A une époque où l’A380 n’avait pas encore fait hurler les personnes âgées qui avait perdu 15% de leur retraite dans un retard de programme, l’A320 était le maître des cieux. Et quand bien même cette réalité peut-être un peu arrangée vous dérange, je m’en contrefiche j’écris ce que je veux. Alors quand à 7 ans comme moi, fan d’aviation, on tombe sur un jeu qui a le nom de son avion fétiche, on fonce sur son Amstrad, et on lui fait bouffer la disquette.
Quelques « drive A read fail » plus tard, le jeu se lance. Paf, pas d’écran titre, directement dans l’action, comme un bon James Bond. On voit tout de suite le principe de la première partie du jeu : une image fixe, des zones d’action avec un petit curseur que l’on bouge, et un bouton d’action. Classique, même à 7 ans j’ai trouvé qu’il fallait aller chercher la clé dans ma poche pour ensuite cliquer sur la serrure. Je sais, c’est très impressionnant.
Après on enchaîne une série d’énigmes. Alors rassurez-vous, une fois de plus à 7 ans j’y arrivais, il n’y a donc pas de raison de craindre le vilain blocage du mal. On doit en fait enchaîner une suite de visite, de blabla avec les 3 personnes qui trainent dans l’aéroport, avant que vous ne preniez votre avion. Ah, j’ai peut-être oublié de vous dire, vous êtes pilote. C’est-à-dire l’homme en uniforme classe, qui se balade dans les couloirs de l’aéroport avec quelques hôtesses absolument hallucinantes, et se tape en plus le luxe de passer les portiques métalliques presque comme ça, là où le péquin doit sortir jusqu’à sa balle de coke analement cachée pour la poser dans un truc en plastique. Et bien aujourd’hui, cet homme très chanceux, c’est vous.
Vous allez donc devoir préparer votre vol, à savoir aller vérifier la météo, prendre les canaux de communication de la radio, tomber « comme par hasard » sur des indices louches (alors que bon, vous préparez juste un vol comme tous les jours) et au final prendre l’envol.
L’idée est sympathique, les énigmes simplistes à souhait, et on évolue avec une facilité déconcertante dans l’aéroport. Les graphismes en mode 0 sont franchement très fins pour l’époque, la digitalisation des images est sans faille, mais il subsiste une impression de vide total. Le hall de l’aéroport est désert. Les passagers l’ont déserté, pareil pour les salles d’attente. C’est le détail qui à chaque fois m’arrache un sourire. Et puis, si tout va bien, si vous avez le cerveau au minimum d’un enfant de 7 ans, on passe à une deuxième partie du jeu : la simulation de vol. « Retournez votre disquette face 2 »
Le jeu dispose donc d’un mode simulation. Alors là j’en vois qui rigolent comme des gros niais. Je sais, l’idée même d’une simulation sur Amstrad est abstraite, alors s’il s’agit en plus d’une simulation de vol, on peut techniquement frôler la tachycardie. Mais nous ne nous arrêterons pas à ce genre de détails, pop pop pop. On se retrouve alors dans une partie de pure action. On oublie le curseur en forme de pattes, et on passe en mode violet et vert très laid, mais en temps réel.
Il va donc falloir décoller. Accélérer progressivement, trouver la bonne assiette de décollage, rentrer les trains, garder un cap correct, le maintenir, se poser à plat dès que la radio sonne, trouver les bonnes fréquences, puis arriver à suivre le cap demandé à la radio avant de s’écraser comme une merde, etc…
Et bien là, ça n’a l’air de rien. Mais c’est une galère innommable. Autant vous mettre à l’aise, à 7 ans mon maigre cerveau ne passait pas cette épreuve. Je n’avais pas compris que d’un coup le jeu se jouait au clavier… Ahem. C’est donc relativement tendu. Surtout qu’en cas d’erreurs (et elles seront nombreuses, croyez-moi) l’Amstrad vous reset gentiment à la tronche, sans aucune forme de procès. Et ça ce n’est pas sport. Une machine ne reset pas gratuitement dans les mains d’un mec trop classe avec des Rayban®. Non.
On va donc en baver. Avant le drame (je ne révèlerais pas la trame scénaristique assez fraiche de ce jeu, trame qui à chaque fois a la bonté de m’arracher un sourire tellement le concept est abstrait, mais passons), il va falloir prendre 3 caps. Et c’est très complexe, car l’avion est difficile à manier, bouge lentement, et le créneau laissé par la machine pour dire que « c’est bon on peut passer au cap d’après » est infime. Il faut donc être hyper précis avec un A320. Comme découper du beurre avec une pelleteuse.
Mais la pression est très intéressante. J’ai rarement été à fond sur Amstrad. On s’amuse, fort heureusement, on trip on s’éclate on donne tout. Mais de la pression réelle, jamais. Là, manier mon jumbo jet avec ses défauts, les vilaines contraintes techniques de l’Amstrad, le clavier qui bip quand on appuie sur trop de touches et tout, c’est top. On est A FOND dedans.
Puis le drame. Alors je ne vous en dirai pas plus, mais on termine le jeu par une partie d’exploration, à la manière de votre séjour dans l’aéroport mort. Et paf, de manière identique, si vous avez un cerveau, vous vous en sortez.
Au final on passera une petite heure sur ce jeu avant de le terminer. L’alternance aventure / simulation / aventure est la bienvenue et fait que l’on ne voit vraiment pas le temps passer. On sera étonné des graphismes pour la machine, et de la qualité de la simulation, avec sa philosophie « sévère mais juste » de bon aloi. Et on y reviendra, une fois tous les 6 ans, pour s’amuser un brin sur sa machine au crocodile.
Une bonne grosse surprise que ce titre. Durée de vie à la cool, principe chouette, excellentes idées sans trop de fantaisies réelles. On s’y prend à fond et en ressortons heureux, et fier du travail accompli. Chaussez donc vos lunettes de soleil 80’s, et allez donc vous amuser avec votre manche à balais, il en vaut le coup.