Ce soir, je me faisais chier. Ça fait déjà un bon bout de temps que je n'avais pas fait de critique, et je commençais à trouver le temps long (et mon public adoré aussi.) Seulement, malgré ma ludothèque assez bien fournie, je ne trouvais pas de jeu suffisamment aguicheur pour qu'il vaille la peine d'être critiqué (enfin, qu'il vaille la peine d'être critiqué par MOI, c'est-à-dire de bénéficier d'une critique de qualité, sans colorant ni conservateur, qui fera la joie des petits et des grands. Bref, une critique pour toute la famille.) Enfin, si, il y en avait un qui me tentait bien depuis quelques temps: Road Rash.
Road Rash fait partie de ces jeux Electronic Arts qui, en leur temps, à défaut d'être révolutionnaires techniquement, avaient le mérite d'être parmi les plus originaux sur la console fétiche de SEGA. Parce que niveau concepts ultimes, EA tenait la dragée haute. D'ailleurs, quand on voit ce qu'ils font sur les consoles récentes, ça me fait toujours un petit pincement au cœur de rejouer à un jeu EA "d'époque". Franchement, ces mecs avaient tout compris au monde des jeux vidéos, et sortaient des petites perles à intervalles réguliers (à part Shaq-Fu, mais bon, ça, c'est une autre histoire...)
Une fois n'est pas coutume, le concept de Road Rash est terriblement banal et, pourtant, diablement révolutionnaire (avec tout ce que ça comporte de relatif dans le cas présent.) Comme quoi les idées les plus connes ne sont pas nécessairement les plus flagrantes mais sont à coup sûr les plus distrayantes quand il s'agit de prendre du bon temps sur des jeux vidéos. La preuve: Road Rash est un jeu de moto où on peut savater ses adversaires. Point barre. C'est aussi con en vrai que ça en a l'air sur le papier, et pourtant...
... bah et pourtant rien. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple? Et là, c'est on ne peut plus simple: on choisi sa course, son nom, on lance le jeu (et on a même droit à un petit conseil inutile de la part d'un autre coureur ou d'un flic) , un bouton pour accélérer, un pour freiner et le dernier pour foutre un gnon. Après, en fonction de son classement, on gagne une certaine somme qui sera réinjectée dans une moto plus rapide. Et basta!
Comme d'habitude chez EA, le jeu ne brille pas pas son interface, somme toute assez... banale. La seule véritable option disponible est la possibilité de couper les musiques, pour ceux qui auraient envie de n'entendre que le "doux" bruit de leur moteur pendant la course (enfin, faut pas non plus s'attendre à une merveille de bruitages, à un réalisme confondant permettant à coup sûr, pour une oreille avertie, de reconnaître le modèle de moto rien qu'en écoutant la tendre mélodie de son accélérateur...)
Certaines mauvaises langues pourront s'imaginer que c'est pour éviter d'entendre les horribles musiques du jeu... Et ben même pas! Musicalement parlant, Road Rash s'en sort plutôt bien. Les différents thèmes sont entraînants, plutôt bien orchestrés et suffisamment rythmés pour donner au jeu des élans très "séries télé avec des gros engins qui vont vite" (particulièrement un, qui me fait presque penser à certains accents du générique de K-2000.)
Les différents circuits sont typiquement Oldies: les chaînes de montagnes, les forêts verdoyantes, les fronts de mer, tous ces paysages interminables et inaccessibles qui défilent dans les virages le long de routes désespérément vides. Enfin, pas tout à fait: on a droit aux éternels panneaux, arbres et autres pancartes qui nous font tomber comme une merde si on a le malheur de foncer dedans. Une fois à terre, et souvent après une multitude de tonneaux, on est bon pour revenir à sa moto en courant afin de rattraper son retard. Parfois, également, il faudra éviter les voitures (dans les deux sens) et les vaches qui se dorent la pilule le long de la départementale (normal.)
Pour ce qui est de la maniabilité, pas de quoi fouetter un chat. La moto de base se manie relativement bien et, comme dans n'importe quel jeu de courses de l'époque, on a absolument pas l'impression de tourner dans les virages tant la moto parait statique. Mais qu'importe, on va dire qu'elle "tourne" plutôt bien. Ensuite, quand vous gagnerez en puissance, ça sera une autre paire de manches pour slalomer dans les virages sans se prendre une bagnole et sans chasser dans l'herbe au moindre coup sur la caboche. Parlons-en d'ailleurs: un bouton seulement, la direction du coup étant fonction du côté où se trouve votre adversaire (logique.)
Pendant le jeu, d'ailleurs, vous aurez la possibilité de chopper des armes (matraque, barre à mine, chaîne etc...) à vos opposants. Question de timing: il vous faudra taper pile-poil au même moment que lui pour espérer lui prendre l'arme des mains. Une fois équipé de la sorte, autant dire que l'élimination (provisoire) de vos adversaires deviendra nettement plus aisée, alors profitez-en pour éradiquer tous ceux qui tenteront de vous piquer votre place au classement. Accessoirement, vous devrez également faire en sorte d'éviter les flics qui ne se priveront pas de vous coller une amende si vous venez à vous viander près d'eux, et qui vous ralentiront parfois quand il s'agira de doubler une voiture ou un peloton d'ennemis.
Enfin, pour ce qui est du mode 2 joueurs, rien de bien folichon à signaler vu qu'on alterne les courses bêtement. Dommage car le concept aurait parfaitement collé à une joute brutale en split-screen avec un pote, m'enfin... Sinon, pas grand chose d'autre à dire. Les graphismes sont honorables, bien pixelisés, les couleurs pètent bien et l'animation ne souffre pas de lacunes trop alarmantes. C'est fluide, c'est rapide, donc c'est efficace.
Bref, Road Rash mérite le terme de Classique dans la ludothèque variée de la Megadrive. C'est loin d'être le jeu du siècle, mais il tient la distance de par sa réalisation honnête, parfaitement à la hauteur de son concept. On voit bien que les concepteurs du jeu n'ont pas voulu péter plus haut que leur cul: pas de surenchère inutile, pas d'encombrement graphique, pas d'options dispensables etc... Road Rash tient la route sans trop en faire et, même s'il est quand même extrêmement linéaire (toutes les courses se ressemblent et la difficulté n'est pas réellement palpable) , il fait partie de ces jeux divertissants qui ne cassent pas des briques mais auxquels on se plait à rejouer quand on a un après-midi de libre.