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Dr. Franken
Elite - 1992
Elite n'est pas rature (gag). par Petemul

Extras : Musique - Manuel TXT - Manuel PDF
Il y a des éditeurs qu'ont reconnait tout de suite, comme ça, au premier coup d'œil - ou d'oreille. Elite, et sa branche Motivetime, sont de ceux-là. Ceux qui auront déjà lu l'article (du même auteur) sur Dragon's Lair sur GameBoy savent de quoi je parle.

Chez Elite, on n'est pas n'importe qui, et il faut que ça se voie. Après le flop de Dragon's Lair, nos vaillants petits gars ne se sont pas laissés abattre et ont repondu un jeu ultra conceptuel, porteur des valeurs maison. Chers lecteurs, laissez-vous envoûter par l'atmosphère sans égal de Dr. Franken. OH YEAH !


Le repas va être joyeux...


L'histoire : vous êtes la Créature Monstrueuse du Dr. Franken. Votre maître est mort, et depuis, vous vivez, avec votre petite amie recousue de partout, dans le grand et joyeux Château du Baron, en compagnie des adorables petites créatures dégueu du coin. Lesquelles, un jour qu'elles avaient envie d'être méchantes, vous ont rapetissé (de 2 m vous passez à 90 cm), ont dépiauté la machine "à redonner vie aux créatures mortes", et ont déboulonné votre petite copine. A moins que ça ne soit le contraire. Bref. Va falloir retrouver tous les morceaux. Un air de déjà vu ?

(Signalons que, sans la notice, impossible de savoir quoi que ce soit de cette histoire. Ca commence direct, sans intro ou quelconque prothèse).


La table d'opération. A reconstituer.


Dans les grandes lignes, c'est du jeu de plateforme, de profil, avec de l'exploration-réflexion (j'aime ces classements qui veulent rien dire). Vous explorez le château dans les moindres recoins en sautant partout, et en dégommant les méchants monstres dégommables. Les pièces sont sur différents plans, c'est-à-dire que vous pouvez circuler de gauche à droite, de haut en bas, mais aussi dans la profondeur de l'écran. (Entendons-nous bien : chaque pièce est sur un seul plan. C'est entre elles qu'elles sont sur des plans différents.) Ce qui vous permet d'évoluer dans de magnifiques cartes super prise de tête comme celle-ci, vu de dessus :


Et encore, c'est que le cinquième étage...


Il faudra aller partout, et pas dans n'importe quel ordre. Ce jeu procède par énigme. Par exemple, vous commencez par trouver un livre, on vous dit de le remettre à sa place. Traduction : allez dans la bibliothèque. Ooh surprise, la bibliothèque auparavant vide contient maintenant la clé de la tour B ! Allons donc voir dans cette tour B. Oh, un balancier d'horloge, faudrait retrouver la pièce de l'horloge, à coup sûr celle-ci s'est déplacée pour ouvrir le passage secret menant au levier ouvrant le cercueil contenant la dynamite blastant la porte du sas de décontaminantion contenant le cure-dent de mon beau-frère qui peut abattre le Dragon vert de la salle 364XFGhB qui contient la batterie de secours de cette #^|`! de machine. Bon, je raconte un peu n'importe quoi, mais c'est dans l'esprit. C'est un peu linéaire, mais pas trop : certains objets ouvrent le chemin à plusieurs autres, et il n'y a donc pas une séquence unique de résolution du jeu.

Ca peut paraître hard, mais rassurez-vous, le jeu propose plusieurs langues, les noms des salles s'affichent temporairement quand vous pénétrez dans l'une d'elle, et des petits textes vous donnent des indices à chaque fois que vous prenez un objet. Ouf.


Aaah... le cercueil, ok...


A priori, bonne idée. Bien prenante. Alors, ça ressemble à quoi ? C'est jouable ? C'est beau ?


... donc, allons à la crypte du Baron. Ooooh jouissance un bouton de porte !!!


