"Welcome to [NESPas?], I am Error"
North & South
Infogrames - 1989
Chaaaaaaaaaaaargeeeeeeeeez !! par Hebus San

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Qui n’a pas vibré dans sa tendre jeunesse (et aujourd’hui encore) en lisant les aventures de Blutch et Chesterfield ? Qui n’a pas hurlé de rire devant les facéties de Stilman, les colères d’Alexander ou la folie de Stark ? Les tuniques bleues sont un monument totalement incontournable de la BD francophone, et ce n’est certainement pas par hasard que cette série fête cette année même son 35ème anniversaire.

Née sous la plume de Salvérius et de Cauvin, ce seront surtout les dessins de Lambil qui lui offriront ses heures de gloire. Aventures burlesques de deux engagés « volontaires » dans l’armée nordiste pendant la guerre de sécession, les tuniques bleues mettent en scène avec plus ou moins de réussite (les derniers albums étant d’une qualité moindre que ceux des années 70-80) de succulentes petites tranches de vie destinées essentiellement à éclairer nos problèmes de société actuels. Le tout étant servi par l’immense scénariste Cauvin, inutile de préciser que les dialogues sont particulièrement savoureux.

Et devant un tel succès populaire, l’industrie du jeu vidéo pouvait-elle se permettre de laisser passer l’occasion ? Non. Et c’est Infogrames qui s’y colle en 1990.



Le jeu sera une adaptation de la BD sous une forme stratégie/action au tour par tour,le tout agrémenté de phases d’action plutôt nerveuses. Entrons dans le détail.

Plusieurs modes sont disponibles. Bon en fait c’est le même mode avec plusieurs options activables.

Tout d’abord il vous sera possible de choisir le niveau de l’ordi qui vous affrontera (entre 1 et 3). Ensuite vous pourrez décider si la météo se mêlera ou non à la fête, ainsi que les indiens et autres mexicains. Y'a même un débarquement qui est paramétrable. Oui, un débarquement. En pleine guerre de sécession. Clin d’œil des développeurs français j’imagine. Pour un jeu franco-français du reste. Enfin bon. Rien qui casse trois pattes à un manchot.



Graphiquement c’est beau. On reconnaît parfaitement les personnages de la série (avec le célébrissime Cancrelat), et la carte comme les champs de bataille sont mimis tout plein. Les phases d’action sont également parfaitement rendues,un vrai régal pour les yeux. A vrai dire, je n’ai pas connaissance de jeux bâclés graphiquement sur Amiga. Des jeux moyens oui, mais aucun qui soit véritablement à chier. Quelle belle bête vraiment… en tout cas c'est ce qu'elles disent toutes.

Du point de vue sonore (c’est beau ces expressions… le monde entier nous les envie), Amiga oblige, c’est beau, très beau, très très très beau. Toujours aussi inimitable, toujours aussi reconnaissable, définitivement parfait. Modélisation de voix, musique qui trotte dans la tête, effets sonores désopilants, bref le menu "découverte" au grand complet. Avec une musique d’intro qui fout bien dans l’ambiance. Du tout bon.



En ce qui concerne le jeu en lui même, vous incarnez un général devant mener ses troupes à la victoire. Soit vous trucidez toutes les troupes adverses, soit vous capturez tous les forts de l’ennemi. Les forts servent de points d’arrêt pour le train qui ravitaille votre compte en banque. Deux forts, et vous voilà doté de deux sacs d’or par tour. Tous les 5 sacs, c’est un bataillon de plus qui vous est alloué. Les forts sont donc des points stratégiques, de même que les régions côtières qui permettront le débarquement de troupes (enfin l’une des régions, celle qui est étroite et horizontale).

Les indiens/mexicains emmerderont les troupes trop près de la frontière, et la météo immobilisera les soldats sous la pluie.

Et quand par bonheur deux troupes ennemies se croisent…



On bascule dans le mode bataille rangée. 3 types de troupes sont à votre disposition.

* Le canon : immobile, il peut juste se déplacer de bas en haut et ajuster la portée de son tir. Dévastateur contre l’infanterie qui avance lentement. Mortel dès qu’il y a un pont sur la carte.
* La cavalerie : ultra mobile et rapide, elle fera un malheur dans les rangs adverses si elle arrive au contact. Mon unité favorite. Toutefois deux cavaleries qui s’affrontent se déciment souvent mutuellement sans qu’on sache trop pourquoi…
* L’infanterie : 6 bons poilus de base, baïonnette au canon et trouille au ventre, qui avancent en rangs de 3 et qui tirent à faible portée. On s’en sert quand il ne reste que ça.

