Le site qui te fait le coup de la panne, à pieds.
Dig & Spike Volleyball
Hudson Soft - 1993
Au delà de l'ennui, la vision. par Hebus San

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Salut jeune ! Les jeux de sport tu aimes ça ? J’en étais sûr ! Tu es jeune et fringant, aussi ma prise de risque était-elle limitée sur cette première question. Tu aimes donc le sport et c’est tout naturellement que tu te demandes quelles pépites dorment encore dans ces caisses pleines de jeux super nintendo attendant de s’offrir au premier sportif velu qui les revendiquera pour siennes.



Tu n’es pas vraiment velu ? Qu’à cela ne tienne, tu n’es pas vraiment sportif non plus, sinon tu serais probablement en train de courir la balle (ou la gueuse) sur une prairie ensoleillée plutôt que d’être ici posé sur ton cul flasque en gloussant mollement devant ton écran.
Note bien, je ne t’en veux pas, ce sont finalement les gens comme toi qui font les gens comme nous. C’est dire si nous sommes faibles nous autres rédacteurs, aussi serais-je bien mal inspiré de te jeter la pierre, jeune.



Quoi qu’il en soit, tu aimes l’odeur de la sueur pixelisée, et ça m’excite. Je vais donc te donner du rêve, te faire mourir de désir extatique : te faire jouer au volley ball.

Attention, pas le volley ball sympa d’aujourd’hui, non. Le vrai volley ball, celui fait pour les hommes qui aiment prendre des douches entre eux après 5 heures de lutte âpre et totalement inadaptée à la médiatisation galopante du début des années 90, est un sport pénible, réclamant de l’abnégation, et vraisemblablement un peu de connerie, pour être apprécié à sa juste valeur. Ou tout du moins être supporté sans balancer le jeu à la benne. Mais tu es un dur, jeune. La preuve, tu viens encore lire nos critiques malgré le nombre effarant de posts te rabrouant, te laissant humilié et seul avec ton âge méprisable, souillé jusqu’au fond de ton âme par les quolibets de l’élite que nous sommes. Ou alors tu aimes ça. Et ça m’excite.



Dig & Spike VB est donc un jeu de volley à l’ancienne, « à la papa » comme disent les merdeux des clubs d’aujourd’hui et pour qui le mot respect n’est rien de plus qu’une parole dans un clip de Diam’s. Vivement la troisième et le retour du martinet jusqu’à 18 ans, tiens.
Pour ceux qui n’auraient jamais connu le volley d’avant la rénovation salvatrice, plutôt devrais-je dire la refonte, des règles, sachez que le système de score était bien différent en ces temps reculés. Impossible de marquer un point sur le service de l’adversaire. Et là tout est dit. Pour pouvoir marquer il fallait donc récupérer le service en gagnant durement un point, et puis juste après ça il fallait avoir des couilles de la taille de pastèques mexicaines pour défendre l’attaque que l’adversaire ne manquerait pas de vous faire tomber sur la gueule pour récupérer à son tour le service.
Autant vous dire que ça pouvait être long. Désespérément, interminablement, voire mortellement long. Les matches marathon étaient pléthore à haut niveau, et bien rare était les chaînes de télévision qui s’enhardissait à diffuser ce sport en dehors de l’épreuve olympique. C’était dur de vivre ainsi dans l’ombre des fouteux et des abrutis adeptes du jeu à XV (qui l’étaient un peu moins en ce temps là puisqu’ils n’avaient pas encore le statut de professionnels, mais c’est un autre débat).



Evidemment, D&S VB provenant tout droit de cette grande époque de merde, les règles sont d’origine. A vous donc les joies de matches à rallonge sans possibilité de sauvegarde en dehors de la fin du match. Et ça c’est moche.
Pour autant ne faites pas un nœud coulant tout de suite, parce qu’hormis ce petit détail, c’est un bijou de gameplay qu’Hudson nous offre ici.



Pour commencer, le nombre de modes de jeu est particulièrement impressionnant. Vous aurez le choix entre un jeu classique en 6v6 masculin en salle et un mode beach volley à base de babes en petite tenue fort rafraîchissant en ce début des années 90. Le tout avec les traditionnelles possibilités de vous faire un match à la cool face à la console (enfin à la cool, façon de parler) ou bien de refiler la manette deux à votre voisin que vous n’aimez pas trop mais qui accepte de jouer avec vous pour une lutte inter humaine sans merci. Et pour le voisin consolez-vous en vous disant que dans 15 ans vous ne vous rappellerez probablement même plus de son prénom, il en est ainsi des joies de l’enfance qui font que ces gens qui étaient au centre de votre univers d’antan deviennent de sombres taches floues sur l’album racorni de vos souvenirs d’hier. Bref, mettez-y quand même une grosse branlée, parce que bon, oh, c’est qui l’patron ?



Match d’exhibition ou ligue mondiale, au choix, avec des équipes variées, sans pour autant pousser au paroxysme de l’élégance, puisque si le Brésil est présent, ce n’est pas le cas de la Chine. Et si vous saviez combien je rêve de voir s’afficher un primesautier Chi-Bre en introduction d’un match vidéoludique…
Caramba, encore raté, ce sera peut être pour le prochain. Ou pas.

