Le site qui est parti pisser pendant le serment du jeu de paume.
Ninja Gaiden III : The Ancient Ship of Doom
Tecmo - 1991
Le retour de la suite par Spoz

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Les trésors cachés, c’est un truc que nous apprécions grandement, nous Nespasiens. Il y a ceux qu’on nous demande de chercher dans les jeux vidéo, mais aussi ceux qu’on découvre dans la vraie vie, parfois au détour d’une brocante ou au fond d’un carton qui traîne depuis des années dans un grenier. Bon OK oubliez les brocantes, on a désormais plus de chance d’y trouver une boîte de sachets de Tang datant des années 80 que du oldie de nos jours. Il n’empêche que les trésors cachés existent vraiment et qu’on a parfois la chance d’en découvrir. Et là je viens vous parler… d’une cartouche pirate pour NES présente dans un lot quelconque acheté sur le net… Une chinoiserie… Une ignominie à la base. Sauf que celle-ci est différente. Elle n’a pas 1200 jeux comme les autres, mais seulement une grosse dizaine. Et pour une fois ce sont des jeux triés sur le volet, des jeux que K3vIn aurait affublés d’un gros « RARE » sur eBay et qui ne sont parfois pas sortis en Europe. Dans cette liste se trouve un énigmatique Ninja Dragon III qui ne me disait rien. Et pour cause, il s’agit en fait de Ninja Gaiden III: The Ancient Ship of Doom. Il est là mon trésor caché.



J’imagine qu’il n’est pas vraiment nécessaire de vous présenter la série des Ninja Gaiden ? Ces jeux où on incarne un ninja équipé de son sabre et de shurikens (et autres armes secondaires) qui doit inlassablement découper ses trop nombreux ennemis en tranches dans des niveaux action/plate-forme dont la difficulté a largement contribué à en faire la réputation. La trilogie sortie sur NES nous montre à quel point nous avons été de pauvres laissés-pour-compte pour la distribution des jeux de cette licence. Jugez plutôt :
- 1988 : sortie de Ninja Gaiden au Japon
- 1989 : sortie de Ninja Gaiden en Amérique du Nord
- 1990 : sortie de Ninja Gaiden II au Japon et en Amérique du Nord
- 1991 : sortie de Shadow Warriors (Ninja Gaiden) en Europe et de Ninja Gaiden III au Japon et en Amérique du Nord
- 1992 : sortie de Shadow Warriors II (Ninja Gaiden II) uniquement dans quelques pays d’Europe (la France n’y aura pas droit)
- 2022 : On attend toujours la sortie de Shadow Warriors III en Europe



En voyant ça, vous comprendrez ma joie en découvrant Ninja Gaiden III par hasard sur cette cartouche pirate. D’abord parce que j’en ignorais l’existence, mais aussi et surtout parce que les deux premiers jeux de la licence laissent penser que ce troisième volet devrait aussi être de qualiter. Si vous avez besoin de vous rafraîchir la mémoire, les critiques de Shadow Warriors et Shadow Warriors II sont disponibles en ces lieux.



Comme on pouvait s’y attendre, Ninja Gaiden III va commencer avec une belle cinématique. Et quelle cinématique ! Souvenez-vous… Shadow Warriors, le ninja Ryu perd son père Ken (ça ne s’invente pas !), le venge et rencontre sa dulcinée Irène (je fais court). Shadow Warriors II, Irène est enlevée et baladée de château en château avant d’être sauvée par Ryu (je refais court et je parodie un poil). Ninja Gaiden III commence par une scène où Ryu tue Irène. Ouais, carrément. Le joueur pris d’incrédulité appuie sur Start pour essayer de comprendre ce qui s’est passé. C’est imparable, bravo aux scénaristes. L’aventure commence.



Dès les premières secondes, on ne peut s’empêcher de remarquer quelques différences avec les deux premiers jeux de la série. D’abord le sprite de Ryu a été retravaillé, il est plus détaillé et mieux animé. Ensuite, en bon ninja qu’il est, Ryu peut enfin s’accrocher sous certaines plates-formes avant de se hisser dessus. Il a toujours pu s’accrocher aux murs mais y restait trop souvent collé dès qu’il fallait en bouger rapidement. Il y a du mieux à ce niveau-là, et pouvoir se suspendre sous les plates-formes a permis aux développeurs de jouer avec le gameplay et de nous proposer quelques niveaux plus acrobatiques. On remarque aussi que les boules contenant les armes, leurs recharges et les items pour augmenter la taille du stock d’armes secondaires sont « transparentes ». Du coup on voit ce qu’elles contiennent et on a plus besoin de trancher celles qui ne nous intéressent pas. Dernière différence notable : Ryu pousse désormais un petit cri lorsqu’il donne un coup de sabre. Rassurez-vous, c’est beaucoup plus discret qu’une Monica Seles en rut frappant une balle de tennis, on s’y habitue très vite.



