Première phase: les entrailles de la Bête - Par Wong Fei Hung, le type qui avait un fer à souder.
C'EST QUOI UNE BORNE D'ARCADE ?
Une borne d'arcade, c'est un gros meuble qui permet de jouer à des jeux en mettant des pièces dedans. Magique. Mais en fait, le pire, c'est que c'est pas super compliqué. Pas plus qu'une console vue de l'extérieur en fait. Il y a des entrées, des sorties et de l'électricité pour faire marcher le tout.
Nous nous intéresserons ici uniquement aux jeux utilisant le standard JAMMA. Les jeux possédant des subtilités supplémentaires ne sont en général pas câblés en JAMMA, oubliez SEGA Rally sur votre télé (de toute façon le meuble fait partie intégrante du jeu).
Niveau entrées, y'a les sticks et les boutons de chaque joueur, les monnayeurs et les boutons de test et de service. Ces deux derniers sont peu connus du profane car cachés à l'intérieur de la borne lorsqu'elle est en service.
Test permet d'aller dans les réglages du jeu. C'est là que le méchant exploitant peut mettre une difficulté de malade et des crédits à 3€. Entre autre. Ca varie avec chaque jeu.
Service, c'est l'arme ultime du petit malin qui a accès à l'intérieur de la machine. Ca permet tout simplement de rajouter des crédits au jeu sans avoir à y jeter une piécette. Nous verrons par la suite que ces deux boutons nous seront très utiles.
En sorties, c'est pas compliqué, c'est comme sur une télé. Un écran, et un haut-parleur. Il y a quant même quelques différences et ajustements par rapport à une télé standard. La vidéo est bien en RGB, comme sur beaucoup de consoles, mais le signal est plus fort que ce qu'encaisse une télé. Il faudra donc l'atténuer si on ne veut pas que les couleurs soient ultra saturées.
Ensuite, le son est préamplifié par la carte pour pouvoir être balancé directement sur un haut parleur. Malheureusement, ça sur une télé, ça crame le bouzin direct. Là encore, il faudra retravailler le signal.
Enfin, l'électricité. C'est pas compliqué, ça mange du 5V, du 12V, et éventuellement du -5V. Comme un PC.
C'EST QUOI UN SUPERGUN ?
Un Supergun, aussi appelé MAK, est un objet qui fera le lien entre une carte d'arcade, la télé et le joueur. Il fournira ainsi un traitement approprié des signaux audio et vidéo, alimentera la carte, fournira des connecteurs pour des manettes ou inclura directement les contrôles, etc.
Un Supergun n'est pas excessivement compliqué à produire, c'est surtout assez long. En tout cas, pas grand chose qui justifie le prix de ceux disponibles sur eBay et consorts.
DE QUOI QU'ON A BESOIN ?
Voila un bon aperçu du nécessaire.
Il faut :
- Des résistances (220, 390, 1k et 10k ohm) pour l'audio et la vidéo (~30cts le lot de 5)
- 3 potars pour la vidéo (220 ohm linéaires) (~2€ pièce)
- au moins deux boutons (service, test...) (~1-2€ pièce)
- un interrupteur (~1-2€ pièce), optionnel
- une alim PC standard (~20€ pièce), de préférence munie d'un interrupteur.
- une plaque perforée pour monter le circuit A/V (~3€ pièce)
- une prise péritel mâle et 2m de câble qui va avec(~50cts pour la prise, 20€ pour le câble)
- 2 Sub-D 15 mâles pour brancher des manettes Neo-Geo (~1€ pièce)
- un connecteur JAMMA précâblé pour moins se faire chier (~15-20€ pièce sur eBay)
Si vous comptez construire également les manettes ou que vous n'avez pas de manettes Neo-Geo sous la main, vous pouvez vous passer des connecteurs DB15. Je vous renvoie à un
vieux tuto maison pour cette partie (en virant la manette qui sert de base et en câblant directement sur le JAMMA, évidemment).
Niveau matos, on peut faire avec pas grand chose. Le vital consiste en un fer à souder, de l'étain, une pince coupante, une pince à dénuder et quelques kilotonnes de fil. Un multimètre est super pratique, et ça vaut 5€, donc ça serait dommage de s'en passer.
