux qui veulent le switch 4 positions)

Mes photos sont faites avec une NES composite européenne, donc l’intérieur de la bête est un peu différent du modèle « RGB français » au niveau du module RF/péritel.


Comme indiqué précédemment, la bonne idée de ne pas installer de sortie DIN RGB (et donc de ne pas avoir besoin de fabriquer son propre câble RGB) pour utiliser la sortie péritel d’origine de la NES française est une fausse bonne idée source de parasites. Du coup, peu importe que les photos soient d’un modèle batave ou d’un modèle français, il faudra procéder de la même façon.

Première étape : retirer le PPU

Je suis relou si je répète qu’il n’y a pas encore besoin d’avoir acheté de kit RGB onéreux à ce moment du mod pour éviter des frais inutiles en cas d’échec ? Oui ? Bon OK, promis j’arrête…
La première étape est celle où je me suis le plus cassé les dents, ceci pour diverses raisons détaillées plus avant. Mais commençons par démonter cette bonne vieille NES. Dans l’ordre, ça donne à peu près : retirer le capot, enlever le blindage, retirer délicatement le contacteur, déclipser les 2 fiches vertes et la fiche bleue, continuer à retirer les vis jusqu’à ce que la carte mère soit toute nue et désolidarisée de la coque.

Comme ça

Avant de commencer à dessouder le PPU, il serait quand même ballot de ne pas profiter de l’occasion pour dézoner cette NES si ça n’a pas déjà été fait. Notre cher taulier a très bien expliqué comment procéder ici. Un petit coup de pince coupante et revenons à nos moutons.
Le PPU (numéro RP2CO7) est sur la carte mère.

Ici.


Avant de me lancer, j’ai suivi les conseils avisés (ou avinés, voire même les deux) de ce cher Bazart et je me suis entraîné sur une cartouche Super Nintendo défectueuse. C’est cool, j’ai dessoudé plusieurs pins sans trop forcer, donc retirer le PPU de la NES sans l’endommager ne devrait pas poser trop de problème. Sauf que… J’ai beau essayer, impossible de faire fondre l’étain, même sans tresse. Grmmmbllll… En regardant d’un peu plus près, je vois que la panne de mon fer à souder et son embout de 0,8mm ne touchent pas l’étain à cause de sa forme et parce que les broches sont plus fines que sur une cartouche Super Nintendo (et donc les pâtés d’étain plus petits). J’ai acheté une panne de 0,5mm qui m’a permis de toucher ma cible, mais toujours quasiment impossible de faire fondre l’étain correctement, alors réussir à le pomper avec la tresse…

Je finirai pas décider de confier le tout à mon paternel et à ses 30 années d’expérience en réparation électronique. Bien m’en a pris, il a tout de suite trouvé 2 raisons à mon échec : la forme de mes pannes et la température trop basse de mon fer à souder. Il faut de préférence une panne plutôt plate (ou éventuellement super fine) pour bien faire contact avec l’étain tout en appuyant sur la tresse correctement :

Côté face et côté pile


,et faire monter la température du fer bien plus haut que ce que je ne faisais (environ aux deux tiers de la puissance de mon fer de 48W au lieu d’un tiers). Je pensais naïvement qu’il ne fallait pas trop chauffer pour éviter de cramer le PPU, mais en fait il vaut mieux faire fondre l’étain très rapidement pour ne pas faire chauffer le PPU trop longtemps.
En image, ça donne :



- panne de 0,8mm (A) et panne de 0,5mm (B) : convient pour faire les soudures
- panne semi-plate (C) : la meilleure pour dessouder (à mon humble avis)
- panne très fine (D) : polyvalente, pour faire les deux

Je profite de l’occasion pour laisser mon cher père à la manœuvre. C’est donc armé d’une panne semi-plate et de tresse à dessouder qu’il va batailler pendant environ une heure avant de crier victoire. La faute incombe principalement aux broches 14 à 17 (voir ici pour la numérotation des broches sur un PPU/CPU) qui résisteront bien longtemps conformément aux prévisions de Maître Tim (qui recommande de libérer d’abord toutes les autres broches et de terminer par celles-ci). Il faudra en effet les ressouder maintes fois, c'est-à-dire remettre de l’étain frais, pour parvenir à les dessouder. Bref, il faut du temps et de la patience pour retirer les 40 broches qui ont été soudées en double face (ne pas oublier de pomper des 2 côtés). Mon père n’a utilisé que de la tresse et sa panne semi-plate, un fer chaud en température pour faire fondre l’étain rapidement et ainsi éviter de faire chauffer le PPU trop longtemps, et de l’étain pour en remettre sur les broches récalcitrantes. Maître Tim utilise aussi une pompe et a détaillé sa manière de procéder ici. Peu importe la technique choisie, le but est de retirer la PPU sans le fusiller et sans endommager de broche ou de piste.