Tout ça a l’air plutôt sympa et rafraîchissant, mais on n’est pas là pour s’extasier devant telle ou telle nouveauté. Non, on est dans une suite de Shadow Warriors et il va bien falloir aller trancher de l’ennemi à longueur de niveaux. Soyez rassurés, il n’y a pas de gros changement sur le principe. On est toujours dans un jeu avec des chapitres jonchés d’ennemis qu’il faudra inlassablement tuer au sabre ou à coup d’armes secondaires avant d’occire un boss pour découvrir la suite de l’histoire en cinématiques. Toute la question est de savoir si ce Ninja Gaiden III va se différencier suffisamment de ses prédécesseurs ou s’il va sentir le réchauffé, voire le cramé.



Et bien sachez que Ninja Gaiden III vaut largement le coup d’être essayé (et adopté). J’irais même plus loin : à l’instar des trilogies Super Mario Bros et Castlevania sur NES, le troisième volet clôture la série en apothéose. Et tant pis si certains trouveront que j’y vais un peu fort. Alors OK, dans les deux autres trilogies citées, il y avait de grandes différences de gameplay entre les épisodes, ce qui n’est pas le cas ici. Mais à aucun moment je ne me suis senti blasé, ce qui, vu le fait que les trois jeux sont très similaires, est tout de même un bel exploit. Si Shadow Warriors II était une belle amélioration de Shadow Warriors, Ninja Gaiden III va encore plus loin. Je l’ai déjà dit, le sprite de Ryu a été amélioré, mais tout le bestiaire a aussi été renouvelé. Il ne s’agit pas un simple lifting mais d’un bestiaire inédit. Les nouveaux décors sont très différents d’une séquence à l’autre, les graphismes sont plus fins, plus agréables, la maniabilité a évolué dans le bon sens, elle est moins punitive qu’avant, notamment lors des sauts puisqu’on n’est plus éjecté en arrière quand on se fait toucher dans les airs.



Et pour couronner le tout : on respire enfin ! On est beaucoup moins oppressé par la difficulté. Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord il y a un nouvel item qui allonge la portée du katana de Ryu. Ca aide énormément à certains endroits et je trouve ça bien plus pratique que les ombres qui pouvaient aider Ryu dans Shadow Warriors II. Elles permettaient peut-être de battre des boss plus facilement mais elles rendaient l’action parfois confuse et j’en n’étais pas super fan. Ensuite fini le respawn, une fois un ennemi tué on peut revenir en arrière sans qu’il revienne indéfiniment. D’une manière générale, on sent bien que le jeu se veut plus abordable. Les boss sont moins difficiles aussi, certains ont un pattern tellement simple qu’il ne faut pas bien longtemps avant de comprendre comment les aborder. Non seulement on avance plus facilement que dans les deux premiers volets, mais le jeu a désormais des mots de passe qui permettent de recommencer au dernier monde où on s’était arrêté. Ca aide énormément et ça donne envie de refaire une petite partie plus souvent. Le jeu renoue tout de même un peu avec ses travers sadiques au dernier monde, surtout dans les niveaux 7-2 et 7-3, mais on peut revenir s’y frotter quand on veut avec le mot de passe qui va bien. Ah et je croyais qu’un bug me faisait tourner en boucle au boss du monde 6 à cause d’une subtilité qui m’avais échappée, je pense que c’est pas un hasard non plus.



Au moment de faire le bilan de la trilogie Ninja Gaiden / Shadow Warriors sur NES, je dois bien avouer que je suis tombé sous le charme de ce troisième volet. Si je ne peux que conseiller de jouer aux trois jeux dans l’ordre pour voir l’évolution de la saga, c’est le dernier opus qui aura mes faveurs si certains ne veulent en essayer qu’un. Et ce en dépit de l’affect que j’ai pour le premier Shadow Warriors, c’est dire. Les améliorations ont été dans le bon sens, et au jeu de la difficulté c’est Ninja Gaiden III qui reste largement le plus abordable, suivi de Shadow Warriors II qui laisse la palme du jeu le plus difficile à …

« What the … »



HERE COMES A NEW CHALLENGER !!



