Street Fighter 2010 fait partie de ces jeux sur lesquels nous n’avons jamais eu le droit de poser la rétine. Distribué uniquement au Japon et aux USA… Classique me direz vous. Oui, mais un jeu Avec Street Fighter par Capcom, ça doit laisser songeur. Si cela n’est pas le cas c’est vraisemblablement que vous êtes complètement mad, ou complètement creux, ou bien les deux. Immédiatement vous devez penser à Super Street Fighter 2 sur SNES, et vous pleurez de bonheur en apprenant que ce jeu merveilleux a un grand frère inconnu sur NES. Et bien non, je brise le sceau du secret à l’introduction car je suis un fou, Street Fighter 2010 n’est pas un jeu de combat. Enfin pas comme vous l’entendez.
Déjà, avant toute chose, j’ai un attachement particulier à ce jeu. Oui, je l’ai eu dans mon fameux lot Game Axe, qui fut sauvé des griffes du grand capital par mes amis de NES Pas. Donc à chaque fois que j’y joue j’ai une pensée pour eux, et je lève mon point vengeur vers le ciel en hurlant « Ah ah un jour je te fisterai », ce qui n’a strictement aucun rapport avec la Game Axe, et encore moins avec le jeu.
Quoique Street Fighter 2010 est un jeu où l’on va beaucoup se servir de ses poings. Le lecteur attentif aura noté la subtile liaison entre les deux paragraphes. Typiquement celle du chroniqueur qui en soit n’a aucune raison de plagier ses semblables. Le monde est parfois terriblement mal fait. On va donc jouer Ken. Mais si vous le connaissez. C’est ce personnage en kimono qui est avec Ryu son frère d’apprentissage l’un des deux seuls personnages joués à Super Street Fighter 2, alors que les développeurs se sont déchirés pour en trouver des dizaines. Là, oubliez le kimono. On a droit à un Ken futuriste qui doit sauver l’univers d’un méchant. Wow, accrochez vous à vos chaussettes, ce scénario décoiffe tant que j’en ai des spasmes anaux…
Mais il faut briser la controverse. Est-ce le même Ken que dans Super Street Fighter 2 ? Personne ne le saura jamais. En effet, dans la version japonaise, pas de Ken, mais devinez qui.. Un Kevin ! Alors que dans l'US, bonjour mon petit Ken... Le mystère reste entier, j'en reste perplexe.
Mais scénario bidon n’a qu’une parole comme dit le proverbe. Et on a tout de même droit à un principe étonnant. On va donc traverser différents tableaux, de trois types. Le monde avec le boss comme par exemple le premier. Un monstre plus ou moins difficile apparaît et il faut le transformer en pantoufle. Puis le monde transitoire, où on sera assailli par une flopée de monstres, dans l’espoir d’ouvrir la trappe vers le niveau d’après. Niveau qui sera un scrolling forcé terriblement difficile, ou les assauts de tous les adversaires donneront aussi bien du fil à retordre à votre pauvre Ken qu’à votre NES. Tout un programme.
Donc on va tuer. Ah mon dieu vous tressaillez ? Vous n’aimez pas la vue du sang ? Moi non plus, et là on s’en tamponne les amygdales. Les monstres ne ressemblent à rien de connu. On a plutôt le droit à des petites soucoupes volantes abstraites, ou à des gros vers, le tout relativement coloré et bien animé, ce qui nous amène une fois de plus à un point merveilleux : les graphismes.
Street Fighter 2010 est beau. Si si, se balader dans cet univers est un voyage étonnant. On passe de planètes arides en forêts luxuriantes, le tout très finement. Les palettes de couleurs sont particulièrement habiles, et c’est réellement très plaisant à regarder. On voit même quelques prouesses techniques, comme des scrollings différentiels, ou encore cette merveilleuse vague de sable animée, qui laissera dans ma mémoire un souvenir au fer rouge particulièrement grandiloquent.
