"Quand j’aurai fini ma vie, je la recommencerai en mode New Game +."
Amagon
American Sammy Corp - 1988
Survivor, en pire. par EcstazY

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
La NES US a eu le droit à une foule de jeux que l’on n’a pas connu dans notre beau pays du fromage. A quelques exceptions, l’enfant français des années 1990 n’a rien raté. Amagon est de ceux-là. Habilement nommé « Totsugeki ! Machoman » au Japon, ce jeu méconnu a le mérite de challenger comme rarement le joueur talentueux que nous sommes tous sur NES Pas. Oui, même toi ami lecteur, profitant de la chaleur torride de ce mois d’août je t’inclus. Sympa.



Autant le dire immédiatement : rarement jeu a plus mis à mal la patience de votre serviteur. J’ose le dire avec un abandon presque total : j’ai usé pour le terminer de plusieurs milliers de sauvegardes sur mon émulateur. Ayant abandonné lors de ma jeunesse cette cartouche avec un autocollant « impossible : penser à y revenir lorsque que je ferai un site Internet sur les vieux jeux NES sur l’Internet mondial » (j’étais très précoce en 1989), j’ai remis la main à la pâte, pour toi ami lecteur. J’y ai laissé quelques heures de ma vie, ne regrette en rien ce temps volé dans la vie du clown que je suis, et suis à l’heure de la transmission. Prends-moi la main…



Amagon est un jeu étonnant. On y incarne un misérable commando US spécialisé dans les missions difficiles. Une importante activité extraterrestre a été détecté sur une île déserte, et comme il va y avoir du rififi on envoie bibi pour sonder un peu le terrain et pacifier tout ce petit monde. L’avion de notre héros national s’effondre, et il va falloir mener à bien la mission, et revenir à nos frais.



Le crash n’étant pas un demi échec, on tombe bien entendu à la stricte opposé de l’île, qu’il va par conséquent falloir traverser dans son intégralité, soit 7 niveaux. Notre héros sauve du drame son fusil à bouchon, quelques munitions, un maillot de bain, son sourire qui fait de lui l’homme de toutes les femmes et une boite de Prince de Lu, qu’il laisse aux autochtones. C’est parti, le monde sauvage est face à vous, le sort du monde libre est entre vos mains ténues et crispées sur la crosse de votre fusil.



On joue donc dans un classique jeu de plateformes. Notre héros saute relativement bien, tire relativement vite, et réagit au quart de tour. Cela tombe très juste, car la nature ne va pas être tendre. On retrouve en effet sur l’île un amusant bestiaire de la jungle, grouillant. Serpents, araignées, oiseaux moqueurs, sangsues, escargots, éléphants, soucoupes volantes… Les classiques des Picaros sont tous là pour vous, et ils ne vous aiment pas.



Vous êtes surentrainé, par conséquent il va falloir tuer tout ce petit monde. Et comme votre faciès rude d’homme du monde les dérange, un seul contact avec ne serait-ce que le plus petit des ennemis vous emmènent au cimetière. Par chance vous avec votre fusil toujours sous le coude. Ah ah ah erreur mon ami…



Le premier niveau est celui de la joie. On tire dans tous les sens, 90% des ennemis meurent à l’impact c’est la fête, ça dézingue à tour de bras. La difficulté n’apparaît qu’au deuxième niveau : vers les premiers monstres, en plein massacre, vous obtenez une massue que vous ne quitterez presque plus. Au départ la colère, l’incompréhension : où est notre fringuant fusil bordel ?! C’est bien simple : il est à munitions limitées.



Là déjà on rigole moins. Terminé les massacres de grande échelle, on passe à la précision chi-ru-rgi-cale. Et à la peur chronique du manque de munitions. Alors bien sur, certains ennemis vous redonneront quelques balles, pour la poilade, mais régulièrement, BIM, la massue du mal. Car qui dit massue dit coup au corps à corps. Et je ne vous cache pas qu’après avoir terminé ce $^ùùù de jeu, la zone de frappe de l’engin est totalement perfectible.



On a donc un traditionnel jeu de plateformes à munitions limitées. Déjà quelques frissons vous résonnent dans l’échine. Mais si je vous lâche comme ça que les ennemis sont aléatoires, là vous pouvez commencer à pleurer. Aléatoire, comme je vous le dis ! Lorsque l’on avance dans le niveau, on aura droit à une masse incroyable d’ennemis. Parfois l’écran peut contenir plus de dix bestioles qui en veulent à votre peau de grand dadais. Sur NES c’est très rare ! 10 bestioles, de deux types : celles qui sont là quoiqu’il arrive, inscrites dans le level design, et les monstres aléatoires, qui surgissent au petit bonheur la chance.



