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Castlevania X - Vampire's Kiss
Konami - 1995
Roumains au rabais par Petemul

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Castlevania X - Vampire's kiss pose un cas de conscience au chroniqueur oldie qui se respecte. Ce jeu a en effet deux niveaux de perception : le niveau "je ne connais rien au jeu vidéo, je suis une vierge pure et lascive et j'attends le grand frisson" et le niveau "j'ai fait toutes les guerres mondiales avec un couteau fabriqué à partir d'un vieux boulon et je connais l'univers comme la poitrine d'Irina le Rossignol de Saint Nazaire". En gros le niveau ignorant, et le niveau savant. Or que sais-je de toi qui me lit, ô inconnu(e) ? Ai-je besoin de te bourrer le mou avec des considérations intégristes ? Mais si tu ne cherchais pas cette pureté, cet intégrisme, cette intégrité éditoriale devrais-je dire, serais-tu ici ? Sûrement pas. Alors écoute-moi bien.



Admettons, tout d'abord, que Castlevania X a beaucoup de choses pour plaire. Un pedigree de légende ; à l'époque de sa sortie, la série Castlevania a déjà atteint son statut de série phare du jeu vidéo, multi-plateformes, au succès sans cesse renouvelé. Et le volet précédent est une pure bombe à laquelle je joue encore régulièrement.



Ce second Castlevania sur la console du Bien était donc prometteur, je l'attendais en frétillant - et il s'est fait attendre le bougre. J'ai vidé mes économies, j'ai bloqué mon après-midi, je suis prêt. J'allume la console et paf, en route avec qui ? Richter Belmont, cette fois-ci. Soit. En l'an XXXX, Dracula fait encore parler de lui, il terrorise tout le monde, oh ben quelle surprise, et cette fois en plus il enlève deux demoiselles qu'il va falloir sauver en plus de tatanner le Vicomte. Je n'en attendais pas moins. Je m'apprête donc à parcourir, en 2D, un château plein de monstres féroces et de pièges sadiques, en sautant et fouettant à tour de bras, avec quelques armes secondaires pour faire joli.



J'y vais, et dès les écrans-titre, première constatation : le virage pris par la direction artistique. Look manga très affirmé. Bon j'ai rien contre à la base, mais après le look très sale du numéro IV, ça me faisait déjà bien bizarre. Oui parce que l'ambiance gothique je préfère ça avec des teintes de gris qu'avec du bleu pétant, enfin chacun son truc.



Je sais que Konami peut me donner du rêve au détour d'un chandelier, que de l'abstrait peut jaillir le beau, alors je persévère. Et au prix de la cartouche de toute façon, hein, j'avais pas les moyens d'être snob. (Je rappelle qu'à cette époque on ne pouvait pas pirater les jeux, jeux qui valaient parfois un dixième de smic. Le prix d'une passe complète, aussi, si vous voulez d'autres arguments, d'où l'expression "se prostituer pour se payer cette cartouche".) Confiant comme je le serais à la première écoute d'un disque des Rolling Stones, je démarre la partie prêt à en découdre avec zombies, squelettes et toute la faune habituelle.



Ahem.

Alors on va pudiquement commencer par l'aspect "si je n'y connais rien, qu'est-ce que je vois ?". Et là je vois un joli jeu. Très. Oui, parce que malgré ce qu'on peut penser des couleurs, il faut avouer que c'est un peu de la tuerie graphique. Des beaux sprites, du pixel bien placé, on comprend ce qu'on voit, des effets de folie, il y a des décors jolis comme tout. Ok.
Les musiques sont bien, rythmées, sympa, avec une orchestration très riche et impressionnante, les capacités de la console sont bien exploitées, certes.
Le héros avance, saute, frappe, en répondant bien au pad. Bien.
Le jeu est très dur, challenging diraient nos amis outre-manche, court, mais avec des routes - et donc des fins - alternatives. Intéressant.



Vu comme ça ça a l'air bien hein ? On a là un jeu qui est bon, objectivement, très bon même, techniquement au poil, maniable, retors comme il faut, avec même un intérêt à être rejoué. Sur le papier ça déchire tout.



Oui mais non. Je vous la rejoue, avec un peu plus de recul.



Premier niveau. Graphiquement j'ai déjà dit, ça me surprend, mais bon c'est pas le pire, finalement c'est comme une nouvelle coupe de cheveux, on s'y habitue très vite et c'est au fond très bien. On a un bel effet d'incendie, on avance dans une jolie ville ne flamme, youpi. C'est même, en fait, beau à pleurer. Par contre déjà mes tympans souffrent, parce qu'on sort de la musique moite du IV pour tomber dans le pop-rock vaguement lorgnant du côté du metal et du gothique, virage artistique qui va se confirmer avec l'âge, sauf que là ça ne va pas du tout, mon brave monsieur, je ne suis pas un Kévin qui bave devant les groupes de cosplay japonais, je veux de la bande-son de jeu vidéo de barbare qui tape des chauve-souris. Enfin c'est pas le pire, la musique du niveau 1 passe bien par rapport au reste.



Mais là où je pleure, je hurle, c'est sur la maniabilité.



