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Zanac
Compile - 1986
Le shoot de la galak-scie par EcstazY

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Zanac. Encore un de ces jeux que nous n’avons jamais pu voir dans notre paysage vidéoludique français. Ni européen, vu que seuls ces bougres de japonais et ces empaffés d’américains y ont eu le droit, les ingrats. Zanac, c’est d’abord un shoot them up. Oui, vous me suivez depuis maintenant un certain temps, et vous savez que ce n’est pas mon genre fétiche. Loin de là. Car trop de boulettes tue l’esprit oldies, et tutti quanti. Et bien Zanac, c’est un peu le jeu qui a lancé le trop plein de boulettes à mes yeux. Théoriquement je devrais le conchier. Mais non, il possède certains atouts qui font qu’il est tout de même attirant. Autopsie d’un phénomène.



Zanac. Un shoot. Une histoire bidon de sauvetage de mondes, un vaisseau et pleins d’ennemis. Un écran titre moche en plus… Rien de bien folichon. Vous n’aimez pas les shoots ? Moi non plus. Quand je vois un Ikaruga, je me dis que mon cerveau est plafonné à 8bits, et que c’est trop pour mes humbles neurones. Mais Ikaruga c’est récent, jeune, ça n’a pas encore de poils au menton. Et ça a donc des petits frères. Je me contrefiche de qui a fait quoi en premier : à mes petits yeux Zanac est le premier manic de mon histoire !



Premier niveau, prise de température. Un vaisseau, qui défile dans un shoot vertical. Je baille à m’en décrocher la mâchoire. La NES à cette propension naturelle à générer des univers froids et impersonnels, et là au premier coup d’œil, on est dedans… Fonds particulièrement géométriques, sans trop de détails, palettes flashy post-nucléaire… Ca pue le navet à pleins nez.



On avance, on persévère, tranquillement. Bon, un classique tir principal, et une arme secondaire, que l’on va pouvoir changer au fur et à mesure des options. Classique, je continue de bailler. Le lecteur attentif aura sûrement remarqué que je baille depuis maintenant deux paragraphes. C’est trop, j’agis. On va tout au long des niveaux tirer dans des cases qui fourniront des numéros, le numéro de l’arme en option. Des tirs dans la direction de votre vaisseau, des trucs dans tous les sens, des boucliers en veux-tu, en voila… Il y a de quoi faire, et ça tombe bien car il va souvent falloir varier d’armes, car Zanac introduit un principe tout à fait amusant d’intelligence artificielle novatrice.



Là, à ce stade de la critique, je referme tout doucement ma mâchoire crispée par l’ennui. Zanac a une innovation, et même plusieurs. L’intelligence artificielle va s’adapter à votre style de jeu. Oui, je sais, je te vois sourire ami lecteur. L’association des mots « intelligence » et « NES » prête à sourire pas vrai ? Comme tu es naïf. Ici, si vous ne variez pas d’armes, les ennemis seront protégés au bout d’un moment contre celle que vous avez. La première fois ça fait vraiment bizarre, comme une première feuille d’imposition. L’ennemi s’adapte ! Il faut donc varier les plaisirs, et lâcher dans un soupir de gêne son arme-qui-balaye-la-moitié-de-l’écran pour utiliser cette merde-qui-tire-droit-et-faiblement. Sinon c’est la mort assurée. Et la mort dans ce jeu, c’est votre ami le plus fidèle, votre Lassie à vous.



Oui, car en plus de s’adapter à votre style de jeu de manière assez étonnante, les ennemis changent de pattern d’une partie à l’autre. Et ça, dans le genre perturbant, on ne fait pas mieux. Imaginez. Vous visualisez Maurice, dans son vaisseau moche 2L TDI de seconde main qui avance, l’œil torve, la bave écumante aux lèvres. Vous en winner, vous préparez votre arme, à la cool, l’alignez, et vous préparez à tirer. Oui, Maurice à ce don merveilleux de tirer en ligne droite puis d’effectuer un long virage sur la gauche. Et là c’est le drame. Momo paye son looping, en lâchant une salve de sa nouvelle arme offerte à Noël par tante Ursule. Et c’est la mort. La votre, bien entendu…



