J’aime la bande dessinée. Toutes ces petites cases dessinées avec amour dans un parking, avec un type qui seul face à sa planche à dessin se marre en regardant sa dernière création, éructant péniblement un petit « ah ah, qu’est ce que je vais leur mettre ah ah », je trouve cela formidable. J’ai connu une fois une dessinatrice de bande dessinée de fesses qui… Mais je vous en reparlerai. Peut-être. Toujours est-il que lorsque j’ai vu Asterix and the great rescue sur Game Gear, jeu à licence d’une des plus formidables BD de la veine belge du genre, j’ai cédé.
Attention, il ne faut pas oublier que « jeu à licence : pense à ta panse ». Cela ne signifie absolument rien, mais ce n’est pas à négliger. Car on ne sait jamais ! Ces jeux sont généralement des daubes, où l’on reprend vite fait un concept généralement éculé, où l’on gomme la tronche du héros existant, on colle un héros ressemblant, et hop on a un jeu à licence. Peu d’originalité, pas de talent, pas de fougue, rien. Le souffle froid du capitalisme sur les landes sibériennes de la création. L’échec. Le doute était donc devant moi, un peu à gauche, lorsque j’ai glissé subrepticement la cartouche dans madame.
Ecran titre, choix d’une langue. Bon esprit, et relativement rare sur Game Gear. Je choisis le français par pur flemme, et c’est parti. Astérix, seul, sur un fond coloré, avec une musique extrêmement pénible. Je préfère le dire directement car je n’y reviendrai pas : mes oreilles pleuraient du sang, et c’est l’un des rares jeux Game Gear qui m’a fait craquer. Mais passons. Notre petit héros est là, et réagit relativement correctement. Nous sommes dans un jeu de plateforme, l’action est rapide, alors autant en avoir un peu sous le pied. Et force est de reconnaitre que les savates du gaulois sont au top, car il s’en sort bien. On saute comme un cabri (avec néanmoins un peu d’inertie) et on dispose de quelques capacités spéciales. Tir de noisettes (ou de ce que vous voulez, je m’en branle), habile camouflage en buisson, et vol. Pourquoi pas. Une combinaison de bas + 2 et hop on échange le frêle contre l’obèse, qui lui sait casser les murs en faisant tournoyer son bras. Habile Bill…
Les deux zouaves vont devoir évoluer dans des niveaux extrêmement bien conçus pour un jeu Game Gear. Tous les deux mètres, un piège, et l’utilisation d’une des capacités de l’un ou de l’autre. On rampe dans un couloir, défonçons un mur, abattons froidement un chien dans une explosion, sautons au dessus de piques mortelles, et paf, on a déjà changé 8 fois de mecs. Mais ce n’est pas gênant, car c’est vraiment bien pensé.
Les niveaux sont colorés comme seule la portable de Sega sait faire, c’est du gros lourd. Des sprites bien fins comme il faut, juste de quoi slalomer et s’amuser… S’il n’y avait pas… La difficulté du mal.
Au début du jeu on découvre les personnages, les niveaux, les gadgets et les beaux enchaînements. Et rapidement, le niveau s’élève. S’élève vraiment haut, jusqu’à se hisser au rang de Rick Dangerous sous licence Asterix, où chaque faux pas est un piège putride. 2 secondes sur cette plateforme ? Paf, on se tape un projectile qu’un romain invisible lance. Un saut un peu simple ? Trop, l’atterrissage sur les piques recadrera tout cela. Oh Assurancetourix, la belle affaire ! Surement l’un des boss les plus pénibles que j’ai eu à défoncer de ma vie de joueur.
La cause de ces fantaisies ? Le level design putride et le maniement approximativement plein d’inertie. Ajoutez à cela les manipulations peu évidentes pour utiliser les gadgets proposés (plus de 20 ans après, je ne sais toujours pas exactement ce qu’il faut faire pour m’envoler à coup sur par exemple…) et le jeu devient rapidement un très long chemin de croix.
C’est très dommage car tout était là pour faire un jeu pas inoubliable, mais sympathique, qu’on pourrait relancer pour la déconnade une fois tous les 15 ans. C’est mignon, coloré, bien pensé, et ca aurait pu faire une licence vraiment sympa… Mais la difficulté d’outre tombe rebutera les plus retors. Ach, encore raté.