Comment ai-je pu parvenir à cette sinistre conclusion ? Simple : repartir de la même sauvegarde du jeu, et voir que l’instant d’après le panorama des monstres est totalement différent. Et ça c’est moche. Car d’un coup le jeu passe d’un classique jeu de plateforme à un die & retry de la pure espèce, comme un Rick Dangerous, ce qui ne laisse personne indifférent.



Lorsque j’ai réalisé ça, j’ai paniqué. J’ose vous le dire maintenant, j’ai pleuré. J’ai regardé mon pad, les yeux tout englués de larmes, et j’ai hurlé dans une explosion de bave un « Mableh Plourqloii ? » (Vous n’avez jamais bavé ?). Car cet ajout subtil au gameplay rend le jeu dingue.



On avancera comme on pourra dans ces décors légers, aux couleurs délicatement sélectionnées dans la palette « Fantaisie sous psychotropes » de la NES, dans un environnement réellement compliqué à appréhender. Le jeu de plateforme en lui-même est simple, à l’exception de quelques sauts de merde extrêmement précis, et quelques bugs (niveau 6-1 j’ai vécu un moment de solitude extrême pendant 20 minutes, cherchant un nuage qui n’existait pas pour monter un truc, nuage étrangement réapparu à ma mort), mais surtout une masse hostile de monstres aléatoires.



Les niveaux sont découpés en deux, avec à la fin un boss généralement plutôt retors. Vers la fin du jeu ce n’est plus que le monstre ultime. Comme vous arrivez forcément devant lui avec 3 misérables cartouches pour votre fusil, c’est à la massue qu’il va falloir tuer les abominations de l’île, et je vous le dis, tuer un zombi de 40 coups de massue (j’ai compté) avec une zone d’impact à 1mm du bout de bois, c’est… Chaud.



On pourra compter sur Machoman, le truc amusant du jeu : certains ennemis lâchent de temps en temps une barre de machoman, qui aura pour effet après une pression sur Select de transformer notre héros en surhomme, dont chaque pain dans la tronche d’un ennemi l’envoie valdinguer, avançant d’un coup beaucoup plus vite. Très utile pour les boss, cet artifice est bien entendu limité à une barre de vie que rien ne peut reremplir…



Toujours sous le ton de la confession, j’ose aborder le pire boss que je n’ai jamais tué : le squelette de misère. Un mort vivant, particulièrement rapide. Je frappe je frappe, je sue, mon pad colle. Il explose, et je lâche le tout, dans un râle de gloire, juste avant de ravaler ma salive : la chose avait explosé, et les morceaux se maintenaient, et bougeait avec une rapidité confondante. Et là à la massue, j’ai passé plus d’une heure sur cette merde. Une très longue heure. Comme un type avec un sabre tentant de déjouer l’intégralité du débarquement de Normandie : l’écrasement massif de la tâche.



Le jeu est donc terriblement difficile. Comme rarement en ce qui me concerne, car le côté illogique de l’aléatoire rend le tout obscur pour la mémoire du gamer que nous sommes, confortés tous les jours dans nos patterns, nos réflexes. Là point de tout cela. Uniquement des influx nerveux les plus rapides possibles pour subsister. Et c’est chaud.



On donnera donc une chance à ce jeu. Le débutant s’y perdra au bout de 10 petites minutes, n’ayant toujours pas vu la fin du niveau 2, mais le vrai s’acharnera. Chaque mort est une gloire comme rarement atteinte, tant le combat est déséquilibré, et l’on devient ce pauvre type dans sa jungle, en pleine survie mentale dans la putridité des zones feuillues de ce cauchemar vivant. Rarement jeu fut plus éprouvant pour les nerfs, mais avec au bout la joie infinie de pouvoir dire « J’ai sauvé le monde libre, et j’ai terminé Amagon ». Ça ne vous aidera surement pas à chopper en boite, mais au niveau de l’égo c’est jackpot.



Bonus :

Parce que la difficulté n'empêche pas le chemin pavé de roses de l'humour d'avancer, il faut noter cette improbable apparition dans le jeu : René la Taupe bondissante, bim, tout de go, hop !


Boum bébé, YeeeaaaaAAAAAH !

Le point de vue de César Ramos :
Relativement rare aux US, à prix élevé.