Rolls Royce, diamant 120 carats, arrgh, caleçon tâché sont les dénominatifs qui reviennent le plus souvent quand on parle de la Bête. Noire, nerveuse, presque agressive, pas un pet de graisse, anabolisée à l’arcade, Elle fait rêver des millions de joueurs. On dit que chez les Molambakais du sud-ouest, toucher la Neo-Geo apporte chance, bonheur, félicité, richesse, fécondité, fait revenir l’être aimé sous huit jours, exauce 3 souhaits, repousse les mauvais esprits, rend insensible au feu et aux balles, rend leur vertu aux femmes, donne un sexe énorme et un cul de Black. Sans parler de l’endurance. Et ca repousse aussi les verrues. Tu mets 100 francs dans la boite et je te dis ton avenir.
Le Mythe est né aux alentours de 1989 dans les labos d’SNK, société japonaise fabricant en majorité des jeux d’arcade et forte de succès comme Ikari Warriors ou Psycho Soldier. En 1989, donc, apparaît un système révolutionnaire, le MVS. Le but de ce système est d’envahir les salles d’arcade en proposant une méthode simple mais innovante : à l’instar des consoles, il suffira d’installer une carte mère dans la borne, puis, pour la réhabiliter, il faudra simplement changer la cartouche. Fini les coûts des réhabilitation d’une machine, le renvoi au fournisseur et autres trucmachins logistico-technico-économiques. Même une buse est capable de changer une cartouche.
En 1990, alors que les 16 bits sont en pleine apogée et que l’on ne parle plus que de la SNES, SNK décide d’adapter son système à succès en console de salon. Sortie sous le nom de Neo-Geo AES (pour Advanced Entertainment System), la console, quasiment identique au MVS, est disponible à la vente. Elle est accompagnée entre autres pour cette première fournée de Magician Lord et de Nam1975.
Serge à la technique
Technologiquement parlant, c’est une tuerie. Contrairement à SEGA et Nintendo qui visent le grand public en cherchant à faire des machines peu coûteuses, SNK se place directement dans la catégorie élitiste. Vendue plus de 3500 F à sa sortie, elle vaut quasiment le double de ses concurrentes. Mais ce qui fera vraiment la différence avec lesdites concurrentes, c’est la taille de cartouches. Si les plus gros jeux SNES n’atteindront que 32 Mbits (Taz, corrige moi si je me trompe), la limite théorique que SNK s’était fixée de 330 Mbits sera très rapidement atteinte, et les derniers jeux flirtent même avec le gigabit. Evidemment, les prix suivent. Environ 2000 F à la sortie de la console, aux alentours de 350€ aujourd’hui. Aie. Oui, tu peux le dire. Ca calme. Cependant, l'avantage d'avoir autant de mémoire, c'est qu'on peut faire des jeux absolument sublimes graphiquement. Aucune autre console n'arrivera à égaler la Neo en 2D, à part peut-être la Saturn.
SNK a d'ailleurs utilisé le nombre de mégas d'un jeu comme argument commercial. Sur toutes les boites de jeux la taille est marquée. C'est le nombre en bas à gauche que vous pouvez voir sur la cartouche de Slug X ci dessous. D'ailleurs, sur les versions US, le "meg count" est marqué en énorme sur l'avant et la tranche de la boite. Les versions Jap se contentnt d'une icône discrète en forme de cartouche sur l'avant de la boite. Les boites US sont d'ailleurs assez caractéristiques. Outre l'infâme bordure grise qui mange l'artwork et une tentative d'harmonisation des couleurs des tranches, SNK US a classifié les jeux par genre en utilisant un code de couleurs : rouge pour les jeux d'action, vert pour les jeux de sport... (Quoi j'ai pas d'autres couleurs chez moi ? C'est faux, j'ai aussi des jeux jap ;D).
Au niveau du son, rien à dire. Les digits vocales sont parfaites (quel bonheur d'entendre deux personnages discuter au début d'un combat de KoF), les musiques sont sublimes (basées sur un tracker, ce sont donc des samples qui sont joués).