Une fois le PPU retiré, il faut pomper les restes d’étain pour dégager le terrain et vérifier qu’aucune piste n’a été endommagée.

C’est bon ?

Il est alors temps d’investir dans un kit RGB et un kit pour câble péritel RGB et de prendre une pause de 3 semaines le temps que tout ça arrive d’Australie.

Seconde étape : préparation du module RGB

Le kit RGB comprend :

- Une prise jack femelle 3,5mm (A)
- Une prise RGB avec le bout de circuit qui va avec (B)
- Une prise S-vidéo avec le bout de circuit qui va avec (C)
- Un support d’eprom de 40 trous (D)
- Un switch 3 positions pour changer de palette de couleur (E) (je ne suis pas sûr du type de switch fourni actuellement, voir plus loin)
- Un régulateur de tension 5V (F)
- Le module RGB qui va convertir le signal composite en vrai signal RGB (G)
- 2 barrettes de 20 broches (H)
En principe on peut jeter tout ce qui est pour le S-vidéo. Enfin disons qu’on ne s’en servira pas. Le kit est universel, Maître Tim ne voulait pas s’embêter à faire un kit pour chaque continent. Ceux qui ont opté pour un switch 4 positions ne se serviront pas non plus du switch 3 positions.
Il faut commencer par mettre le support d’eprom en place sur la carte mère, comme ceci :

Il faut ensuite souder de l’autre côté en prenant soin de garder le support d’eprom bien à plat pour éviter les constructions bancales.

[Interlude]

Alors que j’étais en train de souder le support d’eprom sur la carte mère, une coulée d’étain s’est sournoisement répandue sur une des pistes situées juste à côté. La boulette… A ma décharge, retirer le PPU de la carte mère a laissé des traces, en l’occurrence un petit creux si mal placé qu’il était quasiment inévitable de souder cette broche sans que ça bave à côté. Allez, c’est pas bien grave, un petit coup de tresse et on en parle plus. Sauf que je n’arrive pas à retirer tout l’étain. Et mon cher père, encore une fois appelé à la rescousse, non plus. En gros on voit bien qu’il reste une fine couche et on arrive pas à l’enlever.

Suivent quelques minutes de débat sur fond de « C’est pas bien grave, ça touche pas la piste » et de « Mais t’es bigleux ou quoi ? Bien sûr que ça touche » avant qu’on sorte le multimètre pour vérifier. Sa mère, ça fait bien contact… Et là mon paternel me sort que « C’est normal, apparemment il y a un bout de piste en dessous, l’étain s’est juste mis dessus ». Je ne suis pas d’accord, mais difficile de savoir qui a raison. Et continuer le mod sans savoir si ça doit faire contact ou pas, c’est 50% de chance d’aller droit dans le mur. Finalement je vais démonter une autre NES pour qu’on puisse vérifier. Ca ne fait pas contact…

Alors comment retirer cet étain récalcitrant que nous n’avons pas réussi à déloger jusqu’à maintenant ? Notre ami le cutter sera un précieux allié. Hop, 3-4 grands coups rageurs, le multimètre pour vérifier que ça ne fait plus contact, et on peut enfin passer à la suite.

[/interlude]

Ensuite il faut souder les 2 barrettes de 20 broches sur le module RGB. Il faut utiliser ces rangées de trous

et souder de ce côté (donc mettre les barrettes de l’autre côté.

Maître Tim recommande de mettre les barrettes dans le support d’eprom déjà soudé sur la carte mère, et de mettre le module RGB dessus pour éviter de souder de travers. Ca donne ça :

Peu importe la technique choisie, les barrettes doivent être bien droites, sinon gare aux constructions bancales et au risque de casse de composants plus tard. Une fois les 2 rangées soudées, il faut retirer le module RGB de la carte mère de la NES.


Maintenant il va falloir souder le PPU sur le circuit. Il faut d’abord vérifier si ses broches sont bien alignées et les redresser avec une pince si nécessaire.

Lors de la mise en place du PPU sur le circuit, les broches qui dépassent compliquent la vie.Il va falloir sortir la pince coupante et écimer ce qui dépasse trop.

