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Speedball 2
Bitmap Brothers - 1990
Ice cream, ice creaaaaaam ! par Hebus San

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Mes enfants bonjour. Une fois de plus le Troll vient à vous pour vous apporter la très saine parole du chroniqueur suprême. Après maintes réflexions sur l’orientation future de mon artistique prose, j’ai décidé de n’en pas changer le contenu d’un iota. La remise en question immobiliste en quelque sorte. Je ne suis plus à un paradoxe près.

Immobiliste ? Pas tout à fait. Car si j’aime à croire que mon style vous plaît (sinon que feriez vous là ?), la redondance pathétique inhérente aux tests de jeux issus d’une seule plateforme est un redoutable prédateur pour l’inspiration qui m’habite.

C’est donc dans un souci de fraîcheur que j’ai demandé au big boss l’autorisation de traiter d’autres plateformes. Et IL m’est apparu…

« Loué sois-tu ô rosâtre magnificence ! »
« Lâche-moi le dessous des couilles, qu’est ce que tu veux tas de poils ? »
« Je me demandais si dans un juvénile élan de jubilation spontanée vous m’autoriseriez à faire des tests de jeux sur Amiga ? »
« J’entrave peau de zobi quand tu causes compliqué… tu veux quoi ? »
« Et bien je voudrais tester les jeux d’Amiga… »
« Tes amis je m’en secoue la nouille. Et ils peuvent avoir les jeux qu’ils veulent, ça me remue la roupette droite sans me faire broncher la gauche. Je sais pas si tu vois à quel point ça me touche ? »
« Fort bien bubblegum céleste. Et donc ? »
« Donc tu te démerdes »
« Il sera fait selon votre exquise volonté »
« Buuuuurp ! »
« Amen »

(NDLR : ce dialogue purement fictif issu de la féconde imagination de notre troll à tous n'a bien entendu jamais existé. Le webmaster de ce site a autorisé sa publication à but informatif, en se détachant cependant de tout le contenu injurieux. Le dit webmaster pisse bien entendu sur la famille du pigiste en question, et vomit sur sa descendance. Tout ceci dans un soucis de camaraderie, cela va de soi)



Encore tout tremblant d’émotions diverses, je me mis donc en quête d’inspiration pour l’une des gloires passées de cette fougueuse machine. Mais pas besoin de chinoiser plus longtemps, c’est bel et bien du légendaire Speedball 2 qu’on va causer.

Pourquoi légendaire ? Pour plusieurs raisons.

Premièrement l’Amiga est une machine de légende. Bête de course taillée pour la gagne, c’est avec une facilité déconcertante qu’elle enterre tous ses rivaux de l’époque, Atari ST compris (et oui, déjà le Troll participait à des guerres stupides et stériles).



Deuxièmement, l’équipe qui a développé le jeu est un mythe de l’âge d’or des jeux vidéo. Les Bitmap Brothers sont une institution mondialement reconnue. La meilleure équipe d’alors aux côtés d’autres grands comme la Team17 (à ne surtout pas confondre avec East17 au risque de passer pour un ENORME blaireau). Tout ce que ces gars touchent se transforme en or pur. Et Speedball 2 ne va pas déroger à cette règle. Histoire d’un carton colossal.

Speedball 2 est une simulation sportive. Mais ?! Mais attendez !! Partez pas comme ça ! Je rectifie : Speedball 2 est une simulation d’un sport futuriste imaginaire ultraviolent à base de handball et de jeux du cirque. Aaaaahhhh, votre enthousiasme fait plaisir à voir. Je savais que vous aimeriez ça, taquins que vous êtes.

Le principe du speedball est crétin : vous collez deux équipes de 9 joueurs équipés d’armures extra lourdes dans une arène chauffée à blanc, lancez leur une baballe en métal injecté, et saupoudrez avec un vendeur de glace ambulant.



Je fais ici une petite parenthèse pour vous parler de Speedball 1 : le principe est identique mais avec moins de joueurs et surtout une réalisation technique plus faible, ce qui ne l’a pas empêché d’être un joli succès en son temps. Fin de la parenthèse.

Ah non, rouvrez-la. Si je cause du marchant ambulant c’est tout simplement parce qu’il est mythique. Il est LE symbole de Speedball 2. Paris a sa tour Eiffel, Amsterdam ses coffee shops, et Speedball 2 son marchand ambulant. Les joueurs ayant posé leurs mains sur ce titre vous confirmeront mes propos. Ce gars là est une star, peut être même plus que les joueurs eux-mêmes (c’est dire… Seline forever). Pourquoi ? A-t-il une quelconque importance dans le jeu ? Aucune. Et pour tout dire vous ne le verrez jamais. Tel un Ramos avant l’heure, il agit dans l’ombre des projecteurs. Surgissant aux détours des travées gorgées de supporters braillards pleins comme des huîtres, il scande d’une voix venue d’ailleurs « Ice cream, ice cream ! ». Voilà. Vous connaissez la légende. Ça a l’air très très con couché sur le papier comme ça, mais à cette époque les voix digitalisées n’étaient pas monnaie courante dans les jeux. Et que Speedball 2 se permette le luxe d’intégrer la voix du vendeur dans les gradins, c’était la marque de la classe absolue. A tel point que le gimmick favori des joueurs d’alors pour parler du jeu se résumait invariablement à :

-« T’as essayé Speedball 2 ? »
-« Ouais il est trop bon hein ? Ice cream, ice creaaaamm !! »



Et je n’invente rien. Bref, c’est inutile mais c’est ça qui a bâti le mythe.

