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Duck Hunt
Nintendo - 1984
Encore une victoire de canard ! par Benjamin

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Duck Hunt. Quand j’ai commencé à écrire un article sur ce jeu, j’ai rapidement compris une chose : personne ne le lira jusqu’au bout. Je m’explique. Interrogeons votre mémoire. (La mémoire est un truc essentiel qui permet de dire « Oh il était trop bien ce jeu ! » quand un ami vous parle d’un vieux jeu NES et qui occulte des détails mineurs comme la taxe d’habitation) Que va-t-elle vous dire si on lui dit « Duck Hunt » ? Réponse : « Oh il était trop bien ce jeu ! ». Reposons lui la même question : « ah ouais mais en y réfléchissant c’était très vite chiant. » Soyons honnêtes. Duck Hunt, c’est exactement comme une course de F1 à la télé. On regarde quelques tours car ça a l’air sympa puis on joue au Game Boy en jetant un œil de temps en temps sur la télé. On ne sait jamais, un accident est si vite arrivé... En fait, ça dépend surtout des circuits. Il est clair qu’un Monaco sous la pluie c’est nettement plus marrant qu’un Silverstone par beau temps. Mais je divague. Vague.



Bref ! Ecrire un article sur un jeu relativement ennuyeux aurait été tout aussi ennuyeux à lire qu’à écrire. Donc j’ai pensé à plusieurs options pour « appâter le chaland » comme on dit dans le Red Light District :
-jouer à Duck Hunt déguisé en chasseur avec tout l’attirail du militaire du dimanche : chapeau ridicule, treillis atroce, tronche avinée et bière à la main (pour revenir au Monaco), vannes machistes et chien d’arrêt. Seulement, il me manquait certains de ces accessoires et mon chien est vraiment à l’arrêt. Et puis un déguisement de chasseur, c’est vraiment la honte. Et puis je n’aime pas les chasseurs ! Ca m’aura fait comprendre que Duck Hunt est quand même un jeu sacrément beauf en France finalement.
-me promener dans la forêt avec le Zapper de la NES en essayant de flinguer des vrais canards et en prenant des photos. Problème majeur : les bestioles en question ont pris le premier vol de la compagnie Air Migration pour aller se dorer la pilule. Damned. J’étais au bord du désespoir et je me suis résigné à écrire l’article qui suit.



Si Duck Hunt est aussi important dans nos mémoires, c’est parce qu’il demeure un incontournable de la NES. Bien qu’il ait été vendu seul, la majorité de joueurs le connaissent car il était aussi vendu en bundle avec la NES et un Zapper sur la même cartouche que Super Mario Bros, le choix du jeu se faisant au démarrage comme dans toute bonne cartouche 666 clones pourris en un. Duck Hunt est donc le premier jeu à utiliser le Zapper, le célèbre pistolet optique de la NES qui est dans la lignée des jouets inventés par Gunpei Yokoi. Il a un fonctionnement assez simple : quand vous appuyez sur la gâchette, le jeu passe en noir et blanc une fraction de seconde, les zones blanches correspondant aux cibles à viser (voir screenshot). Si le capteur situé dans le canon du Zapper voit que vous avez visé une zone blanche, cela signifie que vous avez bien visé et que vous avez dégommé l’ignoble animal. Le Zapper n’envoie donc pas de rayon ! Désolé si je viens de briser vos rêves d’enfants. J’en profite pour rappeler que le père Noël n’existe pas et que contrairement à ce que prétend Disney, LES ANIMAUX NE PARLENT PAS !



