La série des Panzer Dragoon est une des légendes du jeu vidéo. L’ambiance unique, le côte « jeu vidéo de la fin de vie de Sega », espèce coquine de jeux de grande qualité, chant du cygne du hérisson, tout est là pour créer un mythe. Les développeurs l’ont bien compris. Lorsque la Saturn ronronne dans les starting blocks, son petit frère sort sur… Game Gear. Pourquoi ? Nul ne le saura jamais. Ce que l’on peut dire, c’est que cela n’aurait jamais dû arriver.
Panzer Dragoon Mini est un shoot them up, comme l’intégralité de ses grands frères. On chevauche un dragon, on tire, on tue. On ajoute une particularité avec le fait que l’on puisse locker une chaîne d’ennemis, permettant d’obtenir un maximum de points. Cela fait un peu léger là, mais à l’époque ce fut une tuerie, un des jeux les plus fameux de son temps. Soit. Mais là nous sommes sur Game Gear. Alors le vol légendaire à dos de dragons, voilà. Notre instinct de joueur crie. Et il n’a pas tort.
Dès l’allumage de la console, rien. Un écran titre, une musique épouvantablement criarde, un choix de trois dragons, et bim, on se retrouve sans préambule dans les airs, à devoir défendre chèrement notre peau. Mais à sec. Il est loin le Manfred von Richthofen des dragons. Là c’est chacun pour soi. Durant tout le jeu, on patinera dans l’océan vide du jeu sans aucun but, comme ça, pouf.
Pourquoi pas me direz-vous. Nous en avons vu d’autres, ah ah ! Moui, mais non. Ne pas savoir pourquoi nous sommes là, passe encore. Mais être là, non. Là, c’est le vide. L’environnement est pauvrissime. Notre tas de pixels que l’on suppose être notre fière monture fout la honte. On se surprend à vouloir rentrer à l’écurie prétexter une vilaine aigreur d’estomac, simplement pour respecter un peu le point de vue de nos ennemis, qui nous voyant doivent bien rigoler.
Ennemis qui d’ailleurs ne valent pas beaucoup mieux. En leur présentant un miroir je pense qu’un bon suicide serait de mise pour la moitié d’entre eux. On ne reconnait absolument rien. Des bouillies infectes de pixels peu soignés. C’est d’un triste. Fort heureusement il reste l’environnement, véritable joyaux de ce que la Game Gear dans sa fureur de vaincre nous offre dans un écrin.
Il va de soi que c’est une blague. Même si NES Pas déteste l’humour, la vérité est là : les décors sont effrayants. L’impression de « vitesse » est provoquée par un sublime clignotement épileptique de deux couleurs choisies dans la palette « laide » de la machine. Et c’est tout. Un vague fond visuel viendra tenter vainement de vous rappeler que non, vous n’êtes pas seul, il y a aussi apparemment des arbres en arrière-plan. Mais tout ça, pfff…
Je ne parlerai tout simplement pas de la musique. Car elle est épouvantable. Des boucles de 8s de bips positivement odieux, sans rien d’autres. L’horreur. L’un des rares jeux Game Gear dont on fera taire les enceintes, ou simplement ou nous prierons le Dieu oldies d’avoir rendu aphone notre bête de combat à pleins de piles.
Alors oui, on pourra objecter que c’est à peu près fluide (en faisant abstraction des clignotements abusifs dès qu’il y a un peu de monde à l’écran), qu’il y a un peu de variété car on passe d’un scrolling avant à un scrolling latéral, qu’au taux du dollar, et bien ce n’est pas cher payé pour un jeu aussi rare, et patati et patata… Mais non, allons, réveillez votre sens critique, ce jeu est nul à en périr !
On n’en retiendra absolument rien, à part le simple fait amusant de sa publication. En pleine période Saturn, avoir un portage sur Game Gear est une blague. Un peu piquante vu le tarif de ce jeu de collection, mais une blague. Et c’est bien tout.