Un point intéressant de cette console est le dézonage. Les jeux ne sont pas zonés et sont identiques pour toutes les zones, seuls les artworks changent. Toutes les consoles sont quasiment identiques (sauf certaines séries Euro 50Hz), seul le BIOS varie, et indique au jeu la zone de la console. Ce qui fait que quelle que soit l'origine du jeu, il fonctionnera normalement, et en plus sera localisé pour la console. Cool non ? Mais alors comment expliquer les différences de prix entre un jeu US et un jeu jap s'ils sont identiques ? Comme dirait Bubus, "tu doutes encore du prix du carton ?".
La collection
La rareté et le prix de cette console en ont fait une cible privilégiée des collectionneurs. Si les MVS, produits en grande série, perdent énormément de valeur (il n’est pas rare de voir un MVS vendu plus de 1000€ à sa sortie et valant dans les 150€ deux mois plus tard), les AES en revanche, produits à faible échelle, cotent très vite. Par exemple, un Metal Slug 1 AES se vend maintenant plus de 1000€, et un Kizuna Encounter, déjà rare en version japonaise (700€ minimum), s’est vendu aux enchères plus de 10.000€ en version US. Les derniers jeux sont promis à une cote phénoménale d’ici quelques années, car produits en moyenne à 5000 exemplaires pour les versions Jap, et 500 exemplaires numérotés pour les versions US. Il est à noter que les versions Euro, qui sont sorties jusqu’en 1995, sont plus rares que les autres versions, la Neo-Geo étant restée relativement confidentielle ici.
Les autres supports
Outre les AES et MVS, il existe quatre autres supports portant le nom de Neo-Geo.
- Une console de salon, la
Neo-Geo CD, identique à la Neo-Geo mais avec un support CD permettant de ramener le prix des jeux autour de 60€ mais souffrant de temps de chargement insupportables (40s entre haque combat dans King of Fighters 98 !). A savoir qu'il existe trois versions de la Neo-Geo CD : la Front Loading, première version qui possède un tiroir pour mettre le CD dedans à la manière d'un PC, très rare et très fragile, la Top Loading, plutôt commune et se chargeant par le dessus, comme une Dreamcast, et la dernière, la Neo-Geo CDZ, grise, et possédant plus de cache au niveau du lecteur CD, ce qui améliore légèrement ses performances. Il est intéressant de noter que les différents modèles de Neo sont compatibles entre eux, et qu'un stick AES fonctionnera parfaitement sur une NeoCD, tout comme un pad "cacahuète" ou un pad CDZ fonctionneront sur un AES.
Neo Geo CD Front Loading :
Neo-Geo CD Top Loading :
Neo Geo CDZ (on notera la présence d'un pad, la troisième génération, spéciale kassdédi à la neoCDZ) :
- La
Neo-Geo Pocket et sa petite sœur la
Neo-Geo Pocket Color, proches de la GB et GBC mais en bien plus puissantes, sont la tentative de SNK de pénétrer le marché des portables. la encore, SNK a visé le haut de gamme. la console a une palette de 4096 couleurs, un joystick à la place de la croix directionnelle (idée reprise par GamePark pour sa GP32)... Sa logithèque se compose principalement de remix de hits Neo-Geo (Metal Slug, Samurai Spirits, King of Fighters...), mais aussi et malheureusement de jeux de pachislot et pachinko (quelle misère...), la faute à Aruze, développeur minable persuadé que ses jeux moisis seront la folaille du 21e siècle...
- Enfin, l’
Hyper Neo-Geo 64, un système d’arcade 3D 64 bits n’ayant eu quasiment aucun succès. Sa logithèque énorme de 5 ou 6 jeux comporte un Fatal Fury et deux Samurai Shodown en 3D.
En conclusion, la Neo-Geo est la console idéale des collectionneurs, rare, chère (*RARE* *MINT* *BOXED*), du plus bel effet sous une vitrine pare-balles et pressurisée, voire sous une télé. Si vous êtes plus joueur que collectionneur, faits vous plaisir avec un MVS, qui couplé à un Supergun (dispositif permettant de brancher une carte mère d'Arcade sur une télé) vous permettra de jouer à la Neo pas cher (enfin... tout est relatif) à la maison.