[Nes Pas?] Respect, hope, zboing.
Fist of the North Star
Toei / Taxan USA Corp. - 1989
Le Hokuto à beurre par Hebus San

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Oui, Hokuto à beurre, parfaitement. De tous les jeux de mots foireux inventés par la bande de joyeux lurons en charge du doublage de Ken le survivant, j’ai choisi le pire. Il est d’ailleurs amusant de noter, pour démarrer par une petite anecdote croustillante, que la fine équipe de traduction n’était absolument pas briefée sur l’objet du travail pour lequel elle avait été engagée. De pauvres comédiens en mal d’argent, les doubleurs donc, ont vu arriver un dessin animé japonais d’une violence inouïe avec pour mission de le rendre regardable par des 6-12 ans. Pour vous donner un ordre d’idée, c’est un peu comme si aujourd’hui on vous demandait de traduire « Valses fines et sodomie, volume 4 » avec pour objectif de faire une projection pédagogique dans une maternelle à l’issue de votre boulot.


On danse?


Autant vous dire que Michel et ses copains n’en menaient pas large. Du coup ils ont pris le parti de tourner la violence en dérision avec force calembours minables pour aboutir au résultat culte que nous connaissons tous, sauf toi le jeune puisque tu es jeune, évidemment.

Pourquoi Hokuto à beurre, donc ? Tout simplement parce que le beurre est encore la meilleure matière première rapidement disponible quand on va se faire enfiler à l’improviste et que ça risque de faire mal, ce que chacun sait ou devrait savoir depuis le dernier tango à paris de Bertolucci. Et c’est un peu dans cette catégorie là que joue Fist of the north star. Remarquez également la présence du mot « Fist » loin d’être anodine. Oh je sais, des esprits chafouins pourraient objecter qu’il ne s’agit ni plus ni moins que du titre de Ken le survivant par delà la baignoire de Guy Delage, mais je ne crois pas au hasard, non, certainement pas.


Esquive : fig 1.


Bref, ce jeu va vous la carrer si profondément qu’il vaudra mieux être lubrifié pour éviter un déchirement désagréable en diable de votre muqueuse anale. Pourquoi ? 17 minutes. Il m’a fallu 17 pauvres et minuscules minutes pour lancer le jeu et en voir la fin. Sans mourir une seule fois, poil aux doigts. Et autant je ne renâcle habituellement pas devant un titre bref s’il s’accompagne d’un plaisir intense, fugace certes, mais intense, autant sur ce coup là on est tout de même assez éloigné du concept de plaisir. Ou alors il faut avoir pour hobby de se faire clouer le gland sur une planche par Maîtresse Viviane, le tout copieusement photographié par madame votre épouse spécialement habillée en Princesse Sarah pour l’occasion. Ce qui n’est pas le cas de beaucoup de retrogamers, vous en conviendrez.

Et pourtant le jeu n’est pas si infâme qu’il y paraît de prime abord. Oh bien sûr les collisions sont gérées aussi efficacement que dans la monoplace d’Ayrton Senna, mais je reste persuadé qu’aux yeux d’un fan de l’époque ce devait être tout de même agréable de diriger Kenshiro dans son célèbre univers post apocalyptique, d’autant plus que Mad Max faisait un carton au cinéma, c’était dans l’air du temps, en distribuant volées de tampons et sacs de coups de pompes à des ennemis trop heureux d’en redemander à longueur de niveau. Sauf que voilà, les yeux du fan ont lentement mûri et il est aujourd’hui un bel homme faisant la joie de son milieu professionnel et l’envie de la gent féminine de tout son quartier, oui, et que dans le même temps il est devenu un brin plus exigeant question gameplay qu’il ne l’était à 10 ans. Du coup même avec les meilleures intentions du monde on est bien en peine de pardonner quoi que ce soit au gameplay aussi rigide que la colonne vertébrale de Stephen Hawking.


Je suis rigide et je le vis moyennement bien.


Kenshiro saute, donne des coups de pied et de coups de poing, et…c’est tout. Certes il pourra augmenter la vitesse et la puissance de ses coups au fil des étoiles glanées aléatoirement sur le cadavre de certains sprites ennemis décédés, mais ca ne changera pas beaucoup la saveur de ce titre bien fade.
Côté néant on notera également l’absence très remarquée de scénario. Si vous connaissez un peu le manga, vous arriverez vaguement à identifier deux ou trois vilains adverses, mais pour le néophyte point de salut. Et ne comptez pas sur une quelconque aide du jeu hein, pas une ligne ne viendra égayer l’enchaînement machinal et soporifique des tableaux tel l’inépuisable retour du plat de pâtes à la cantine de votre enfance. Sauf que les pâtes vous faisaient plaisir, elles.

