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Tiny Toon Adventures : Buster Busts Loose
Konami - 1993
Somewhere, over the rainbow... par Petemul

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Admettons que là, d'un coup, vous vouliez en finir avec la vie. Oui, pouf, ça vous prend, je ne sais pas, vous avez fait une promenade dans le couloir des cancéreux en phase terminale de la clinique du coin, vous venez de regarder Les Aventures de Tchaou pour la huitième fois, vous avez rencontré une Polonaise aux yeux pleins de regrets, ou vous êtes supporter du PSG. Par malheur aujourd'hui vous êtes en plus coincé à Tulle, chez votre grande-tante qui pique, il pleut et la fosse septique se rappelle à vous. Sans un seul Figolu.



Vous avez cru un instant échapper à la folie en dégottant par un hasard complètement fabuleux une Super Nintendo en état de marche à brancher sur la vieille télé du salon, celle sur la commode en buis avec le napperon en dentelle. Mais un rapide coup d'oeil au jeu fiché dedans vous glace le sang : Pit Fighter. Eli, eli, lema sabachatni...



Vous remarquez que le cordon de la manette peut faire un admirable noeud coulant lorsqu'un bout de plastique au fond du tiroir attire votre oeil. D'une main tremblante, vous découvrez un deuxième jeu. L'étiquette couverte de poussière ne laisse néanmoins aucun doute quand à son identité : Buster Busts Loose.



Bénie soit la providence. Mais vous ne le savez pas encore. Tout ce que vous savez, c'est que l'espèce de lapin bleu sur l'étiquette, vous l'avez déjà vu dans un dessin animé : Buster, la version en culottes courtes de Bugs Bunny, héros de la série des Tiny Toons, joyeuse bande de frappadingues qui, s'ils n'ont pas le talent de leurs aînés de la Warner, ont tout de même eu quelques belles heures. Dans un dernier sursaut d'instinct de survie, vous décidez d'essayer ce jeu avant d'aller ouvrir le robinet du gaz.



Un coup de bouton ON plus tard, votre vie bascule.



Logo Konami. Puis une musique pétaradante. S'ensuit une explosion de couleurs. Pour un peu vous auriez des petites taches blanches devant les yeux... menu standard, on démarre le jeu parce que même au bord du grand saut, on n'est pas des ravioles, pas question de baisser un quelconque niveau de difficulté. Ah ha...



Vous voilà aux prises avec un gros sprite, joli, dans de chouettes décors. C'est beau. Ca respire la joie de vivre. Une brise fraîche vient faire frétiller vos narines. La pièce paraît soudain envahie par le printemps. Votre grande-tante est en train de préparer sa mythique tarte aux mirabelles dans la cuisine, vous recevez un message d'une magnifique jeune fille, la fille du lycée que vous avez maté pendant un an et qui d'un coup, pouf, a trouvé votre numéro et a ouvert les yeux sur le fait qu'elle a toujours voulu un enfant de vous. Et si vous aviez allumé la radio à ce moment précis, vous auriez entendu Aimé Jacquet annoncer qu'il reprenait en main l'équipe de France.



Mais vous n'entendrez rien de tout cela car vos oreilles sont bercées par une mélodie guillerette, pleine de miel et de flûtes printanières (et je signale qu'il faudrait être mad, ou très con - les deux même - pour y voir un lien avec mes attributs virils). Un sourire béat au coin des lèvres ruisselantes de bave parfumée, vous avancez avec élégance. Vous sautez, vous courez, vous agissez avec l'aisance des grands Tigres d'Afrique. Je sais, il n'y a pas plus de tigre en Afrique que de pucelle au Club L'Orchidée Noire, à 35 mètres de chez moi, mais c'est une image.



Tiny Toons va alors vous entraîner dans une aventure en arc-en-ciel majeur, comme dirait Hebus. De la plate-forme excellement bien pensée, variée, au poil. Votre personnage réagit parfaitement, il peut dégommer les ennemis en leur donnant un coup de patte, il peut "dasher" pour grimper aux murs, faire des glissades, etc. Ca va vous donner une variété de situations impressionnantes dans des décors multiples avec références cinématographiques de bon goût : la Looniversity Acme, un film de cow-boys, Star Wars... de la plate-forme pure parfois, un peu d'action de temps en temps, le tout émaillé de stages bonus sous formes de mini-jeux qui n'ont rien à envier aux Mario Party ou Tiny Toons Wild & Wacky Sports. Le jeu se paie même le luxe de vous offrir la meilleure simulation de football américain sur un stage entier... Culte ! Sur mon émulateur j'ai bloqué un "save state" juste au début de ce niveau pour le refaire de temps en temps, pour le fun.



Bref, les niveaux s'enchaînent avec une vraie gourmandise de joueur oldie, c'est juste parfait, l'archétype du jeu de plate-forme tel que ça nous plaisait à l'époque, et ça a parfaitement résisté au temps. Il y a des trouvailles lumineuses : se planquer derrière des éléments du décor pour échapper à des tirs qui viennent du fond de l'écran, se faire un boss (les boss sont d'ailleurs une espèce rare et pas du tout obligatoire pour finir un niveau) non pas en le butant mais en lui donnant à manger dans un combat qui à lui seul vaut les meilleurs jeux du début des années 80 (genre Burger King et autres prothèses), un niveau qui se fait entièrement en dash à la course contre un train, etc. Un festival d'inventions de gameplay. Le panard.



Mettez-vous ça en tête : ce jeu est un jeu réglé au poil, bercé par des musiques de folie, et enluminé par des magnifiques sprites et décors dans tous les coins. Que demander de plus ?
Alors on ne parle plus de suicide, on ne parle plus de vacances en Corrèze, là c'est orgie à Tahiti. Ce jeu est vraiment un très bon, un gros morceau, et suffisamment difficile pour vous faire passer pas mal de temps dessus. Argument final : à l'époque, je l'avais échangé contre Street Fighter II turbo et je ne l'ai pas regretté, c'est vous dire...



Courez donc, courez, vils mécréants, courez vous le procurer, et la vie vous semblera belle comme une tarte aux mirabelles. Et pour une critique écrite par un Lorrain d'origine comme moi, je peux vous assurer que cette comparaison a une sacrée valeur.
Le point de vue de César Ramos :
Commun, à petit prix. Profitez-en !