Nous savons qui a tué Jean-Pierre Treiber. Mais pas les deux filles.
Double Dragon 2
Nintendo - 1991
Double drame tragique à Colombey par Petemul

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Oh le beau cas. Rien qu'en voyant le titre de ce jeu, on en frémit, on a la bave aux lèvres. Une licence en béton, des prédécesseurs remarquables, un support de légende ; ça sent bon, très bon, comme une finale Brésil-Italie d'une Coupe du Monde 94. On va s'en mettre jusque là.



Mais si vous avez quelques souvenirs de foot, la dernière comparaison pique un peu. Oui, il y a de grandes affiches qui souffrent de l'effet "soufflé au saumon" : un coup de couteau malencontreux et ça retombe lamentablement. Eh ben là c'est pareil.



"J'étais jeune, j'étais fou." Voilà pour l'excuse, pour mon excuse, d'avoir un souvenir doré de ce jeu à l'heure où je le refichais dans mon Game Boy d'origine, des années après mes premières passes vidéoludiques. J'étais jeune et fou, et surtout, je n'avais pas beaucoup de recul, et à l'époque, le simple fait d'avoir un JEU entre les doigts me suffisait. Double Dragon II fut de ceux-là. Mais maintenant que j'y vois plus clair, je peux l'affirmer : ce jeu est un navet.



Pas une daube, non, un navet. Oui, pourquoi cette distinction, eh bien parce que j'avais envie. Entendons-nous bien : ce jeu est bel est bien la suite de Double Dragon 1, un jeu brillant, puissant, qui tape dans le bide. Il faudrait vraiment être mad, ou très con (voire les deux même !), pour le nier. Double Dragon 1 était le clone noir & blanc d'un jeu à succès, Double Dragon 2 est une "oeuvre" originale dédiée au Game Boy. Eh bah j'en connais qui auraient mieux fait de continuer à copier plutôt que de mettre leur talent créatif à l'épreuve.



Nous voici donc avec un système de jeu éprouvé : je me balade dans un monde en 2D avec de la profondeur et je satonne tout le monde. Soit. Double Dragon était sur ce point jouissif, percutant (ha ha), frais et de bon goût. Donc quand j'ai joué au numéro 2, j'étais sur ma lancée et je n'y voyais que du feu. Et ça se comprend : on a un jeu propre, dans les standards de l'époque. Pas de scintillement, pas de ralentissements (sauf dans le jeu à deux, mais bon, vous en connaissez beaucoup des gens qui ont joué à deux Game Boy, à part pour Tetris ?), une réalisation scolaire.

Avec un contenu inexistant.



Il m'en souvient cependant, oui, sur le coup, j'avais aimé cette succession toute nouvelle d'ennemis qui venaient s'emplafonner sur mon uppercut. J'avais aimé cette progression vers le building du gros méchant qui se terminait par un affrontement au dernier étage dans un rythme haletant. Sauf qu'à y regarder de plus près, il n'y a rien. Le vide. Double Dragon 2 est creux, bidon. Et ce pour les raisons suivantes, ou LA raison suivante : il y a déjà le 1 sur Game Boy, et le 2 sur NES. Et à côté, ça fait tache. Alors plus en détails, ça donne la liste suivante :

1. Aucun réel progrès graphique, mais à la limite on s'en cogne.
2. Des musiques insipides là où celles du 1 s'accrochaient à votre cortex.
3. Un level-design aussi plat que les plaines de Champagne.
4. Pas une seule gonzesse en short moulant et bottes de cuir. D'ailleurs, pas une seule gonzesse du tout.
5. Plus aucune phase de plate-forme.
6. Des coups moins nombreux.
7. Les coups restants sont grotesques.
8. On ne peut pas piquer les armes des adversaires.



Vous l'aurez deviné, ce sont surtout les 4 derniers points qui font ladite tache. On se fait chier !!! Les développeurs ont réussi l'exploit d'enlever tout l'intérêt du jeu ! Alors on avance et on fritte avec des coups de poings mous du slip et des coups de pied au ralenti. Sans rire. Les coups de pied sont vraiment au ralenti. Et ressemblent à des coups de pied de cour de récré "tiens prends ça dans ton genou et rends-moi mes billes".



Tout ça pour faire différent du premier opus... ah, pas de coup de pied sauté (enfin si, sur place, ouaiiis), pas de coup de coude en arrière, pas de coup de genou, pas de projeté par dessus l'épaule, pas de coup de pied rotatif. Pas non plus de choppage de batte de base-ball, de chaîne, de pistolet, de couteau, rien, que dalle. Le seul truc un peu marrant, c'est l'uppercut sauté, et la possibilité de s'encastrer des deux talons sur le ventre des adversaires à terre. D'ailleurs vous finirez aisément le mode "hard" en enchaînant systématiquement ces deux coups sur tout le monde.



Rajoutez à cela une carte pipeau, des boss pipeau, une intrigue pipeau (mais ça, à la limite...), des répétitions de niveau pipeau, une difficulté pipeau, et tout sera dit.



Pourtant j'y ai joué, beaucoup. Oui, je l'ai dit, il est propre, net, sans bavures, on ne peut rien lui reprocher en l'état brut. C'est un bon gros jeu de bourrin. Il y a toujours ce plaisir malsain à donner des grands coups de poings qui font "scruitch" dans la gueule. Si Double Dragon 2 avait été un jeu isolé, seul dans sa catégorie, seul dans sa série, il aurait été rigolo, il aurait même été une pure bombe. Il est bon, mais décevant, faisant moins bien que les autres membres, plus anciens, de sa famille. Sans charme, sans saveur, sans le côté "mégapole oldie des années 80" dans les décors, dans l'ambiance, qui faisait du 1 une bombe. Sans tout ce qui fait de Double Dragon un Double Dragon. Mais donnez-lui sa chance, il la mérite, surtout si l'on considère qu'il y a eu un épisode 3...







Addendum :

Ce changement de gameplay m'a quand même interpellé, du coup je me suis rencardé, sous l'injonctions de quelques Nespasiens scrupuleux, un peu plus sur le jeu. Et la clé de l'énigme ne s'est pas faite attendre. Pourquoi un jeu pareil, pourquoi un gameplay si régressif, comparé au 1 ? C'est tout simple : ce jeu n'est PAS vraiment un Double Dragon. C'est en fait un Nekketsu Kouha Kunio-Kun : Bangai Rantouhen, joyeux jeu de baston qui n'a rien à voir. Pour une sombre histoire de droits, les éditeurs ont juste changé les sprites, les musiques, 2-3 trucs par rapport au jeu original et l'ont fait basculer dans la série des Double Dragons. Il y a parfois des magouilles dont les motivations m'échappent...
Le point de vue de César Ramos :
Commun, et presque souvent trop cher.