Base d'opération du S.C.A.T.
King's Valley
Konami - 1985
Minindiana Jones par Pixxell

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Quand j’étais petite, je voulais être archéologue, tout comme Indiana Jones. Visiter des ruines, combattre des méchants pilleurs de tombes, m’amuser avec des serpents, avoir Sean Connery dans ma famille... Mais on grandit, et nos illusions de petit enfant naïf s’évanouissent. Heureusement, il y a toujours moyen de rattraper ses rêves. Faute de nazis à tataner, voici un merveilleux placebo : King’s Valley.

Ce jeu me fait irrémédiablement penser à un Lode Runner où vous remplacez les échelles par des escaliers. On me souffle aussi dans l’oreillette que Montezuma's Revenge, jeu sorti un an plus tôt et prenant place dans des ruines Mayas, ressemblerait fortement au jeu qui nous intéresse aujourd’hui : un peu de puzzle, quelques doses d'action et des trésors à retrouver dans de multiples pièces.



Dans ce soft de plate-forme/réflexion sorti exclusivement sur MSX, nous incarnons Vick, petit archéologue anglais. Engoncé de sa tenue d’explorateur type années 30 absolument pas clichée, il tente désespérément de s’échapper des pyramides qu’il visite. Pour ce faire, il doit récupérer toutes les pierres précieuses disséminées dans ce labyrinthe. Deux raisons à ça : il pourra revendre tout ça au prix fort une fois à l’air libre, mais aussi et surtout car tous ces joyaux sont les clés permettant de sortir du tombeau égyptien. Attention toutefois à prendre la bonne porte à la fin de chaque niveau, histoire de ne pas vous retrouver dans la pièce que vous veniez d’avoir tant de mal à quitter...



Malheureusement, la vie n’est pas simple. Encore moins dans un jeu vidéo. Ainsi, à peine arrivé dans un nouveau tableau, vous remarquerez que des momies colorées fort accueillantes vous attendent, prêtes à tout pour vous serrer dans leurs bras enrubannés afin de vous... Hum, on ne sait pas. Les zombies mangent les entrailles de leurs victimes, les vampires se gargarisent de leur sang, les loups garous vous filent une lycanthropie aiguë. Pour ce qui est des momies, nous ne savons pas ce qu’il en est, sinon que les toucher vous sera fatal.

Blanches lorsqu’elles sont un peu autistes, bleues quand elles aiment galoper, roses ou rouges quand il faut vous en méfier comme de votre première copine, il n’y a qu’un véritable moyen d’éviter leur baisers à rendre ridicule la piqûre de la moustache de votre tata Germaine : fuir.



Si le cœur vous en dit, vous pouvez toujours tenter de récupérer une lourde épée afin de pourfendre – temporairement – ces malandrins. L’inconvénient – puisqu’il y en a toujours un – c’est que cette arme est tant imposante qu’il vous sera impossible de sauter si vous êtes en sa possession. D’un autre coté, vous pouvez toujours les balancer à travers le niveau afin d’atteindre les fauteurs de trouble, même si distants de plus de cinquante pas. L’arme rebondira sur le mur ou la momie et vous pourrez même la récupérer. Je cherche encore à comprendre la logique de ce curieux moteur physique, mais soit, c’est bien un des seuls cadeaux que vous fera ce jeu.



Pour le coté Lode Runner, nous avons donc le fameux concept de fuite face à l’ennemi... Mais aussi les petits trous. Notre archéologue sait brillamment manier la pioche, ce qui est fort utile pour détruire des murs et sols afin de prendre une gemme manquante. Vous pouvez également tendre un piège machiavélique à une momie, qui tombera peut-être dans le trou que vous aurez créé entre elle et vous.

Mais comme il ne faut pas faciliter les choses, les pioches de King's Valley sont frappées d’une ignoble malédiction : elles ne peuvent servir qu’une fois, sont en nombre limités et vous empêchent de sauter. A vous donc de bien doser tous vos efforts, de prendre les bons couloirs et d’éviter de vous retrouver dans votre propre tombe, bloqué dans un trou trop profond que vous aurez vous-même creusé...



Compte tenu des nombreux obstacles composant l’environnement, allant bien sûr en augmentant avec le numéro assigné au niveau, King's Valley vous fera réfléchir aux techniques et chemins optimaux afin de récupérer de la meilleure façon possible les pierres, tout en évitant les coriaces ennemis qui réapparaîtront toujours dans un nuage de poussière.

Le jeu n'est pas simple, si bien qu'avec ses quinze tableaux parfois décomposés en plusieurs écrans, vous en aurez pour un long moment avant d'en venir à bout. En plus de la difficulté de se frayer un chemin lorsque l’on est équipé des outils castrateurs de sauts, des portes coulissantes peuvent vous barrer le chemin et ne peuvent être franchies qu’en poussant leur face bleue.

Il arrive également que des murs apparaissent brusquement, vous bloquant définitivement le passage vers une zone de jeu. Cela ne facilite vraiment pas les choses, surtout lorsque cela arrive par surprise. Enfin, dans les tableaux comportant deux écrans, la difficulté sera parfois d’appréhender avec rigueur ce qui va se passer de l’autre coté du niveau. Car, s’il n’y a aucun scrolling, les momies peuvent, comme vous, passer cette barrière invisible entre les deux parties du stage sans crier gare...

Et aucun mot de passe pour vous aider. Quand vous sortirez enfin de la Vallée des Rois, vous serez dégoulinant de sueur et puerez le moisi.



Graphiquement, ce jeu n'est sûrement pas le plus beau de ces développeurs sur le standard... Pourtant, malgré la très faible palette de couleurs, le tout reste parfaitement clair. L'ambiance est bien rendue et de nombreux détails font la différence. Les animations, par exemple, sont très convaincantes, notamment pour ce qui est de Vick qui s’active avec sa petite pioche.

En réalité, je ne saurai dire pourquoi King's Valley reste ancré dans ma mémoire. L’excellent principe qui reprend le meilleur de Lode Runner et Montezuma’s Revenge, le challenge omniprésent tout au longs de ces quinze niveaux, l’ambiance palpable malgré la faiblesse technique, la musique – il n’y en a qu’une mais elle est absolument parfaite – aux accents orientaux, la drogue ou mon aveuglement total pour tout ce qui touche à Konami ? Je ne sais pas. Et si c'était simplement un excellent divertissement ?


~ A noter que King's Valley est disponible en freeware dans une version MSDOS à cette adresse. Vous n'avez presque plus d'excuse pour ne pas l'essayer ! ~
Le point de vue de César Ramos :
Courant (pour un jeu MSX), mais pas donné.