A la deuxième question, la réponse est OUI. On est chez Elite, rappelons-le. On croyait que Dragon's Lair avait fait ce qui se faisait de mieux en matière de graphismes. Eh ben non ! Ils ont fait encore plus fort ! C'est MAGNIFIQUE !!!! C'est encore plus détaillé, fouillé, mais pour autant ça reste clair. LE summum du genre sur le GameBoy, poum. Avec ce petit plus produit quand même, qui est qu'on reconnaît plein d'éléments repris de Dragon's Lair, plus ou moins améliorés selon les besoins : des éléments de décor (les voûtes et les montagnes, par exemple), des bestioles (qui, cette fois-ci, font mal), etc.


Phase 1 : l'admiration. Oui, ce décor claque.


La musique ? (eh oui, ceux qui me connaissent pas encore vont pas tarder à se rendre compte que je suis assez tatillon là-dessus) Alors là, difficile vraiment de faire mieux que Dragon's Lair. Est-ce pour éviter la comparaison, ou je ne sais quoi, toujours est-il que les gars d'Elite ont fait le pari d'une B.O en musique classique. Deux musiques en tout : Le Clavier Bien Tempéré de J. S. Bach pour l'intro et la fin, la Sonate au Clair de Lune de Beethoven pour le jeu. Pas très créatif, mais reconnaissons bien que 1) c'est rudement bien choisi, ça vous colle une ambiance TERRIBLE ; 2) c'est rudement bien foutu. Je veux dire, c'est bien retranscrit, et ça donne des morceaux très long, ce qui est toujours appréciable. Alors même si c'est pas créatif, c'est encore une fois une des meilleures bande-son faite pour un jeu vidéo. Du grand Art, là encore.

Donc, techniquement, ça tue tout. Et la jouabilité ?

Au début, on est un peu perdu. Les sauts sont un peu curieux, et Frankounet est un poil pataud. Certains objets seront très difficile à récupérer, je vous préviens. Mais après tout, vous êtes là pour en chier.


Phase 2 : la langue qui pend devant la beauté de l'ensemble.


En dehors de ça, on prend vite le pli au niveau des déplacements dans le château. Le jeu est progressif, au début, on vous guide bien et il y a peu de salles, donc ça laisse le temps de se faire à la navigation. Mais se faire un petit plan à côté vous sera quand même d'un grand secours, voire même carrément indispensable. Je m'en souviens, ça m'avait pris cinq feuilles A4 quand même - que j'ai toujours, pour la légende.

Faites gaffe, en tout cas, car il y a des monstres un peu partout (donc beaucoup pompés direct de Dragon's Lair - aaah les feignasses). Et ils font mal. Va falloir les dégommer, pour ceux qui sont dégommables. Les autres, va falloir slalomer pour les éviter... Heureusement il y a des recharges d'énergie un peu partout, et une salle de régénération. Le joueur prudent s'en sortira toujours.


Ayé, j'ai tout trouvé !

Donc globalement, c'est bien... intéressant. Pas fun, mais intéressant. On explore partout. On est paumé dans une super ambiance. Y'a des mots de passe imb*tables pour sauver ses parties. Que demander de plus ? Et en plus, c'est en français, avec suffisamment peu de texte pour que puissent s'y glisser des traductions foireuses. Le pied !

Avec, olive finale sur le gâteau, une fin à la Elite comme on les aime, c'est à dire un bel écran dans le plus pur style "bravo les gars, merci d'avoir joué 10 heures, cassez-vous maintenant, si vous espériez une belle scène de fin vous pouvez toujours vous brosser". Non, je suis mauvaise langue, il y a deux secondes d'animation avant, quand même...


Ca valait le coup, vraiment...


Bref, pour vos longues soirées d'hiver, quand la pluie frappe au carreau et que vous êtes bien peinard au coin du feu (ou de votre convecteur électrique d'appoint, selon vos moyens), Dr. Franken est un hit absolu. Pour peu que vous ayez, quand même, une grosse boîte de doliprane sous la main. Et du temps. Beaucoup de temps.
Le point de vue de César Ramos :
Relativement peu commun, mais à peu cher.