Cette opération va permettre de souder le PPU plus facilement sans qu’il soit trop bancal. On gagne aussi un peu d’espace en hauteur, ce qui n’est pas du luxe puisqu’il n’y a de toute façon pas assez de place dans la NES pour utiliser un support d’eprom pour le PPU. Il faut donc écimer le plus court possible sans casser les soudures, mettre le PPU en place dans le bon sens (en se référant à l’indice laissé par Maître Tim)

Puis retourner le module RGB pour souder les broches du PPU. Il aura sans doute l’air un peu bancal, mais ce n’est pas bien grave.


Il est maintenant temps de mettre le module RGB dans le support d’eprom de la carte mère.


Comme j’ai de la chance, ça rentre comme papa dans maman après avoir plié gentiment les condensateurs marrons qui font chier, mais sur certaines révisions de carte NES, les composants bleusempêchent de clipser l’un dans l’autre.

Dans un tel cas, Maître Tim recommande de faire chauffer les soudures sous ces composants pour remonter les pattes et pouvoir les coucher (voir ici le résultat final. Vu le peu d’espace pour opérer, mon paternel conseillerait plutôt de les virer pour en mettre des neufs plus modernes et donc plus petits. Il va de soi qu’il faut respecter les specs marquées dessus. Bref, chacun fera comme il veut, mais je n’ai donc pas eu ce problème là.
Une fois le module RGB dans le support d’eprom de la carte mère, il faut faire un point de soudure sur les jumpers J4 et J7. Il y a d’autres jumpers mais ils servent pour moder la NES NTSC américaine ou la Famicom.


Troisième étape : le bordel de fils

Avant de s’amuser à faire des nœuds dans tous les sens, il faut préparer des bouts de fils de 25cm (18 pour ceux qui utilisent le switch 4 positions, 17 pour ceux qui utilisent le switch 3 positions, et 14 pour ceux qui ne veulent que les couleurs originales), dénuder les 2 extrémités et y mettre un peu d’étain pour faciliter le travail par la suite. Utiliser des couleurs différentes permet de s’y retrouver plus facilement, mais c’est optionnel. Pour la répartitionc’est 4 fils pour le son, 6 fils pour l’image, 4 fils pour le régulateur de tension, et 0, 3 ou 4 fils pour le switch.


Ensuite il faut se référer au diagramme de Maître Tim. Si vous avez la flemme de regarder dans le détail, suivre mes indications et mes photos devrait le faire aussi (donc bien faire attention aux différentes couleurs de fils utilisées et respecter les correspondances).

Commençons par le régulateur de tension. D’abord on soude les fils sur le bout de circuit.

Les fils B et C doivent ensuite être soudés sur le régulateur de tension de la NES comme ceci :

Il est situé sur le côté du bloc antenne/péritel. Les deux autres (A et D) doivent aller sur le module RGB ici :

Pour souder sur le module RGB, on peut choisir d’utiliser les trous ou les pistes, voire les deux là où il y aura 2 fils à souder. Chacun choisira.

Continuons avec la prise jack et le raccord du son depuis la carte mère vers le module RGB. 2 fils à souder sur la prise jack, en prenant bien soin de raccorder les 2 pattes de la prise les plus courtes.

Maintenant on repère le CPU répondant au doux nom de RP2A07A sur la carte mère et ses broches 1 et 2 où il faudra souder 2 fils.


Vu la proximité des broches avec le module RGB, j’ai raccourci mes fils, mais ils est possible de conserver la longueur initiale et de les souder de l’autre côté de la carte mère. Un fil de la prise jack va sur audio out (O), l’autre sur la terre GND, et les 2 fils des broches 1 et 2 du CPU vont sur A et B.

Ensuite il faut souder 6 fils sur le module RGBpour la sortie vidéo qui sera finalisée un peu plus tard. Autant prendre un fil vert pour G, un fil rouge pour R, un fil bleu pour B, un fil orange pour l’alim (5V), un fil noir pour la terre GND et la couleur de votre choix pour le V. Allez, le fil blanc est pas cher cette année, on va pas se priver.

Maintenant on aborde la partie switch pour la palette de couleurs. Le switch permet donc de passer d’une palette de couleurs à l’autre. Au choix : Natural (palette d’origine), Improved (palette de l’émulateur FCEUX) et Garish (palette du Playchoice 10).
La première option est celle de ceux qui ne veulent que les couleurs originales. Point de chichi, les couleurs sont celles qu’on a toujours connues et on s’en satisfait. Soit. Ca fait aussi gagner un peu de temps, mais c’est moins fun. Allez, que les feignants fassent un gros pâté de soudure pour relier GND et 3 et on n’en parle plus.

