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Operation Wolf
Taito - 1989
Êtes-vous un mad (ou un gros con) de la gâchette ? par Hebus San

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
C’est en écrivant ce titre, au demeurant d’une banalité affligeante, on ne peut pas être grandiose tous les jours que voulez-vous (parfois même, je fais caca, c’est fou non ?), que je me suis aperçu de la troublante similitude existant entre gâchette et gâché. Deux termes ayant autant de choses en commun qu’un protestant d’ulster et un catholique indépendantiste de l’IRA (j’innove, fini les métaphores arabo-juives, chuis un fou moi !) et qui pourtant partage la même racine.



Hasard ? Coïncidence suspecte ? Pas vraiment quand on se penche un peu sur Operation Wolf sur NES. Prenez une tequila con lecce, et approfondissons voulez-vous ?

Operation Wolf est un mythe. Un monstre sacré de l’arcade des années 80. Essentiellement grâce à une borne d’arcade devenue légendaire, puisqu’elle intégrait un pistolet mitrailleur vibrant de type Uzi muni d’un petit bouton rouge sur le côté pour permettre de lancer les grenades. Et quand je dis vibrant, je n’exagère pas. Je n’ai jamais eu le mauvais goût d’aller louer un Uzi pour effectuer la comparaison, mais je vous jure qu’en 1987 on s’y croyait vraiment ! Alliez à ça des graphismes somptueux, et vous obtenez l’un des titres majeurs de la fin des années 80, un concentré de fun et de grosse boucherie à base de soldat US dans la droite lignée de la mode Rambo. Le nombre de portage impressionnant (peu de plateformes seront épargnées) témoigne d’ailleurs de l’extraordinaire engouement des joueurs de l’époque pour ce soft jouissif.



Ce qui nous amène doucement vers le portage NES. Autant le dire tout de go, celui-ci refoule du slip. Il sent le marin pêcheur après une dure journée de labeur. Ce qui d’autant plus dur à avaler quand on sait que la version Amstrad CPC est une réussite ainsi que, drame, la version Master System (oui les vieilles rancunes sont tenaces).



Le gameplay est bien évidemment le même, à savoir un enchaînement de 6 missions bien burnées et bien chaudes (non monsieur, ma mère n’a rien à voir la dedans) au cours desquelles des objectifs fantoches vous seront fixés. Fantoches car on s’en tape royalement, le seul but à atteindre pour passer au niveau suivant étant le nombre de méchants tombés sous vos balles ainsi que celui des tanks & hélicoptères (ou bateaux) que vous aurez ramené à l’état de sculpture moderne (non, je n’aime pas les compressions de César). Le tout dans un scrolling horizontal classique avec moult animation à l’écran. Enfin sur la version arcade en tout cas. Parce que sur la version NES, ça pullule assez peu, faut bien le reconnaître.
Il vous faudra donc arroser généreusement l’écran et prenant garde de ne pas toucher par inadvertance les pauvres civils qui traînent là. Soit dit en passant, autant les infirmières avec leur brancard font couleur locale, autant le jogger à casquette du niveau 2 fait plutôt rire qu’autre chose. M’enfin bon.



Les ennemis se succèderont donc par vagues et sur 3 plans de profondeurs différentes, ce qui était sympa à l’époque, surtout quand surgissaient les immenses sprites des gros vilains du premier plan qui tentaient de vous larder le cuir à coup de poignard, et qui comme l’Uzi de la borne ont grandement contribué au succès légitime d’Operation Wolf.
Ces vagues cesseront uniquement lorsque votre quota de viande froide sera atteint, ce qui sous entend que les niveaux seront plus ou moins long en fonction de votre habileté au tir, puisqu’un ennemi loupé se retirera de votre champ de vision après vous avoir collé quelques bastos bien senties.

Voilà pour les généralités. Abordons maintenant les choses qui fâchent.



Graphiquement la version NES est un carnage absolu. Et aucune possibilité de se réfugier derrière la grosse excuse « 8-bits » puisque les versions CPC et SMS sont là pour décrédibiliser celle-ci. Non, c’est un chiage dans la colle et les règles de l’art. C’est comme Perrier, fou.

Deuxième concession de taille, il n’y a pas de musique au cours des niveaux. En 2007 on dit que ça renforce l’aspect immersif d’un FPS. En 1989 (date de sortie sur NES), ça fait juste pitié. Donc ça crachouille de molles explosions saturées tout au long des parties, et c’est là qu’on se dit que Beethoven avait bien de la chance d’être sourd.



Pour ce qui est de la maniabilité, vous avez le choix entre jouer au zapper ou à la manette. Attention danger. Le choix du zapper est hautement préjudiciable à toute carrière artistique en cours ou à venir. Sachant que vous ne toucherez pas à tous les coups, qu’il vous faudra abattre plus de 50 soldats par niveaux et que l’autofire n’est pas une option disponible, vous vous en mordrez les doigts. Enfin ce qu’il en restera.
Du coup vous vous rabattrez sur la manette. Et là, surprise, on vous donnera le choix entre 5 vitesses différents pour le curseur de visée. J’ai essayé en medium et en faster, et le verdict est sans appel : c’est injouable. Enfin on peut passer quelques niveaux hein, mais c’est plus une galère qu’autre chose.



Du coup on bouffe. Des balles. Beaucoup. Et ce ne sont pas les rarissimes options de regain de vie qui traînent qui permettent de compenser ce tir au pigeon que vous êtes (pour ceux qui ont acheté le jeu).
De plus, l’idée géniale d’Operation Wolf était la suivante : on commence la mission suivante dans l’état où on a finit la précédente. Même barre de vie, même munitions. Logique me direz vous, sauf qu’à l’époque c’est une première, et que du coup on est beaucoup moins enclin à jouer de la sulfateuse. Cet aspect du gameplay introduisait donc une tension renforçant le plaisir de jouer passant par une peur de tomber à cours. Immersion totale dès le premier niveau, puisque même devant la facilité de celui-ci, pas question de gâcher une précieuse grenade juste pour le fun de voir les vitres d’un bâtiment voler en éclats. Or sur NES, on ramasse tellement que c’est l’effet inverse qui se produit : on se décourage aussi vite que ce qu’on se sentait concerné sur arcade.



Vous l’aurez donc compris, la version NES est un petit peu le vilain petit canard de la bande. Il en fallait bien un remarquez, mais gâcher un tel potentiel alors que la version du l’ennemi historique est parfaite, ça a vraiment de quoi rendre fou, homme, fou !
Le point de vue de César Ramos :
Diablement courant... Le monde tourne vraiment à l'envers...