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Alpha Mission
SNK - 1987
Le jeu en version alpha... par EcstazY

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Amis internautes qui me lisez, vous connaissez mon aversion pour les shoot them up. Non ? Et bien maintenant vous le savez. Mais connaissez-vous dans la même veine ma haine latente pour les productions SNK sur NES ? Non, et bien pareil ! Vous ne le savez peut-être pas, mais vous les haïssez aussi. Pensez à Ikari Warrior… Ca y est j’en vois un qui a rendu son déjeuner, c’est bon… Et bien imaginez un shoot des premiers âges, fait par SNK, sur NES. Là il y a du lourd, c’est presque trop intense...



Pour la petite histoire, Alpha Mission a une image merveilleuse dans mon esprit car c’est le deuxième jeu auquel j’ai joué sur NES. J’étais jeune, et je passais mon mercredi après midi chez un jeune fils héritier d’une très grande famille à la fortune colossale qui venait d’avoir une NES, ce con. Moi qui maîtrisais à peine Super Mario Bros 1, je me suis pris bien sûr une branlée de folie. Mais marqué par le double tranchant de l’égo, je décidais un jour d’y revenir, et de lui faire la peau. J’étais jeune… Je viens il y a 37 minutes exactement de le terminer. Pour toi NES Pas. 18 ans après l’avoir vu… Et je pense qu’on doit être 4 sur cette planète à avoir terminé la version NES. Tu auras donc ami lecteur le privilège d’avoir des captures totalement uniques sous tes yeux. Parce que je t’aime.



Alpha Mission est donc un shoot des premiers âges. Ca se voit immédiatement à l’écran titre, complètement basique. Le nom du jeu, start, et basta. On débute le jeu en décollant d’un porte-avions stellaire. Oui, ça fait 18 ans que je l’appelle comme ça alors ne commencez pas à faire du mauvais esprit. Et immédiatement nous sommes plongés dans l’action. Nous survolerons durant tout le jeu des sortes de stations stellaires informes, moches, à la palette vraiment dégueu. Là encore si vous pensez SNK, vous vous souviendrez de la couleur des méchants dans Ikari : rose. On pourra supposer qu’ils ne travaillèrent qu’avec des daltoniens, ou des névrosés sous Prozac. En tout cas c’est graphiquement abscons.



Tout le long du jeu (13 niveaux !) on pourra à peine faire la différence entre le niveau 1 et le niveau 12. Tout n’est que changement de palette moche, fade, d’une platitude navrante. Ajoutez à tout ce joli paysage des ennemis de merde, et le bouquet est complet, éteignez votre NES…



Mais non sot, ne le faites pas. Il ne faut pas faire son mouton de Panurge hein ? Bon sang mais des couilles, merde. On doit toujours chercher à savoir pourquoi un jeu est une merde, pas de défaitisme bon sang de bois ! On obtient donc tout au long du jeu un univers creux, quasiment monochrome. Le seul truc qui sauve un peu la mise restera notre zinc. Sprite fin, beau presque. Oui, pour une fois que je peux dire un truc sympa, je n’hésite pas. C’est peut-être même le plus beau sprite principal de shoot sur NES tiens ! Les options de ce cher vaisseau sont du même acabit. Belles, détaillées, bien.



Ah oui, car il y a des options, oui madame. Tout au long du jeu on dispose de deux tirs. Un principal pour 95% des ennemis, et un autre pour les ennemis posés et les cases d’options. Des lettres apparaissent alors, provoquant différents effets. On passera à un tir plus rapide, plus puissant, plus large, plusieurs bombes… Classique. Moins classique, on pourra chopper l’option inverse : ralentissement de vaisseau, tir de gay, bombe à l’efficacité d’une cacahuète… Et là c’est le drame.



Oui, le jeu est terriblement difficile. On aura déjà affaire à un flux continu d’ennemis. Bon, admettons, on n’est pas là pour déconner, le monde libre compte sur notre habilité, soit. Mais poussons encore plus loin : ces ennemis sont des chiens d’infidèles ! (Je viens de terminer un excellent loukoum à la rose, la Turquie me gagne l’espace de quelques secondes…). Dans un shoot classique, l’ennemi vous tire dessus, vous calculez mentalement la trajectoire et vous feintez l’obstacle. Là non, pas toujours. Si 60% des tirs sont rectilignes, tous les autres sont téléguidés…



Vous ne comprenez pas l’ampleur du drame ? Mise en situation. Imaginez-vous en pleine misère. Dix ennemis à l’écran, des dizaines de boulettes. La NES ralentit, c’est trop pour elle à l’écran. Vous calculez tout. Pas de bol, les 17 boulettes vous suivent. Et c’est la mort.



Pire. Même situation. Mais là, techniquement, vous pouvez vous en sortir. Un couloir de délestage est apparu devant vous. La NES rame à mort, et rapide comme l’éclair, vous POUVEZ le faire. Et vous le faites. Pas de bol, vous choppez dans le feu de l’action une anti-option. Et vous vous traînez la bite un truc de dingue. Votre vaisseau paraplégique ne peut plus le faire, et vous mourez, en tentant de hurler dans l’espace intersidéral un puissant « pourquoi ? » Mais bien sûr personne ne vous entend…



Et on peut aller plus loin dans les drames. Vous avez raté le passage offert par Dieu pour le salut de votre âme. Ou par Mahomet, ou pas l’Etat, ou par votre cocktail molotov. Je suis ouvert sur le monde un truc de fou. Bref. Vous mourrez comme une merde. Et vous réapparaissez. Il eut été agréable de réapparaître avec des options un peu diminuées, prêt à reconquérir le monde. Raté. Je vous le dis depuis le début, c’est du SNK. Ils ne sont pas là pour vous faire plaisir. Et vous le font bien sentir. Vous réapparaissez donc nu comme un ver, à tirer avec vos cacahuètes. Bien sûr ceci signe votre arrêt de mort définitif, vu que votre vaisseau de base est une véritable daube arthritique.



C’est donc un jeu d’une frustration toute unique. Si on a signé, c’est pour en chier. Si vous mourrez, une pression sur Reset et recommencez… Vous avez donc un authentique jeu que vous ne terminerez vraisemblablement jamais. C’est vexant hein ? Oui, moi-même j’ai résisté pendant 18 ans, alors vous… Non, objectivement en mettant ma prétention de côté (pendant deux minutes, rassurez-vous à la fin de ma phrase je redeviens effrayant) c’est l’un des jeux les plus ardus qu’il m’ait été donné d’essayer.



Ajoutez à la frustration la musique poussive, et là, là seulement vous comprenez l’ampleur du drame. Comme un homme venu à la fin de sa vie qui réalise enfin le sens même de la vie, son essence. Et bien là vous y êtes : nous avons touché le fond, et nous creusons encore : ce jeu est une véritable plaie.



Le pire c’est que j’y reviens quand même. Cette affection toute particulière pour raison historique fait que je l’aime bien, comme un vieux chien ou un enfant autiste. Mais le commun des mortels passera son chemin, de peur de devenir cinglé, ou particulièrement prétentieux.

Le point de vue de César Ramos :
C'est un classique, et vu l'intérêt relatif du jeu, ne vous acharnez pas trop sur un prix de fou...