ON ASSEMBLE TOUT ÇA COMMENT ?
1 - Le connecteur JAMMA
Voici le plan du connecteur JAMMA simplifié au maximum pour nos besoins. Seules les parties à câbler sont représentées. J'ai volontairement omis tout ce qui était monnayeurs et compagnie, avantageusement remplacés par le bouton Service. Si vous disposez d'un connecteur précâblé, virez tout ce qui ne servira à rien, ça permet d'y voir un peu plus clair. La pin 7/H est un détrompeur, si vous jetez un oeil sur une PCB vous verrez un trou à la place. C'est conçu pour empêcher l'insertion dans le mauvais sens du connecteur, qui pourrait avoir des effets désastreux. S'il n'y a pas de bitoniau en plastique à la place de la pin 7, marquez-la comme vous pouvez (gomette, marqueur, blanco, poupée vaudou...).
2 - L'alimentation
Sur l'alim PC, par exemple sur le connecteur de la carte mère, récupérez un fil de masse (noir), un fil 5V (rouge) et un fil 12V (jaune). Câblez la masse sur les pins 1, 2, A, B, 27, 28, Ae et Af, le +5V sur les pins 3, 4, C et D, et le 12V sur les pins F et 6 du JAMMA.
Les pins E et 5 sont alimentées en -5V, mais en pratique très peu de jeux l'utilisent.
Si vous utilisez une alim ATX, vous constaterez qu'elle ne démarre pas comme ça. Il faut pour cela relier la pin PSU_ON (fil vert) de l'alim à la masse. En pratique, on peut souder directement ce fil sur la masse. S'il n'y a pas d'interrupteur général sur l'alim, on pourra placer un interrupteur entre le fil vert et la masse pour allumer le tout. Cette solution n'est cependant pas conseillée car une alim ATX n'est jamais vraiment éteinte (sauf débranchée ou coupée avec l'interrupteur à l'arrière), mais en veille. je ne sais pas quelles conséquences ça peut avoir sur une carte si on utilise ce moyen.
3 - L'audio et la vidéo
Voici le circuit audio/vidéo. En gros, le signal "part" d'en bas (JAMMA) pour arriver en haut (SCART).
Expliquons chaque partie en détail (chose qui manque cruellement dans la plupart des tutos sur Internet, d'ailleurs, où on nous dit "c'est comme ça et pas autrement").
Partie Son :
Nous prenons le signal Speaker + du JAMMA. Comme dit précédemment, c'est un signal préamplifié qui fait cramer les télés. Par conséquent, nous le faisons passer par un pont diviseur de tension qui ramènera le tout dans les domaines du raisonnable. La formule du pont diviseur est : V(out) = V(in) * R1/(R&+R2). Ici, R1 = 1kohms et R2=10kohms. On divise donc le voltage par 11. Au final le son ne sera pas très élevé mais il n'y a aucun risque désormais de cramer sa télé, même avec le potar de volume de la PCB à fond. Il est à noter que les spécifications JAMMA indiquent que le son est en mono, donc on montera les deux canaux en parallèle.
Partie Vidéo :
Passons maintenant aux signaux rouge, vert et bleu. On sait que ces signaux sont trop forts pour le standard SCART, car prévus pour un écran d'arcade. Ca ne fera pas cramer, cette fois, mais les couleurs seront beaucoup trop saturées. Nous allons donc monter des potentiomètres en série qui permettront d'atténuer et d'ajuster les couleurs indépendamment, et ainsi obtenir la teinte voulue. Cela permet également de régler les couleurs pour chaque PCB, vu qu'il n'y a pas vraiment de standard.
Partie Synchro :
Pour la synchro, pas grand chose à dire, sinon qu'une petite résistance de 390ohms est placée au milieu pour atténuer le signal. Il semble que ça soit pour les mêmes raisons que les couleurs mais je n'ai pas vraiment approfondi ce domaine.
Enfin, passons aux deux pattes de contrôle :
La commutation lente (fil jaune) est une spécificité du connecteur SCART. Elle doit être alimentée en 12V pour signifier à la télé qu'elle reçoit un signal 4/3. Les autres possibilités sont 0V (pas de signal, donc pas d'image, donc pas terrible ;D) ou 6V (16/9, inutile dans ce cas). Du 12V repiqué directement sur l'alim est parfait.