Mais pour faire un mythe il faut un jeu hors norme au départ. Et de ce côté là les bitmap brothers ont réalisé un sans faute.

Autant annoncer la couleur clairement, techniquement le jeu frise la perfection. Nous sommes en 2005 et c’est toujours un immense bonheur de disputer un championnat de Speedball 2. Le gameplay n’a pas pris une ride. La jouabilité est parfaite et graphiquement ça poutre sa putain de race, passez-moi l'expression.



Parlons-en du graphisme tiens. Les amateurs reconnaîtront immédiatement la « patte » Amiga sur les screenshots. Cette fantastique bécane (trop bon le terme de vieux routard de la micro… just call me « Tilt ») avait ce « je ne sais quoi » de parfaitement reconnaissable au premier coup d’œil. Une ambiance graphique très particulière qui, et c’est purement subjectif, n’a absolument pas souffert du passage des années. C’est toujours un vrai délice pour les mirettes. Les couleurs sont parfaitement choisies, et les dessins bien finalisés (si l’on fait abstraction des écrans fixes qui ponctuent victoires et défaites et qui sont un cran en dessous de la qualité générale). Les sprites sont mimis tout plein, et l’ensemble est d’une cohérence artistique tout à fait délicieuse. On se croirait vraiment en plein milieu d’une arène.

Car si les sprites sont mimis tout plein, les actions qui vont être les leurs sont nettement moins fleur bleue. Le but du jeu est simple : marquer plus de points que l’adversaire. 3 moyens pour cela : marquer des buts, allumer des rampes d’étoiles sur les parois de l’arène, et tuer les joueurs adverses. Oui, je savais que vous aimeriez.



Tous les moyens sont bons, et le gameplay est réellement une leçon du genre. Outre une jouabilité miraculeuse, les actions possible sont d’une variété impressionnante. Enfin pas vraiment théoriquement. Le coup d’envoi est donné par une plaque située au centre du terrain qui projette la baballe en ferraille en l’air. Malheur à celui qui l’attrape le premier… tel un étron bien frais sur une plage au soleil de juillet, il sera assailli par les gros bills de l’équipe adverse qui se jetteront sur lui comme une armée de mouches affamées. Pour les contrôles aucun souci. Vous aurez à gérer la direction et un seul bouton (héritage ancestral des joysticks de l’époque) qui vous servira soit à satonner l’adversaire (officiellement un tacle BIEN musclé) quand vous n’aurez pas la balle, soit à tirer quand elle est vôtre. Pression courte, tir à ras de terre, pression longue, balle lobée ; avec la possibilité de tendre votre mimine en l’air pour rattraper une balle lobée. Et basta, tout est là.

Ça pourrait être chiant sans la kyrielle d’options qui vont pleuvoir sur le terrain. Moult bonus et malus apparaîtront au hasard, ainsi que des pièces d’armure ou du pognon (pognon is good, surtout à speedball 2). Citons en vrac un boost limité pour tous vos joueurs, un invincibilité de votre but, l’immobilisation temporaire de toute l’équipe adverse (joie) ou bien un tacle massif qui met à terre tous les adversaires (JOIE).



Rajoutez à ça que les parois fourmillent de gadgets en tout genre : des étoiles à frapper avec la balle pour obtenir des points, des rampes à allumer (toujours avec la balle) pour avoir des bonus en cas de but ou d’adversaire séché, des warps qui envoient la balle de l’autre côté du terrain en un instant, et surtout le sacro saint bumper chauffant qui transformera la bouboule en missile thermonucléaire agressif rouge vif. Une fois la balle de cette couleur, si vous effectuez un tir, tout adversaire sur la trajectoire subira un réel désagrément. En clair si vous cadrez le tir, ça fait but. Problème numéro un : il y a un énorme bumper basique devant chaque but qui réduit énormément l’angle de tir. Problème numéro 2 : si un adversaire vous tacle, il récupère la balle… qui reste rouge… et croyez moi l’ordi la manipule beaucoup mieux que vous. Une belle arme à double tranchant.

Tout ceci dans une ambiance survoltée et à un rythme effréné. L’action est d’une nervosité incroyable, et pourtant tout reste toujours sous contrôle. C’est le véritable tour de force de ce jeu.



Et qui dit ambiance dit environnement sonore. Et là c’est le GROS PANARD. Les capacités de l’Amiga dans ce domaine ne sont plus à démontrer, et c’est la quintessence de la machine qui nous est livrée ici en terme de bruitages. Les coups pleuvent, et c’est un véritable régal auditif. Pas une seule fois le déluge de gémissements et de cris des tribunes ne vous saoulera tellement il est bien foutu. Un véritable nectar pour vos cages à miel !

