In blowing memory of Ron Jeremy.
Metal Slug
Nazca Corporation - 1996
Allô, la boucherie Sanzot ? par Hebus San

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Oui je sais, en d’autres temps j’aurais certainement trouvé un meilleur titre, une meilleure accroche.

Mais que voulez-vous ? C’est le début de l’année, et mon réveillon pèse encore lourd dans la balance. Et puis du reste, est-il vraiment nécessaire d’avoir un titre croustillant avec un tel jeu ? Je ne le pense pas, car comme vous allez le constater, pour les deux trois crétins congénitaux qui ne connaîtraient pas l’un des titres d’arcade les plus marquants de tous les temps, Metal Slug c’est du lourd, du tout terrain, bref une légende comme on en fait plus. A l’instar de certaines publicités des temps jadis qui affichaient sans ambage une simplicité déconcertante afin de démontrer toute la qualité de leurs produits (tapez « une femme, une pipe, un pull dans Bing, pour la rigolade), Metal Slug est un jeu à l’univers simple, au gameplay huilé comme un torse d’esclave numide, et qui explose toute la concurrence sans avoir à recourir à une quelconque surenchère graphique ou même technique.



Nous sommes en 1996, la France vient de paumer encore une fois lors de l’Euro de football. Rien ne prédispose donc à la joie, l’allégresse, voire même aux pâtes à la carbonara. C’était sans compter sur la sympathique équipe de Nazca Corporation épaulée par SNK, équipe qui va accoucher d’un monstre sur MVS et Neo Geo.



Metal Slug (limace de métal, ne me remerciez pas) est un jeu d’une simplicité déconcertante : Shmup pédestre 2D, dont le concept ressemble à s’y méprendre à Contra, composé de 6 niveaux relativement courts (moins de 40 minutes pour le tordre avec continues infinis) et saupoudré de centaines de milliers d’ennemis agressifs mais néanmoins sympathiques. Voilà la recette du succès.



Metal Slug c’est avant tout un style graphique à part. Peut être ce qui se fait de mieux en 2D soit dit en passant. Une patte délibérément « cartoon », des sprites aux animations complètement déjantées, et des boss avec des couilles grosses comme la Corrèze (si, si, c’est déjà pas mal, vous regarderez sur une carte). L’univers est coloré, sans être chatoyant, et regorge littéralement de milliards de petits détails qui ravissent le nerf optique dès les premières secondes de jeu.



Enfin quand je dis ravir, je me dois de préciser "quand le jeu vous en laissera le temps". Parce que si d’un côté on a du nectar à pupilles, de l’autre on risque la crampe de l’index combinée à celle du poignet (oui, j’invente la crampe osseuse, je suis un fou) tant l’action est soutenue. Vous commencerez l’aventure dans la peau de Marco Rossi, humble soldat de l’armée régulière, membre émérite (tant que vous restez en vie) de la prestigieuse unité d’élite Peregrine Falcons (Faucons pèlerins, vous me remercierez plus tard), en route pour sauver le monde libre des griffes du psychotique Général Morden qui a décidé de régler son complexe d’Oedipe avec l’humanité toute entière (tant qu’à faire…). Et en plus de votre bite et de votre couteau, vous aurez droit à un pistolet standard (agréé par l’armée régulière, modèle à munitions infinies) ainsi qu’à 10 pauvres bombes moisies type balais à chiottes sortant tout droit de la première guerre mondiale.



Autant dire pas lourd. Heureusement, de gentils prisonniers, tout contents de vous voir arriver dans leur quotidien sordide de boue, d’humiliations faciales et de repas à base de feuilles mortes, sauront (de Mordor) se montrer reconnaissant envers la chair à canon que vous êtes en vous offrant gracieusement des lances roquettes, d’autres bombes, des lances flammes, des fusils à pompe ou des mitrailleuses lourdes. Prisonniers peut être, mais organisés les mecs !



Rajoutez à ça la possibilité de prendre le contrôle d’un tank aussi grotesque d’allure qu’efficace une fois en action, et vous aurez la panoplie complète du péquin de base galopant vers l’aventure (un peu comme Zorro, mais en moins kitsch).



Et de l’aventure autant vous dire qu’il va y en avoir. 6 niveaux d’intense action, brute comme on en fait plus, un mélange de Saïgon, de Kandahar et de Pyongyang, en plus soutenu, avec des balles ennemies dans tous les coins de l’écran. Metal Slug est un peu le manic du shmup pédestre. Et quoi de plus normal qu’une manique quand c’est chaud, hein ? (non, j’en suis pas très fier de celle là).



Vos ennemis auront recours à toute la panoplie du salopard illustré pour venir vous lester le derche de quelques kilos de plomb : hélicoptères, tanks, fusées de 14 juillet, machines infernales, bombes, schlass, etc etc etc… rien ne vous sera épargné.



Et quand vous arriverez enfin au boss, vous comprendrez votre douleur. Ce sera épique. Surtout dans le port…



Et puisqu’on parle de grandeur, laissez-moi vous dire que la musique est juste phénoménale. Elle colle parfaitement à l’action, non mieux, elle EST l’action. Un grand moment pour les oreilles des joueurs, qui bien que totalement absorbés par la frénésie ambiante apprécieront sans nul doute cette mélodie pêchue, donc de circonstance.



Seule la difficulté soutenue du soft pourrait ternir un peu le tableau, mais non, même pas. Metal Slug est simplement exigeant, rien de plus. Donc va falloir se sortir les doigts de la rondelle et déconnecter les neurones qui servent à réfléchir. C’est pas le soir à sortir avec une Demi Molle les gars ! (du nom du trave’ bon marché sosie de Demi Moore, je vous filerai l’adresse à l’occase). On prend les cartouches de 12, le pot de vaseline offre spéciale « fête des mères », et en avant, la biroute au vent !
Sincèrement, ce jeu est un chef d’œuvre vidéo ludique, ne passez pas à côté.
Le point de vue de César Ramos :
Relativement peu commun, à cher.