Le nombre est fixe au départ. 1 canon, 3 cavaliers et 6 fantassins. Mais vous pouvez également regrouper vos troupes ! Les effectifs s’additionneront, mais vous aurez moins de possibilité de capturer les forts adverses et de défendre les vôtres. C’est une question de point de vue…



Et pour bien choisir autant le faire en toute connaissance de cause. Les attaques de fort donneront lieu à une petite séquence plateforme ultra nerveuse où vous vous battrez contre le temps. Avant que le réveil atteigne le bout de l’écran vous devrez arriver jusqu’au drapeau. Sinon c’est perdu et votre bataillon rejoint sa région d’origine sur la carte.

L’action est très simple. Vous avez un bon soldat en main, deux niveaux (le mur ou la cour) et moult obstacles qui viendront vous gâcher la promenade : soldats adverses (avec des couteaux), chiens, charges explosives, charriots qui traînent au milieu, caisses, etc…

A chaque contact avec un couteau, un chien ou une bombe, vous perdrez de précieuses secondes. Vous êtes immortel certes, mais vous êtes bigrement limité niveau temps ! C’est un véritable challenge de prendre un fort au niveau 3. Et contre un joueur humain qui manie bien sa défense, je ne vous en parle même pas.



Et oui, car si l’ordi attaque votre fort, faudra défendre. Et là on vous fournira des soldats en nombre limité à envoyer sur l’un ou l’autre de niveau pour faire perdre quelques secondes avec un couteau bien placé. Une fois que vous aurez épuisé vos soldats, il vous restera à assister à la scène et à prier pour avoir suffisamment retardé l’ordi/le joueur adverse.

Il est amusant de noter que si une de vos troupes se trouve sur le trajet du train qui relie deux forts adverses, vous aurez la même séquence d’attaque à bord du train qui roule. Joie !



Si je cite souvent le joueur adverse, moi le Troll solitaire par excellence (je n’ai pas d’ami, je les ai tous bouffés), c’est parce que l’IA est assez prévisible. Voire même nullissime. Certes le jeu est dur, mais ça se passe toujours de la même façon. Et puis dans les batailles rangées, l’IA contrôle toutes ses troupes en même temps alors que vous, vous vous retournez un ongle en essayant désespérément de remuer votre infanterie pour qu’elle évite un tir de mortier meurtrier tout en alternant vos commandes pour éviter que votre cavalerie finisse dans le ravin. Pas très fair play tout ça hein… enfin là je vous le sors posément, avec du recul et tout ça, mais à chaud c’est nettement moins châtié. Je vous laisse imaginer.

North and South prend donc toute sa saveur à deux joueurs. Et comme la carte est toute petite et le nombre d’actions relativement limité par tour, on n’attend pas 3 plombes que le goret qui ose vous affronter finisse de se ridiculiser en réalisant des actions à la limite du crétinisme (mais il ne va quand même pas placer ses troupes là ? Non ? SI : WAAHAHAHAHA, le con, je vais lui pulvériser la pastille !). Bref c’est délicieux. Rafraîchissant comme un zeste de citron vert sur un Perrier on the rocks.



Pour terminer, j’ai appris à l’occasion de ce test que ce jeu existait sur NES. Il était donc impensable de boucler ce texte sans en dire un petit mot. Je ne vous cache pas mon incrédulité quand Taz m’a appris la chose. Déjà que Taz m’apprenne quelque chose ça frise l’irréel, mais qu’un tel jeu puisse s’exporter sur NES, alors là on dépasse le cadre de la physique quantique conventionnelle… (NDLR : L’équipe éditoriale vient de réaliser que si Hebus cassait autant TaZ c’est qu’Hebus était impressionné par sa grandeur. Ce qui est tout à son honneur, même si cela nuit à la cohésion de l’ensemble. Nous le fouetterons donc en place de grève comme convenu avec des orties fraîches)

Et bien non. Aussi surprenant que cela puisse paraître, le portage est très soigné. Seules les phases d’actions sont un peu délicates, vu que la maniabilité est assez rigide, mais globalement le travail fournit est admirable. D’ailleurs jugez par vous même sur les différents screenshots. Non, vraiment la NES n’a pas à rougir de la comparaison. Du beau boulot !

Par contre je ne sais pas si vous trouverez la cartouche facilement…







Un très bon jeu, indispensable pour les aficionados de la série, à découvrir pour les amoureux de l’Amiga, à tester pour ceux qui aiment jouer à deux, à lire en test si vous aimez ce que je fais, à aller prendre un rendez-vous avec Zygot pour tous les autres.^^
Le point de vue de César Ramos :
Comme tous jeux amiga : peu cher, présent en lots... Pour la cartouche NES, oubliez-la. Purement franco-francophone, elle est très rare.