Enfin, la commutation rapide. Nous envoyons un signal en RGB, et cette patte doit par conséquent recevoir entre 1 et 3V pour accepter ce signal. Sauf que forcément, c'est pas si simple.
J'ai recherché les specs du SCART sur le net, et j'y ai appris que la patte 16, celle qui décide si l'entrée est en RGB ou en composite, avait une impédance de 75 ohms. J'ai donc ressorti la vieille formule de résistances en série, à savoir V1 = Vin * R1/(R1 + R2), V1 étant la tension désirée (soit entre 1 et 3V), Vin la tension d'entrée (5V), R1 la résistance de la patte 16 (75 ohms) et R2 la résistance de la résistance à placer, que l'on recherche.
En remplaçant dans notre contexte, on obtient, pour une tension désirée de 1V, l'équation :
1 = 5 * 75/(75 + R2), soit R2 = 300 ohms.
Avec une tension désirée de 3V, on obtient 3 = 5 * 75/(75 + R2), soit R2 = 50 ohms.
Donc, une résistance entre 50 et 300 ohms marcherait. Ca tombe bien, j'ai une résistance de 220 ohms qui traîne.
Pour vérifier, on calcule V1 avec R2 = 220 : V1 = 5 * 75/(75 + 220) = 1,27V. Parfait.
On récupère le 5V direct sur l'alim sans se prendre la tête, y'a des tonnes de fils...
Passons maintenant au connecteur SCART, aussi connu sous le nom de Péritel.
Ce schéma correspond à un connecteur mâle. J'ai en effet décidé de câbler directement le fil sur mon supergun, sans avoir à me prendre la tête avec un connecteur supplémentaire.
Si vous avez suivi le début de ce chapitre, ça devrait s'expliquer tout seul. On y voit les quatre canaux vidéo (R, G, B, Sync), le canal audio branché sur les deux pattes stéréo, la comm. lente et la comm. rapide, et enfin les masses. La seule masse indispensable est celle de la patte 18, mais bon, par sécurité, il vaut mieux aussi câbler les masses des canaux RGB et de l'audio.
4 - Les manettes
J'ai décidé de brancher mes sticks Neo-Geo sur mon Supergun, j'ai donc utilisé des connecteurs DB15. Le câblage est on ne peu plus simple, on repique une masse sur l'alim et on suit les instructions pour le reste. Sur ce schéma j'ai indiqué les pins pour le joueur 1, il suffira de prendre les équivalents pour le joueur 2.
De la même façon, câblez un bouton poussoir pour le Service et un autre pour le Test. Vous pouvez également câbler le bouton Service au bouton Select d'une manette Neo-Geo (pin 3 du connecteur DB15), histoire de pouvoir rajouter des crédits sans avoir à se lever. Perso, j'ai préféré laisser tel quel au cas où j'installe un Unibios sur mon MVS, qui me permettrait ainsi de récupérer le bouton Select pour faire pause.
Deuxième phase: l'enveloppe charnelle de la créature par Ghost Rider, le mec qui avait une scie sauteuse.
24 Mais 2008, 10h18: j'arrive à Caen. Je n'ai pas souvent l'habitude de voyager à l'étranger, je commence donc à baliser à mon arrivée à la gare. Paris me manque déjà. Je me faufile parmi les autochtones jusqu'à l'entrée: personne. Pas de Wong pour m'accueillir. Une angoisse s'empare de moi: Et s'il ne venait pas? Me voilà seul, dans cette contrée étrange, livré à moi-même, sans même un dictionnaire Français-Normand pour m'en sortir, au cas où il faille que je négocie mon rapatriement sans l'aide d'un interprète commis d'offi... Ah! Mon portable sonne:
Ghost: "euh... na... Namasté!!"
Wong: "T'es où?"
Ghost: "Ben, à l'entrée..." (tellement déboussolé que j'étais, je n'ai même pas répondu "Dans ton cul!!", vous imaginez?)
Wong: "T'es sorti à gauche?"
Ghost "Euh... ouais."
Wong: "Fallait prendre à droite, je t'attends au parking."