Seconde option : les 3 palettes de couleur en RGB et adieu le composite d’origine. C’est très louable et probablement la meilleure option, parce qu’une fois la console modée en RGB, personne ne voudra revenir en composite. Aussi parce que le switch 3 positions est beaucoup plus facile à monter sur la coque de la NES que le 4 positions. Bref, on soude 3 fils sur le module RGB, on oublie pas de relier GND et 3 aussi et on soude les fils sur le switch.

Apparemment, Maître Tim utilise maintenant un switch légèrement différent du mien, mais je ne sais pas lequel il inclut dans son kit aujourd’hui. En fonction du switch fourni (ou acheté par vos soins le cas échéant), le schéma peut être différent. On peut même choisir de ne prendre que 2 palettes et d’inclure le composite. Les différentes possibilités sont détaillées ici.

Troisième option : d’abord il faut avoir pensé à commander le switch 4 positions auprès de Maître Tim, la 4ème option permettant de revenir au composite. En suivant les indications du diagramme, ça donne 4 fils sur le module RGB et 4 fils sur le switch.

A ce stade, presque toutes les soudures sont terminées, il est temps de passer aux trous dans la coque.

Quatrième étape : les trous dans la coque

Il faut commencer par faire un trou de 12mm pour la sortie RGB et un trou de 6mm pour la prise jack (à proximité) comme indiqué sur la photo.

Enfin presque comme sur la photo, plutôt à l’emplacement rouge, vous en chierez moins avec les dernières soudures. Comment ? Vous n’avez pas de foret de 12 ? Maître Tim utilise un truc comme ça, mais à priori ça ne se trouve pas toujours très facilement dans les magasins de bricolage (en tout cas pas par chez moi). Si, comme moi lors de mon premier mod, vous n’avez ni l’un ni l’autre, il reste l’option « à l’arrache ». J’avoue avoir un faible pour cette solution très nespasienne. Après tout, nous sommes sur le site de la réparation Game Boy au fer à repasser et de la découpe de port cartouche Super Nintendo au fer à souder. La méthode à l’arrache donc, consiste à prendre le plus gros foret en votre possession (laissez votre chibre là où il est, un peu de retenue tout de même…), à faire un trou, et à agrandir ledit trou par des petits mouvements circulaires (je pense que cette phrase a un potentiel vannes graveleuses assez élevé…) jusqu’à ce que la sortie vidéo RGB rentre. Attention à bien tester régulièrement pour éviter que la sortie vidéo ne nage trop. Une fois en place et dans le bon sens (c’est important, sinon ça va être mission impossible pour les dernières soudures), utiliser la colle epoxy pour la fixer.

Quand la colle est sèche, il faut souder le bout de circuit au cul de la sortie RGB avec les trous en haut. Là j’en ai chié comme un Turc parce que j’avais difficilement accès aux parties les plus éloignées, d’où mon cercle rouge judicieusement placé sur la photo.

Attaquons nous à un autre problème : la coque de la NES est trop épaisse pour fixer sereinement la prise jack. Il va falloir la rendre plus fine de l’intérieur en utilisant un foret de 8mm par exemple.

Le faire tourner avec les doigts est normalement suffisant pour altérer le plastique qu’il faut rendre environ 2 fois plus fin (le faire passer de 3 à maximum 2mm d’épaisseur). Une fois l’opération terminée, il ne restera plus qu’à mettre la prise jack en place grâce à l’anneau de fixation qui se visse de l’extérieur. Mais attendons encore un peu avant de le faire.

Maintenant le switch (sauf pour ceux qui ont choisi de ne pas exploiter les différentes palettes). Pour le switch 3 positions, un trou de 4,5mm (le plus à droite sur la photo) suffit à notre bonheur : il ne restera plus qu’à le fixer sur la coque le moment venu. Et voilà une coque de NES prête à accueillir le fruit de nos efforts !


MA COQUE EST FAITE !!!


Pour ceux qui ont opté pour le switch 4 positions : il faut utiliser un Dremmel ou un outil similaire, c'est-à-dire le genre de choses que personne n’a chez soi. En tout cas pas moi. Là encore, l’option « à l’arrache » sera ma meilleure alliée. J’ai pris un foret un peu plus large que l’épaisseur du switch, j’ai fait des marques pour savoir sur quelle largeur je devais percer, et j’ai fait des trous rapprochés. Ensuite j’ai grignoté le plastique entre les trous par des mouvements de va et vient avec la perceuse (vagues graveleuses 2, le retour…). 2 trous fins à droite et à gauche pour les vis, et le tour est joué.

