United Colors of Monochrome.
Nekketsu! Beach Volley Da yo Kunio-kun
Technos - 1994
Volet de frigo par Hebus San

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Aussi fou que cela paraisse, il reste encore quelques jeux de volley-ball qui n’ont pas fait l’objet de ma prose en ces lieux. Ca va pourtant faire bientôt 20 piges que je gratte pour l’autre cul-de-jatte, que j’écume les roms merdeuses sorties d’obscurs sites en cyrillique, et pourtant il faut croire que ce n’est pas encore assez. Heureusement, j’ai maintenant l’expérience des hommes de mon âge, aussi me suis-je doté d’un sérieux réseau de rabatteurs qui, tels des cochons sauvages lâchés dans une chênaie constellée de truffes, sont heureux de retourner la ludothèque mondiale dans tous les sens pour m’apporter, encore et toujours, de la matière susceptible d’alimenter ma verve que j’ai l’obligation de qualifier, en toute modestie, d’incroyable. Et même des fois ils remuent la queue en revenant vers moi, tel un enfant de coeur accourant vers l’autel pour recevoir sa récompense.




Bon là c’est juste Bazart qui m’a offert la cartouche en question au soir d’une invitation familiale à la bonne franquette. Et vu que quand on prononce “Kunio-kun” il est pris d’une incontrôlable érection, je m’en voudrais de le décevoir en ne traitant pas l’objet du délit. Accroche-toi à ton slibard mon Thibaut, je m’en vais t’astiquer l’hypothalamus (le siège du plaisir, pour les cons).



Bon qui dit Kunio-kun dit Technos. Si cette évidence vous laisser perplexe, écoutez, je crois que je ne peux plus rien pour vous. Allez vous faire une omelette, et envolez-vous vers d’autres cieux. On ne vous regrettera pas. Technos donc, qui s’est dit que ce serait probablement une idée pas dégueulasse de coder un petit jeu de volley à la sauce World Cup sur NES, vu que ce dernier avait quand même pas mal cartonné sa mère, en fait. Sauf que bon, la NES c’est has been, on est en 1994 je le rappelle, Kurt Cobain est encore vivant (pas pour longtemps, remarquez), et que le truc qui pète les scores c’est… c’est? La SNES? Oui, pas faux, mais bon là ils devaient avoir une équipe plutôt rompue à l’utilisation de la gameboy, du coup bon, ce sera sur la gameboy.



Oui, je dis LA gameboy, et je rétorquerai à ceux que cela irrite que leur acharnement masculinisant est quand même un bel exemple de comportement archaïque et patriarcal, largement responsable de la condition de la femme, du nombre de viols dans le monde, du réchauffement climatique, et, sans nul doute, du confinement de 2020.
#BALANCETONGAMEBOY



Graphiquement c’est du Kunio pur jus. Des personnages tout droit sortis du Collège fou fou fou, avec des petits corps et des grosses têtes. C’est marrant, on dirait un biopic sur Michel Petrucciani, parfois. Ou Guillaume Bats, pour ceux qui sont plus humoristes que musiciens. Bref c’est grotesque, c’est assumé, et c’est toujours aussi fendard. D’autant plus que là le délire est poussé à l’extrême et que, oui, c’est TRES drôle de faire une réception avec son cul. Mais vraiment. Chaque équipe a une personnalité propre, des mouvements (et accessoires) qui vont avec, ce qui confère à l’ensemble une identité encore plus forte que sur Nintendo World Cup. C’est du 2v2, mais c’est normal, c’est du beach volley, et vu la taille des sprites, on va dire que ça tombe bien pour les capacités de la machine, bien heureuse de pas se faire mettre encore une fois à genoux.



Bon, donc c’est gros, mais est ce que ça bouge bien? On sait depuis Artus dans Danse avec les stars que c’est possible, mais tout porte à croire que Technos avait déjà la réponse plus de 20 ans auparavant. C’est fluide, ça ne souffre d’aucun clignotement pénible, bref c’est parfait. En revanche, côté gameplay c’est pas la même affaire. Le seul personnage que vous contrôlez va avoir du ballon sur la planche, c’est moi qui vous le dit! Votre coéquipier est ce qu’il est convenu d’appeler, dans le jargon journalistico-sportif, un plot. Et, autant l’annoncer d’emblée, un plot ayant élevé l’inutilité au rang de patrimoine de l’humanité. Il ne réceptionnera pas, ne défendra pas, il n’attaquera pas non plus, ne servira pas plus (du coup vous allez changer de perso en cours de match hein, rotation de volley oblige), et se contentera de vous faire des passes. Pas vilaines, les passes, mais va falloir persévérer un brin pour déclencher ne serait-ce qu’une seule attaque. Le timing est plus serré qu’une période de célibat chez Margot Robbie, aussi l’abnégation sera votre meilleur atout pour y parvenir. Cela dit cela ne sera pas forcément synonyme de cratère sur le terrain adverse, aussi surprenant que cela paraisse pour un Kunio (je le sais bien, coquins, que vous sous vos airs d’adultes responsables vous avez une attirance déviante pour les frappes du milieu du terrain à Nintendo World Cup). S’en suivent par conséquent des échanges à rallonge se terminant souvent par une micro seconde de décalage avec la fenêtre de tir, qui vous fera retomber comme une vieille merde à côté du ballon que vous vouliez frapper. Ouais, dur, mais baiser Margot Robbie ça se mérite mon pote.
Cela dit, si l’envie vous en dit, vous pouvez néanmoins changer de personnage en cours de point en appuyant sur Select. Et ainsi jouer les deux persos en alternance. Le tout en temps réel. Avec le même timing qu’évoqué précédemment. Oui, “ah ah”, en effet. Cela dit si vous y parvenez, ça peut éventuellement convaincre Margot que vous méritez au moins un galop d’essai, parce que putain, c’est DUR.



Si vous n’avez pas malencontreusement détruit votre gameboy de rage à ce moment là, vous aurez tout le loisir d’écouter les mélodies entraînantes qui habillent les prestations des deux équipes sur le terrain. Là aussi, tradition Kunio oblige, chaque duo de persos possède son identité musicale, et franchement, elle est très réussie. De même que les environnements, d’ailleurs. C’est varié, c’est barré, c’est Kunio, et on ne s’étonnera même pas d’avoir des items à sa disposition, à savoir des bombes (bon), de la drogue (?!), et puis du etc (non, moi non plus je sais pas). Y’en a même 6 de chaque en fait, avec des sous menus qui vont bien, tout en jap. M’enfin comme j’ai jamais compris comment déclencher les items en question et que je n’ai vu aucune différence pendant les matches, que je les sélectionne ou pas, bon ben…



Au final on a quoi? Un titre qui fleure bon le milieu des nineties, déglingo et fier de l’être, et qu’on imagine sans mal dans des teintes fluo improbables malgré l’écran monochrome du frigo. Mais un titre qui a gardé une certaine exigence, et en ce sens est assez proche de l’esprit eighties cher à nos petits coeurs de gamers masochistes, tendance Battle Kid. Pas le meilleur jeu de volley du monde, mais pas le pire non plus. Et je crois qu’avec une belle conclusion de merde comme celle là, aussi vide qu’un PEL d’altermondialiste, je suis enfin prêt à me lancer en politique.



Tiens toi bien Margot, j’arrive.
Le point de vue de César Ramos :
Contre toute attente, ce jeu est aussi rare qu'une nuit avec Margot Robbie. Mais pas moins cher.