Shinobi: un nom qui a fait rêver des millions de joueurs assidus, fan de la marque au hérisson bleu. La saga du fameux ninja est presque aussi célèbre que celle de Sonic et consorts, et a ceci de comparable avec le sprinter piquant qu'elle est l'une des rares séries à posséder une âme propre et un style unique selon la console sur laquelle tourne un de ses représentant. Bon. Et après?



Chose amusante, il n'existe pas de "Shinobi 2". Cet épisode est donc une espèce de suite décalée qui poursuit à merveille la tradition de ce jeu immense et légendaire. Déjà, le premier du nom était une référence en matière de jeu de plate-formes/action, et son descendant ne fait que confirmer cette qualité et prouve que Sega reste un maître inégalé en matière de jeux d'exceptions.



Vous êtes donc Joe Musashi, un ninja solitaire connus sous le nom de Shinobi. Votre ennemi juré Neo Zeed, que vous pensiez avoir envoyé une bonne fois pour toute ad patres, est de retour et compte bien régner en maitre sur le monde que vous défendez avec acharnement depuis si longtemps. Qu'à cela ne tienne, vous ressortez vos shurikens, vos saïs et votre sabre, et partez éradiquer le mal à sa source en espérant qu'il aura compris la leçon cette fois-ci.



A travers sept niveaux, tous plus difficiles les uns que les autres, vous combattrez des hordes d'ennemis qui n'auront qu'une envie: vous transformer en trophée de chasse . Vous ne pourrez comptez alors que sur votre dextérité au double-saut, votre sabre bien aiguisé et, surtout, vos précieux shurikens que vous pourrez récolter au fur et à mesure de votre progression et upgrader de temps à autres. De plus, en cas de moments vraiment chauds-bouillants, vos pourrez faire appel à la force des grands maitres ninjas et déchainez les forces toutes puissantes sous forme de magies dévastatrices nommées Ninjitsu (à utiliser avec modération).



Graphiquement pas si éloigné de son prédécesseur au premier coup d'œil (alors qu'il est pourtant beaucoup plus vieux), "Shinobi 3" s'avère en fait visuellement impressionnant, tant au niveau de l'animation que des graphismes extrêmement colorés et détaillés. Si vous ne me croyez pas, allez baver un peu devant les labos glauques du niveau 3, la forêt en feu du niveau 5, ou encore la forteresse volante du niveau 7. Aucun ralentissement à l'horizon, ni même d'effacement de sprites: aussi colossal soit-il, le jeu gère son support sans trop lui en demander, avec, au final, un rendu confondant. Et puis, au passage, admirez aussi les scrolling différentiels histoire d'annihiler définitivement vos réserves de salives.



Niveau musiques, le jeu est fidèle à lui-même, c'est-à-dire qu'il "transpire le jeu Sega": d'où cette impression récurrente d'avoir déjà entendu telle ou telle musique dans un autre jeu. Pas de grande innovation donc, mais une qualité qui ne fait pas défaut et qui se trouve à la hauteur des espérances qu'on pouvait avoir d'un jeu pareil. Les mélodies donnent envie de courir (ce qui, en plus, est faisable) afin de s'accorder au rythme et ne pas se retrouver à la traine par rapport à l'ambiance musicale. Pour ce qui est des bruitages, rien de bien neuf: explosions, tirs de mitraillettes, déchirement de la lame... Classiques mais efficaces.



Mais le point fort reste tout de même la jouabilité. Joe se manie avec aisance, ses sauts sont amples et savamment décomposés, les mouvements fluides et dynamiques. Bref, une perle! La prise en main est rapide et facile, sauf peut-être pour le double saut qui nécessite un certain temps d'adaptation et un timing délicat. Hormis cela, on prend un réel plaisir à se balader et foutant des coups de sabre au corps-à-corps, des balayettes, des coups de pieds sautés, et à piquer un petit sprint de temps en temps.



Ajoutez à cela un petit plus non négligeable qui tranche un peu dans le coté linéaire de ce genre de jeux: la possibilité de changer de "moyen de transport" le temps de deux niveaux. En effet, au niveau 2, vous pourrez chevaucher un pur sang au sabots dévastateurs, et, dans le niveau 4, un surf à réaction, pour des niveaux à la limite du shoot-them'up, d'une fluidité impressionnante et visuellement époustouflante.



J'ai remarqué un truc amusant dans ce jeu: au fil des niveaux, on s'aperçoit que les programmeurs se sont nettement inspirés des autres classiques de chez Sega. Exemples: une partie du niveau 4 (sur les docks, dans la jungle de tuyaux) rappelle l'un des niveaux de "Sonic 3", ainsi que la forteresse volante de la fin qui semble appartenir au Dr Robotnik lui-même; et puis le niveau 3 (l'usine gênétique) fait furieusement penser au niveau 7 de "Streets Of Rage 2". Toutes ces références, volontaires ou pas, montre bien que "Shinobi 3" est un pur jeu Sega, un vrai, unique, sorti du même moule mystique que ses confrères.



En gros, "Shinobi 3" est une évolution puissance dix du premier du nom qui, sans révolutionner la saga, affirme sa dimensions légendaire avec une insolente réalisation sans faille, et assois définitivement la réputation de Saga en matière de jeux de plate-formes/action sur console 16bits. Une valeur sûre qui vous fera passer de très longues heures devant votre écran, tant le jeu est difficile (voire carrément infaisable sans les cheats), et ce même en easy. Un must indémodable!

Le point de vue de César Ramos :
Commun, mais tout le monde le veut, donc très cher...