Quoi qu’il en soit vous en chierez en ligue mondiale. Mais vraiment. Si l’Algérie vous permettra de trouver vos marques facilement (et ainsi de rappeler à ces enculés que 1962 n’est qu’une date anecdotique, que leur salut n’est dû qu’à un bout de papier, et qu’un papier ça se brûle), ce ne sera pas la même limonade (toi aussi rejoins-nous à l’AREM, l’Association pour le Retour des Expressions de Merde) avec Cuba ou les Pays-Bas. Il y a même fort à parier que vous prendrez un triple 15-5 (parce que les matches démarrent à 5-5 en ligue) sans autre forme de procès. L’IA est redoutable et sa capacité à défendre n’importe quelle attaque est fascinante. Les palestiniens feraient mieux de s’en inspirer tiens ! Enfin je dis ça, je dis rien.



La palette des coups disponibles est prodigieuse compte tenu du support. Service cuillère, service tennis, service smashé, rien ne manque. Au niveau des attaques, c’est du même tonneau : normales, feintes, courtes, faux appels, et, oh étonnement suprême, pipes. Non, prononcez païpe, et arrêtez de rigoler niaisement, c’est pénible. Le tout commandé par le bouton que vous presserez à la réception du service adverse.
Vous me direz que du coup on a qu’à faire des pipes à tire larigot (arrêtez, vraiment, c’est usant), sauf que non, ah ah, vu que la façon de réceptionner est plus ou moins permissive. En gros, faire une réception qui amènera une attaque rapide demande un bien meilleur timing que de faire une réception de base pour une attaque standard. Du coup, c’est à double tranchant : soit vous réussissez et l’adversaire peut commencer à faire de l’huile (placer au préalable une olive dans le rectum de l’adversaire suscité), soit vous vous vautrez lamentablement et prenez un ace en essayant de faire une réception pathétique que vous feriez mieux de laisser faire à ceux qui savent.
La vie est une question de choix, aurait dit Philippe de Dieuleveult, juste avant de ne pas prendre de gilet de sauvetage, pour ne pas s’encombrer d’une babiole inutile, en plus, il fait beau et j’aurai des marques de bronzage.



Les remplacements sont présents eux-aussi, et vous vous apercevrez à cette occasion que tous les joueurs ont des caractéristiques propres. Par contre pour les reconnaître une fois sur le terrain, attention les yeux (je vous communiquerai les coordonnées de l’AREM en fin de critique).

Côté plage, tout est similaire sauf que vous pouvez reluquer des bikinis de pixels en plus. Et je sais que tu aimes ça, jeune, et ça m’excite.
Les mauvaises langues diront que ça fait racoleur, moi je préfère penser que c’est une manière élégante de justifier une baisse de rapidité du jeu pour ne pas être perdu avec deux pauvres joueurs là où vous en aviez 6 quelques minutes auparavant.
Petit bonus, vous pourrez jouer à deux contre l’IA en mode beach volley, et ça c’est sacrément fendard pour se pourrir la gueule entre potes, puisque évidemment c’est toujours de la faute de l’autre si ça foire.



Graphiquement c’est de l’archi conventionnel. Ca ressemble à du Super Tennis en fait, vue de ¾ et personnages rondouillards. Un bon point à signaler, tous les persos n’ont pas la même gueule. Enfin si, mais pas la même coupe de cheveux, c’est toujours ça de pris. Autre détail amusant certainement placé là pour éloigner la monotonie sans surcharger l’espace mémoire, les joueurs ont des genouillères de couleurs différentes. Autant quand on joue à Canet en Roussillon on peut comprendre, autant quand on regarde l’équipe de la CEI, car oui on peut jouer la CEI, ça fait un peu pitié.

A tous ceux qui sont allés taper CEI dans google pour savoir de quoi je causais : ne venez pas/plus poster sur le forum, vous êtes trop jeunes/incultes pour nous.

Musicalement c’est pauvre. A la limite du minable, même. Pas d’hymne, pas de mélodie inoubliable, rien. Heureusement que le jeu évite l’écueil malheureux de la petite musique d’ascenseur en plein match, c’eût été rédhibitoire. Il se contente simplement d’un petit jingle anémique entre chaque point se celui-ci était suffisamment beau à son goût. Donc à chaque attaque non touchée par le contre adverse et à chaque contre gagnant, en fait.



Quelques défauts donc, mais rien de dramatique, surtout quand la seule chose qu’on ait eu à se mettre sous la dent toutes ces années est l’abominable Hyper V Ball et son parti pris graphique scandaleux. Amoureux du volley, vous pouvez y aller, c’est du tout bon !

Amoureux de mes articles, vous pouvez me l’offrir, je ne l’ai pas !

Comment ? La vision dont je parle dans l’accroche ? Et bien tout simplement vous aurez le choix du mode de scoring : traditionnel ou rally.
Oui, le mode « tous les points comptent » est bien présent, transformant ce jeu en pépite jouissive en matches d’exhibition, car non, le mode rally n’est pas disponible en ligue mondiale. Néanmoins c’est exceptionnel d’avoir inclus un truc pareil en 1992. Et rien que pour ça ce jeu mérite que vous y posiez votre pad.
Le point de vue de César Ramos :
Jamais sorti en Europe, mais dispo à Baltimore pour des clopinettes.