J'ai rêvé de ce jeu. A la suite d'un article dans Mega force, je me suis dit "Il me faut ce jeu. Il a l'air terrible!" Certaines mauvaises langues diront que j'étais sous l'emprise de substances illicites, mais non. Un jour, à Usine Center, un dimanche (vous comprendrez plus bas l'importance de cette précision), je le trouve: oh! Joie! Bref...
Tout fébrile dans la voiture, pendant les embouteillages de Villacoublay, sous cette pluie tendre et lourde, de celles qui te clouent sur place sans que tu saches vraiment pourquoi, j'observais mon acquisition. J'ai hâte! Tiens, au fait, demain j'ai cours. Fuck! J'aime pas les dimanches.
J'arrive enfin à la maison. Elle est en bordel, comme d'habitude. Mais je m'en fous, j'ai ce jeu. Bien, y'a le livret. On va pouvoir jeter un oeil sur l'histoire: "J'étais un soldat à la force et aux capacités exceptionnelles. j'étais imbu du mysticisme occulte le plus sombre et commerçais avec la mort. J'étais puissant et fier... tellement fier que je pensais que personne ne pourrait jamais se mesurer à moi, pas même la Mort. Lorsque celle-ci me provoqua en duel, j'acceptais tant j'étais arrogant. Je ne craignais pas de perdre mon âme. Je ne voyais miroiter que la récompense, la vie éternelle que mon imagination me peignait comme un joyau resplendissant: c'était déjà le mien. Je me battis à coups de sortilèges et d'épées... et gagnais. Mais maintenant je subis ma destiné, car la Mort tint sa promesse en me jouant un tour abominable. Je dois errer dans l'agonie, hanté par la douleur des victimes, jusqu'à ce que les monstres de l'obscurité soient tous anéantis. Voici ma récompense!"
"Raaaaah!!! Le scénario est énorme! On dirait un putain de film! Youpi!" J'en peux plus, j'enfourne ma cartouche (euh... je parlais du jeu) dans ma fidèle MegaDrive, bave devant l'intro bien... glauque, à y regarder de plus près. Terrible, mais glauque. Bref! Je me met en practice, histoire de voir et là, après ce putain de sablier (... qui me rappelle que le temps passe, et qu'il commence à faire nuit en ce jour de 21 décembre. Quoi? il n'est que 17h?), je tombe dans le vif du sujet.
Devant une espèce de grand mobile (mais non, pas un téléphone, tas d'nazes) qui semble être l'œuvre d'un alchimiste mégalo, j'observe: avec mes faux airs de Sentenza décomposé, armé de deux sabres, je m'attend à zigouiller à tout va. Je fais un pas pour entamer ma ballade nocturne et nonchalante (je suis un poète) et, là, c'est le drame.
Ma démarche est vachement saccadée. Au point, tout de même, que le simple fait de me déplacer ne me donne pas envie d'aller plus loin. Essayons de sauter, pour voir. Soit, on a vu pire. Problème: la plate-forme sur laquelle j'ai envie de sauter est trop haute. Je fais fonctionner mes neuronnes et me dit: "je dois pouvoir faire un double saut". Après 73 tentatives, je réussis, tant bien que mal. Si j'étais juge à L'École des Fans, je mettrais un 4/10 à la maniabilité.
J'entre dans un niveau. Sombre. Triste (J'AI PEUR!!) La musique est quasi inexistante. En fait, impossible de dire s'il s'agit d'une musique ou de bruitages de fond. Peu importe, le tout ressemble au viol collectif d'un tableau noir par un gang de craies (merci Claire.) J'abats mes sabres dans le vide, histoire d'anticiper leur maniement qui, j'espère, est plus fluide que le reste. Ça va, j'ai vu pire. Ah! Enfin un (relativement) bon point: je peux frapper dans 7 directions. Pratique quand il s'agit d'occire ces saloperies d'araignées de la taille d'un phacochère qui slaloment entre mes pieds (J'AIME PAS LES ARAIGNÉES!!!!)
Rude! J'ai pas fait 10m que j'ai déjà perdu la moitié de mes points de vie. Saloperies! Les bestioles sont coriaces (J'AIME TOUJOURS PAS LES ARAIGNÉES!!!!) Les sauts sont vraiment aléatoires et exécuter ce putain de double salto relève du défi (rien à voir, hélas! avec Shinobi.) Ça y est, je crois que j'ai choppé la techenique (non, ce n'est pas une coquille, j'ai bien écrit techenique.) Je gambade comme un bouquetin dans les hautes plaines du Tyrol, zigzague entre ces chauve-souris de daube et... Merde! A un poil près, je foire cette maudite plate-forme et tombe dans l'abîme le plus sournois (je suis encore un poète), et ceci dans un cri inhumain qui me glace le sang.
Ma mère entre dans ma chambre. La lumière froide de l'écran de mon téléviseur plonge la pièce dans une obscurité de mort (je suis toujours un poète.) Elle allume la lumière et me découvre paralysé sur le lit, blanc comme un linge, la gorge serrée et les mains moites crispées sur la manette. Paniquée, elle tente de me ramener parmi les vivants en invoquant des incantations mystiques et en sacrifiant un poulet sur la porte de ma chambre. Après plusieurs minutes, je reprend des couleurs. Elle me parle mais je n'entend rien. J'observe la fenêtre, qui semble se découper de mon mur et m'appelle irrésistiblement. C'est vrai que j'habite au 7ème, moi...