Je rebrousse chemin, trace dans le souterrain qui passe sous les voies et, en arrivant vers la lumière, j'aperçois une silhouette nonchalante, chevelue et avec des poignées d'amour: c'est lui. Mon hôte pour ce weeek-end. Accolade en bonne et due forme, sourire jusqu'au oreilles et soupir de soulagement à l'idée d'être arrivé vivant jusqu'ici. Après un court trajet en Fiat Punto jusque dans les contrées les plus reculées de la banlieue de Caen, nous arrivons enfin dans sa tannière, dans laquelle nous attend un Supergun qui a besoin d'un boîtier, une Dreamcast qui réclame une nouvelle peinture et un épouvantail qui veut un cerv... euh non, attendez...
Bref. Après un bon repas, nous décidons d'un commun accord de commencer par le boîtier du Supergun, de prendre des photos tout au long de la réalisation du projet, et d'en faire un tuto, celui-là même que tu es en train de lire, ami lecteur (oui, je sais exactement ce que tu es en train de faire en ce moment, et d'ailleurs je te prierai d'enlever cette main d'où elle est, c'est sale) Entrons donc dans le vif du sujet.
Un Supergun, tel quel, ça ne ressemble à rien: un gros bloc d'alimentation tout moche, une chiée de fils aux couleurs bariolées, des connecteurs et des boutons tous plus anonymes les uns que les autres... bref, rien de très sexy (c'est d'ailleurs pour ça que des gens intelligents ont eu l'idée de mettre tout ça dans des bornes d'arcade) A l'évidence, cet engin a besoin d'une carcasse où ranger tout cet imbogril... imbogirl... tout ce bordel. Etant moins riche que le Liberia, on va faire avec ce qu'on a, c'est à dire pas grand chose.
Après une prise de mesures rapide et une estimation du volume nécessaire, on opte pour le bon gros cube des familles: facile à fabriquer, passe-partout et, surtout, très rapide à concevoir. On s'est donné 36h pour finir ce Supergun et faire un autre mod, alors si on peut économiser du temps sur la phase "bureau d'étude", c'est toujours ça de gagné, d'autant que d'autres contraintes vont pointer leur nez, à commencer par les outils à disposition.
Dans le garage (qui va nous servir d'atelier) se battent en duel:
- une perceuse datant du crétacé,
- une scie sauteuse beaucoup plus récente (époque Mérovingienne si ma datation au Carbone 14 est exacte),
- une lime triangulaire,
- une scie à métaux,
- un marteau,
- une boîte de forêts,
- quelques pointes,
- une poignée de vis,
- 3 ou 4 tounevis,
- de la colle à bois,
- 26 cutters,
- de la poussière.
Et là, on repense à "Mac Gyver", à "l'Agence Tous Risques", toutes ces séries qui nous faisaient croire qu'on pouvait faire un deltaplane armé de missiles air/sol avec une vieille tente canadienne, un fer à friser et quelques tubes de Pringles. Bande de cons, va...
Comme disait Napoléon à Waterloo, "Eh ben c'est pas branlé!" Etant visiblement dépourvus de tout ce qui ressemblerait de près ou de loin à un outil décent permettant d'usiner du bois, on va devoir feinter et faire dans le pré-découpage. Déjà, il faut savoir que la majorité des détaillants (Bricorama, Leroy-Merlin...) ne font pas de découpes de bois en dessous de 10cm. Ca tombe bien, le bloc alim en fait 8,5 de haut, donc si on prend en compte un espace suffisant autour pour faire circuler l'air, ça tombe pile-poil.
Mais avant toute chose, il va nous falloir des rations de survie:
Passons au matériau. Si on résume le cahier des charges, on a besoin d'un bois:
- facile à travailler,
- léger,
- rigide,
- ayant un bel aspect après finitions.
On se tourne donc vers du contreplaqué, dans lequel on peut visser à la fraîche sans même pré-percer, mais qui se revèle aussi extrèmement solide quand il est collé. Contrairement aux idées reçues, le CP n'est pas le bois le moins cher. Ce serait même plutôt le contraire, surtout quand il se révèle être de qualité (notamment les CP labelisés CTB-X, destinés aux ouvrages extérieurs.)
