Il fait chaud, il fait beau. Pas un brin d’herbe ne remue. Tout à fait le genre de météo propice à se taper un jeu guimauve. Vous savez ce genre de jeu gnangnan, qui sent un peu du slip, mais qui au final vous paraît agréable puisqu’il ne heurte pas votre lascivité molle en ces temps de grosse chaleur.
Et qui dit guimauve dit fatalement Kirby. Non ? Si. C’est moi qui décide de toute façon.
Outre la couleur, Kirby possède également d’autres attributs de la guimauve. A commencer par une débauche de mièvrerie sirupeuse. Rapporté au jeu vidéo cela donne une palette graphique absolument hallucinante. Tel un Yoshi’s island avant l’heure, Kirby 3 est une véritable ode au pastel, un recueil graphique si édulcoré qu’il pourrait être montré en exemple dans toutes les écoles d’art de la planète. Qu’on aime ou pas, force est de constater que la cohérence du héros est parfaite avec l’univers dans lequel il évolue.
En effet, quoi de plus naturel que de contrôler un bibendum court sur pattes, joufflu et rose bonbon dans une telle débauche d’effets visuels cul cul la praline ? On en vient presque à trouver ça normal, parfaitement logique, tout en oubliant qu’il y a quelques heures à peine on plaçait un enchaînement de deux dragon punch particulièrement jouissif dans l’oignon de son camarade de jeu d’alors.
Quoi qu’il en soit, c’est tellement « bisounours style » que c’en est presque agressif ! On frémit d’angoisse en imaginant sans peine qu’une armée d’Hamtaro (mais si, le petit Hamster héros des jeux éponymes ! LA Star incontesté du jeu guimauve pour petites filles du primaire) va sortir de nulle part pour nous ensevelir sous une marée de câlins mièvres, à grand renfort de ronronnements assourdissants de douceur, de regards humides d’amour, d’affection débordante, pour finir par nous étourdir sous les coups répétés de leur gentillesse suintante et tiède.
La nausée est proche. On se raccroche tant bien que mal à la réalité en pensant très fort à Mortal Kombat.
Et puis on prend le pad.
Et là, la transformation s’opère. Après une heure de jeu, on court embrasser son collègue de bureau (si on joue au bureau, évidemment), celui là même qui vous a dénoncé au chef parce que vous passiez vos journées sur MSN. Après deux heures, on appelle son voisin pour s’excuser d’avoir mal garée sa voiture hier et lui dire que finalement ce n’est pas sa faute s’il a rayé toute l’aile droite avec sa clé en passant contre.
Au bout de 3 heures, on monte un association de défense des vers luisants. Au bout de 4 on milite pour la réintroduction des vers à soie dans le Larzac.
Une fois le jeu fini on appelle sa belle mère pour lui dire qu’on l’aime.
Kirby’s Dream Land 3 est un ailleurs où il fait bon errer. Un jeu de plateforme classique enrobé d’une telle couche de douceur qu’il est impossible de ne pas y succomber quand vous y toucherez.
La maniabilité y est parfaite. Le gameplay également puisque grandement inspiré des jeux Gameboy et NES sortis auparavant. Vous retrouverez donc avec bonheur les ingrédients ayant fait le succès de la série, à savoir la capacité d’avaler de l’air pour voler, mais également la megaman attitude avec le pouvoir de s’approprier la caractéristique de l’ennemi que vous venez d’avaler. Genre « oh la jolie bestiole électrique ! Miam ! Oh, j’ai les roubignoles qui frisent ! ». Enfin remarquez que Kirby doit pas le dire comme ça hein…
Quoi qu’il en soit, si vous avez déjà joué aux opus GB et NES, attendez-vous à trouver Kirby un poil plus pataud. Pas moins contrôlable hein, mais plus mou. En fait, ils ont même réglé la vitesse pour en faire ressortir de la nonchalance. Ils sont forts ces développeurs.
Amateur de tripes fumantes et de challenges burnés passez donc votre chemin. Kirby n’a pas que l’aspect et le goût d’un jeu simple, il EST la simplicité incarnée. Point de crispation de mâchoire ou de grosse goûte qui galope le long de votre tempe. Les parties se succèderont dans une ambiance primesautière tout à fait délicieuse.
Autre paramètre qui va dans le sens du gros bonbon douceâtre, la musique. Reprises réarrangées (en plus guimauve, une fois encore) des légendaires thèmes de la série, la bande son vous flattera les cages à miel dans le sens des poils…enfin des cils vibratiles quoi. Encore une fois l’homogénéité de l’ensemble laisse rêveur puisque même du Sabine Paturel aurait été violent dans ce contexte. Ecueil évité avec brio. Les thèmes successifs vous plongeront dans une torpeur enchanteresse où vous sombrerez avec gloutonnerie.
Au final, Kirby’s Dream Land 3 doit se déguster lentement, comme le jeu délicieux qu’il est. La preuve ? C’est un million seller, et ils ne sont pas si nombreux sur SNES. Une invitation au romantisme, une parenthèse bucolique (néphrétique) dans une vie de stress et de pressions, un bulle intemporelle qui vous bourrera d’amour sans perturber votre brushing. En clair un must have