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Business+
FIL - 1986
J'aurais voulu être un artiste... par EcstazY

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Amis oldies, vous êtes vous déjà imaginé en PDG de folie, à donner des directions stratégiques majeures à une entreprise non moins majeure ? Je peux le dire sans ciller, moi oui. Et ce depuis mon plus jeune âge. Dès que j’écoutais le blues du businessman, je pensais aux millions que j’allais engranger plus tard, en emportant dans ma réussite des centaines de familles reconnaissantes, faisant que les maris desdites familles m’offriraient leurs femmes, comme ça, pour la poilade. Mon côté artiste serait masqué sous les feuilles de calcul et les modèles mathématiques, mais ça serait bien, oh oui. Et ce rêve, avant même l’apparition de mes premiers poils fut possible, sur Amstrad.



Business + n’est pas un jeu classique. Ici, pas à proprement parlé de graphismes, pas d’animation au sens classique du terme, juste une simulation d’entreprise. Je sais, en 1986 ça fait rêver. Et bien figurez-vous qu’effectivement ça m’a fait rêver.



Après un écran titre tout ce qu’il y a de plus laid, on réalise que l’on est immédiatement dans un autre univers. Ici pas de monstre poilu, pas de méchant à casquette et à balafre, pas d’univers nouveau, pas de fille nue, pas de jeux de cartes, mais une ville, effrayante au demeurant, avec des trucs qui clignotent anarchiquement. On pourrait légitimement se demander si le CPC a planté, mais non, un texte apparaît et nous explique le contexte : nous avons une entreprise informatique, on va créer du profit. Puis c’est le choix du niveau de difficulté, et du nombre d’adversaire que l’on veut, si on veut jouer à simuler entre amis. Oui, à faire une partouze ratée en fait…



Et puis c’est directement un compte de résultat qui apparaît. Là, rien qu’en évoquant cette notion de base de comptabilité, j’ai déjà perdu la moitié de mon assistance. Revenez ! Je jouais à ce jeu à 6 ans, c’est donc que c’est possible. On influera sur 4 paramètres, appelé production, budget commercial et études et recherches, et prix de vente. On dispose en haut de notre trésorerie, sous la valeur disponible. A nous de la réutiliser intelligemment pour créer d’autres valeurs. Comme dans la vraie vie finalement…



On va donc déjà remplir nos entrepôts. On crée donc pour 2000 de marchandises par exemple. Le produit est nouveau, on doit le lancer aux yeux effarouchés et usés du consommateur, alors on met pour 5000 de commercial. Et comme nous ne sommes pas une vulgaire friperie, on va avoir un produit de qualité très correct, et on va fixer un budget de développement de 5000 aussi, pour que personne ne soit jaloux. Avec ses éléments, le CPC va fixer un prix de vente minimum sous lequel on ne serait pas rentable, le prix d’équilibre. A nous de dire combien notre joujou doit coûter vu ce qu’on a mis dedans. Notre CPC d’amour nous demande ensuite si on valide nos choix, et c’est parti pour le stress intense.



Oui, une stratégie n’est intéressante que si elle fonctionne. Sinon c’est peanut. L’écran d’après va donc représenter nos ventes en live sur la période. On voit une barre rouge et jaune, et une autre jaune. La rouge et jaune catalane, c’est nous. La jaune, l’ennemie, la vilaine concurrence. La barre au milieu, le but minimum à viser : si l’on est en dessous, c’est que notre produit n’est pas rentable. On en a vendu, mais on perd de l’argent… L’Amstrad fait ça au petit bonheur la chance, et on voit les barres monter tout doucement, ce qui peut provoquer un stress intense. Ou pas. On a 7 ans, on est sur Amstrad, et bon, concrètement on s’en fout. Mais on est intéressé quand même.



Ensuite on peut analyser les comptes de l’entreprise au détail. Super. On s’en cogne. On repasse directement à l’écran de sélection des 4 valeurs. Et c’est reparti. Et on relance la simulation. Et c’est reparti. Et on relance la simulation. Et c’est reparti. Et on relance la simulation. Et c’est reparti. Et on relance la simulation. Et c’est reparti. Et on relance la simulation. Et c’est reparti. Et on relance la simulation. Et c’est reparti. Et on relance la simulation. Et c’est reparti. Et on relance la simulation. Et c’est reparti. Et on relance la simulation. Et c’est reparti. Et on relance la simulation. Et c’est reparti. Et on relance la simulation. Et c’est reparti. Et on relance la simulation.



Et 10 heures après vous vous apercevez que votre entreprise a multiplié son capital par 38, que vous avez du succès dans vos affaires, que vous avez du succès dans vos amours, que vous changez souvent de secrétaire, que vous avez votre bureau en haut d’une tour, d’où vous voyez la ville à l’envers, d’où vous contrôlez votre univers… Et que vous ne supportez plus la misère.



Ou que non. 10 minutes se sont déroulées, et vous avez craqué. Le rythme insupportablement lent de ce jeu vous a fait fracasser avec tristesse votre clavier, et les barres moches tracées au ralenti vous ont fait perdre patience. Alors tout est en miettes à vos pieds.

Car Business+ n’est pas un jeu. C’est une simulation ultra light d’entreprise. Avec un modèle économique aléatoire de merde, des principes financiers douteux, et un charisme de moule arthritique. C’est à se demander comment j’ai pu passer autant de temps dessus, vu son manque inhérent de personnalité. Comme parler pendant des heures à un mariage à cette vilaine fille qui fait tapisserie depuis des années, alors qu’elle est muette, pleine d’acné purulent, et que cette superbe suédoise vous fait de l’œil en se caressant sur une chaise depuis 2 heures. C’est incompréhensible et invendable.



Alors on est en droit de se demander pourquoi devant de tels « jeux » nous ne sommes pas des artistes, pour se demander pourquoi cela existe. Et on retourne à la vraie vie, et à la suédoise.
Le point de vue de César Ramos :
Relativement rare neuf, mais en copie un grand classique...