8 stages, pas un de plus, des ennemis qui spawnent aléatoirement, des niveaux qui peuvent très bien être passés en ne faisant qu’enchaîner les sauts, ça sent clairement le caca. Et généralement quand ça sent la merde, ça a de grandes chances d’en être…



Tant qu’on en est à parler fèces je voudrais aborder la petite astuce qui permet d’entrer dans les portes qu’on aperçoit en arrière plan de certains niveaux, le 3 en particulier. Pour tout vous dire, j’avoue avoir eu recours à un walkthrough pour finir le jeu. Pourquoi ça ? Et bien simplement parce qu’appuyer simultanément sur A et B tout en maintenant la direction droite enfoncée alors qu’on est en face d’une porte, c’est pas l’action la plus intuitive au monde. C’est même un peu à l’opposé de ce que n’importe qui ferait. Je ne possède pas la notice officielle de ce jeu, mais le peu de liens US que j’ai consulté avant d’écrire cette critique, car oui je me documente abondamment pour toi Nes Pas, me laissent croire que cette manip délicate a légèrement été oubliée lors de l’impression finale. Ooooops, sorry guys ! Démerde toi pour trouver ça tout seul mon con. En 2011 ça a du me prendre une demi-minute et un haussement de sourcil dubitatif, mais en 1989 ce truc là a dû ruiner plus d’une vie d’adolescent fragile et forcément non préparé à la résignation, hormis ceux victimes d’abus sexuels répétés durant leurs camps d’été chez les scouts mais bon, on va pas les envier pour ça non plus.
Car non, il n’y a aucune autre moyen de finir ce putain de niveau sans entrer dans la seconde porte rencontrée. Pas de A+B+Droite ? Fin du jeu au début du stage 3, minable ! Ah ah ah ah ah ! Tu voulais te la péter comme à la télé en criant « Aaaatatatatatatatata ! » en faisant voler des bouts de bidoche à l’écran ? Tu avais même économisé plus de 6 mois d’argent de poche pour ça, hein ? Pauvre petit merdeux, sent la toute puissance du Hokuto (à beurre, donc) écraser ton égo minable d’enfant américain moyen !!
Bon j’exagère vraisemblablement un brin, mais la frustration est un sentiment qui a dû accompagner pas mal de joueurs ayant eu la malchance d’investir dans le titre de chez Toei.


Après des années de malbouffe, les ravages de l'obésité chez les cyclopes sont maintenant une réalité.


Pour couronner le tout, le jeu est un exemple parfait de bipolarité vidéoludique. Et oui, la bipolarité est un trouble psychiatrique qui frappe aussi les jeux vidéo. D’une difficulté de prime abord effarante, le jeu s’ouvre telle une orchidée à la saison des pluies (j’avais pensé à une autre métaphore au début, mais je me suis dit que ça allait être trop vulgaire, surtout qu’il s’agit quand même de ta mère) une fois qu’on a pigé qu’en sautant tout le temps et en arrivant chargé comme un coureur du tour de France devant le boss, on ne risque finalement pas grand chose tel ledit coureur dans la caravane des juges antidopage.



Tout au plus un ou deux boss vous occasionneront une petite suée temporale, mais bon c’est bien normal, le réchauffement climatique n’aidant pas à garder une allure élégante à cette époque de l’année (ce que les médias ne soulignent pas assez à mon goût).


Ah mince, raté!


La page gamefaqs consacré à cette horreur possède une conclusion tout à fait objective dans laquelle l’auteur de fout ouvertement de la gueule du pauvre hère qui aura succombé, comme lui, à l’appel du Hokuto (à beurre, j’y tiens). Afin de sauver la face, il propose même une série de trucs et astuces divers afin de rendre l’expérience ludique un brin plus excitante comme crier « Aaatatatatatata » à chaque fois que vous bourrinez un adversaire ou bien lâcher un laconique « tu ne le sais pas encore mais tu es déjà mort » lorsque le boss que vous avoinez entame son dernier carré de vie.


Vega, deux ans avant d'être embauché chez Capcom.


C’est une façon de voir les choses, et c’est certainement ce que j’aurais fait il y a 20 ans si le jeu m’était échu. Oui, j’emploie le verbe échoir et je vous toise de toute la hauteur de ma culture linguistique, sot. Sauf que le jeu est arrivé sous mon pad en 2011 et que j’avais moyennement envie de me ridiculiser une fois de plus devant un écran.

Non, définitivement non. La NES possède de bien meilleurs titres que cette infâmie pour que vous y consacriez plus de temps que celui nécessaire à la lecture de ma prose. Puisse-t-elle avoir été plus agréable que les gesticulations arthritiques d’un Kenshiro à bout du souffle.


Tout ça pour ça?!?

Le point de vue de César Ramos :
Mauvais et pourtant honteusement cher, le SSS (Saint Seiya Syndrom) en quelque sorte.