Trois modes de jeu sont disponibles : avec un canard, avec deux canards ou avec des pigeons d’argile. On remarquera au passage que si les pigeons sont d’argile, les canards sont tout ce qu’il y a de plus authentique. Logique. Un canard se bouffe plus facilement qu’un pigeon, surtout quand ce dernier est en argile. Dans les deux premiers modes, chaque round commence toujours ainsi : un chien débile renifle une piste, saute dans un bosquet et des canards en sortent un par un ou deux pas deux. Vous avez trois balles (une première pour un fusil de chasse) pour les allumer avant qu’ils ne se barrent vers l’infini et l’au-delà. Juste avant qu’ils ne se barrent, le jeu vous prévient avec un message disant « fly away » et changeant le ciel en un rose-orange du plus bel effet. D’obscures théories disent que cela correspond au coucher du soleil, à la fin de la journée… bref le moment où les canards se barrent et où les chasseurs se dépêchent de rentrer chez eux pour ne pas rater le 20h de TF1.



Si vous les allumez, le chien vous les montrera d’un air idiot. Si vous les ratez, il se moquera de vous. Au bout de 10 canards, le jeu fera le compte. Si vous en avez eu plus qu'un certain nombre (indiqué par une barre bleue), vous passerez au round suivant (plus dur car les canards vont plus vite et bougent mieux) le tout agrémenté bien entendu d’un système de score.Le tir au pigeons se passe à peu près de la même façon sauf que vous n’avez ni canards, ni chien, que les cibles sont plus petites et que le jeu a encore moins d’intérêt. Il paraît qu’un autre joueur peut contrôler le canard avec la manette branchée sur le port 1 mais j’ai toujours pensé que c’était une excuse pour ne pas jouer seul à Duck Hunt. « Un petit Duck Hunt ? Allez viens on va se marrer ! Tu contrôleras le canard et moi je le shooterai ! » Là, l’autre joueur vient de se faire avoir car en plus de s’ennuyer, il ne connaîtra pas le plaisir de tirer sur… ÇA Y EST ! J’AI MON IDÉE IDIOTE !



Ladies and gentlemen, let me introduce the “ultimate emulation versus orginal testing” featuring Duck Hunt ! Matériel requis :
-une NES (en bon état)
-deux télés
-une manette NES (voir plus bas)
-un Zapper (gris dans notre cas)
-Duck Hunt
-un appareil photo (voir plus bas)
-une xbox modifiée avec un émulateur NES et la rom du jeu Duck Hunt
-du temps
-un pistolet optique pour la xbox (un Thrustmaster Beretta 92FS)
-un appartement bordélique pour mettre le tout
-un ami (pour contrôler le canard et prendre les photos)
-quelques bières (sauf que nous ne sommes pas des porcs et qu’on ne les jettera pas en pleine forêt)
Vous l’aurez compris, le but du jeu consiste à comparer ce que donne Duck Hunt sur NES à une version émulée mais quand même jouée avec un pistolet. Cette comparaison s’effectuera en trois parties : Fashion, Flashy et Flushing Meadow. Euh… oubliez la dernière.



Fashion. Tout d’abord comparons les pistolets en eux-mêmes. Nintendo ayant à l’époque un public très jeune, la firme ne pouvait se permettre de sortir une réplique d’un véritable flingue. Ils ont donc opté pour le look flingue de l’espace qui fera école pendant de nombreuses années. Néanmoins, le Zapper ressemble étrangement au Luger allemand surtout dans la forme de la crosse. Est-ce une coïncidence connaissant le goût prononcé d’une partie des japonais pour l’armée allemande ? Quoi qu’il en soit, je le trouve assez bien designé, très sobre (qui a dit moche ?) et très fidèle à notre NES chérie. Quand je vois la tronche du SuperScope…



Jusqu’à une certaine époque, il était interdit en France de reproduire de vraies armes pour les pistolets optiques sauf en mettant des couleurs bien éclatantes à base de bleu ou de orange (comme certains modèles de Zapper). Les choses ayant évoluées, je suis en possession d’une réplique d’un Beretta 9mm noir pour Xbox. Neo, ex-kevin/hacker devenu sauveur du monde nous en parle : « oui c’est un excellent flingue. Le problème c’est quand on est une grosse buse comme moi, on vide deux chargeurs sur un gars et on arrive quand même à le rater. ». Acheter une réplique d’un vrai flingue ayant fait ses preuves, c’est avoir en théorie l’assurance d’un design réussie et d’une maniement sans reproche. En théorie…