Dernière étape : le remontage

On touche au but et ce qu’il reste à faire n’est plus très compliqué. On commence par remettre le blindage en place en faisant passer les fils comme sur la photo.

Ensuite on met la carte mère en place en orientant les fils, la prise jack et le switch vers les orifices adéquats et en faisant ressortir le régulateur de tension vers l’arrière de la console.

Il faut bien faire attention à ne rien coincer et à ne pas tirer sur les fils. Une fois la carte mère bien en place, les 2 fiches vertes et la fiche bleue connectées à nouveau et les fils dans la bonne direction, quelques tours de vis s’imposent pour la fixer définitivement dans la coque. Il faut ensuite mettre le switch en place, ce qui ne doit poser aucun problème.

Il reste encore quelques fils à souder, ceux entre le module RGB et la sortie RGB. Il suffit de bien respecter le principe du « fil vert sur le bouton vert, le fil rouge sur le bouton rouge » pour ces derniers points de soudure à faire juste avant de mettre la sortie audio à sa place.

Maintenant il faut remettre le contacteur en faisant bien attention aux nombreux fils qui traînent dans la coque. Pendant des années de démontage/remontage de NES, j’ai été obligé de ne pas le serrer à fond sur la carte mère sinon le mécanisme ne fonctionnait plus correctement. La solution à ce problème m’a été soufflée par l’ami bubbleman sur le forum : il y a une espèce d’encoche sous le connecteur qui sert à bien le caler sur la carte mère.

Au moment de remettre le blindage, il faut fixer le régulateur de tension ici pour éviter qu’il ne se balade dans la coque :

Il y a un trou spécialement pour ça, Maître Tim a décidément pensé à tout… Allez vite, on remet le capot en place en trépignant d’impatience à l’idée de tester tout ça.

Sauf que… Une console modée c’est bien, mais sans câbles elle ne sert pas à grand-chose. Il est donc temps de sortir le kit de montage pour fabriquer le câble RGB qui va bien.

Bonus level : fabriquer le câble RGB

A l’époque de ma commande, les câbles prêts à l’emploi étaient épuisés donc je ne suis rabattu sur le kit à monter soi-même. Vous allez voir, c’est quand même moins compliqué que de moder la NES. J’avoue que vu la différence de prix, il peut être tentant de commander un câble tout prêt, mais les braves, les vrais fanas du fer à souder, commanderont le kit.

Ce kit contient :

- Un câble vidéo (A)
- Une résistance (B)
- Un circuit principal (C)
- Une prise audio jack femelle (D)
- Une prise vidéo DIN (E)
- Une LED rouge (F)
- Une barrette de 4 broches à séparer (G)
- Un circuit « boost converter » (H)
- Un bloc péritel (I)
- Un câble audio (J)

Le tuto de Maître Tim est pour une fois assez détaillé. Pour les non-anglophones, on va reprendre les choses dans l’ordre.
Il faut commencer par ouvrir le bloc péritel et repérer le côté avec les 5 picots. Avec une pince coupante, il faut faire des entailles entre les picots 1 & 2 et les picots 4 & 5 et enlever le plastique pour faire de la place pour le bout de circuit qui va dépasser. Ca marche aussi au cutter.

Ensuite il faut mettre le connecteur et le circuit en place dans le bloc et souder au niveau des pattes aux 2 extrémités. Seulement ces deux là pour le moment !

Une fois l’étain refroidi, il faut vérifier que le bloc péritel se ferme bien. Si ça coince, il faut ressortir le connecteur et le circuit et refaire chauffer l’étain pour donner une légère inclinaison au circuit par rapport au connecteur. Bref, il faut ajuster tout ça jusqu’à ce que ce satané bloc péritel accepte de se fermer. Une fois que tout est rentré dans l’ordre, il faut souder les autres pattes (sans oublier de faire l’autre côté)


Maintenant il faut souder les deux prises (audio et vidéo), la résistance et la LED. Pas de problème particulier pour les prises et la résistance, mais la LED a un sens donc il ne faut pas se tromper.