C’est donc très perturbant. Non seulement d’une partie à l’autre ils vont changer, mais même plus simplement d’un niveau à l’autre. Ce brave Maurice a une vie dans le jeu ! Il ne fait pas que se faire canarder comme un gland dans un niveau, il revient, aguerri, prêt à en découdre comme un lutteur sur le ring. Et ça c’est merveilleux. Mais terriblement difficile à appréhender pour le débutant. Il va de soi que je t’inclus directement dans le groupe des débutants ami lecteur. En effet, c’est comme son niveau d’anglais sur son CV, on se connaît toujours trop peu, et on flambe, jusqu’au jour où on se confronte à la sombre réalité…



On a donc un jeu moche, avec des ennemis intelligents. Wow. Et encore, moche c’est vite dit. Car si le début des niveaux est effectivement plat, mou du genou, et est aussi attirant que le genou de ma grand-mère (qui ne m’en voudra j’espère pas si elle lit ceci, mais j’ai un doute), rapidement c’est l’évolution. Le scrolling s’accélère pour atteindre une vitesse complètement dingue sur NES. Xexyz vous avait fasciné en zappant tous les détails et en allant très vite ? Zanac vous scotchera comme un dingue !



Ici pas de compromis entre graphismes ou vitesse. On prend les deux et on admire. Ca va vite, c’est fluidissime, et ça en jette clairement un maximum. Donc moche, non. Simple, préparé pour l’animation de l’extrême. Animation qui ne se limitera pas qu’aux décors !



Oui, souvenez-vous de Maurice. Le fameux. Et bien Maurice va se déchaîner dans cet environnement rapide. Il va lâcher le gros paquet de boulettes du mal ! Rarement sur un jeu NES on avait aussi bien allié vitesse et précipitation. J’en vois qui ne voient pas le rapport. J’utilise ici le mot précipitation dans le sens de pluie… Que ceux qui avaient compris expliquent à leurs voisins, qu’on puisse avancer un peu… On a donc 50 000 tirs à l’écran. Pour 50 vaisseaux présents. J’exagère un peu bien sur, mais l’idée est là : on va prendre super cher de partout.



Le level design est du même acabit. Si le décor défile comme un tapis de jogging, désespérément creux et rapide, les ennemis donneront le ton. Chaque niveau se termine par un boss avec des yeux (oui, tous les boss de ce jeu ont des yeux, je ne sais pas pourquoi, mais les 3 développeurs avaient un fanatisme pour cette partie organique…). Mais le boss est mêlé au milieu du bordel ambiant. Vous arrivez exsangue au boss, et limite vous êtes contents. Ca fait 10 minutes que vous n’en pouvez plus, votre zinc fume de douleur, le manche à balai répond péniblement, et vous faites griller des saucisses sur le côté gauche de votre réacteur tellement il est chaud. Le boss apporte la paix, alors c’est cool. Et bien non, car ce boss sera mélangé aux autres ennemis, comme glissé négligemment au milieu d’un niveau. Donc vous allez prendre super cher.



Rarement un jeu NES m’aura autant frustré en difficulté. Oui, je ne suis pas un as du pad, mais j’ai mon niveau. Si toutes les filles que j’ai conquises me l’ont dit, je suis moi-même assez d’accord avec ça. Mais Zanac m’aura résisté. Plus de 10 ans quasiment. Je bloquais inlassablement au niveau 10 que je trouvais sans fin. Forcément, dès que vous mourrez au niveau 11 ou 12, vous réapparaissez au niveau 10… Il vous faudra donc être particulièrement membré pour en venir à bout. Ce n’est pas un jeu de chochottes.



Mais il n’en reste pas moins terriblement attachant. Une fluidité inégalée, un gameplay hors norme avec cette intelligence souple des ennemis, ces musiques sympathiques, ne sauront certes masquer la difficulté d’outre tombe, mais feront passer un très agréable moment, et peut-être qui sait, réveiller le challenger qui est en vous à n’en pas douter !
Le point de vue de César Ramos :
Inexistant dans nos contrées. Dommage...