Dans les deux cas, la prise en main est exemplaire. Les deux pistolets se tiennent avec aisance même si le fil empêche de les maintenir correctement avec la deuxième main. Comme le dit Boris : « Le poids est synonyme de fiabilité. S’il ne marche pas, on peut toujours taper avec ». Euh… j’ai essayé de taper avec mon Beretta sur la télé, le canard ne bronche pas. Donc je préfèrerai un flingue suffisamment léger pour ne peser sur les bras et suffisamment lourd pour ne pas trop vibrer au moindre mouvement, comme le fait d’appuyer sur la détente. De ce coté, le Zapper assure vraiment et la longueur de son canon lui assure une meilleure stabilité que son collègue italien.



Niveau bruit, certes rien ne remplacera le bruit de ressort que fait le Zapper mais à la longue, on lui préfèrera le discret clic clic du Beretta. Après, c’est essentiellement une question de goût : James Bond ou Star Wars ? (mauvaise comparaison car il y a des pistolets laser dans Moonraker). John Woo ou George Lucas ? (c’est déjà mieux). De toute façon, personne ne vous verra jouer alors assumez votre différence et dites très fort « j’aime le Zapper ! ». En fait, il y aura quelqu’un à coté de vous, toujours le même pote que vous avez invité pour contrôler le canard et qui vous en veut tellement qu’il est prêt à saisir la moindre occasion pour vous ridiculiser du genre « oh l’autre il utilise un Zapper alors qu’il a un Beretta ! ». Résistez. Il y aura pire dans la vie.



Flashy. Bon ce n’est pas tout cela mais on a quand même un paquet de canards à descendre alors au boulot ! J’avoue que cela faisait longtemps que je n’avais pas touché de NES. J’avais presque oublié ces couleurs baveuses provenant d’un signal vidéo approximatif, ce son si particulier et ce port cartouche qui s’enclenche une fois sur dix. Mais malgré tout le bien que je pense de l’émulation sur Xbox, ça ne perdra jamais son charme et ça vous replonge instantanément 15 ans en arrière.



Du coté de la Xbox, le flingue est configuré en deux temps trois mouvements et on peut rapidement s’élancer dans la course effrénée au génocide de cette bestiole appelée Anas platyrhynchos (nom latin du canard Colvert, l’espèce que vous anéantirez dans le jeu. C’était la minute culturelle. N’oubliez pas le guide). Et là, il faut reconnaître que tout ce matériel utilisé pour ce test N’AURA SERVI ABSOLUMENT A RIEN étant donné que le plaisir de jeu est totalement identique. Une fois qu’on aura passé le cap « oh c’est trop fort je joue à Duck Hunt sur Xbox avec un Beretta », on retombe rapidement dans le « bon, on change de jeu ». La précision est plus grande sur Xbox mais la zone de tir étant tellement grosse que ça ne fait aucune différence. On peut tirer plus vite sur Xbox car la gâchette a une course d’enfoncement bien plus courte mais on ne dispose toujours que de trois balles. En fait, le seul truc sympa dans ce test a été la possibilité de jouer à Duck Hunt à deux, chacun avec sa télé et son flingue. Wow. Incroyable.



Si vous êtes arrivé ici, je vous félicite. Il faut du courage. J’espère que vous avez passé un bon moment et je vous dit à bientôt pour de prochaines expériences paranormalement sans intérêt. Evidemment, j’aurai pu vous parler des améliorations que ça apporte à des jeux comme Gumshoe mais tant qu’à faire un test totalement dénué de sens, autant aller jusqu’au bout ! PS : Si l’un d’entre vous s’ennuie et qu’il sait programmer sur NES, lui serait-il possible de faire une version de Duck Hunt où on peut plomber le chien quand il se fout de nous ? Je n’en peux plus de cet abruti de clébard !



Merci à Nicolas pour sa NES chérie et à Jérôme pour avoir partagé/supporté ce délire !
Le point de vue de César Ramos :
Un des premiers jeux de la console. Plus que trop commun...