Oui j'ai dit plus haut qu'elle était bonne. Elle serait très bonne pour Castlevania 1 sur NES, ou pour tout autre jeu qui ne serait pas SORTI APRES LE IV !!!!!! Parce que dans le IV, souvenez-vous, Simon Belmont avait miraculeusement guéri de sa paraplégie ; il sautait, avançait accroupi, et il AVAIT UN FOUET QU'IL POUVAIT FAIRE TOURNER DANS TOUS LES SENS et rien que ça justifiait l'achat du jeu. Le meilleur point de gameplay du IV, eh ben figurez-vous qu'ils l'ont enlevé, on retourne à un jeu à l'ancienne, je frappe devant et puis c'est tout. SCANDALE ! Et vu que visiblement le pad de la Super Nintendo n'a pas assez de boutons, il faut appuyer sur attaque + haut pour lancer la célèbre arme secondaire. On croît rêver !



Et je vous avoue sur le coup ça m'a vraiment fait mal. 500 balles pour ÇA ! Un pitoyable ersatz de ce que fut l'épisode précédent ! Alors que dans le même temps, Exile III coûtait 25$ ! Ah l'escroquerie ! Et le coup de grâce fut le moment où, dans les niveaux suivants, j'entendis les thèmes de la série remixés à leur sauce rock de merde. Oui, je dis merde, à ce jeu, à vous et à la censure. C'est rythmé avec les pieds, orchestré en mode m'as-tu-vu, c'est gerbant



Je continue, parce qu'il faudrait être mad, ou très con (les deux même) pour en rester là. Les défauts ne s'atténuent pas, ils sont même rejoints de deux autres : des décors jolis au début mais finalement répétitifs (pourtant, j'aime l'art séquentiel) et un level-design à chier. Je sue à grosses gouttes. De panique, et aussi parce que le tout est servi par une difficulté absolument démente. Certains ennemis ont une allonge de folie, et les concepteurs ont abusé de l'effet "phase de plate-forme tendue avec des trucs qui vous font tomber de partout". A la longue, on se rend compte que Richter Belmont est presque atteint d'un léger syndrôme de golemmite, dont son ancêtre Simon avait fini par se débarrasser, qui est fort heureusement (oui, alleluia, des choses bonnes à prendre ! ) compensée par la possibilité de sauter depuis les escaliers, un salto arrière, un coup spécial avec l'arme secondaire et une option moonwalk. Niveau combat final c'est clair : Dracula est une pute vérolée qui vous en fera chier comme un Russe. Oui, Nes Pas est aussi le site des obédiences sexuelles de l'extrême.



Une autre chose vient illuminer tout ceci. Une étoile dans un ciel rouge sang. Une lueur d'espoir, annonciatrice d'une révolution pour la suite de la série. Comme dit plus haut, il y a des chemins et fins multiples. Oui, il y a de vrais stages cachés (et pas une pauvre salle abstraite comme dans le IV), et deux objectifs à remplir : tuer Dracula, certes, mais aussi sauver DEUX damoiselles, en stress, en tresses et en détresse. Et bien évidemment les trouver nécessite un talent d'acrobate du pad, un solide sixième sens de l'exploration, ou plus sobrement à l'époque l'aide du 36 15 Joypad Plus Pro Tip. Oui, hein, je vous merde, j'avais personne pour m'aider sur ce coup-là.



Mais c'est peu, c'est bien peu. Et c'est pas comme si on avait vu ça dans Castlevania III. Et surtout la supercherie ne s'arrête pas là, en route vers la deuxième dimension de l'amertume. Car ma douleur s'est vécue en deux temps, et ce deuxième temps nous envoie quelques années plus tard lorsque je pus combler mes lacunes de culture vidéoludique sur internet.



Dracula X Rondo of Blood. Sur PC Engine. 1993. Oui, 1993, deux ans avant 1995.

Le voilà, le deuxième temps.



Ce jeu vous est inconnu ? Il est temps de réveiller votre conscience. C'est, ni plus ni moins, qu'un jeu sorti sur un support CD-Rom, qui n'est autre que LE BON JEU dont Vampire's Kiss est, à la lumière de cette découverte, une adaptation sidéralement décevante. La version PC Engine est belle, variée, longue, on peut jouer avec d'autres personnages, elle fait votre vaisselle, comble les vierges humides et promène le chien. Elle a gagné un statut de jeu culte pour un tas de bonnes raisons sur lesquelles la version Super Nintendo s'assoit avec une arrogance merdeuse et puante, pensant que nous serions assez idiots pour gober la supercherie. En l'occurrence ça a marché avec moi. Je hais ces types. Ce jeu aurait dû être Castlevania 5, aurait pu être tellement de choses, aurait pu être énorme, ils en ont fait juste tranquillement un jeu pépère, sans prise de risque, sans innovation.



Alors après à vous de voir. Pour le côté collector, pour le challenge, pour ses qualités objectives, ce jeu a un intérêt. Il est comme bien d'autres : très bon en soi, décevant à côté de ses pairs. Y jouer en étant prévenu vous fera sans doute moins mal qu'à moi ; moi je ne leur pardonnerai que difficilement de m'avoir fait vivre ça à froid, à sec, par derrière. (Et ce n'est pas sans rapport avec le fait que je me suis débarrassé un jour de ce jeu, ignorant alors que le oldisme permettrait, quelques années plus tard, de se payer une voiture de sport, avec quelques titres bien choisis...) Konami nous avait habitué à aller de l'avant, pas à faire machine arrière, fût-ce avec une belle carrosserie.





Fais chier.
Le point de vue de César Ramos :
Un jeu rare avec marqué Castlevania dessus. Je vous fais un dessin ?