Aigris, frustrés, émotifs : bienvenue.
NFL Football
Konami - 1990
Expérience limite par Petemul

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
A une époque où circulaient encore des francs en France et des deustchmarks en Allemagne, il était parfois avantageux de faire un achat compulsif, par exemple lors d'un séjour linguistique à Frankfurt am Main - Francfort, pour les incultes.
D'autant que la promotion valait vraiment la peine, du style "2 jeux pour le prix d'un" parmi la liste proposée. Evidemment, il n'y avait pas Prince of Persia ni Castlevania II, Belmont's Revenge, fallait pas rêver. Mais parmi les titres inconnus du bon français que j'étais, j'optais pour Castelian et - allez savoir pourquoi - NFL Football. Je dis bien "allez savoir pourquoi", car plus de dix ans après, je me dis que c'est typiquement le jeu qu'on aurait pu m'offrir, mais pas que j'aurais acheté moi-même. J'aimais pas trop les jeux de sport, je ne connaissais rien au football américain et n'avait pas d'affection particulière lui. En plus les screenshots étaient miteux. Je crois bien, en fait, que c'était les deux jeux qui valaient le plus cher vendus tout seul, et que donc, quitte à en profiter, autant que ça vaille le coup. L'argument qui tue. Me voici donc en possession de ce magnifique jeu imbitable.


Oh Pom-pom girls, where have you gone ?


Là où ça a vraiment été fun, c'est qu'il n'y avait pas de notice en français. Et que à l'époque, mon niveau d'anglais n'avait pas atteint les sommets auxquels il se pavane aujourd'hui. Et je vous l'ai bien dit, le foot américain, je n'y connaissais RIEN. Mais vraiment rien de rien. Je savais juste qu'ils avaient de drôles d'armures et un ballon comme celui de rugby mais en plus petit


Diantre. Choix Cornélien.


Autant vous dire la vérité : j'en ai pleuré. De frustration. "Putain qu'est-ce qui m'a pris de mettre du fric dans ce jeu à la con, merde". (D'autant que l'autre acheté en même temps, Castelian, n'est pas mal non plus dans le genre.) Hermétique et oldies dans les moindres recoins. Un écran-titre d'une sobriété record, enchaîné sur le choix de la durée de partie puis sur un écran de sélection d'équipe, et hop c'est parti. Et pour choisir l'équipe, pas de fioriture, hein. Pas de caractéristique, juste les noms. Point.

Et c'est parti pour 4 quart-temps de 10 ou 15 minutes chacuns. Oui, vous avez bien vu. Heureusement, les "secondes de jeu" valent à peu près 1/4 de "secondes réelles". Sauf qu'avec les arrêts de jeu, comptez bien une bonne demi-heure à 3/4 d'heure de partie. Et c'est long. Très long. Long parce que répétitif, lent, chiant.


Indispensables statistiques, sans vous, je me sentirais seul, si seul...


Vous connaissez les règles du foot américain ? Très brièvement, chaque équipe doit faire entrer un joueur avec le ballon dans la zone d'essai adverse, en bout de terrain. Sauf qu'il n'y a droit qu'à une seule passe par phase. Sur chaque engagement, vous devez progresser, soit en emmenant le joueur qui prend la balle sur l'engagement le plus loin possible, soit en lui faisant faire une passe à un partenaire qui à son tour va essayer de foncer vers les buts. Sauf que les adversaires vont tout faire pour le bloquer et l'envoyer valser. Quand c'est fait, on remet en jeu à l'endroit où le joueur qui portait le ballon est arrêté. L'équipe attaquante a quatre tentatives pour franchir au moins 10 yards. Si au bout de ces tentatives elle n'a pas réussi ou s'est fait intercepter par l'équipe en défense, les rôles s'inversent. Et une fois qu'on pénètre dans la zone d'essai, on a droit à une transformation. Un essai = 6 points, une transformation = 1 point. Il existe aussi des coups de pieds de dégagement (on envoie la balle à perpèt' mais dans les bras de l'adversaire) et des sortes de drops (tirs directs entre les poteaux sur l'engagement).


Bon, les gars, j'ai un plan simple pour nous tirer de là.


Ces explications valent ce qu'elles valent, en tout cas, pour le jeu qui nous intéresse, retenez que, quand vous attaquez, l'ordi vous propose une série de disposition d'équipe, avec place des potentiels réceptionneurs de passes, puis vous fait manipuler un joueur. Lequel se déplace avec une vivacité toute Konamienne, ou plutôt toute Castlevaniasienne. C'est-à-dire avec des poids de 250 Kg à chaque pied. Et une balle en béton armé, puisque dès qu'un joueur la reçoit, il va encore plus lentement (si c'est dieu possible). Lorsque vous défendez, même topo : schéma tactique, choix du joueur, et foncez. Sauf que là il faut soit intercepter la passe (facile quand on a la grâce d'une armoire normande), soit faire tomber l'adversaire. Là c'est facile, dès que le porteur de balle est touché par un défenseur, il est scotché à lui, et l'animation laisse supposer qu'il se débat vainement sur place avant d'immanquablement succomber.

Et voilà. Et c'est comme ça 30 minutes.



Et on s'emmerde à en mourir.

Dieu ce qu'on s'emmerde ! C'est répétitif, pataud, déprimant. Il y a des soupçons de vague dimension tactique quand on cherche bien, et j'ai bien cherché. En tout cas, vu qu'il n'y a pas de niveau de difficulté et que toutes les équipes sont identiques, une fois qu'on a pigé le truc, c'est d'une facilité repoussante. Et en plus, même pas de championnat, coupe, inter-classe... Peau de zobi, peau de balle, balai de crin, NADA, du simple match d'exhibition. Donc pas de fin non plus, pas de récompense pour votre victoire... Non, depuis Alleyway, j'avais jamais rien connu d'aussi déprimant. Se lancer dans une partie de NFL Football signifie que l'on touche le fond, que plus rien n'a de sens dans notre vie. Si vous voyez quelqu'un en faire une partie, sauvez-le, faites un geste, cette personne a besoin de vous, faites des blagues carambar, invitez-la au restaurant, offrez votre corps, voire votre Seiken Densetsu 3 Jap mint in box. Car la mort est peut-être proche.

Quand à la partie technique (oui, on est obligé de passer par là), ça sera vite vu : laid. Graphismes grotesques et impossible de virer la musique. Cauchemar assuré. Non, techniquement, un vrai naufrage, qui n'a même pas de petit charme oldie.

A essayer pour dire "je l'ai fait".

Je m'appelle PeteMul. Et je l'ai fait. J'ai même rejoué et pris des screenshots.



Pour toi, [Nes Pas ?].

N'oubliez jamais.
Le point de vue de César Ramos :
Un peu rare, mais pas assez...