Après deux tests éprouvants pour ma santé mentale, je passe en ce jour pluvieux à quelque chose de plus léger. Alors voyons… Comme vous le savez tous, je suis loin d’être un expert en jeux introuvables/importés/lituaniens. Qu’à cela ne tienne, le tenancier des lieux a bien l’air décidé à me laisser poursuivre mes errements narratifs pour peu que je continue à contribuer au remplissage de ce site. Surtout si ça lui évite de se taper les sempiternels titres archi-connus dont tout le monde se cogne. Tant pis pour lui. Il ne sait pas ce qu’il perd.
Léger ai-je dis. Pas mauvais, ni même moyen. Nuance de taille. Un peu comme un 51 niché au fond d’un grand verre et dont le doux clapotis vient lécher les deux polygones de glaces flottant paresseusement à sa surface. C’est drôlement bon (patron, le petit frère !) mais ça ne suffit pas pour le dîner. C’est donc léger. Vous y êtes ? Poursuivons.
Super Soccer est donc un jeu léger. Vous ne vous en relèverez pas la nuit, ça c’est certain. Ou alors vous devriez consulter. Mais il descend dans les boyaux en vous laissant une agréable sensation de bien-être. Et paradoxalement, bien que ce titre soit loin d’être une star de l’équipe SNES puisqu’il est confiné sur le banc la plupart des matches, c’est de très très loin celui sur lequel j’ai passé le plus d’heures, et du reste le dernier qui ai tourné dans ma regrettée console vendue un jour de grande bêtise. Et oui, parmi les Zelda, Mario et autres Secret of Mana il y avait toujours une petite place pour un bon Brésil-Argentine…
Je ne suis pas un bon joueur, c’est désormais de notoriété publique. Bon je laisse Tam scotché sur le goudron à Double Dash c’est vrai, mais ce n’est pas suffisant. Autant je ne suis pas prétentieux (pas vrai ?), autant je me targue d'être d’une invincibilité parfaite à Super Soccer face à un joueur humain. Je connais ce jeu tellement bien, que je pourrais y jouer de nuit à bord d’un bateau en pleine tempête les mains attachées. Que voulez vous, 5 années d’entraînement intensif marquent un homme. Tout ça pour vous dire que ce que vous allez lire maintenant est peut être le test le plus approfondi de toute l’histoire.
Les modes de jeu sont standards. 1 joueur, 2 joueurs, exhibition ou tournoi, et séance de pénos. A ce propos je n’ai jamais retrouvé des séances aussi bien rendues dans un jeu de foot. Voui, même pas dans PES3. Le mode tournoi est d’une banalité à pleurer. Vous affronterez toujours les même équipes dans le même ordre. Autant vous dire que la France n'est pas considérée comme super forte, le jeu étant sorti en pleine période « délicate » (mais siiii ! Reynald Pedros, Christophe Cocard, Pascal Vahiruha et tout ca ! Ah ca vous revient quand même!). Donc dans l’ordre de puissance ce sera Allemagne, Argentine, Italie, Brésil et Pays-Bas. Je prends toujours le Brésil. Je connais le nom des joueurs par cœur (celui des joueurs des autres équipes aussi du reste…) et je leur ai même donné des caractères bien trempés et un passé à chacun. Oui, l’imagination travaille beaucoup quand on va au lycée à pieds…
Donc Brésil et on lance la sauce.
Graphiquement c’est vraiment moyen. Enfin, la pelouse est verte, le ballon est rond et les cages rectangulaires, c’est toujours ça de pris. Les maillots sont globalement bien respectés, ainsi que la couleur de peau des joueurs, même s’ils sont tous identiques, sauf le gardien. Mais rien de vraiment transcendant.
Musicalement parlant c’est agréable à l’oreille, sans plus. Chaque équipe a sa musique propre, et donc c’est une mi-temps par équipe pour la musique.
Mais la vrai force de Super Soccer réside dans sa maniabilité hors du commun…
Oubliez vite Kick-Off, alors roi du monde des simulations de baballe. Ici les matches seront beaucoup plus lents. La prise en main est d’ailleurs totalement déroutante lors des premières parties. Comme celle d’ISS quelques années plus tard. On n’arrive pas à faire grand chose, et marquer des buts est rapidement le dernier de vos soucis. Va d’abord falloir éviter de s’en goinfrer vingt! Vous contrôlez tous les joueurs, et c’est la console qui décidera lequel est le mieux placé. Mais vous pourrez toujours déjouer ce petit piège en éloignant rapidement le joueur désigné de l’action pour qu’il soit désélectionné. Ca paraît compliqué mais une fois le coup de main pris, c’est enfantin.
Autre point important, la balle colle au pied. Joie. Je détestais Kick Off pour cette simple raison. Le foot chez moi c’est arcade ou rien. Enfin c’est vrai merde, les meilleurs joueurs du monde courent rarement après le ballon sans jamais le contrôler non ? Bref là ça colle. Donc pour le reprendre à l’adversaire, c’est tackle ou coup d’épaule. Mais l’arbitre rôde, et il a le carton facile, méfiance ! Le tackle est donc plus sûr, mais l’adversaire peut l’éviter en sautant. Vous aussi d’ailleurs, le tout étant géré aléatoirement par la console. Un bouton pour les passes automatiques, un pour celle non dirigées (vous choisissez la direction… JOIE !) et un bouton pour la frappe qui varie en fonction du temps de pression. Si le ballon est en l’air ce sera tête ou retourné. Hyper mal animé il est vrai, mais retourné quand même.
Là où il devient jouissif de jouer, c’est quand le contrôle des frappes vous sera devenu familier. Vous brosserez vos ballons comme de grands malades, et vous pourrez ainsi marquer du milieu du terrain si le gardien adverse est un veau. Les centres seront impeccablement courbés, et les reprises n’en auront que plus de panache. Un vrai régal. Ajoutez à ceci le fait de pouvoir tackler sans ballon ET sans que l’adversaire l’ait (pour vous jeter sur une passe en profondeur, ou reprendre un centre au ras du sol quand vous êtes un peu « court »), et, joie ultime, la possibilité de dribbler tout le terrain avec le gardien.
Vous obtiendrez alors le meilleur jeu de foot sur SNES. J’en ai essayé beaucoup, et c’est vraiment le seul qui m’ait convenu à ce point.
Une bizarrerie à noter cependant, le gardien de l’Irlande, Riley, est un véritable poulpe dopé à la cocaïne. Ses envols sont ahurissants, et il vous faudra bien des tentatives pour en venir à bout. Je n’ai aucune explication à ce phénomène, d’autant que le reste de l’équipe est relativement faible (sauf ce putain de Quinn ! Grmbl). Délire de développeur, sans doute. En tout cas une séance de pénos contre l’Irlande est un véritable défi.
Petit plus, si vous terminez le mode tournoi, vous aurez le droit d’affronter l’équipe Nintendo tout de noir vêtue. Oui, comme les All Blacks. Et comme eux, ils savent jouer les bougres…
Au final un jeu terriblement attachant, même si j’ai peu à peu pris conscience au fil des années que je dois être l’un des seuls joueurs au monde à avoir autant apprécié ce titre. Mais j’assume la tête haute ! Seul petit regret, il est d’une jouabilité exécrable sur un clavier. Il vous faudra donc vous le procurer pour en tirer tout le potentiel… Bof à 1€ la cartouche sur ebay, vous allez bien vous laisser tenter, non?