C’est donc très beau. Et très bien animé. Ca tombe bien car notre Ken doit vraiment tout donner pour libérer le monde de la tyrannie. Il s’accrochera autour de colonnes avant d’en faire le tour, sautera dans tous les sens, le tout dans des mouvements qui demandent un petit coup de main. Le saut est pas trop mal, mais l’accrochage demande une pression sur B avant de… S’accrocher. Imaginez la situation. Vous grimpez cette très haute colonne, et vous êtes touché. Ca arrive, et ça vous arrivera même très souvent, mais j’y reviendrais. Et bien touché, vous tombez. Comme une merde. Et si vous n’avez pas le réflexe succinct d’appuyer sur B, c’est la chute fatale qui vous ramènera au début du niveau, là bas, loin…
La maniabilité est donc correcte. Vu la totalité des mouvements de notre Ken chéri, c’est mieux. Cela eu pu être mieux bien sur, mais la mayonnaise prend. On va donc sautiller partout pour zigouiller des tas de méchants. Il y a peut-être des méchantes, mais je préfère ne pas y réfléchir, je ne frappe pas les femmes, questions de principe. On a pour cela une sorte de boule de feu miniature. Au départ complètement minable, de la portée d’un rot, elle deviendra à grands coups de bonus une tuerie traversant un quart de l’écran. Là encore, beaucoup de mouvements. On peut en effet tirer dans les 8 directions, ce qui est assez rare sur NES. On tuera donc avec plaisir tous ces êtres au regard globuleux et à l’œil torve avec tout ce qui faut pour les entendre geindre…
Car oui il y a du son. Du pas trop mal. Ne hurlons pas au chef d’œuvre, ce serait idiot… Là on est plus proche de la musique genre « cyberpunk NES des années 90 ». Je sais, ce n’est pas un mouvement majoritaire de musique, mais je vous demande un effort d’imagination. Allez, soyez chouette mince. Ok vous voyez ? A la bonne heure ! On a donc ce style là. C’est très sympa, mais le cerveau n’imprimera pas. Il se contentera de s’occuper de tout ce qu’il se passe à l’écran, mu par le désir d’en terminer avec ce monde. Et il aura du boulot, ce bougre…
On va donc enchaîner 5 planètes. 5 planètes de trois mondes. 15 écrans finalement. Oui, je sais, j’ai une aptitude naturelle aux mathématiques. Nous étions en cours ensembles peut-être non ? Vous avez une sœur peut-être ? Oui, elle était terriblement bonne aussi… En mathématiques quoi… Et 15 niveaux, c’est terriblement long.
Au début du jeu on voit la barre de vie. On est véritablement heureux. « Oh une barre de vie ! » fera le joueur lambda. Et bien si elle est là, c’est qu’elle a une bonne raison. Car comme le dit le proverbe (il est d’un bavard…) « Jeu à barre de vie, prend ton eau de vie pour la barre ». je vous avouerais que ces glyphes absconses me tarabustent l’esprit à un niveau assez élevé. Mais faisons avec. On va donc en baver des ronds de chapeaux. Très. Beaucoup. Pleins. Vraiment.
Ce jeu je le termine. Mais j’en ai vraiment chié un truc de fou. Oui, je m’estime comme pas trop mauvais aux jeux de manière générale. Enfin sur NES, le reste n’ayant presque pas d’intérêt finalement… Et là c’est une véritable douleur, une orgie de monstres, de méchants vraiment collants, de level design extrêmement évolué, de pièges, de vilénies en tout genre… Le tout dans le simple but de vous faire perdre comme une merde. Et comme vous n’êtes pas un surhomme, ou une surfemme pourquoi pas, vous perdrez.
C’est le point noir du jeu. En baver autant reste une motivation pour certains. Mais pour d’autres ce sera l’enfer, le Vietnam vidéo ludique à portée de pad, la boite de pandore de vos pires cauchemars, marquant au fer rouge votre cerveau révélant à la face du monde vos pires moments de schizophrénie.
Mais le jeu en vaut la chandelle. C’en est tellement difficile, que les plus motivés y arriveront. Pour au final découvrir un jeu sous-estimé, beau, à l’idée vraiment chouette. Un bon jeu finalement…