Bonjour ami(e) internaute ! Tu es là seul, avec le cœur froid comme l’hiver, et tu as quelques centimes devant toi ? C’est bien. Va au PMU du coin et va faire un flipper. Quoi ? Tu n’aimes pas l’odeur de sueur, de tabac froid et de pastis mélangés ? Ah ah mais tu es oldies, c’est bien. Rallumes donc ton Amstrad, et laisse la magie opérer. Quoi ? Tu ne connais pas Macadam Bumper ? Mon dieu, sors, tu me fais honte. Mais non reviens, sot, je vais te montrer ! Ah ah que tu es crédule mon ami(e)…
Macadam Bumper est donc (si mon introduction est assez claire) un jeu de flipper sur Amstrad. Dans l’énoncé, cela peut faire peur, mais en fait non. Remi Herbulot, l’auteur, est devenu une légende suite à ce titre, et vu le nom on ne peut que l’estimer : il est français. Mais trêve de chauvinisme à la con, qu’est ce qui fait la légende de Macadam Bumper ? Un jeu de flipper, c’est bien, mais pas de quoi en faire un mythe. Moi-même je n’aime pas vraiment ça, mais bon ? Et bien si, celui là me plait bien, car particulièrement novateur. Zoom.
L’écran titre de tueur. Le punk bien typique de ces sombres années de 1980. La crête verte bien pétant et le regard du veau mort. Le manteau trop large taillé carré. Merveille des merveilles ! Et les bruitages. Mon dieu tous les bruitages du flipper réunis dans un seul écran ! On s’y croirait, l’Amstrad sent déjà la clope froide. Enorme. Puis l’écran des options. Moche. Mais j’en vois deux qui me fascinent toujours autant : réglages des touches et édition des niveaux. Mon dieu, mais où va-t-il chercher tout ça ? Oui, le paramétrage des touches en ces années là a quelque chose de magique, de beaucoup beaucoup trop rare. Exceptionnel. Sur nos émulateurs chéris, tout est configurable, mais souvenez-vous l’époque faste où on devait s’adapter à un jeu – un clavier. Hein ? Et bien pas ici, la grande classe !
Mais on ne commence pas un jeu par l’éditeur de niveau. Hop une partie. Premier coup d’œil. Une jeune femme à l’œil particulièrement coquin me dévisage légèrement. Les couleurs sont un peu pas assez nombreuses… Doux euphémisme. 4 couleurs suffiront tout le jeu durant, mais la vie est ainsi faite, j’assume. On lance la balle en levant les deux flips. Hop c’est parti là hop hop chaud bouillant. La balle a un moteur physique qui se tient. Si si. Elle rebondit à peu près proprement, et elle ne fait de rebonds contraires à la logique. Ouf. Oui, sur Amstrad, la physique n’est pas encore totalement aboutie. Ce n’est pas le processeur de pauvre dont la bête est dotée qui va gérer la crise, loin de là. Mais tout a été pensé pour laisser un maximum de place à la « simulation ». La table est sympathique, avec ce qu’il faut pour mettre une bonne ambiance au jeu. Frais.
Mais l’intérêt du jeu en 1985 est tout autre. L’auteur a voulu être original et proposer un véritable éditeur de niveau. Bon, il avait oublié que la même chose existait sur Apple 2, mais là n’est pas la question. Il l’a donc fait sur Amstrad. Et le résultat est extraordinaire. En plus de la modification de l’inclinaison de la table, des scores et autres fumisteries, il y a surtout l’éditeur de la table. Créateur de renom, designer de tous bords, venez conceptualiser des tables de flipper en 4 couleurs ! On se retrouve avec une table vide que l’on peut remplir. On déplace le curseur, on appuie sur une touche, et hop un flip. Puis un autre. Un champignon, une trappe, et c’est bon. Miracle ! Vous pouvez bien sur sauvegarder votre création sur une autre disquette, pour ne pas la perdre. Bon, j’admets que je ne me suis pas foulé pour faire la table de démonstration, j’ai appuyé partout. Mais bon l’image est là. Et après un peu de patience et de talent, quelle joie de jouer sur sa propre table. Avec la demoiselle qui continue de vous dévisager gravement.
Un jeu de flipper n’est pas un jeu où l’on passe des jours. C’est le genre de jeux auquel on joue une fois de temps en temps, pour la forme, pour se changer les idées, pour respirer, pour se rappeler l’ambiance embrumée des bars pas vraiment branchés, voire quasiment interlopes. Et ce jeu réussit parfaitement à combler ce vide de ma mémoire. Ce jeu sent officiellement le tabac froid, et même que certaines nuits de pleines lunes il dit « un demi, bien serré et sans faux col » pour remettre l’ambiance. Mais malgré le fait que je ne l’ai que depuis 15 ans, j’attends toujours… Avec amour.