La patte la plus courte est la cathode qu’il faudra souder côté K sur le circuit (et donc l’anode sur A). Pour la longueur des pattes à conserver, zieutez sur la photo (de mémoire environ 3cm).
Il ne reste plus qu’à souder le « boost converter ». Il suffit de désolidariser les broches, de les souder sur les 4 emplacements prévus, et de souder le circuit dessus.

Fini les soudures, on peut maintenant mettre l’ensemble en place dans le bloc et refermer, sans oublier de visser le capuchon pour que le bloc ne puisse plus s’ouvrir.


Bilan

C’est enfin l’heure du grand test. On sort les câbles, on relie console et bloc péritel, on branche tout, et on allume télé et console en tremblotant un peu à l’approche du moment suprême. Et là c’est le drame. Fini la demi-molle prête à se transformer en kiki tout dur qui jizze dans tous les sens. Enfin c’était le drame, jusqu’à ce que je me souvienne que ma NES à pas cher mon frère achetée spécialement pour le mod était assez vieillissante et que j’avais eu des problèmes au démarrage. Vite vite, on cherche une cartouche bien propre sans oxydation sur les contacts, on souffle dans la NES, on souffle dans la cartouche, on met et on enlève la cartouche plusieurs fois, jusqu’à crier victoire. PUTAIN C’EST BEAU !!! Tous ces efforts n’ont pas été vains, ce que j’ai devant les yeux est tout bonnement magnifique. J’ai enfin mon Saint-Graal !!

Mais il y a une leçon à retenir de cette dernière mésaventure : vu l’investissement que représente cette NES RGB, autant lui mettre un nouveau contacteur tout beau tout propre, ou au moins le nettoyer et, le cas échéant, redresser légèrement les contacteurs. Bref, lui redonner la cure de jouvence prônée ici.

Epilogue : pourquoi ma première NES modée ne ressemble pas à celle de mon propre tuto

Ha ha oui… Faites comme je dis, pas comme je fais… Hahem…
Je dois confesser avoir procédé différemment lors de mon premier mod. Comme je le disais en intro, Maître Tim a, malgré toutes ses qualités, eu le défaut d’être relativement avare en détails pour ce qui concerne son tuto. Du coup j’ai suivi ses instructions comme j’ai pu, et je me retrouvais à devoir souder le bout de circuit au cul de la prise DIN RGB alors que les 6 fils vidéo étaient déjà soudés dessus, que la carte mère était en place dans la console, et qu’il ne me restait donc qu’un espace minuscule pour opérer. J’ai pas osé, et mon paternel non plus. Du coup on a appliqué ce que j’appelle la « technique du couard ». On a dessoudé les 6 fils du bout de circuit, on a fait passer les fils par le trou sensé accueillir la sortie RGB, et on fait les dernières soudures en dehors de la console.

Du coup ça fait des fils qui dépassentet une interdiction formelle de tirer sur les câbles. Un modèle [NES PAS ?] approved.


Quelques photos comparatives :

NES "RGB" française avec du composite converti en RGB:

Composite écran titre Super Mario Bros


Composite Super Mario Zoom


Composite score zoom

Bref, les fameuses couleurs qui bavent.

Une vraie NES RGB:

RGB écran titre Super Mario Bros


RGB Super Mario zoom


RGB score zoom

C'est propre et net. Ca le fait, non ? Maintenant Alex Kidd n’a vraiment plus rien pour lui… (désolé pour les fans de Sega, mais jamais deux sans trois comme on dit dans le Bouchonnois)

Infos complémentaires

Maître Tim a deux partenaires en Europe :
- Un en Allemagne qui propose le même matos pour 85 euros ou matos et montage pour 120 euros. Aussi un kit sans switch pour 99 euros et le kit+montage sans switch pour 150 boules. Le switch sert à passer d'une palette graphique à l'autre, mais pour avoir testé les 3, mon choix a été vite fait.
- Un en Angleterre qui propose le montage à 99 livres ou une NES déjà modée pour 149 livres
En gros, si je prends en compte les FDP, faire le mod moi-même m'a fait économiser une cinquantaine d'euros. Ca reste cher quand même, donc mieux vaut pas se louper.

Une vidéo où on voit ce que ça donne en pratique niveau boulot. N'oubliez pas que si ça a l'air simple, c'est aussi parce que le mec a du bagage.
Par contre, c’est l’auteur de la vidéo qui m’a dit lui-même que raccorder le module RGB au bloc péritel d’origine des NES françaises donne des parasites au bout de 20 minutes de jeu, donc tout ce qui est entre 25 :55 et 28 :35 est à oublier.