Et puisqu’on parle du son, je ne saurais également vous conseiller d’essayer cette pépite juste pour entendre la musique d’intro qui est selon moi l’une des plus belles sur Amiga. Elle est parfaitement adaptée à l’ambiance du soft et transpire la brutalité et les gros affrontements musclés.



Pour parachever le chef d’œuvre citons donc en vrac les animations purement ridicules, et donc totalement craquantes, de vos joueurs lorsque vous marquez, les ralentis intégrés automatiquement après chaque but mais qui restent supprimables, la possibilité de sauvegarder vos plus belles réalisations ainsi que moult autres petits détails de gameplay (piétiner un adversaire pour l’empêcher de se relever…. Gnik gnik gniiiik) qui raffermiront l’ensemble. Une pépite vous dis-je.

Jouabilité hors pair, graphismes finement ciselés, musiques de virtuose… que manque-t-il ?



Une difficulté impeccablement dosée. En mode championnat un joueur, vous aurez la lourde tâche d’accompagner les Brutal Deluxe jusqu’au sommet de la hiérarchie Speedballesque. Autant vous prévenir d’emblée, ces gars là sont ce qui se fait de pire en la matière. Un gros tas de bras cassés vraiment manches qui n’ont visiblement pas grande attirance pour le sport et le sang. Une équipe de Gastons Lagaffes et de Pierres Richards en quelque sorte…

Pas de panique, vous démarrez en division 2. Et comme dans tout jeu de l’ère capitaliste qui se respecte (c’est à dire tous les jeux ayant jamais vu le jour, Tetris excepté, et encore…), c’est le pognon qui vous aidera à sortir de votre trou boueux pour gravir les marches de la gloire et révéler au monde quel coach de génie vous êtes. Pour cela il vous faudra gagner, et gagner avec le plus de buts possible d’écart. Et tant que vous y êtes ramassez un max de pièces sur le terrain, ça pourra certainement vous aider.



En cours de saison vous pourrez soit acheter des joueurs neufs (bien meilleurs que vos carpes leucémiques là…), soit transformer vos poneys nains anémiques en étalons pur sang gonflés à bloc et prêts à la saillie ! Gardez toutefois à l’esprit que quelle que soit la somme que vous investirez sur vos cafards boiteux (ça se sent que je ne les aime pas ?), ils ne vaudront jamais un joueur de ligue 1 acheté spécialement. L’achat de joueurs est primordial à speedball 2. Les joueurs pro de ligue 2 vous aideront à arriver en ligue 1, et en les revendant vous obtiendrez des joueurs de ligue 1 pour moins cher. Il est totalement illusoire d’espérer gagner un match de ligue 1 avec des joueurs de base. Surtout si vous affrontez la Rolls des équipes : Les Super Nashwan. Nom mythique qui aura donné des sueurs froides à plus d’un joueur de speedball, ces mecs là sont des poisons absolus sur un terrain, et ils vous en feront voir des vertes et des pas mûres… Comme chaque match se joue en aller et retour (comme un championnat de foot standard), il vous faudra prier pour que le calendrier soit avec vous. Si vous tombez sur les Nashwan en premier match vous prendrez une fessée cul nul avec une pelle cloutée devant toute une arène qui hurlera de rire, et il y a fort à parier que pour le match retour (après tous les matches aller donc) vous ne soyez pas encore suffisamment bien équipé pour espérer vous en sortir vivant… Je pense que vous avez saisi le concept.

Mais avec de l’entraînement et un peu d’abnégation, il est tout à fait réalisable de finir premier, même avec une ou deux défaites en début de saison. Et c’est ce qui fait tout le plaisir du soft : il est parfaitement accessible moyennant une adaptation minime et un peu de pratique.



D’autant plus que si la league vous gonfle, il vous reste des matches immédiats, la coupe (élimination directe) ou l’entraînement. Et dire que tout ça tient sur une pauvre disquette de merde…(gros regard appuyé et lourd de reproches aux développeurs actuels qui eux ont 4.8Go pour caser leurs idées… qu’ils n’ont plus).

Vous l’aurez compris, Speedball 2 est mon jeu favori sur Amiga. Certes je n’ai jamais possédé la divine machine, mais mes quelques expériences ludiques sur ce support m’ont conforté dans cette idée. Ce titre offre une replay value tout bonnement incroyable, et une immense dose de fun dès les premières minutes de jeu, qu’on y ait joué la veille ou il y a 5 ans. Passer à côté serait vous priver d’une exquise gourmandise comme la vie en offre peu aux joueurs. Allez, lâchez donc vos affaires en cours, et courez gaspiller quelques heures sur ce monument. Vous me remercierez plus tard… Et il est à noter que j’accepte aussi les espèces.

Le point de vue de César Ramos :
Comme tous jeux amiga : peu cher, présent en lots...