Nous n’en avons pas encore fini… J’ai encore un chapitre à ajouter, il y a un nouveau boss final. Mon trésor, ma chinoiserie, cette cartouche pirate trouvée par hasard contenait la version japonaise de Ninja Gaiden III. Et moi le japonais j’y comprends pas grand-chose, donc une fois cette version JAP terminée, j’ai fait la version US pour pouvoir comprendre le scénario de ce Ninja Gaiden III. Et là je me suis pris une torgnole magistrale. Pour vous expliquer pourquoi, [NES PAS ?] a mis la main sur des enregistrements d’une réunion de travail de l’équipe américaine chargée de préparer la sortie du jeu chez l’Oncle Sam :

- Hé chef, on a enfin reçu la béta de Ninja Gaiden III !
- Alors ça donne quoi ? C’est bien ?
- Ah ça oui, c’est même très bien, mais il y a quand même un énorme problème…
- C’est quoi ce problème ?
- Les Japonais ont voulu un jeu moins difficile pour en faire un argument de vente auprès de ceux qui n’ont jamais pu finir les deux premiers jeux.
- Et c’est vraiment moins difficile ? On les connaît les Japonais quand ils disent que c’est facile. Des fois ça l’est pas vraiment…
- Ah non mais là ils ont pas menti. On avance assez vite et y a quelques boss en mousse…
- Genre un joueur assez habitué peut finir ça en 2-3 jours ?
- Oui…
- Ah mais ils font chier hein, à oublier que nos vidéothèques ont le droit de louer des consoles et des jeux alors que c’est interdit chez eux. Du coup ça va vite se savoir que Ninja Gaiden III se termine en un week-end, les joueurs vont juste le louer et on aura des ventes calamiteuses. Allez hop, on fait comme avec Bayou Billy et on augmente la difficulté.
- OK chef. Du coup on fait quoi concrètement ?
- Déjà la base : on rajoute des ennemis et tant pis pour les clignotements.
- OK
- Deuxième truc de base : les ennemis et les boss font plus mal.
- OK
- Ensuite on remplace les bonnes armes mises dans les passages plus corsés par de simples munitions.
- OK
- Supprimez-moi aussi quelques recharges d’énergie, surtout celle du dernier niveau qui permet d’arriver aux boss avec une barre d’énergie pas mal remplie.
- Oh la vache, là vous êtes pas tendre…
- Vous avez encore rien vu. Quand on perd une vie, on recommence au début du niveau et non pas au début de la section où on est mort. Et quand on utilise un continue, on recommence au début du monde et non pas au début du niveau où on a perdu sa dernière vie.
- Donc on va encore plus loin que l’énorme coup de pute du monde 6 du premier Ninja Gaiden et on applique ça à tous les mondes de Ninja Gaiden III sans exception ?
- C’est exactement ça. Ah et vous supprimez ces mots de passe aussi, faut pas déconner.
- Oui ça on s’en serait douté… OK, on se met au travail.
- Attendez, encore un petit truc. On va aller au bout des choses : vous me supprimez les continues illimités et vous n’en mettez que… allez à la louche… Cinq ! Oui ça me semble pas mal ça 5 continues.



Ou comment saccager un jeu qui était très bien dans sa forme originale. Je ne sais pas quelle mouche a piqué ces Américains, mais c’est du grand n’importe quoi. Cinq pauvres continues, en plus des autres vacheries, pour terminer un Ninja Gaiden… Pour donner un ordre d’idée : j’ai passé les deux premiers mondes sans perdre de vie dans la version japonaise alors que j’ai utilisé les 5 continues de la version américaine sans réussir à atteindre le boss du deuxième monde. Cette version US nous fait vivre un véritable enfer. Peut-être intéressera-t-elle les férus de difficulté qui n’ont pas été assez frustrés par Shadow Warriors I & II, mais moi je sais que c’est la version japonaise de Ninja Gaiden III que je ressortirai le jour où j’aurai envie de trancher des ennemis au katana sans tourner chèvre.



A bon entendeur...
Le point de vue de César Ramos :
Le prix de la version JAP pique déjà très fort donc la version US est réservée aux plus grosses bourses. #grosbaiseur