Ah le bowling… Comme les flippers, c’est une tranche de vie qu’on visualise immédiatement en en parlant. C’est ce hangar dégueulasse en proche banlieue, où dans une zone industrielle, ce parking plein de voitures tunées, ces néons blafards, son intérieur qui pue les pieds, ces petits souliers ridicules à enfiler, cette mauvaise menthe à l’eau à siroter, pendant que Jules les gros bras s’évertue à draguer Kevina en faisant un strike, évitant le drame du lobe avec sa boule de bowling. C’est tout ça, et même un peu plus. Alors quand on vous propose de revenir à ces instants magiques sur votre machine qui rend aveugle, vous plaquez femme, enfant et joueur de rugby pour en être.
Nester’s Funky Bowling est comme son nom l’indique de manière merveilleuse un jeu de bowling. Je le répète si mon introduction n’a pas permis de vous assurer de ce point. Les bilingues du groupe (et je sais qu’il y en a) remarqueront habilement que Nester est un prénom. Une rapide recherche internet nous apprendra qu’il n’est autre qu’une mascotte de Nintendo Power, magazine américain qui avait sa petite BD sans prétention, et que ce jeu est une sorte de produit dérivé du héros.
C’est flippant. Bah oui, ça fait un peu la licence du pauvre, qu’on a prise parce que bon c’est sympa, il est cool Nester. Mais vous êtes au dessus des préjugés, vous votez au centre, alors vous tentez le coup. Écran titre sans intérêt, puis choix du jeu. Soit le championnat, soit les défis. Bon, vous êtes un homme,vous lancez un championnat.
Chose étonnante, on peut choisir de jouer à deux joueurs. Et comme vous êtes un lecteur averti, vous savez que la liaison en link du Virtual Boy n’a jamais été utilisée par un jeu. Donc oui, vous allez donc passer le Virtual Boy à un pote. Situation grotesque et hallucinogène qui provoquera à n’en pas douter de nombreuses crises d’épilepsie. Mais vous décidez que ce petit cousin de 14 ans qui vous tanne pour jouer avec vous peut mourir sur l’autel du Oldisme, alors pourquoi pas…
Vous rentrez les noms de vos joueurs. Puis c’est parti. Il est temps de lancer la boule dans le tas. Pour ça, vous visualisez un petit personnage de dos, que vous déplacez de gauche à droite. Il a devant lui un arc de cercle de merde, avec une barre qui indique la direction dans laquelle il va tirer. Barre qui bien évidemment bouge toute seule, et qu’il faut caler dans la bonne direction en appuyant sur le bouton au bon moment. Une fois la direction donnée, un triangle pour matérialiser la vitesse du tir. Là encore, on appuie sur le bouton au bon moment, et paf.
J’aime cette tentative d’introduction de la notion de difficulté dans un jeu vidéo de bowling. Sans cette notion d’aléatoire le jeu se résumerait à caler le tout toujours dans la même direction, à tirer à fond. Là impossible, mais il suffit cependant de trouver le bon angle et hop. Bien évidemment vous ne le dites pas à votre petit cousin qui devra périr pour son insolence à vouloir tenter de vous maîtriser. Le gameplay est donc totalement quelconque. Forcément, c’est du bowling hein…
La musique elle-même ne sert à rien. On a droit à un flot insipide, une litanie pénible et inodore qui berce mollement vos boules… De bowling. Encore une fois la capacité phénoménale de cette machine restera un doux rêve.
Et puis il y a les défis, à tirer 2 quilles dans un coin, puis une séparée d’une autre de manière stupide, le tout dans le simple but de s’améliorer. Mais là encore aucune frénésie, aucune énergie particulière ne se transmet. C’est nettement creux.
Les graphismes ne sont pourtant pas particulièrement laids. L’animation est correcte, et on a même le droit à la tête de Nester qui nous gratifie d’une trogne tout à fait amusante quand il rate le strike. C’est peut-être la seule joie de ce jeu. Il existe plus d’une dizaine d’animation amusante, allant de l’arrachage de cheveux à la tête béate d’abattement. Mais Nester ne sauvera pas la médiocrité inhérente à ce jeu. Vous alternerez dans les parties à deux joueurs le « je te passe le VB 8s et je le reprends, puis te le repasse, puis je le reprends, puis te le repasse, puis je vomis », mais même ça à un arrière goût de lose. Bah oui, c’est du bowling quoi…
Encore une fois un jeu de la lose. Il n’est pas rond ni pointu, il est ovale mon… Il n’est ni particulièrement mauvais, ni puant du fondement, il est juste… Insipide. Ach, encore raté.