La structure principale devant être suffisament épaisse pour ne pas trop ressembler à une cagette à légumes, on optera pour du CP de 10mm. En revanche, la course de serrage des boutons et l'épaisseur des connecteurs nécessite une épaisseur plus fine, c'est-à-dire du CP de 5mm. Pour acceder facilement à l'intérieur de l'engin en cas d'intervention de sauvetage (soudure qui pète, alim qui crame...), on décide de fabriquer un caisson en deux parties, c'est-à-dire une base sur laquelle sera fixée l'alim ainsi que la façade (qui accueillera donc les boutons, les potars et les connecteurs DB-15), le tout recouvert d'un capot composé du dessus et des parois latérales.
L'assemblage des différentes faces entre elles se fera à plans perpendiculaires collés, la méthode la plus simple quand on dispose de peu d'outils. Histoire de solidifier la base, on va faire une feuillure sur trois côtés en collant ensembles deux panneaux de CP de dimensions différents: un CP de 5mm aux dimensions extérieures du caisson, et un CP de 10mm plus petit de 2cm en largeur (pour accueillir les deux côtés de 10mm) et 5mm en profondeur (pour fixer la façade en 5mm) Ainsi assemblés, les différentes faces se stabiliseront plus facilement d'équerre quand l'ensemble sera fixé.
Il est temps d'aller faire les courses au Leroy-Merlin du coin. Pour mener à bien notre projet, on va devoir investir dans:
- une bombe de peinture noire à fort pouvoir couvrant
- de la vis agglo tête fraisée de 3,5x16 et 3x25
- des cuvettes à vis de 4mm
- des boulons à tête fendue de 3x12
- une râpe à bois demi-ronde
- une "queue de rat" (râpe à bois cylindrique)
- 4 serre-joints (dont 2 d'au moins 30cm
- du mastic Sintofer
- des patins en feutre
- du papier de verre (180 et 240)
- un chasse-pointe 2mm
Et, surtout, l'élément essentiel, la plus grande invention depuis la roue, l'innovation majeure depuis la découverte du feu, j'ai nommé... LE TASSEAU! Dans les tribus aborigènes d'Australie, le tasseau est symbôle de puissance et de virilité. En Amérique du Sud, les Incas remerciaient les dieux en leur offrant des tasseaux. On raconte même que les Egyptiens savaient soigner le cancer par aposition de tasseaux gravés à l'effigie de leur Pharaon. C'est dire à quel point cet élément est absolument essentiel à la réalisation d'un Supergun.
Après avoir dillapidé nos rares deniers en outillage (et en bières belges, mais ça c'est une autre histoire...), on ouvre les hostilités en commençant par la base. Et là, premier imprévu: la colle à bois est morte. Problème. Panique. Allons-nous devoir avorter ce beau projet à cause d'un lamentable oubli? Certainement pas! Ni une ni deux, on commence à cogiter sur une solution de secours. Après avoir écarté différentes idées plus ou moins bonnes (Super Glue, colle chaude au pistolet, yaourt périmé, liquide séminal...), un éclair de génie traverse l'esprit de Wong: le pot de colle cellulosique de sa génitrice, instit' de formation. 1/2 pot de Blédina, mais c'est amplement suffisant. On colle donc les deux plaques, puis on les visse l'une dans l'autre avec de la 3,5x16 histoire de rigidifier l'ensemble tout en le rendant "auto-serrant" le temps que la colle sèche. Avec le marteau, on écrase les pointes de vis qui dépassent, histoire d'éviter les accidents bêtes. Dans la longueur de tasseau (du 12x12 suffit amplement) on découpe 2 morceaux que l'on va positionner le long des feuillures latérales et dans lesquels viendront de planter les vis qui feront tenir le capot sur la base, sans oublier de laisser au moins 1cm pour mettre la face arrière.
Ensuite, on positionne le bloc alim (auquel on a préalablement percé un autre trou avec un forêt métal de 3mm, afin de le visser avec de la 3,5x16 agrémentée d'une cuvette) bien à fleur de l'arrière. Une fois l'opération effectuée, on positionne la face arrière, sur laquelle on trace l'emplacement du bloc alim afin d'y faire une découpe. On fait chauffer la scie sauteuse en essayant de couper le plus droit possible et en suivant le trait sans le bouffer, de manière à terminer à la râpe, voire à la lime, et faire quelque chose de propre. On vérifie la découpe en positionnant l'arrière autour du bloc: ça rentre parfaitement (c'est ce qu'elles me disent toutes) donc il ne reste plus qu'à le coller et le clouer. Mais avant ça, on a failli oublier un truc: la découpe du trou par lequel va passer le cable péritel. Qu'à cela ne tienne, je m'empare de ma queue de rat (rien de sexuel là-dedans, hein...) et m'éxécute. On emprisonne donc le cable dans la face arrière, on applique la colle, on visse par le dessous avec de la 3x25 et voilà!
Passons maintenant à la façade. Avant toute chose, on évalue l'encombrement nécessaire pour chaque élément que l'on devra fixer dessus, c'est-à-dire sans oublier les épaisseurs des différentes faces qui viendront se positionner derrière, et puis on les trace. les diamètres des boutons et des potars sont standards (6 et 10mm) et la largeurs de connecteurs DB-15 aussi. parfait, on a les forêts qu'il faut, la vie est bien faite. Ou pas.
Ghost: "Dis-moi, Wong, où est la clé du mandrin de la perceuse?"
Wong: "Euh... 'sais pas."
Ghost: "..."
Wong: "..."
Déménagement récent oblige, impossible de remettre la main sur cette putain de clé de merde. Nous voilà donc condamnés à utiliser le forêt qui est déjà installé sur l'engin, celui de 3mm. Dans un sens, ça aurait pû être pire: on aurait pu se coltiner celui de 10 et se retrouver bien dans la merde, mais là, on peut se démerder. Pour les connecteurs, on perce plein de petits trous pour pré-découper la partie à évider, puis on termine à la râpe. Idem pour les trous des boutons et des potars, que l'on achève à la queue de rat. Un coup de papier de verre sur les arêtes, un léger fraisage à l'arrière des trous des boutons (oui, la courses de ces saloperies fait pile-poil 5mm, impossible donc de visser la bague de serrage directement) et la façade est terminée. On enlève tous les cables, on enduit de colle, on met en place la façade (quitte à la renforcer avec un tasseau) et on pointe par le dessous. La base est prète.
Maintenant, on attaque le capot. Avant toute chose, on pratique une petite découpe sur l'un des côtés pour faire passer le connecteur JAMMA. Puis on assemble le tout de la même manière: on fixe deux tasseaux sous le dessus (collé et vissé avec de la 3x25) pour renforcer la fixation des côtés (plus de surface à encoller) et mettre tout ça d'équerre. Pour éviter d'attendre trois plombes que ça colle, on cloue les côtés avec des pointes plantées en biais de manière alternée. Une fois sec, un petit coup de chasse-pointe pour les faire rentrer d'un bon millimètre, puis on bouche les mini trous avec un peu de Sintofer.
Le caisson est pratiquement fini. On monte l'ensemble, on repère l'emplacement des trous par lesquels on va visser les côtés sur les tasseaux, et on vérifie que tout ce merdier rentre bien dans la petite boîte que l'on vient de faire. Reste plus qu'à poncer tout ce qui dépasse (surtout les chants et les arêtes) d'abord au 180 puis au 240, bien à plat sur une surface stable et avec une cale (surtout pour les surfaces) Une fois le ponçage éxécuté, on dévisse et on commence à peindre séparément les deux éléments, en ayant bien pris soin de ranger toute la connectique et l'alimentation dans un sac bien étanche, sans oublier de protéger le cable péritel avec du scotch et du papier.
Après une première couche, on s'aperçois que le contreplaqué boit énormément, surtout sur les chants (boit de bout oblige) donc on ne va pas lésiner sur les couches de peintures: sous-couche noire pour commencer, puis au moins trois autres couches "lie de vin", appliquée en légères vaporisations successives et homogènes. Une fois la peinture sèche, un petit coup de vernis si nécessaire, puis on pose les patins sous le caisson.
Ayé, tu peux brancher un jeu et tester ton supergun.
Encore une affaire rondement menée par notre équipe de choc! (et tout ça en à peine 3h30 ;)